Après plus de 25 ans de malédiction éditoriale , le livre sort enfin en langue française aux éditions Sonatine . Il est considéré comme l'un des livres fondateurs du roman de serial killer avec "Le dahlia noir " de James Ellroy et "Le silence des agneaux " de Thomas HarrisLe thème :
A 10 ans , Thomas Bishop est placé dans un institut psychiatrique après avoir assassiné sa mère. Il s'en échappe quinze ans plus tard et entame un périple meurtrier à travers les EU . Très vite , une chasse à l'homme s'organise : la police, la presse et la mafia sont aux trousses de cet assassin hors norme , remarquablement intelligent , méticuleux et amoral.Les destins croisés des protagonistes , en particulier celui d'Adam Kenton , journaliste dangereusement proche du tueur , dévoilent un inquiétant jeu de miroir , jusqu'à un dénouement captivant.Le livre est construit en 3 parties
Dans la 1ère intitulée "Thomas Bishop" , l'auteur retrace l'enfance de Thomas et illustre parfaitement
la fabrique du monstre à travers une enfance sordide , faite de violences et de brutalités sans nom que sa mère lui fera subir , et à la suite de quoi il en viendra à la tuer à 10 ans d'où son internement en HP.
On assiste ensuite à son évasion avec la complicité d'un camarade qu'il supprime illico en maquillant son crime de façon à faire croire que c'est lui Thomas Bishop qui est mort.
Et à partir de là , c'est un engrenage fou , démoniaque car c'est sur une fausse piste que partent les enquêteurs en poursuivant la mauvaise personne (portrait robot tout faux etc....)
Thomas Bishop donc écume les EU en toute quiétude , et va se livrer aux crimes les plus abominables , obéissant à son esprit dément .
Il déjoue tout ce qui se met en travers de sa route (il a beaucoup appris les ficelles en regardant la TV et notamment les séries policières)
J'en ai déja trop dit , mais jusqu'à la page 500 , personne ne comprend le subterfuge jusqu'à la 2ème partie intitulée "Adam Kenton " , un journaliste d'investigation hors pair se voit confier la mission de trouver cet homme et de le démasquer , aidé de 2 esprits aiguisés , un criminologue et un lieutenant de police atypique.
Au prix d'un travail acharné , ils comprendront leur erreur et
dans la 3ème partie "Adam Kenton et Thomas Bishop" , on assistera au dénouement .
C'est un livre immense , d'une densité telle que l'histoire restera longtemps présente en moi.
Beaucoup de thèmes sont abordés , le débat lancinant sur la peine de mort aux EU
dans les années 70 , les enjeux politiques qui s'y raccordent , le pouvoir phénoménal de la presse , la course aux sénatoriales , les magouilles politico financières , mais à aucun moment l'auteur nous égare , l'enquête est serrée, minutieuse , rythmée par la progression des crimes et du trajet de l'assassin.
Le regard sur les actes de Thomas Bishop n'est à aucun moment complaisant , on est loin du voyeurisme , c'est un regard clinique , froid et distancié
La fin est un sommet , toute l'intelligence et la folie de Thomas Bishop explosent en quelques pages parallèlement à la perspicacité et l'acharnement d'Adam Kenton .
Une remarque s'impose toutefois , il s'agit là d'un livre d'homme fait pour parler des hommes , les femmes sont reléguées à de simples objets de désir , de cruauté , de plaisir , est-ce les années 70 qui veulent ça ? peut-être ....elles sont toutes montrées comme avides de plaisir et d'argent (ce qui va grandement faciliter la tâche de Thomas Bishop)
A l'heure actuelle , les méthodes ont changé (profiler , tests ADN etc.....) , l'enquête aurait abouti plus rapidement , il n'empêche que ce livre est à mon avis le précurseur de tout ce qui va suivre à savoir "Le dahlia noir" ou "Le silence des agneaux" et bien d'autres encore , donc il faut bien avoir à l'esprit qu'on est
dans les années 60-70 avec les méthodes et moyens en vigueur à l'époque.
Le thème du serial killer est toujours extrêmement dérangant parce qu'il renvoie à la face la plus sombre de l'être humain et à sa limite , donc c'est un sujet lourd et qui , s'il est mal abordé , tombera forcément
dans du sensationnalisme ou du voyeurisme , tout cela est subtilement évité
dans ce livre , chapeau !