Pourquoi lisez-vous? Qu'attendez-vous de la lecture?

"Je pense d'ailleurs que les philosophes semblent oublier le sens même du mot "philosophie", qui est "ami/amour de la sagesse". Hors, je ne vois pas de sagesse chez les philosophes, autant chez ceux d'hier que ceux d'aujourd'hui. Plutôt des rhétoriciens, voir parfois des doctrinaires. J'ai d'ailleurs cessé de lire des essais philosophiques depuis des années.
La sagesse ne serait-elle pas plutôt de douter de tout et de se méfier des certitudes trop vite établies pour son confort intellectuel ?"

D' accord avec toi, K. Je n' ai pas la tete philosophique ni l' esprit de systèmes. Pourtant, j' ai eu des lectures roboratives avec Shoppenhauer, Nietszche, Rosset et quelques autres. Pour ce que j' ai compris ou retenu. Il suffit parfois de quelques mots, quelques
phrases, quelques métaphores. Quelques éclairs qui nous éblouissent en laissant des traces...

Et Montaigne est quand meme, malgré son pessimisme foncier, l' exemple meme d' une sagesse sceptique, jamais donneuse de leçons.
Et puis aussi, il y a des livres et des auteurs qui m' ont aidé à mieux penser, ou à penser autrement.
Ou à ne jamais croire aux aux dogmes et aux idéologies, aux idées reçues, à une Kulture fadasse ou aseptisée.
Aux critères dénués de sens et de portée à force de clichés ou d' abstraction.
Parce qu' il y a des "libres penseurs," au sens littéral du terme. Comme Giordano Bruno et quelques autres irréductibles
Je pense aussi à un auteur comme John Cowper Powys, auteur inclassable et homme pluridimentionnel. A Elias Canetti.
Mais aussi à des poètes, des moralistes qui ne se paient pas de mots.

Bref, je suis plein de traces et j' ignore d' où elles proviennent, mais elles sont là.

Peut être l'obstacle de l'autodidactisme...

Quel est l'obstacle de l'autodidactisme ?

Il s'agit plus pour moi d'admettre dans ma compréhension des choses plusieurs idées (pour ne pas dire théorie, vu que je ne lis quasiment pas de philosophie et que je n'ai pratiqué Montaigne que par morceaux jusqu'à présent) qui peuvent se contredire. Peut-être que la raison m'intéresse moins que la beauté.

Je parlais du point de vue de bix sur la philosophie. Bix est un littéraire, toi aussi, en privilégiant les qualités esthétiques aux qualités logiques et argumentatives, de fait la philosophie ne peut pas intéresser et ne peut pas être approchée sans la rigueur qu'elle exige, sa subtilité sera donc mal perçue et ce qu'elle peut apporter délaissé.

Oh non, non, du tout. La philosophie m'intéresse aussi, aussi bien que les différentes formes de spiritualités passées ou contemporaines. Même si, pour le moment, ma principale nourriture se trouve dans les romans.

Dreep a écrit:

Même si, pour le moment, ma principale nourriture se trouve dans les romans.

De toute façon, les romans (mais aussi les films) m'ont laissé plus de choses intéressantes à penser que les essais philosophiques, toujours trop empressés à enfermer la pensée dans un système.
Le roman, sans en avoir l'air de trop y toucher, amène une plus grande souplesse de réflexion. Probablement parce que le roman, comme la vie, se situe sur un plan concret et tient compte des alléas, contradictions, fluctuations, etc... de la pensée et des situations rencontrées. Il ne nous assène pas de sois-disants "vérités" après toute une argumentation qui, encore une fois, tient pour moi d'une rhétorique plus ou moins habile.
J'ai arrêté de lire des essais philosophiques à partir du moment où j'ai réalisé que la philosophie "de ceux qui s'autorisent à penser des trucs" (comme disait Coluche) n'est que rhétorique.
Ne reste alors que l'art de persuader (définition même de la rhétorique).
Hors, les avocats, les politiciens, les vendeurs, les bonimenteurs, les gourous, sont eux-mêmes de grands spécialistes de la rhétorique.

En ce qui me concerne, je trouve le chat Garfield plus philosophe quand il dit "la vie, c'est comme de la dinde. Quel que soit le morceau, c'est toujours de la dinde"    que tous les grands philosophes faisant partie d'un programme scolaire.
Sans compter que Garflied est nettement moins chiant et pompeux.

Quoiqu'il en soit, la plupart des réflexions qui m'ont marqué viennent en tout cas de romans et de films, non d'essais philosophiques.

Personnellement, la lecture m'apporte de l'évasion, du rêve, des réflexions, des connaissances... Je peux passer des nuits entières à lire, je ne suis jamais rassasiée de littérature!

Je me pose souvent la question, aussi, notamment dans les grands moments de lassitude.
Eh bien je finis par croire que la lecture est une des seules choses qui me retiennent de me tirer une balle dans la tête (ou de sauter du haut d'un pont selon que vous êtes plus romantique).
Ca me soulage du reste.

Sullien a écrit:

Je me pose souvent la question, aussi, notamment dans les grands moments de lassitude.
Eh bien je finis par croire que la lecture est une des seules choses qui me retiennent de me tirer une balle dans la tête (ou de sauter du haut d'un pont selon que vous êtes plus romantique).
Ca me soulage du reste.

Ha oui, quand même!
Mais c'est vrai que ça apporte l'évasion très souvent nécessaire du quotidien, de la vie en générale...!

Sullien a écrit:

Je me pose souvent la question, aussi, notamment dans les grands moments de lassitude.
Eh bien je finis par croire que la lecture est une des seules choses qui me retiennent de me tirer une balle dans la tête (ou de sauter du haut d'un pont selon que vous êtes plus romantique).
Ca me soulage du reste.

Cher Sullien, j'espère que ça va pour toi!

Sullien a écrit:

Je me pose souvent la question, aussi, notamment dans les grands moments de lassitude.
Eh bien je finis par croire que la lecture est une des seules choses qui me retiennent de me tirer une balle dans la tête (ou de sauter du haut d'un pont selon que vous êtes plus romantique).
Ca me soulage du reste.

Un écrivain disait qu' il y avait le suicide dans leur destin meme s' ils ne passaient pas à l' acte.
Mais oui, Sullien, lis en toutes circonstances. C' est ce que j' ai toujours fait.

De fait, ça me dépasse de voir des gens qui, eux, ne lisent jamais. Voir même ne regardent jamais de films. N'ont aucun rapport avec la fiction.
Des gens qui se contentent de la réalité quotidienne, point.
Je me demande comment ils arrivent à vivre ainsi.
Personnellement, ça me serait vraiment difficile ne fus-ce que trois jours.
Et je sombrerais dans la neurasthénie et/ou la dépression suicidaire au bout d'une semaine.
Et au bout d'un mois...

K a écrit:

De fait, ça me dépasse de voir des gens qui, eux, ne lisent jamais. Voir même ne regardent jamais de films. N'ont aucun rapport avec la fiction.
Des gens qui se contentent de la réalité quotidienne, point.
Je me demande comment ils arrivent à vivre ainsi.  
Personnellement, ça me serait vraiment difficile ne fus-ce que trois jours.
Et je sombrerais dans la neurasthénie et/ou la dépression suicidaire au bout d'une semaine.
Et au bout d'un mois...

Je complétement d'accord avec ce que tu dis!

K a écrit:

De fait, ça me dépasse de voir des gens qui, eux, ne lisent jamais. Voir même ne regardent jamais de films. N'ont aucun rapport avec la fiction.
Des gens qui se contentent de la réalité quotidienne, point.
Je me demande comment ils arrivent à vivre ainsi.  
Personnellement, ça me serait vraiment difficile ne fus-ce que trois jours.
Et je sombrerais dans la neurasthénie et/ou la dépression suicidaire au bout d'une semaine.
Et au bout d'un mois...

Je suis forcément d' accord avec toi. Et pourtant, quand j' y pense je ne peux m' empecher de réaliser que tu es, que nous sommes des
privilégiés, des chanceux.
Et que si quelque chose, quelqu' un ne nous avait pas mis sur la voie, nous serions  sans doute comme eux, ceux qui ne lisent pas. Quant à eux, ce qu' ils  ignorent ne peut pas les frustrer.
Ma conclusion est qu' il est très dommage que nous ne partions pas tous à égalité. Mais là, on retombe sur des problèmes sociaux.

J'ai toujours trouvé suspect, pour ma part, ce besoin de fiction que nous éprouvons tous ici.
Aussi ai-je toujours admiré ceux qui prétendent ne pas en dépendre, car je m'imagine mal leur existence.
Pourtant, il faudrait pouvoir s'en arracher.