Ciro Guerra

Citation :

Après avoir étudié le cinéma et l’audiovisuel à l’Université nationale de Colombie, Ciro Guerra réalise à 20 ans son premier long métrage, ‘La Sombra del caminante’ (‘L’Ombre de Bogotá’), qui sort en France en avril 2008. Dans les quartiers pauvres de la ville, Mañe (César Badillo) qui a perdu l’usage de ses jambes se retrouve sans emploi et en proie à de grandes difficultés financières. Il retrouve espoir grâce à la rencontre d’un mystérieux personnage joué par Ignacio Prieto qui transporte les gens sur son dos pour 500 pesos (environ 20 centimes d’euro). Tourné en noir et blanc avec un budget réduit, le film est présenté dans une version non finalisée au Festival du film de San Sebastien dans le cadre des Rencontres en construction. Il y remporte un prix et peut ainsi être achevé. Présenté dans de nombreux autres festivals internationaux, il reçoit le Prix du public au Festival de Toulouse et représente la Colombie aux Oscars 2006 dans la catégorie du Meilleur film étranger. En 2009, Ciro Guerra réalise son second long métrage, ‘Los Viajes del viento’ (‘Les Voyages du vent’), en couleur cette fois, en collaboration avec la Cinéfondation de Cannes. Il est présenté au Festival de Cannes 2009 dans la section Un Certain Regard. Influencé pour ce film par les néoréalistes italiens tels Vittorio De Sica et Luciano Visconti, Ciro Guerra se reconnaît plus généralement comme maîtres des cinéastes tels que Renoir, Antonioni, Cassavetes, Tarkovsky, Nicholas Ray ou Glauber Rocha.

source : evene.fr






J'ai vu ce film hier, en avant première, la sortie française est programmée pour décembre.

Le film se centre sur Karamakate, chaman amazonien, et sur les deux voyages qu'il a effectué à la recherche de yakruna, une plante utilisée par son peuple disparu. Le premier voyage, effectué sans doute au tout début du XXe siècle, avec un ethnologue allemand, malade, que le yakruna pourrait guérir et le deuxième quarante ans plus tard avec un biologiste américain. Lors du premier voyage, Karamakate était en quête des siens, que l'ethnologue affirmait avoir rencontré. Le deuxième voyage, Karamakate, devenu un chullachaqu, vidé de sa substance et de ses souvenirs, le fait pour se retrouver lui-même.

Le film est d'une rare splendeur visuelle. Les deux récits entremêlés sont très prenants, et poignants par moments. La jungle, l'oscillation entre les deux récits éloignés dans le temps, les rêves qui s'invitent dans la vie des hommes, les légendes et mythes, tout cela forme un ensemble foisonnant et fascinant. Cruel aussi par moments.

Un beau film, qu'il serait dommage de laisser passer.

Ah tiens... je zieuterais si je peux le voir celui-là.

A voir donc ...

Je pense que c'est vraiment à voir. J'en suis moins süûe pour Chymère, comme on ne va jamais voir les mêmes films , mais le sujet (chamanisme, rapport à la nature...) pourrait t'intéresser. Le traitement onirique du sujet et la splendeur des images devrait séduire Marko.

Zut il passe demain après midi à Douai mais je ne serai pas rentré. Il est visible dans quelques salles en France en avant-première.

Marko a écrit:

Zut il passe demain après midi à Douai mais je ne serai pas rentré. Il est visible dans quelques salles en France en avant-première.

Oui, je l'ai vu dans le cadre de ces avant premières. C'est intéressant comme lancement d'ailleurs, les avant premières ont lieu dans des cinémas qui projettent des films ambitieux, et ils doivent compte sur le bouche à oreilles pour faire connaître le film. Juste dommage que la sortie soit prévue pour décembre, cela fait à mon avis trop de temps entre les deux.

Chymère a écrit:

Ah oui moi c'est plus le côté chamanisme/Amazonie etc qui m'intéresse.
(après, s'il y a en plus de belles images... ).

Je ne sais pas si je l'ai dit, et pour éviter une déception, le film est en noir et blanc.

L'étreinte du serpent

Une remarquable découverte pour cette fin d'année en salles, et je rejoins complètement l'avis d'Arabella. L'étreinte du serpent marque d'abord par sa beauté esthétique, même si Cerro Guerra ne cherche pas à impressionner le spectateur. Il propose une immersion dans ce cadre naturel que représente le fleuve Amazone, espace de vie à la fois fascinant, déroutant, éprouvant et insaisissable. Un écho est constant entre les deux expéditions et le film trouve un rythme propre, entre instants méditatifs et montées brusques en tension. La quête du shaman Karamakate, à la recherche de lui-même dans l'acceptation de ses rêves et de l'oubli, est mémorable dans son humilité et sa ferveur.

Guerra ne surligne pas une opposition avec la civilisation occidentale, malgré quelques scènes au sein d'une mission religieuse. Mais ce conflit est aussi bref qu'absurde, nourri par l'amertume et l'incompréhension. L'étreinte du serpent suit avant tout, dans un lien fragile entre l'homme et les paysages qui l'entourent et le définissent, la perspective éphémère d'un apaisement.

Tu termines bien l'année avec un film qui sera mon premier de 2016

Ce film reste un bon souvenir, une jolie découverte. L'année 2015 a mieux fini qu'elle n'a commencé au cinéma tout au moins.

L'étreinte du serpent.
Arabella et Avadoro en ont bien parlé, je n'ai pas grand-chose à rajouter.
C'est un très beau film, pas toujours clair, ce qui fait partie du charme du film, qui emporte. Mais il y a aussi beaucoup de thèmes abordés, par exemple à travers le refus de donner facilement accès aux technologies des "blancs" (par exemple une boussole) de sorte que les habitants des forêts ne perdent pas la connaissance ancestrale (trouver l'orientation grâce aux étoiles, aux vents) ; et bien sûr d'autres thèmes beaucoup plus classiques (l'exploitation des forêts, etc.).

J'ai trouvé la partie "contemporaine" un tout petit peu moins intéressante (notamment celle avec le nouveau Messie ; mais le film est tiré de récits de voyages, et il est bien possible que cela se soit passé comme cela, ou à peu près).
Le tourne-disque dans la jungle fait penser à Werner Herzog (le fait qu'il y ait des paroles en allemand, entre autres langues - on peut dire qu'il y a une luxuriance des langues -, a peut-être accentué le rapprochement).

J'étais au MK2 Beaubourg hier soir. La salle n'était pas immense, mais elle était bien pleine. Le bouche à oreille doit fonctionner.
On notera que le film a une nomination comme Meilleur film étranger 2015 aux Oscars, ce qui devrait augmenter encore sa diffusion internationale, et c'est tant mieux.


Bande-annonce (sur grand écran, c'est bien plus beau encore) :


Du coup, j'aimerais bien voir ses deux précédents, L'ombre de Bogota (2004) et L'accordéon du diable (2009)



L'accordéon du diable (Los viajes del viento) :



L'Ombre de Bogota :

Moi aussi j'aurais eu envie de voir ses films précédents, mais ils semblent peu accessibles.

bonjour,
je l'ai vu aujourd'hui guidé par la curiosité vers la forêt amazonienne, il passe dans un petit cinema de chez moi style art et essai (le seul dans la ville à part notre ciné club...) j'ai été plongé dans cette atmosphère en VO (sous-titrée), un foisonnement d'interrogations, de questionnements dans un film au rythme lent et aux scènes imprévisibles. Vous l'avez tres bien résumé, je ne vois pas trop à y rajouter, juste peut être la méfiance (justifiée) du vieil indien envers les blancs (destructeurs de la forêt et prédateurs de la vie, dixit le combat du jaguar et du serpent parallèle aux blancs et aux indiens)). C'est vrai que certains cinéphiles pourraient ne pas aimer le côté initiatique mystérieux du contenu et c'est vrai que l'on peut par moment perdre le fil de l'histoire qui vire à certains moment délire (comme les scènes du messie, reliquat vraisemblable des enfants abandonnés à eux même dans l'ancienne mission, belle critique de la religion au passage...), je n'avais rien vu du cinéaste auparavant...Comme je l'ai dit au bar, il y a un parallèle avec "les enseignements d'un sorcier yaqui" le bouquin de Castaneda (cf les images psychédéliques de l'Univers à la fin du film)(le titre par ailleurs, est à rapprocher de la giclèe de produit planant que l'indien envoit dans le nez du savant allemand malade...)...

Le seul film qui m'ait vraiment transporté ces derniers temps. Voyage initiatique et chamanique à travers les ravages hallucinés du colonialisme. Un hommage éclairé à ces indiens en communion avec la nature et une émouvante histoire d'amitié. Superbe et limpide (ce n'est pas un film difficile d'abord ni excessivement expérimental). Le passage où le chaman invite l'occidental à mieux écouter la voix de ses ancêtres à travers un vieux gramophone est très belle. La soit-disant civilisation en prend un sacré coup. Et on assiste tristement à la fin d'un monde qui n'est pas idéalisé mais observé avec respect et nostalgie. Ne le manquez pas s'il passe à proximité.

J'ai commandé ses 2 précédents films. A suivre...

Marko a écrit:

Le seul film qui m'ait vraiment transporté ces derniers temps. Voyage initiatique et chamanique à travers les ravages hallucinés du colonialisme. .... La soit-disant civilisation en prend un sacré coup. Et on assiste tristement à la fin d'un monde qui n'est pas idéalisé mais observé avec respect et nostalgie. Ne le manquez pas s'il passe à proximité.

J'ai commandé ses 2 précédents films. A suivre...

En effet, et c'est d'autant plus fort que la nature environnante est toujours tres belle (belles images aériennes à la fin du film), or les dégâts apparaissent en suggestion avec l'amnesie du vieil indien qui a perdu ses coutumes, qui ne sait plus lire les signes déssinés sur les rochers sensés lui indiquer un chemin, suggéré par l'emprise de la religion qui dans son exageration rend fou, civilisation visible dans le port de vetements, civilisation qui interdit la langue des indiens et l'enseignement des coutumes aux jeunes enfants...etc..C"est en effet un requisitoire fort où l'usage de produits psychedeliques n'est là que pour montrer le chemin, el camino...

Chamaco a écrit:

En effet, et c'est d'autant plus fort que la nature environnante est toujours tres belle (belles images aériennes à la fin du film), or les dégâts apparaissent en suggestion avec l'amnesie du vieil indien qui a perdu ses coutumes, qui ne sait plus lire les signes déssinés sur les rochers sensés lui indiquer un chemin, suggéré par l'emprise de la religion qui dans son exageration rend fou, civilisation visible dans le port de vetements, civilisation qui interdit la langue des indiens et l'enseignement des coutumes aux jeunes enfants...etc..C"est en effet un requisitoire fort où l'usage de produits psychedeliques n'est là que pour montrer le chemin, el camino...

SI je devais avoir une croyance je serais animiste