| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Pavel Hak | |
|
+3domreader bix229 HamsterKiller 7 participants | |
Auteur | Message |
---|
HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Pavel Hak Jeu 31 Oct 2013 - 11:17 | |
| photo: Ulf AndersenPavel Hak fait parti de ces quelques auteurs (parmis deux en fait...) dont je guette la sortie des livres. Un rapide tours sur la page wikipédia vous apprendra qu'il est né en 1962 en république tchèque, et qu'il immigra en france pour entamer des études de philosophie à la sorbonne. Finalement il trouvera sa voie/voix par la littérature, la fiction, le romanesque. J'avais lu il me semble, mais je ne sais plus où, qu'enfant, il avait aperçu les tanks envoyés par l'URSS lors des évènements du printemps de Prague et que cela l'avait marqué, cette façon d'envoyé des tanks pour assoir un pouvoir, sur une villes, ses habitants. Je raconte cela car peut etre, je ne sais pas bien sur, mais peut etre une vision comme çelle là ressentis il y a longtemps, enfant, et avec le regard plus tard, d'un homme, sur la façon dont le monde se construit dans le rapport de force peu amener, avec le talent, à une telle écriture, plein de rage de vivre, de force, et de violence sur le corps. Je m'aperçois a quel point il va m'être difficile d'évoquer ces romans. Vous voyez, c'est un peu comme la poésie, on pourrais tenter d'écrire en quoi tel ou tel poème, receuil, est splendide ou magnifique. Le mieux esst encore de les lires. Pavel Hak a une belle prose, un sens du rythme et sais faire naitre des images qui restent gravé longtemps dans la mémoire. Peut être que Pavel Hak nous parle de la dépendance de l'être a la matière, c'est a dire en quoi le "Je" et sa volonté de vivre, doivent se battre dans le monde matériel pour leur survie. Comment les différent "Je", tous en proie avec les mêmes contraintes, vont lutter ensemble où les uns contres les autres, et comment ces différents 'je' savent excercer, lorsque la situation l'exige, ou par choix, le pouvoir sur le corps. Par le sexe, par le feu, par la guerre, par l'emprisonnement, par le meutre, par la peur de l'autre 'Je' de perdre son corps, c'est a dire son intégrité dans la matière lui permettant d'exister dignement. Les personnages de Pavel Hak sont plongé dans notre monde contemporain. Le monde contemporain décrit par Pavel hak, est celui de ces situations et mécanismes, en place, a venir, ou passé, poussant les êtres dans une lutte pour la survie. Les rencontres entre les personnages de Pavel hak sont souvent claires, il y a ceux qui ont un pouvoir sur le corps de l'autre et ceux qui le subissent. il arrive bien sur que lors d'une même rencontre, le rôle des uns et des autres évolue. C'est le principe de la lutte. Lutte pour la vie, l'amour, la mort. Lutte qui lorsqu'elle est décrite avec autant de rage, d'espoir et d'horreur mêlé arrive à nous faire refléchir sur la condition de l'être et son rapport à l'autre, en plus de prévenir sur la dur réalité de ce que peuvent ressentir les 'Je' embarqués dans une société qui dérape. La guerre, l'exploitation des individus, la déshumaniation de l'être humain, La soumission des peuples, bref, toutes ces situations qui, par la dépendance de notre être à la matière, peuvent annéantir le 'Je', et qu'alors la dernière etincelle de beauté dans l'homme ne soit plus que la lutte à mort, pour la survie. -> ces romans (Safari, Sniper, Trans, Warax et Vomito negro) vont tres loin dans l'évocation de cette lutte, de la destruction des corps, du pouvoir sur les corps pour l'annéantissement de l'être. Réservé a un public tres avertis - Snipers, notamment. Pour commencer avec cet auteur, peut etre snipers ou Vomitio Négro sont de bon choix. Les autre récits peuvent être plus déroutant : Safari et sa poésie, Trans et sa forme de roman picaresque, ou Warax qui lorgne pratiquement vers la science-fiction ; je crois qu'il est bien de les lires ensuite. Mais ce n'est qu'un avis qui se base sur je ne sais pas trop quoi...
Dernière édition par hammerklavier le Jeu 31 Oct 2013 - 15:19, édité 3 fois | |
| | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Pavel Hak Jeu 31 Oct 2013 - 11:18 | |
| Sniper Comme son titre l'indique, Sniper est un livre de guerre. Cette guerre décrite ici, ne sera pas détaillé dans un contexte géopolitique, simplement une guerre qu'on pourra croire proche de nous. Par la géographie, peut être peut-elle faire penser aux Balkans, mais ce n'est pas ce qui interesse Pavel Hak. Ce qui l'interesse je crois, c'est de décrire les hommes dans une guerre, et comment les horreurs vécues plongent ces hommes dans un états hallucinés de lutte pour leur survie, et comment ils doivent vivre avec cela. Le récit se compose de court chapitre, mêlant plusieurs trame narrative. Celle d'un homme revenue dans son village détruit, pour déterrer les morts de sa famille, celle d'individus fuyant les forces armées en place et qui les traquent, celle de femmes retenues par des tortionnaire et qui vont vivre l'horreur. Et puis entre ces récits, ouvrant le roman et le fermant, le discour d'un tireur embusqué. Ce tireur n'est pas vraiment un personnage, un individu, mais devient l’icône même de la guerre, ou disons son incarnation dans l'homme. Par sa volonté de destruction et d'anéantissement de l'homme, le sniper est la simple matière animée selon des principes oubliés, le doigt qui appuie sur la gâchette pour faire éclater les visages. - Citation :
I Mon devoir est de tuer. Frapper mortellement (en une fraction de seconde) ce qui est condamné a mort. Par qui ? pourquoi? La guerre n'admet pas de question. Opposants au régime, hommes et femmes errant, soldat ennemis, rebelles financés par les puissances étrangères, enfant, vieillards, autant de nom pour une seule et même réalité : ma cible ! Frapper Mortellement. Tuer. Le temps qui nous étouffe, la mort qui nous guete, sont tous deux invisibles. Peut on arrêter le temps et vaincre la mort en tuant soldats, paysans, mercenaires, intrus venus d’on ne sait quel coin du monde ? Détruire. Anéantire. Je ne laisserai personne vivant. Il suffit d'un survivant pour que l’irrémédiable ai lieu : L'accusation. Et avec cette chienne malpropre, la condamnation et la peine. Car dès qu'une bouche s'ouvre, un trou noir se creuse dans le monde, et avec lui un suspens : Que dira cette bouche ? Quelle vérité proférera t-elle ? Les gens sont avides d'évènements. Râles et gémissement parles aussi. Diable ! Les bouches humaines ont toute une fâcheuse habitude de parler, difformité dont nous n'avons guère besoin. Race maudite, je ferai de vous un tas de viande haché ! Adorateurs du verbe, candidat aux épanchements en discours blasphématoires, tribuns malintentionnés, hyène puantes, votre cervelle volera en éclat ! Plaintes, revendications, propositions de règlements pacifiques, proclamations de nouvelles lois, discours acharnés à dire ce qui se passe, il n'y a pas de place pour vous : Faut vous éliminer les uns après les autres, systématiquement. Dois-je le jurer ? Après moi ne restera aucun bouche parlante. Après mon dernier coup de fusil, l'ordre régnera. Je participe à ce conflit pour éliminer cette hideuse source de mots, qui n'existe que pour salir, crier la révolte et inciter à la désobéissance. S'ils ne parlaient pas, s'ils ils ne proféraient pas leur discours sur le droit à la vie, au bonheur et à la terre (qui, selon eux, leur appartient, alors qu'elle est à nous depuis toujours), il n'y aurait pas de guerre. La guerre a lieu parce qu’il y a trop de bouches parlantes. Trop de calomnie. Celui qui accepte l'ordre et obéit à la loi ne peut jamais être l'origine du mal. Source du malheur. Cause du besoin de régler les choses avec les armes.
Dernière édition par hammerklavier le Jeu 31 Oct 2013 - 18:29, édité 1 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Pavel Hak Jeu 31 Oct 2013 - 15:31 | |
| Pas encore lu, mais déjà noté. Merci pour tes impressions ! | |
| | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Pavel Hak Jeu 31 Oct 2013 - 18:50 | |
| Cool ! J'espère que ça te plaira et que tu partageras ton avis. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Pavel Hak Jeu 31 Oct 2013 - 18:53 | |
| Oui, moi aussi c'est un nom que je note. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Pavel Hak Ven 1 Nov 2013 - 16:17 | |
| merci pour cette ouverture de fil hammerklavier, j'avais déjà noté le nom de cet auteur et ce que tu en dis renforce l'envie de le découvrir. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Pavel Hak Mer 27 Nov 2013 - 13:51 | |
| SafariLisez la très juste présentation de hamsterkiller (qui a changé de nom au passage...) car il y dit fort bien à peu près tout ce que j'ai envie de dire. Safari est très court : 102 pages. 102 pages, brûlantes de la chaleur de l'Afrique, sa moiteur, son rut, suintantes de foutre et de décharges (sexuelles et des flingues). Le récit est violent, noir, sans concession, comme si les personnages évoluaient dans un monde sans conscience, un monde dans lequel l'individu prend toute la place, un individu dénué d'entité morale, prêt à tout pour assouvir son désir ou sauver sa peau. C'est l'Afrique, celle des militaires foireux, des braconniers tueurs, des femmes incroyablement belles et soumises, des putes mineures, des beaux hôtels et de la misère. Carte postale ? Pas vraiment car la justesse des clichés, leur dépassement grâce à une écriture très fluide et dense, font du récit non pas un texte racoleur mais accrocheur. Sans doute aussi parce qu'il pousse jusqu'au bout sa logique de la dépersonnalisation : pas de fin au récit, qui ressemble à une parenthèse composée de deux strates toutes deux déclinées autour de l'idée de la Chasse. Les personnages forniquent beaucoup dans ce livre et parfois l'inquiétude (la lassitude) m'a envahie, mais les jouissance viennent étonnamment vite. L'acte sexuel n'étant qu'une forme de démonstration, celle du pouvoir de l'homme sur la femme, du blanc sur la noire, de l'argent sur le pauvre, du fusil sur la machette... Immense métaphore de ce regard blanc posé sur l'Afrique noire. Un texte fort, très bien écrit, qui marque. Pas quelque chose d'extraordinairement innovant, mais incontestablement un passage à l'acte qui interroge, qui m'interroge et laisse un goût un peu amer, un peu sucré vers lequel je vais rapidement revenir. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Pavel Hak Mer 27 Nov 2013 - 14:06 | |
| Super commentaire, je note ! | |
| | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Pavel Hak Mar 3 Déc 2013 - 15:57 | |
| Content que cela t'ai plus Schanidar. - Schanidar a écrit:
"L'acte sexuel n'étant qu'une forme de démonstration, celle du pouvoir de l'homme sur la femme, du blanc sur la noire, de l'argent sur le pauvre, du fusil sur la machette"
Oui ! Je le vois comme cela également, c'est pas juste décrire un viol ou la soumission d'une prostitué a la volonté de son client, par pure voyeurisme. Mais ça fait echoes avec l'ensemble des thèmes abordé et la logique du monde que l'auteur dépeint. Un autre de ses livres est "un peu connecté" à l'afrique. C'est Vomito Negro. Il se passe aux antilles ou disons sur une île ou la population noire est issue de l'esclavagisme et de la traite négrière. (Oui j'ai changé de pseudos. Il est plus marrant celui là.) | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Pavel Hak Mar 3 Déc 2013 - 18:14 | |
| oui, ni crade, ni sordide, juste un peu répétitif (comme la vie). D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé la scène où le personnage principal, un type odieux, qui claque son fric comme on claque des doigts pour s'offrir des bagnoles ou des femmes, se fait justement avoir par une de ces femmes, parce qu'il n'utilise pas bien la langue. C'est subtil, très bien amené. Il ne repart par bredouille pour autant, car même si le Roi est mort, vive le Roi ! mais il sort dépité, et c'est une petite vengeance très juste qui montre aussi la profondeur de ce qui est dit, de la justesse du mot, de l'effort produit par l'auteur pour choisir la bonne expression et son attention au lexique. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Pavel Hak Mar 10 Déc 2013 - 13:45 | |
| Sniper
ce que je vais en dire est bien en-dessous de ce qu'il faudrait dire, mais j'ai eu du mal à entrer dans ce court récit de guerre et je crois qu'il va me falloir un certain temps d'incubation avant de pouvoir en saisir toute la moelle et la profondeur.
Sniper est écrit avec économie, peu de mots, peu de dialogues, beaucoup d'actes se résumant à eux-mêmes. Ce début m'a laissé sur le bord du chemin, entre torrent et ravin, près d'un village dévasté où les femmes violées sont balancées comme des poupées, où l'on se sert des prisonniers pour torturer d'autres prisonniers, où un foutu sniper, l'œil rivé sur les têtes des villageois prend son pied en appuyant sur sa gâchette.
Glacial.
Mais à partir du moment où trois femmes parviennent à se sauver... un hiatus survient dans l'écriture, on entre dans la tête des uns et des autres, des fuyards et du fils déterrant les corps de sa famille et soudain l'humanité revient hanter ce texte froid, factuel, distancié. Je le disais ailleurs, Pavel Hak use d'un style épuré, dénudé, dégraissé, qui ne laisse percer que l'horreur de cette sale guerre. Une guerre qui est tout sauf glorieuse, qui tue des civils, torture des innocents, brûle des villages, meurtrie des êtres qui ne savent rien. Une sale guerre, vraiment. Alors quand tout à coup parvient au lecteur les questionnements sur l'ordre, la nécessité de s'y soumettre, le plaisir qu'on en tire et en parallèle sur l'honneur et la nécessité de déterrer des corps pour que les crimes ne restent pas impunis, on finit par respirer un peu et par comprendre ce que l'auteur nous dit. En chacun vit un sniper et un sauveur, les circonstances, les croyances font de nous l'un ou l'autre et la guerre qui rend fou, qui avalise toutes les dérives, est un révélateur. C'est effrayant, mais juste.
Je vais poursuivre avec Vomito negro. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Pavel Hak Mar 10 Déc 2013 - 14:13 | |
| Shanidar on dirait que tu as mis la main sur ton auteur de l'année. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Pavel Hak Mar 10 Déc 2013 - 16:03 | |
| - Heyoka a écrit:
- Shanidar on dirait que tu as mis la main sur ton auteur de l'année.
je ne sais pas car les courts romans de Hak ne font pas vraiment partie d'une littérature 'aimable', c'est tout de même des thèmes très durs et une distanciation permanente qui gèle l'empathie possible. En revanche, je trouve ses livres non seulement extrêmement intéressants (ouvrant sur des réflexions très justes) mais également fort bien écrits. Tu vas tenter ? | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| | | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Pavel Hak Mer 11 Déc 2013 - 12:10 | |
| (j'avais pas vu hier ces impressions sur snipers) Beau commentaire ! J'avais lu ce livre d'une traite. Conseillé par quelqu'un qui n'avait pu en venir a bout. Je m'en suis physiquement pris au bouquin lors de la lecture, le tordant entre mes mains. Il y a une violence, un non respect de la vie, de la dignité... En fait, la vie est baffoué au fil de ses pages et pourtant... - Shanidar a écrit:
- "un hiatus survient dans l'écriture, on entre dans la tête des uns et des autres, des fuyards et du fils déterrant les corps de sa famille et soudain l'humanité revient hanter ce texte froid, factuel, distancié"
C'est vraiment ça, l'humanité vient hanté ce texte froid. Découper et déchirer les corps, jouer avec le feu et l'huile de moteur, pénétrer les chaires offusqués... il n'y a pas que la chaire qui sera souillé car par cette foutu humanité qui peut être porter dans les volontés, les coeurs , les yeux de chacun, et le pouvoir destructeur de l'immonde, du malpropre, de cette chienne de réalité qui menace le corps, Cette humanité par l'horreur vient se pulvériser dans les cranes, et les morceaux de verre translucide se piquent dans les os et font saigner l'intéireur des êtres. Mais la vie se bat, toujours, et s'offusque, parfois. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Pavel Hak | |
| |
| | | | Pavel Hak | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|