Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Friedrich Dürrenmatt [Suisse]

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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyVen 4 Mar 2011 - 23:01

la référence me manque également pour répondre !
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyJeu 10 Mar 2011 - 15:46

Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 22670110
Justice

Cette histoire est un fameux gros bordel, un imbroglio d'histoires de justice, d'enquête, et de gens tout plein de frics, avec plein de secrets. Ça s'emmêle, se démêle et ça laisse des traces.
Le pauvre Spät ne s'en relèvera pas de cette vilaine crasse humaine.

Et c'est troublant comme ça m'a définitivement fait penser à Tchékhov et même un brin de Dosto. Par ce personnage d'intellectuel désœuvré, qui est peut-être le dernier être pur, avec un regard distant et forcément critique sur la société qui l'entoure. Un personnage qui avance de désillusions en amertume.
J'y pense aussi par le portrait des familles riches face aux pauvres, à cette alcool qui coule à flot (avec les prostituées en plus), aux mansardes qui ressemblent à des barques dérivants leur misère dans les flots d'une humanité corrompue.

L'écriture de Dürrenmatt version mémoire de Spät, c'est parfois un peu le désordre, ça va vite, et ça s'embrouille les pinceaux, mais on retombe sur ses pattes, et les évènements, les rencontres, les litres de Johnnie Walker finisse par s'écouler tout seul. On en sort un peu étourdi, mais pas perdu.

Comme le disent Animal et rivela, c'est abrasif, acide, cinglant, et drôle. On se surprend à sourire, voir à rire, de situations horribles, de répliques acerbes, de personnages limite grand-guignol (un personnage de femme handicapée façon avorton déformé file à la fois un frisson de frayeur, un sourire de méchanceté, l'impression d'une hallucination... ça fait penser à Freaks de Browning)

Pour la fin, je suis un peu plus retenue, comme rivela. Elle part en effet dans du grand délire, un peu trop WooHoo vous ne l'aviez pas vue venir celle-la. Non en effet, et ... bof, je trouve qu'elle n'amène pas grand chose, et qu'elle est limite frustrante parce qu'elle semble incohérente avec tout ce qu'on vient de lire, ou en tout cas nous révéler qu'il reste encore plein de zones d'ombres pour lesquelles on n'aura jamais d'éclairage.

Sans compter sur les petites pages de réflexion du "vrai" auteur (qui aurait récupéré le manuscrit de Spät) sur le temps, la façon qu'à le monde de tourner, les lois de l'univers... etc... J'ai pas trop compris ce qu'on pouvait bien en faire. L'impression que l'auteur s'est fait plaisir. Un peu cabot pour le coup... ? Je ne sais pas.


Donc mis à part ces 50 dernières pages, ce livre est un régal étonnant, pour lequel je n'ai certainement pas pris le temps et la concentration nécessaire. Qu'à cela ne tienne, il me reste d'autres livres de Dürrenmat pour me rattraper !
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyLun 25 Avr 2011 - 19:41

La mission


Shanidar en a déjà parlé d'abondance, alors je ne sais pas trop ce que je peux rajouter. Quand même, j'ai été nettement moins emballée par ce livre. Je comprends la démarche intellectuelle de l'auteur, brillante au possible, mais en même temps je trouve que le livre reste finalement trop cérébral, pour emporter complètement l'adhésion. La qualification de roman policier est à mon sens trompeuse voire abusive. La demande de l'enquête certes est formulée, mais très vite perd tout sens, et encore plus vers la fin. La supposée enquêtrice est en fait le jouet d'évènements sur lesquels elle n'a aucune prise, et si la pauvre découvre quelque chose, c'est parce qu'on veut bien qu'elle le découvre, dans un jeu qui la dépasse et dont elle ignore les règles. Elle est objet et non pas sujet. Et cela au bout d'un moment, enlève à mon sens de l'intérêt à ce qui se passe.

Cela dit c'est par moment vertigineux avec toutes ses imbrications, ces doubles sens, ces plongées dans l'au-delà de l'au-delà, qui observe qui, qui observe qui et ainsi de suite à l'infini. Mais encore une fois plus comme un jeu de l'esprit que comme une fiction en tant que telle.
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rivela
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyLun 25 Avr 2011 - 19:54

Trop compliqué pour moi celui là je vais pas le lire :apeur:
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Arabella
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyLun 25 Avr 2011 - 19:58

Il ne faut pas dire cela Rivela, c'est peut être juste moi, ou alors ce n'était pas le bon moment. Mais c'est vrai qu'il me semble différent des autres livres de l'auteur que j'ai lu, il y a bien longtemps je reconnais.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyJeu 15 Sep 2011 - 23:21

La Panne. Une histoire encore possible (Die Arche ; 1956). Traduit de l'allemand par Armel Guerne. Le Livre de Poche Biblio. 124 pages.

Le livre commence par une sorte d'introduction de l'auteur, une première partie qui fait 7 pages. La deuxième partie fait tout le reste du livre.

Citation :
"Des histoire possibles y en a-t-il encore, des histoires possibles pour un écrivain ? [...] Décrocher un bon point, obtenir une bonne note au palmarès de l'Histoire littéraire - quel intérêt ? Quel est l'homme qui n'a pas obtenu, ici ou là, une bonne note ? Et quelles sont les besognes bâclées qui n'ont pas, ici ou là, connu la récompense d'un prix et la couronne d'une distinction ?
On sait être autrement plus exigeant de nos jours ! Mais là encore, c'est se retrouver devant un dilemme, et les conditions du marché ne sont guère favorables : ce que réclame la vie moderne, c'est de la distraction. Cinéma, le soir ; et poésie à la page littéraire du journal." (pages 7-8 )
"Nous ne vivons plus sous la crainte d'un Dieu, d'une Justice immanente, d'un Fatum, comme dans la Cinquième Symphonie ; non ! plus rien de tout cela ne nous menace. Pour nous, ce sont les accidents de la circulation, les barrages rompus, l'explosion d'une usine atomique où tel garçon de laboratoire peut avoir eu un instant de distraction ; voire le fonctionnement défectueux du rhéostat des couveuses artificielles.
C'est dans ce monde hanté seulement par la panne, dans un monde où il ne peut plus rien nous arriver sinon des pannes, que nous nous avançons désormais tout au long de ses routes : « Chaussures Bally » - « Studebaker » - « Ice-cream », et les petits monuments dressés à la mémoire des accidentés" (page 13).

L'histoire commence.
Citation :
"Rien de bien grave assurément, mais une panne tout de même ; c'est ainsi que cela commença. Alfredo Traps, au volant de sa Studebaker, roulait sur une grande route nationale et n'était plus guère qu'à une heure de chez lui (il habitait une ville assez importante) quand sa mécanique s'immobilisa." (page 17).
On fait ainsi la connaissance d'Alfredo Traps,
Citation :
"quarante-cinq ans et pas encore de ventre, l'allure sympathique et de bonnes manières, bien qu'un petit rien d'application permît de deviner au-dessous un quelque chose de plus fruste, de plus commis voyageur ; ce contemporain avait ses affaires dans l'industrie textile." (pages 17-18).

Sa voiture ne peut pas être réparée tout de suite.
Pourquoi n'en profiterait-il pas pour rester au village où il est arrivé ? Mais il n'y a plus de place à l'hôtel, à cause d'un "congrès local de petits éleveurs". Toutefois, on lui indique une maison où un vieux Monsieur accepte parfois de recevoir des hôtes. Tout se passe bien, il est même invité à dîner.
Citation :
"L'invité se trouve pris de court. En réalité, il avait compté dîner au village, alléché qu'il était par la renommée de l'auberge fameuse." (page 22)
Des choses sans importance lui viennent à l'esprit , notamment
Citation :
"la possibilité d'un adultère à l'Hôtel-Touring ; [...] l'idée qu'il devait bien téléphoner à sa femme pour l'avertir de son retard involontaire ; la plus simple des politesses ; une obligation. Pourtant il s'en détourna. Comme tant de fois déjà. Elle avait l'habitude ; et de toute façon elle ne le croirait pas." (page 23).

En attendant le repas, notre ami Traps jette un oeil à la bibliothèque de son hôte.
Citation :
"A en juger par les titres, la soirée promettait d'être fameusement ennuyeuse : Hotzendorff, le Meurtre et la peine de mort ; Savigny, Système actuel du Droit romain ; Ernst-David Hölle, Pratique de l'Interrogatoire. Aucun doute là-dessus : le maître de maison était un juriste, peut-être même un ancien maître du barreau. Il n'y avait plus qu'à s'attendre à des discussions sans fin et parfaitement oiseuses, car les lettrés de cette sorte, que savent-ils donc de la vie réelle ? Rien, absolument rien !" (pages 23-24).

Bien sûr, Traps se trompe. Il va avoir droit à un repas mémorable, avec des convives vieux comme l'hôte, et également férus de droit, qui aiment refaire les procès célèbres ou, mieux encore, juger les visiteurs, avec tout ce qui fait le vrai procès : procureur, l'avocat...
Un vrai plaisir !


C'est un livre court, excellent, une sorte de bouffonnerie menaçante (on ne sait jamais sur quel pied danser : est-ce pour rire ? ou bien est-ce sérieux ?), dans lequel le lecteur est happé.


Adaptation d'Ettore Scola : La plus belle soirée de ma vie (1972). Avec Alberto Sordi, Michel Simon, Charles Vanel, Claude Dauphin... La classe, quoi. Même si, malheureusement dans ce genre de coproduction internationale, il y a forcément au moins un acteur qui est doublé.

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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyLun 10 Oct 2011 - 21:22

Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 Durren10
Le Juge et son bourreau (Der Richter und sein Henker, 1952). Traduit de l'allemand en 1961 par Armel Guerne. Le Livre de Poche Biblio. 126 pages.

Citation :
"Dürrenmatt avouait avoir toujours mené grand train, même pendant les périodes de gêne, et cet hédonisme, ce goût pour les plaisirs de la vie, il aimait l'insuffler à ses romans, où flottent toujours une odeur de havane, le bouquet d'un vin de derrière les fagots, les effluves d'un festin gargantuesque. Et tout autour du banquet, la mort rôde. Faire bombance et mourir. C'est au moment de leur agonie que les personnages de Dürrenmatt, dans une lutte suprême contre la mort, s'accordent tous les excès - de table, de lit -, excès que Dürrenmatt décrit avec une sensualité gourmande, tout à fait réjouissante chez ce fils de pasteur, né dans un « affreux patelin de l'Emmental », voué à l' « esbroufe missionnaire », et qui avait vécu une jeunesse bernoise lugubre, solitaire, davantage consacrée à la lecture de Kierkegaard, Büchner et Nietzsche qu'à l'embarquement pour Cythère." (extait du texte de présentation de Linda Lê, page 1).

Citation :
"Alphonse Clénin, l'agent de police de Douanne, en cette brumeuse matinée du trois novembre mil neuf cent quarante huit, vit une Mercedes bleue arrêtée sur le bord de la route de Lamboing, à la sortie des bois de la gorge de Douanne. Il l'avait même dépassée déjà, mais il revint sur ses pas. Si peu nette que fût la silhouette du conducteur à travers les glaces embuées, il lui avait semblé, au passage, qu'elle était affalée sur le volant. L'ivresse, sans aucun doute, pensa le policier qui était un homme d'ordre et n'allait pas chercher midi à quatorze heures. Aussi ne fut-ce pas le policier verbalisateur qui revient en arrière, non ! c'était l'être humain, le semblable qui s'en venait porter secours à son semblable [..]". (page 5).
Mais le conducteur est mort, "les tempes transpercées". Et le mort n'est pas n'importe qui... c'était un policier.
Qui est l'assassin ? C'est ce que va chercher à savoir le commissaire Baerlach, amateur de bonne chère et de bons cigares, mais très malade, en fin de carrière et de vie.
Son enquête va être contrariée par son supérieur, mais il sera aidé d'un policier qui en veut, Tschanz. A un moment, il se trouve qu'il faut interroger un écrivain :
Citation :
"- Un écrivain, dites-vous ? persifla Tschanz. Il faudra que je m'occupe personnellement de cet individu. Ces auteurs, ils ont la tête toujours un peu fêlée, mais ce n'est pas moi qui vais m'en laisser conter par les représentants de la haute culture !" (page 42).
Rigolo, mais un peu facile, bien sûr.
C'est plus amusant quand notre commissaire et Tschanz vont chez l'écrivain. Ils font plus profil bas.
Citation :
"Ils avaient tous les deux semblablement dans l'idée qu'il leur fallait, en tout cas, s'efforcer de passer inaperçus pour ne pas réapparaître, un jour ou l'autre, dans quelque livre." (page 80).

On trouve déjà le thème du hasard qui, soit empêche les crimes parfaits, soit au contraire les permet.
Citation :
"Tu soutenais, toi, que du fait de la faillibilité humaine, de l'incapacité où nous sommes de tout prévoir en toute certitude, de l'impossibilité pour l'homme de faire entrer dans ses calculs la part insaisissable du hasard, de l'accident, de l'imprévu, tu soutenais, dis-je, que tous les crimes finissent nécessairement par être découverts un jour, et les coupables pris. Tu prétendais que c'était une folie que de commettre un crime parce que, disais-tu, les plus adroites combinaisons échouent du fait que nous sommes des hommes, et non les pions d'un jeu d'échecs. Moi, par contre, j'affirmais le contraire, d'ailleurs beaucoup plus pour te contredire que par conviction profonde. [...] Je disais que, la plus grande partie des gestes et des mobiles humains appartenant à l'inconnu, une toute petite partie seulement de nous-mêmes paraissait jamais à la lumière." (pages 70-71).

Baerlach a de l'expérience (il avait notamment été "détaché par le gouvernement helvétique à la demande des autorités turques pour je ne sais quelle réorganisation des services", page 69 ; de façon similaire, Matthieu, le personnage principal de La Promesse, doit partir en Jordanie) et, dès le début du roman, il a sa petite idée sur l'assassin.

Un bon roman, très habile, qui nous mène en bateau, avec des révélations à tiroir.

Même s'il écrivait des romans policiers pour faire bouillir la marmite, on trouve dans Le Juge et son bourreau les thèmes chers à Dürrenmatt, le hasard, l'ironie, les cigares, la nourriture, le pouvoir.
Ceci dit, dans la catégorie romans policiers de Dürrenmatt, le Juge et son bourreau est un gros cran en dessous de La Promesse (1958) : c'est un poil tiré par les cheveux (comment deviner aussi précisément les réactions d'Untel en fonction de telle parole ou événement...), et l'intrigue tire parfois plus vers Fantômas que vers le néo-réalisme.

On retrouvera la commissaire Baerlach dans Le Soupçon (Der Verdacht, 1953).
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyMar 11 Oct 2011 - 19:33

kenavo a écrit:
Ah oui.. tu me rappelles de bons moments.. cet auteur était du temps de mes études dans notre programme scolaire.
Val Pagaille est le dernier roman fini de Dürrenmatt - et donc aussi considéré par beaucoup comme son chef-d'oeuvre.
Moi j'ai bien aimé La visite de la vieille dame, Le juge et son bourreau et La Panne.
Le petit récit "Le Tunnel" qui me donne encore aujourd'hui le vertige quand j'entre dans un tunnel est apparemment pas traduit??

Avec beaucoup de retard : en fait, si, le Tunnel est sorti en français, chez un éditeur suisse, Zoé, avec Le Chien et La Panne.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyMer 12 Oct 2011 - 11:14

eXPie a écrit:

Un bon roman, très habile, qui nous mène en bateau, avec des révélations à tiroir.

Même s'il écrivait des romans policiers pour faire bouillir la marmite, on trouve dans Le Juge et son bourreau les thèmes chers à Dürrenmatt, le hasard, l'ironie, les cigares, la nourriture, le pouvoir.
Ceci dit, dans la catégorie romans policiers de Dürrenmatt, le Juge et son bourreau est un gros cran en dessous de La Promesse (1958) : c'est un poil tiré par les cheveux (comment deviner aussi précisément les réactions d'Untel en fonction de telle parole ou événement...), et l'intrigue tire parfois plus vers Fantômas que vers le néo-réalisme.

On retrouvera la commissaire Baerlach dans Le Soupçon (Der Verdacht, 1953).

Tout à fait d'accord! Ce livre est beaucoup plus qu'un roman policier, j'y vois aussi une quête d'identité et de sens qui donne une dimension supplémentaire au récit.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyDim 16 Oct 2011 - 20:13

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Les Physiciens. Version française (qu'est-ce que cela veut dire ? traduction ? adaptation ? réécriture ?...) de J.-P. Porret. Editions L'Age d'Homme. 99 pages.
Le premier acte commence par une description de près de quatre pages.
Citation :
"Le lieu de l'action est le salon de la « Villa », confortable bien qu'assez mal entretenue, de la clinique privée Les Cerisiers. Dans les environs : la rive d'un lac dans son état naturel, plus loin quelques maisons espacées et, dans le fond, une ville moyenne, disons une petite ville. [...] Mais au fait le paysage qu'on ne mentionne que par souci d'exactitude n'a aucune importance, car nous ne quitterons jamais la « Villa » de l'asile d'aliénés (voilà tout de même le mot lâché). Pour être encore plus précis : nous ne quitterons même pas le salon, car nous avons décidé de nous en tenir étroitement aux unités de temps, de lieu et d'action. Une action qui se joue parmi les fous ne s'accommode que de la forme classique. Mais venons à notre affaire." (page 9).
La doctoresse est une "vieille fille bossue, dans son éternelle blouse de médecin" dont "sa correspondance avec C.G. Jung vient de paraître". C'est dire son niveau et sa notoriété internationale.
Tous les malades sont logés dans un nouveau bâtiment, sauf trois d'entre eux.
Citation :
"Dans le salon de la Villa, actuellement peu peuplée, se tiennent d'ordinaire trois pensionnaires qui, par hasard, sont trois physiciens - ce n'est d'ailleurs pas un hasard, car en s'inspirant de principes humanitaires, on assemble ici ceux qui se ressemblent. [...]
Bref, ils feraient des malades modèles, s'il ne s'était pas récemment produit quelque chose d'atroce.
Il y a trois mois, l'un deux a étranglé une infirmière, et voilà que le même fait vient de se reproduire. Si bien que la police se trouve une deuxième fois dans l'établissement." (page 10).
On voit trois portes dans le fond, celles des trois chambres des physiciens, dont l'un se prend pour Newton, un autre pour Einstein. Le troisième est tout simplement lui-même, Johann-Wilhelm Möbius. S'il est dans cet asile, c'est parce que le Roi Salomon lui parle. Il ne parle pas à n'importe qui, le Roi Salomon.
Mais voici l'inspecteur, devant un cadavre.
Citation :
"L'INSPECTEUR :
L'identité de l'assassin ?
L'INFIRMIERE-MAJOR
Monsieur l'inspecteur, je vous en prie !... Il s'agit d'un malade !"
C'est Einstein, l'assassin, pardon, le malade.

Citation :
"L'INSPECTEUR
Docteur ! Strangulation ?
LE MEDECIN
Pas de doute possible. Avec le cordon de la lampe. Les aliénés de cette catégorie déploient souvent une force herculéenne. Il y a là quelque chose d'admirable.
[...]
L'INSPECTEUR
Au fait, puis-je voir le meurtrier ?
L'INFIRMIERE-MAJOR
Monsieur l'inspecteur, je vous en prie !...
L'INSPECTEUR
Bon. L'auteur de l'acte.
L'INFIRMIERE-MAJOR
Il joue du violon.
L'INSPECTEUR
Comment ça : il joue du violon ?" (page 15).

Pendant qu'Einstein continuer à jouer du violon pour se calmer, le corps est emporté. Newton sort de sa chambre.
Citation :
"L'INSPECTEUR
On a étranglé l'infirmière Irène Straub.
NEWTON
La championne de judo.
L'INSPECTEUR
La championne de judo.
NEWTON
Quel horreur !
L'INSPECTEUR
Cette fois, c'est Ernst-Heinrich Ernesti.
NEWTON
Mais il est en train de jouer du violon !
L'INSPECTEUR
Il se calme.
[...]
NEWTON
Sacré Ernesti ! Je n'en reviens pas. Comment peut-on étrangler une infirmière ? (Il s'assied sur le divan et se verse à boire).
L'INSPECTEUR
Vous aussi, vous avez bel et bien étranglé une infirmière !
NEWTON
Moi ?
L'INSPECTEUR
Dorothée Moser.
NEWTON
La lutteuse ?
L'INSPECTEUR
Le douze août. Avec le cordon du rideau.
NEWTON
Mais c'est tout différent, monsieur l'inspecteur. Moi, je ne suis pas fou. Santé !
L'INSPECTEUR
A la vôtre !
Newton boit.
NEWTON
Dorothée Moser. Quand j'y repense. Blonde comme les blés. Etonnamment vigoureuse ! Souple d'ailleurs, malgré sa carrure. Elle m'aimait et je l'aimais. Il n'y avait qu'un cordon de rideau pour résoudre un pareil dilemme.
L'INSPECTEUR
Quel dilemme ?
NEWTON
Ma mission n'est pas d'aimer une femme, c'est de méditer sur la gravitation universelle.
L'INSPECTEUR
Je vois.
[...]
NEWTON
Vous croyez vraiment que je suis Newton ?
L'INSPECTEUR
C'est vous qui le croyez.
NEWTON
jetant un regard méfiant autour de lui :
Monsieur l'inspecteur, puis-je vous confier un secret ?
L'INSPECTEUR
Cela va de soi.
NEWTON
Je ne suis pas Sir Isaac Newton. Mais je me fais passer pour lui. " (pages 18-21)

Comme Dürrenmatt l'écrit vers la fin de sa description au premier acte : "[...] il faut peu de décors pour dresser une scène où, au contraire des pièces antiques, le drame satirique se joue avant la tragédie." (page 12).

C'est une pièce qui n'est pas bêtement absurde (le genre d'absurde qu'on a lu cent fois et qui est censé mettre en évidence le non-sens de la vie, la solitude et autres clichés), il y a beaucoup de burlesque, d'événements drôles, inattendus - on pourrait dire de coups de théâtre - et puis finalement on comprend mieux, mais le simple fait de dire qu'il y a quelque chose derrière tout ça, c'est peut-être déjà en avoir trop dit !

Une pièce excellente.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyDim 23 Oct 2011 - 20:15

Mister X prend des vacances précédé de Le Fils, La Saucisse. Traduit de l'allemand par J.-L. Babel. Collection Luigi Luccheni. 77 pages.

1/ Le Fils (Der Sohn). 4 pages. Cette nouvelle est constituée d'une seule phrase.
C'est l'histoire d'un chirurgien qui "abandonna la profession au faîte de sa carrière, au désarroi et à la stupeur de ses amis et de ses collègues, fit paraître une annonce matrimoniale dans tous les journaux du pays, étudia scrupuleusement les différentes réponses, visita tous les bordels de la ville, engagea de longues discussions avec chacune des filles [...]" (page 19), finalement trouva l'objet, pardon, la personne voulue, et a un enfant qu'il élève à sa façon.
C'est un petit texte brutal, provocateur, un amusement.


2/ La Saucisse (Die Wurst). 7 pages.
Pour ce qui est de la forme, on est aux antipodes du texte précédent. Voici le début :
Citation :
"Un homme tua sa femme et en fit des saucisses. Le fait devint notoire. On arrêta l'homme. On retrouva une saucisse. Grande fut l'indignation. Le juge suprême du pays instruisit l'affaire. [...]
Au-dessus de tous trône le juge suprême. Sa robe est noire. Sa barbe est un drapeau blanc. Graves sont ses yeux. Son front est clarté. Ses sourcils colère. Son visage compassion. Devant lui est la saucisse. Elle est posée sur une assiette.
[...] La saucisse devant le juge suprême est rouge. Elle est calme. Elle enfle. Ses bouts sont ronds, sa ficelle jaune." (pages 27-29).
Il se passe quelque chose de pas très net pendant cette audience :
Citation :
"Les parois grondent. Le plafond serre les poings. Les fenêtres grincent des dents. Les portes secouent leurs gonds. Les murs tapent des pieds. La ville blêmit." (page 30).
Comme dans le Fils, on assiste à l'abandon brusque de la bienséance petite-bourgeoise, les vannes de la violence s'ouvrent brutalement.
Très bonne petite nouvelle.


3/ Mister X prend des vacances (Mister X macht frei ; fragment écrit en 1953 ; publié en 1978). 41 pages
Citation :
"Mister X, dont l'existence ne laisse pas de nous surprendre un peu, quitta (encore léché par quelques flammes jaune souffre) le lieu macabre de ses activités et gravit les escaliers et les échelles sans nombre qui menaient aux bureaux de Mister U, dont nous tairons la profession et le nom, comme ceux de son visiteur." (page 37).
On a bien sûr compris que le Diable monte voir Dieu. Il a une requête à lui formuler.
Citation :
"Il dit qu'il avait dès le début travaillé sans trêve, avec un énorme succès, cela sautait aux yeux quand on considérait l'état actuel du monde, et les prévisions laissaient à espérer des résultats encore plus vastes, encore plus grandioses." (pages 44-45).
Mister X en vient au but : il a besoin de vacances.
Citation :
"Mister U tombait des nues. Jamais encore on ne lui avait fait une pareille demande. « Des vacances ? », répéta-t-il, craignant d'avoir mal entendu." (page 45).
"« Que veux-tu donc faire pendant ces trois semaines ? »
« Le bien », répondit Mister X. Le chef n'en croyait pas ses oreilles." (page 46).
Il a décidé de les passer dans un endroit inattendu.
Mais est-ce bien raisonnable ?
Citation :
"Quand bien même Mister X cesserait d'inciter l'humanité au mal pendant trois semaines, elle ne manquerait pas de le pratiquer, par pure routine." (page 58).
Un très bon petit texte, assez délirant.


Dernière édition par eXPie le Lun 24 Oct 2011 - 23:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyDim 23 Oct 2011 - 20:21

ça m'intrigue ce Dürrenmatt, je le note dans un petit coin.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyDim 23 Oct 2011 - 20:26

darkanny a écrit:
ça m'intrigue ce Dürrenmatt, je le note dans un petit coin.

Les deux premières nouvelles, tu peux les trouver (dans une traduction différente) dans Notes d'un gardien et autres récits, livre trouvable (et qui comporte d'autres textes qui ont l'air bien sympathiques). Sinon, Mister X prend des vacances, c'est chez un éditeur suisse, et je crois que le livre n'est plus disponible, à part dans les bibliothèques, mais je peux me tromper.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyDim 23 Oct 2011 - 20:34

J'ai vu des titres en librairie, sinon je crois qu'il y en a pas mal de dispos à la médiathèque.
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MessageSujet: Re: Friedrich Dürrenmatt [Suisse]   Friedrich Dürrenmatt [Suisse] - Page 4 EmptyDim 23 Oct 2011 - 20:38

ouaip le Mr X prend des vacances ça ne me dit rien. Notes d'un gardien ça peut se cercler. eXPie est en pleine saison Dürrenmatt ! clown

encore un auteur auquel il faut revenir.
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