Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Sorj Chalandon

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Steven
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyVen 27 Déc 2013 - 18:01

Le quatrième mur

Retour sur un auteur que j'aime particulièrement et qui ne me déçoit que rarement. Dans le quatrième mur, tout commence avec une tragédie, une tragédie de papier, mais déjà, derrière les mot on sent poindre la tragédie réelle, celle de la guerre et de la mort. Jean Anouilh et Antigone donc :

« L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui....»

Plus qu'à l’inévitable retour sur ce conflit, je me suis attaché à l'histoire d'amitié entre Samuel et Georges, le petit théâtreux, révolutionnaire en mal de violence qui va à l'encontre de la pire des violences, celle anonyme de la guerre et du non-droit. En suivant les pas de Georges, j'ai rencontré des personnages forts – Marwan, Imane, Joseph-Boutros, Nabil, Nimer, Hussein, Hémon, Simone... - qui tous apportent leur pierre à la construction de ce quatrième mur, né de l'imaginaire de Samuel, Quatrième mur qui naturellement volera en éclat sous les coups de la réalité. Avec lui, chacun des personnages verra sa vie partir en éclats. L'idée était belle et folle, telle celle d'Anouilh faisant de son Antigone un acte de résistance fort et lumineux.

J'ai aimé ce livre de Sorj Chalandon qui donne beaucoup de force aux scènes sur le lieu du conflit. Mais plus que cette histoire «folle», j'ai aimé cette succession de personnages forts, acteurs de la pièce qui délaissent leur quotidien barbare pour croire un instant en un moment lumineux. Chacun de ces personnages, avec ses forces, ses faiblesses, donne beaucoup de puissance aux mots de Chalandon et amène le lecteur à croire possible qu'un rêve insensé puisse déboucher sur un instant de paix.
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Aeriale
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptySam 28 Déc 2013 - 16:02

-Le quatrième mur-

Tout a été dit sur ce roman, je ne vois rien à rajouter, juste redire mon admiration, jusqu'ici intacte, sur ce fabuleux écrivain qu'est Sorj Chalandon. En partant de cette idée aussi folle et généreuse qu'illusoire, de réunir le temps d'une pièce des acteurs de toutes religions, afin d'offrir à la guerre un magnifique contre pied volé à la réalité, l'auteur réussit une fois encore un tour de force.

Des phrases courtes, un rythme haletant, et son style toujours tranchant, sans ambages, qui nous laisse quasi exsangue. Bien sûr on peut trouver de l'excés dans la violence, dans les personnages, un peu trop de pathos et d'horreurs. Pour répondre à topocl, j'ai eu moi aussi cette sensation fugitive parfois, mais cette phrase postée par Coline résume tout et balaie mes dernières réticences

Citation :
«Je suis désolé, je vous ai fait partager des choses qui sont dures, mais j'en avais marre d'être seul dans ces choses-là. C'est comme si j'avais un sac de pierres, je vous ai donné une pierre à chacun, et pour moi, le sac va être moins lourd »

Je crois que Chalandon a vécu réellement ces atrocités et que son retour au quotidien a dû tant en pâtir (doublé de cette sensation de vague culpabilité qui colle à tout témoin passif, incapable de changer l'ordre des choses) que son seul échappatoire reste la sur-représentation, la sublimation par les mots et l'image face à la barbarie que doit toujours hanter son esprit.

Chapeau bas à cet homme empli de doutes autant que de croyances, qui parvient avec des mots simples et déchargés de toute emphase, à emporter ses lecteurs, dans un même élan d'humanisme, vers ce qui devrait rester au travers du chaos qui nous entoure. L'amour du prochain et la foi en l'autre. Respect Mr Chalandon.

.
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coline
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptySam 28 Déc 2013 - 16:43

Waouh...Chalandon te rend lyrique! On sent ton enthousiasme. Merci pour le commentaire qui est venu s'ajouter à celui de Steven. Merci Steven aussi! J'ai tellement envie qu'on parle de ce roman. content 
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Heyoka
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptySam 28 Déc 2013 - 16:46

Coline a raison, tu nous as écrit un beau commentaire Aeriale.
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Aeriale
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptySam 28 Déc 2013 - 17:05

Merci les filles, pourtant je n'étais pas sûre de bien lui rendre hommage tant cet homme m'impressionne, et surtout me bouleverse.

Coline a recopié quelques extraits, je vais tâcher d'en retrouver d'autres, je n'ai pas le livre sous la main. Mais surtout voilà un auteur qui nous fait voir autrement, qui tente d'élever les mortels que nous sommes vers quelque chose de plus lumineux, en celà je lui suis très reconnaissante. Avec ses mots à lui, son authenticité et sa générosité.

Je suis coite d'admiration  Very Happy
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Steven
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptySam 28 Déc 2013 - 17:12

Voilà Aériale qui est coite !  Laughing Moi qui pensais que seul Dubois la mettait dans cet état-là.

Sérieusement, Chalandon, c'est quelque chose quand même. Et ce livre est vraiment grand.
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Harelde
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyVen 7 Mar 2014 - 14:25

Une promesse


Dans un petit village de Mayenne, un étrange ballet est organisé autour d’une maison isolée. Sept amis d’enfance se relaient pour sonner, toquer à la porte, entrer, ouvrir les fenêtres, dresser une table pour deux chaque soir, changer les draps du grand lit chaque semaine. Pour faire du bruit.

Nous sommes chez Fauvette et Etienne, deux petits vieux aux habitudes rangées, amoureux fous. Fauvette remplit inlassablement ses grilles de mots croisés. Quant à Etienne, il consigne scrupuleusement chaque visite dans un petit cahier bleu avant d’admirer quotidiennement sa magnifique collection de timbres dans laquelle ne figure qu’un seul spécimen : une vignette rouge de 1924 commémorant les JO de Paris sur laquelle figure Milon de Crotone fendant un chêne en deux à mains nues.

Lucien – dit bosco –, Ivan, Paradis, Berthevin, Léo, Madeleine et Constant Blancheterre se retrouvent ensuite au bar de Lucien. Pour prendre le verre de la promesse. Celui qui maintient le groupe soudé autour de leur devoir de mémoire, leur refus de l’oubli. Mais les résolutions vacillent. Un vent de démotivation souffle dans les rangs. Nous pas qu’on ne veuille plus, mais le courage tend à flancher. Berthevin n’est pas entré ce matin. Et bien qu’il affirme le contraire, il s’est contenté de sonner et de faire le tour de la bâtisse sans se douter que la clé qu’il serrait dans son poing ne fonctionne plus depuis belle lurette. Léo non plus n’entre plus depuis quelques temps. Paradis, lors de son dernier passage, a oublié de remonter l’horloge et Madeleine n’a pas rempli le broc d’eau comme à l’accoutumé. Peu à peu, le mystère de cette routine s’éclaircit. Le lecteur pénètre la vie des protagonistes et leur histoire.

Un roman très simple mettant en scène des personnages ordinaires, un peu frustes. Modestes. Monsieur et madame toute-le-monde vivant de peu dans une campagne à l’écart du monde trépident. Des personnages plus vrais que nature parfaitement bien campés qu’on a l’impression d’avoir en face de nous. Une histoire simple contée magnifiquement par un écrivain de talent. Monsieur Sorj Chalandon signe ici un livre à l’atmosphère paisible. Un livre de détails mettant en scène un trousseau de clés qui tinte et bat à chaque pas sur la cuisse de son propriétaire, un cycliste prudent qui descend de vélo à chaque carrefour, une veilleuse attrapeuse d’âmes montée sur un socle de bois multi-centenaire, Madeleine une femme qui pleure beaucoup…

Je retrouve avec un plaisir immense l’écriture de Chalandon, pleine de finesse et de poésie. De délicatesse, de justesse. D’émotion, d’amitié et d’amour. Et de pudeur. Une écriture riche et sobre à la fois. Concise, évocatrice. Sorj n’en fait pas des tonnes mais fait mouche à chaque fois : il a décidément le don des formules.

Je suis conquis !
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyMar 25 Mar 2014 - 10:37

La légende de nos pères


Marcel Frémaux est quinquagénaire. Fils de Pierre Frémaux, dit « Brumaire » : ancien lieutenant de la Résistance, déporté à Auschwitz puis Buchenwald et revenu d’entre les morts bien après la libération, manquant ainsi les honneurs de la Patrie reconnaissante à ses héros. Héros taciturne, héros blessé, héros oublié par les vivats aux bénéfices des foules de résistants de la toute dernière heure alors que ceux qui avaient combattus dès les premiers jours étaient morts ou encore derrière les barbelés.

Est-ce parce que son père ne lui a jamais raconté son histoire ? est-ce parce que ce dernier est mort avant d’avoir ressenti le besoin de s’ouvrir à un fils avide d’entendre son père que Marcel Frémaux est devenu biographe ? Un biographe « familial » dont la profession est de coucher sur le papier l’histoire des autres. Ses clients sont des particuliers désireux de mettre leur mémoire par écrit. Ou certains de leurs proches voulant les honorer en leur offrant leur vie mise en valeur par une reliure de qualité.

C’est le cas de Lupuline Beuzaboc. Elle souhaite mettre l’écrivain en relation avec son père âgé de 83 ans pour que celui-ci lui conte « sa guerre » : cheminot dans la région de Lille, Tescelin Ghesquière dit « Beuzaboc » a résisté à l’envahisseur teuton. Rien d’envergure, mais des coups d’éclat ici et là, comme fleurir au nez et à la barbe de l’occupant la tombe d’un soldat britannique tombé en 1915, assassiner en pleine rue un soldat allemand, tenir compagnie à un anglais blessé en attendant son transfert en zone libre… Des histoires que Beuzaboc racontait à sa fille alors qu’elle n’était qu’une enfant. Des histoires avec lesquelles Lupuline a grandi et s’est construite.

Le vieil homme, d’abord réticent, accepte de se confier. Les séances commencent : Beuzaboc raconte, Frémaux prend des notes qu’il retranscrit ensuite. Très vite, pourtant, un malaise s’installe entre les deux hommes. Le biographe met en doute les mots qu’on lui raconte. La résistance n’est qu’un vaste mensonge, une histoire pour enfant. Il commence à vérifier, à confronter ces histoires avec l’Histoire, celle publiée dans les journaux d’époque, celle des archives. Des soupçons qui amènent un cas de conscience. Car un biographe n’est pas un journaliste, ni même historien. Pour lui la vérité doit être celle de son client. Que lui importe que ce dernier arrange un peu le passé, travestisse un peu les faits ? C’est d’ailleurs monnaie courante dans sa profession : il y est habitué.

Il tente de se reprendre mais ne parvient pas à se détacher suffisamment, à trouver le recul nécessaire. Car à travers l’histoire de Beuzaboc, c’est bien celle de Brumaire qu’il recherche. Beuzaboc est un des imposteurs qui a indument récolté les lauriers de son père. Que faire ? Se taire et poursuivre jusqu’au bout en professionnel ? Vider son sac, pousser son client à se dévoiler ? L’acculer à la faute ?

Mais le vieil homme n’est pas né de la dernière pluie et a remarqué le conflit intérieur auquel se livrait Marcel. Il en connait même l’objet, ayant immédiatement fait le lien entre son patronyme et celui de l’ancien lieutenant qu’il connaissait de réputation. Il reprend donc l’initiative et se livre pieds et poings liés : oui, il a menti. Il n’a d’ailleurs accepté de se raconter que pour remettre les pendules à l’heure. Pour avouer.

Pour Frémaux, un second conflit voir alors le jour. Permettra-il à l’usurpateur de s’amender ? de trouver enfin la paix ? Pourquoi cette chance serait-elle accordée au vieillard alors que lui ne retrouverait jamais son père décédé ?

Un livre passionnant. Un sujet original. J’ai souvent éprouvé le besoin de relever la tête, d’interrompre ma lecture et de bayer aux corneilles. Pour savourer le texte. Pour intégrer les mots, les idées. Pour digérer les émotions provoquées par la prose de Chalandon. La légende de nos pères n’est pas un livre qui se dévore à toute blinde. C’est une perle d’une rare finesse qui se déguste lentement.

La fin qui m’inquiétait pourtant : comment terminer un tel livre sans accoucher d’une souris, de tomber dans le mièvre et le pathos ? Mais n’est pas Chalandon qui veut. Là où beaucoup d’auteurs se seraient planté le bec dans l’eau, Monsieur Sorj Chalandon s’en tire avec panache.

Quel artiste !
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyVen 17 Avr 2015 - 13:48

Mon Traître



Antoine est luthier à Paris, sur la rive droite. Un jour, l’un de ses clients ose prétendre que s’il n’est jamais allé à Belfast, il ne peut prétendre connaître l’Irlande, même après de multiples voyages à Dublin.

Vexé, Antoine saute rapidement sur l’occasion d’un déplacement dans le sud de ce pays pour prendre le train et se rendre en Irlande du Nord. Il y fait la connaissance de Jim qui deviendra l’un de ses meilleurs amis. Jim le mène chez lui et lui présente Cathy, sa femme. Le mène au pub où il fait la connaissance de Tyrone Meehan, un officier supérieur de l’IRA.

Pour Antoine, c’est le coup de foudre. Il tombe éperdument amoureux de ce bout de terre aux mains des Britanniques. Il aime ses habitants, ces catholiques vivant en territoire colonisé, ces pubs où la Guiness coule comme de l’eau, ces chants patriotiques, ces martyrs détenus à la prison de la ville pour avoir cherché à bouter l’anglais hors de leurs frontières. Une sorte de connivence s’installe entre irlandais républicains et français issus de Jeanne d’Arc.

Antoine aime l’austérité, la pauvreté, la sincérité des lieux. Il devient irlandais de cœur, visitant ses amis de façon très régulière. Il aimerait s’impliquer dans leur lutte, leur prêter main forte et ne plus se contenter d’observer. Ses relations avec Cathy, Jim et Tyrone deviennent réellement intimes. Au fil des années, ils deviennent une famille, à la vie, à la mort.

Alors quel ne fut pas le choc lorsque Tyrone avoue trahir l’IRA depuis 25 ans… Antoine est dévasté. L’homme qu’il vénérait et considérait comme un second père n’était pas ce qu’il prétendait être…

Mon Traitre est peut-être le livre le plus exceptionnel de Sorj Chalandon. Un livre d’une force inouïe, aux personnages tellement bien campés, tellement vrais qu’on jurerait les connaître personnellement. Des petites gens simples qui ne demandent rien d’autre que de vivre en paix chez eux, dans leur pays. Des gens qui s’insurgent contre la présence de blindés dans leur rue, devant leur porte, sous leur fenêtre. Des gens déterminés, prêts à être emprisonnés pour leurs idées. Ou à entamer une grève de la faim. Et à mourir. Car en face, les britanniques dirigés par la dame de fer ne sont pas moins résolus.

C’est une guerre que Sorj Chalandon décrit. Une guerre inégale qui oppose les pierres aux blindés. Une guerre totale dans laquelle nul n’hésite à frapper. Une guerre sale, grise comme le ciel, amère comme la bière.

Une écriture extraordinaire, faite de formules percutantes. Un texte riche, fort, concis. Bouleversant !

A lire absolument !
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyVen 17 Avr 2015 - 17:00

Coucou Harelde, ça fait plaisir! (de te voir et de lire ton enthousiasme).
Tu n'as plus qu'à lire Retour à Killibegs (qui est encore meilleur, je trouve)
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyMer 26 Aoû 2015 - 16:04

topocl a écrit:
Coucou Harelde, ça fait plaisir! (de te voir et de lire ton enthousiasme).
Tu n'as plus qu'à lire Retour à Killibegs (qui est encore meilleur, je trouve)

Merci topocl
J'ai déjà lu Retour à Kilibegs. C'est par lui que j'ai découvert Chalandon ! impatient content
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyMer 26 Aoû 2015 - 16:05

Profession du Père




Emile Choulans vit seul avec ses parents. Nous sommes au début des années 1960 et l’enfant est âgé d’une dizaine d’années. Chaque année, à la rentrée des classes, remplir la sacro-sainte petite fiche demandée par l’enseignant le plonge dans l’embarras : Nom, Prénom, Profession du père… Or, il n’a jamais su ce que faisait papa.

Lorsqu’il part pour l’école, ce dernier dort encore. Et lorsqu’il rentre, il est déjà en pyjama. Mais qu’y avait-il entre ces deux états ? « Tu n’as qu’à mettre footballeur professionnel », suggère papa. Ou pasteur protestant pour une Eglise américaine. Ou professeur de judo. Ou Agent secret. Selon les années. Selon l’humeur de l’instant.

Car papa est comme ça : il n’explique rien. Il affirme, assène, rouspète, vilipende, râle, interdit, ordonne. Mais n’explique pas. Et Emile, en enfant naïf prend tout pour argent comptant. Alors lorsque papa rentre fou furieux à la maison en insultant le Général de Gaulle qui venait de rendre l’Algérie aux algériens et de trahir ainsi le serment qu’il lui avait fait à lui, son ami intime, son conseiller personnel, il ne lui vint pas à l’idée de penser que papa déraillait ferme.

Comme lui, Emile est aussitôt entré en résistance, barbouillant les murs de la ville de « OAS » avec la craie que papa lui avait donné. C’est lui aussi, le petit Emile, qui nuitamment dépose les lettres anonymes que papa rédige à l’attention des gaullistes de la ville.

Emile est fier. Il souhaite ardemment s’attirer les bonnes grâces de papa. Il est prêt à tout pour faire oublier ses carnets médiocres et recueillir les encouragements paternels. Pour cela, il joue aux espions, échange avec son père par l’intermédiaire de talkie-walkies et envisage d’assassiner le général.

Tout cela serait drôle si papa ne cognait pas si fort. Car André Choulans est un homme violent. Qui n’hésite pas à frapper son fils à la première incartade, la première déception, la moindre faiblesse. Ou de taper sur sa femme si celle-ci ose la ramener et de quitter son rôle de bonne ménagère entièrement dévouée à son homme.

Cette histoire est un roman, mais Sorj Chalandon nous confie que c’est bien son enfance qui s’étale sur ce papier blanc. On rit avec lui de ces situations cocasses, de ce père mythomane et paranoïaque qui entraine son fils dans des jeux abracadabrants. Mais on souffre aussi lorsque l’enfant est levé au milieu de la nuit pour faire des pompes ou que les coups pleuvent.

L’écrivain nous sert un drame familial peu banal, dramatique, bouleversant. Et magnifiquement mis en scène par sa plume de génie. Car même lorsqu’il ne parle pas de politique, de l’Irlande ou du Liban Chalandon reste Chalandon. Un écrivain d’exception, aux formules percutantes mêlées d’effroi et de poésie, de douceur et de souffrance. Chalandon, c’est concis, vif, précis, imagé. Chalandon, c’est magnifique et j’en redemande.

Un livre qui fera date dans ma vie de lecteur !
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyMer 26 Aoû 2015 - 17:18

Ben tu t'es précipité, dis-donc! Et tu as bien fait apparemment!
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyMer 26 Aoû 2015 - 19:38

Mais tout le monde aime Chalandon ... Faut se faire son idée donc ...
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 EmptyDim 30 Aoû 2015 - 15:24

GrandGousierGuerin a écrit:
Mais tout le monde aime Chalandon ... Faut se faire son idée donc ...
Et c'est pour cela que j'ai pris un de ces ouvrages à la médiathèque ! Ta petite phrase me trottinait dans la tête . rire
J''ai pris  "La promesse" sans lire la quatrième de couverture , choisissant l'effet "surprise surprise"  .
Un agréable moment car il est vrai qu'il a un style ,  une écriture qui lui appartient douce et caressante , une de celles dans laquelle il fait bon se lover pour sentir un bienfait immédiat et facile .
Plusieurs thèmes universels y sont abordés , c'est facile d'accès et je comprends qu'il fasse quasi l'unanimité : l'amitié , les liens solides de fraternité , la mort et son mystère , la volonté des vivants de croire en des passerelles pour accéder à celui des disparus ...tout cela à travers une historiette à l'accent de terroir ....J'ai même versé ma larmette , il est fort Chalandon !

Mais après ma lecture "précédente  de Laurent Gaudé , l'excellent roman  "La porte des enfers" , dans lequel on retrouve un peu la même thématique , ce n'était pas le meilleur moment pour moi de découvrir Chalandon . Deux écritures complètement opposées , deux façons d'aborder la mort qui se nient l'une l'autre et sans les qualités d'écriture indéniable de Chalandon , ça m'aurait paru un peu ...mièvre  honte
....Quelle drôle de hasard que ces deux lectures successives . Suspect
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MessageSujet: Re: Sorj Chalandon   sorj chalendon - Sorj Chalandon - Page 13 Empty

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