Bernard Wallet

Bernard Wallet, né en 1946 dans le Pas-de-Calais, est un éditeur français. Il est le fondateur et directeur des éditions Verticales.

Il édite notamment Régis Jauffret, Lydie Salvayre (sa compagne) ou Gabrielle Wittkop.

Il a en outre publié un livre sur le Liban et ses guerres, Paysage avec palmiers.

source : wikipedia

Paysage avec palmiers

Un livre glaçant. Récit autobiographique composé de petits paragraphes distincts les uns des autres sans ordre chronologique particulier et qui nous narre des événements divers lors de la guerre au Liban.
Bernard Wallet y vivait dans les années 80 début 90 et nous décrit un univers apocalyptique où seule la violence, la mort, la destruction ponctuent un désespoir permanent.
Ca fait mal, c'est dur, cela nous tenaille. On n'y croit pas, pourtant l'on sait que les guerres sont sales et laides, on sait qu'on n'imagine pas à quel point. Bernard Wallet nous force à regarder en plaquant notre tête sur une sorte de diaporama horrifique.
L'écriture est tristement belle, le style est propre, harmonieux et composé de forts sentiments de colère et de désarroi. Un brin de cynisme conclut cette lecture nécessaire.
Un grand moment de ma vie de lecteur.

extrait :

Merci pour cet ouverture de fil, Hanta ! Bernard Wallet, même s'il n'a écrit qu'un seul livre mérite qu'on s'attarde sur son histoire. A noter qu'il n'est plus éditeur depuis qu'il a en partie perdu la vue et que Verticales est aujourd'hui dirigé par un de ses amis et collègues, Yves Pagès. A noter enfin que le numéro 170 du Matricule des anges lui était consacré, avec un bel entretien dedans !

merci pour ce commentaire Hanta ! une lecture future

Paysage avec palmiers

Le moins que l'on puisse dire c'est que Bernard Wallet étrille son sujet pour en exprimer la substantifique moelle. Il en résulte des vignettes n'excédant que rarement trois ou quatre lignes, qui se lisent comme des coups de poing portés successivement en pleine gueule ou dans le ventre. Le genre de texte qui macule l'esprit, qui fait grincer des dents et donne envie de vomir.

Des vignettes donc, sur la guerre, des instantanés, bien loin de la poudre qui se transforme en succédané de café mais le genre de tord-boyau nocif, Angel Dust de contrebande. Radical. Alors même que l'auteur, on le sent, n'écrit pas pour le spectaculaire mais bien pour calmer ses cauchemars, les lignes se lisent dans le tremblement du sentiment mis à distance et pourtant éclaboussant.

Qu'il parle des corps déchiquetés, des enfants soldats, qu'il réagisse aux différentes propagandes en mettant son texte en italique, Wallet met le doigt dans la plaie et regarde le sang teinter l'asphalte.

Asphyxiant. Unique. Violent. Mais aussi rédempteur, ce texte est une arme pointée entre les deux yeux du lecteur. Tirera ou tirera pas ?


A vous de voir !

Quelques extraits à bout portant :

Le cadavre d'un chien pourrit sur le tarmac. Un essaim de Spanish flies survole l'animal. Mon regard s'accroche à la langue de la charogne. Lambeau rigide de chair sombre. Noir organe qui ouvre sur une bouche d'ombre.

(…)

Un homme en pleurs fouit la terre de ses doigts. Pelles, bêches, pioches sont fichées dans le sol meuble de son jardin. Il s'interdit de faire usage d'outils domestiques que des mains fanatisées transforment en armes sauvages.
La hache qui a décérébré sa femme est noire de sang séché.

(…)

Je me souviens du goût du café à la cardamome. Je le prenais moyen.

Belle critique Shanidar, je suis tout à fait d'accord avec ton ressenti.

Lecture forte que je n'aurais sans doute pas tentée tout de suite si tu n'avais pas ouvert ce fil, Hanta... Je continue à m'interroger sur la 'meilleure' manière de lire la Guerre... de Pavel Hak à Curzio Malaparte en passant par la guerre des Gaules, etc., le sujet, hélas inépuisable, reste pour moi une énigme dans sa forme discursive (et aussi une fascination).