Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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bix229
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MessageSujet: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyLun 15 Sep 2008 - 2:18

..."C' est cette nuit-là que David chanta et aujourd'hui que je peux regarder en toute honneteté ce que j'ai fait, ce qui m'est arrivé et ce que j'ai mérité ou pas, je peux dire que, pour moi, ce chant-là est une des choses les plus magnifiques que j'ai entendues...
La petite voix de David montait le long du camphrier, ses mots yiddish emplissaient une nature tropicale, sa chanson juive enveloppait la foret et m'enveloppait moi, le petit Raj.
Sa voix était si sereine, les les mots s'enchainaient naturellement les uns
aux autres et ce chapelet rentrait en moi pour trouver mon coeur et m'unissait au monde autour de moi, comme si jusque là, je lui avais été
étranger.
Cette plainte semblait exacerber la beauté de la nature, et, oserai-je le dire dans ces souvenirs, dans ces évenements terribles et barbares, j'avais l'impression que cette plainte disait la beauté de la vie.
Meme si je n'en comprenais pas un mot, les larmes me montèrent aux yeux et plus que tout, plus que ces jours passés ensemble, plus que notre escapade meme, c'est ce moment-là qui serra à jamais le noeud qui nous unissait."

Nathacha APPANAH - Le dernier frère. P. 178-179-18O
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kenavo
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMar 16 Sep 2008 - 12:48

Au milieu, il pourrait y avoir un écrivain sans livres. Il n’est pas le seul, il y a des tas d’écrivain sans livres, qui sait combien il y en a, même maintenant, en cet instant. Mais lui, il a écrit, d’une manière souterraine, parallèle, juste ce qu0il fallait pour faire comprendre qu’il n’écrirait pas. C’est pourquoi il est là, au centre. J’ai lu également que ce centre n’existe pas, que c’est le vide. Parfois, il me semble qu’il n’y a rien de plus fort que le vide, ou que le néant : cela coupe court à toute question, cela la rend parfaite, motivée. Comme image pour les sentiments, le vide est remarquable, autant que les sentiments, le vide est remarquable, autant que le plein, un coucher de soleil ou un fleuve… Parfois, je voudrais découvrir où le vide, le souci du vide, finit par trouver sa compensation…

Daniele Del Giudice, Le stade de Wimbledon

pour lequel je vais ouvrir encore aujourd'hui un fil Wink
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animal
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyJeu 25 Sep 2008 - 22:05

Citation :
Mais l'oubli n'est pas l'autre nom de la liberté. Revenons, la liberté compte seule. Sur les quais européens de Glasgow où - c'était le temps de la grève charbonnière - les hommes ne mangeaient pas tous les jours à leur faim, il était question de miracles, dévénements, de ce qui serait une rupture et la promesse de véritables réincarnations. J'avais l'impression que la vie humaine se découvre par révélation : quelle mystique. Mais les gens de mon âge vivaient dans l'attente de n'importe quoi, des fameux coups de foudre de l'aventure : bonnes histoires de nos gardiens.
Les événements ne se rencontrent pas aux tournants des routes, les virages ne sont pas des mines d'or, il n'y a pas une route vide comme la plaine champenoise, et monotone, sans villages, et puis soudain quand personne n'y pense, quand rien ne sert de présage, derrière un pan de rocher, ce que l'on attendait et qui n'a pas de nom. M. Barnstaple passa seul un samedi après-midi sur une telle grande-route.
Ceux qui font des découvertes, ceux dont on dit en repassant l'hitoire de leur existence qu'ils n'étaient pas nés pour rien, trouvez-les parmi les hommes prudents, sédentaires, qui savent rester éveillés patiemment, qui demeurent longtemps quelque part et chassent avec précaution : le vrai s'abat dans un affût, ce n'est pas une carte qu'on retourne un soir dans un jeu de hasard où tout coup peut être gagnant. Si vous voulez vivre, il faudra retrouver la persévérance. Vous voulez vivre et vous filez comme des morceaux d'astres dans votre nuit. Il faudra une attention de vos jours et de vos nuits. Pendant que vous dormez, tous les êtres peuvent mourir. Pendant que vous courez, vous-même pouvez mourir.
Aden Arabie, Paul Nizan

le lire c'est un peu comme se couper sur une feuille de papier, il y a ce petit moment de repli instinctif un peu inquiet où on va sucer son doigt...
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Cachemire
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyJeu 25 Sep 2008 - 22:14

animal a écrit:

le lire c'est un peu comme se couper sur une feuille de papier, il y a ce petit moment de repli instinctif un peu inquiet où on va sucer son doigt...

Comme c'est poétique... aime
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bix229
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MessageSujet: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyDim 28 Sep 2008 - 16:21

Je vécus là tout un hiver. On respirait la santé et le bonheur, quand on courait à travers les forets, quand on conduisait les légers et rapides
traineaux, mais, à trois heures déjà, la nuit tombait.
Nous n'avions pas d'électricité ; le pétrole était rare : on le brulait avec parcimonie. Les corridors n'étaient jamais éclairés. je n'étais pas une enfant peureuse, mais certaines chambres vides, certains profonds placards chargés d'échos, sonores comme des puits, une petite fenetre
ronde où pénétrait un rayon de lune, me glaçaient le coeur.
Ce n'était pas à proprement parler de la crainte, mais le sentiment d'un
mystère, d'une présence invisible, comme si la séparation entre le monde
réel et le surnaturel fut devenue d'instant en instant de plus en plus mince, de plus en plus transparente ; on percevait des sons, des soupirs, des frolements qui n'étaient plus d'ici, et à l'instant où on allait comprendre enfin, voir, toucher l'inconnaissable, l'incommunicable, l'angoisse qui montait en vous était telle que l'on fut mort de terreur,
je crois à rester là et à attendre.

Irène NEMIROWSKI. Aino. Dans le recueil Dimanche. P. 58
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyLun 6 Oct 2008 - 21:46

Citation :
On entend des voix qui disent que tout allait mieux jadis mais on les isole de la situation dans laquelle se trouvent ceux qui les élèvent et on les écoute de la façon dont on écouterait une voix venant de l'éther. On appelle cela de l'objectivité parce que l'on a passé assez d'imagination pour se représenter cette situation, et même parce que, pour des raisons de bienséance morale, on se refuserait à faire usage d'une telle imagination sous prétexte qu'elle fait appel à une sympathie excessive. On analyse ; mais en fait c'est du chantage que d'analyser les idées politiques d'un affamé sans analyser en même temps sa faim.
Automne allemand, Stig Dagerman


extrait particulièrement soft du premier "chapitre"...
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MessageSujet: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMar 7 Oct 2008 - 20:45

Sur la neige, on voyait de petites étoiles légères, les pas de mystérieuses
bètes forestières, toujours invisibles ; elles avaient tracé ces dessins qui
se rencontraient, s'entrecroisaient, formaient les figures délicates et
mouvantes d'un ballet de fantomes.

Irène NEMIROWSKY - Aino. Dans le recueil Dimanche. P. 59
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMer 8 Oct 2008 - 11:35

Je n'ai jamais trouvé la pervenche des ravines dans nos montagnes. Pourtant, je l'ai vue dans un livre, un livre précieux : c'est une fleur pas très haute, à la tige fine et dont les pétales d'un bleu profond paraissent soudés à ne jamais vraiment vouloir s'ouvrir. Mais peut- être qu'il n'en poussent plus désormais. Peut-être que la nature a décidé de la retirer à jamais du grand catalogue, et de priver les hommes de sa beauté, de les en priver parce qu'ils ne la méritaient plus.

Le rapport de Brodeck, Philippe Claudel
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyVen 10 Oct 2008 - 22:17

Citation :
La pluie tombe à verse et les garçons aux pieds nus courent sur le quai en tous sens, sans dire mot. La fumée des tuyaux de poêle qui sortent par les portes des wagons étale lentement son voile sur la gare abandonnée. Tout le désespoir de la Ruhr s'est amassé au-dessus de nos têtes en une sorte de nuage de froid et d'humidité, couleur de plomb, et celui qui n'a pas l'habitue a presque envie de crier. Quelqu'un descend de son wagon la chaise de la jeune fille hystérique et se met à lui faire décrire des cercles sur le quai. Des cercles qui n'en finissent pas, dans la pluie et la boue.
Automne allemand (hôtes indésirables), Stig Dagerman
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Marie
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMar 14 Oct 2008 - 5:03

Quand je suis née, toutes les places étaient prises. Peut être le sont-elles toujours - mais rien que pour ceux qui le savent.
Donc, il ne me restait que le ciel- celui où les avions n'ont rien à voir.

N'oublie jamais que chaque instant de ta vie tu es à l'extrême limite du temps et qu'à chaque point du globe ( place que tes deux pieds occupent ) tu es aux dernières limites de l'horizon.

Quand j'ai vu dernièrement sur l'écran le grouillement de la Chine- j'ai reconnu ma vie .
Pauvres Chinois! Pauvre de moi!
Trop de barques. Trop peu d'eau.

La jeunesse n'est qu'un vêtement qu'on se passe les uns aux autres. Non. Ce sont les uns et les autres qui sont le vêtement que revêt et laisse, et remet et laisse la jeunesse éternelle.

Mon amour n'a jamais été qu'un détachement de l'objet- détachement en deux sens: se détacher et ôter les taches. Je commence par le détacher- de tout et de tous, puis, une fois libre et sans taches, je le laisse- à sa pureté et à sa solitude.
Le plaisir le plus vif de ma vie a été d'aller seule et vite, vite et seule.
Mon grand galop solitaire.

14 juin 1932
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMar 21 Oct 2008 - 18:51

Chacun poursuit son rêve en plein jour, parallèlement aux rêves des autres. Tout le monde est occupé.

Christian Bobin - Tout le monde est occupé
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMer 22 Oct 2008 - 20:40

La médecine est une science accessible. A la portée des esprits les plus moyens. Elle ne demande pas de capacité intellectuelle particulière, mais des capacités de névrose qui ne sont pas réservées aux cerveaux les mieux faits. En cela, elle est encore sélective.

Là, il parle d'un psychiatre qui parle aux comateux..
Je ne sais pas s'il était utile au malade, mais aux jeunes médecins que nous étions, certainement. Je prenais des leçons d'humanité. Une option en médecine.

La grande garde Antoine Sénanque

Ce livre me plait beaucoup...
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMer 22 Oct 2008 - 22:02

Citation :
C'est ainsi que les divers spécimens d'Adolescent, de Gaillard, de komsomol, de sportsman, de petit jeune homme, de voyou, d'esthète, de raisonneur, de sceptique, se mesurèrent sur le champ de bataille et se crachèrent desus, fous de rage, en contrepoint de gémissements et d'exclamations : - Ce que tu es naïf ! Non, c'est toi le naïf ! En fait, tous ces idéaux, sans exception, étaient extrêmement étroits, petits, gauches et vains. Les élèves les sortaient dans l'ardeur de la dispute et reculaient aussitôt comme des catapultes, effrayés de ce qu'ils avaient sorti et incapables de retirer leurs paroles maladroites. Ayant perdu tout contact avec la vie et le réel, accablés par toutes sortes de courants, de fractions et de tendances, traités pédagogiquement et entourés de fausseté, c'est la fausseté qu'ils essayaient d'exprimer ! Imbibés de cette sotise, ils se montraient faux dans leurs émotions, affreux dans leur lyrisme, insupportables dans leur sentimentalisme, malhabiles dans leur ironie et leurs plaisanteries, prétentieux dans leurs élans, repoussants dans leurs faiblesses. Ainsi allait le monde. Le monde allait ainsi. Traités avec artifice, pouvaient-ils ne pas être artificiels ? Et étant artificiels, pouvaient-ils parler sans se couvrir de honte ? Donc leur terrible impuissance montait dans l'air alourdi, la réalité se transformait encore un monde idéal et seul Kopyrda ne se laissait pas prendre au jeu : il avait jeté sa lime à ongles et regardait négligemment ses jambes...
Ferdydurke, Witold Gombrowicz
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMar 28 Oct 2008 - 18:15

le jeu des citations folles - mais qu'elle belle idée de jeu
du livre de Richar Power - Le temps où nous chantions

Citation:
les citations folles:
– Delia s'installait au piano, un enfant contre chaque
cuisse. Une fois assise, elle ne divulguait pas le moindre indice; sa noire chevelure ondulée formait la capuche idéale. Ses longs doits brun roux appuyaient sur plusieurs touches en même temps,donnant naissance à une mélodie simple - disons la lente et subtilement spirituelle Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Le mari avait alors droit à deux redites pour trouver une réponse. Les enfants regardaient captivés, tandis que Delia développait la mélodie. David serait-il dans les temps pour ajouter une contre-mélodie avant que leur mère atteigne la double barre? S'il échouait, ses enfants se moqueraient de lui dans un allemand burlesque, et sa femme déciderait du gage à lui infliger. Il était rare qu'il échoue. Le bonhomme trouvait un moyen d'y faire nager la truite de Schubert à contre-courant. La balle était à nouveau dans le camp de Délia. Elle avait un couplet pour trouver une autre citation qui collerait avec le nouveau motif, à présent modifié. Les méandres d'un bref laps de temps lui suffisaient pour trouver un lit ou faire couler la '' Swanee River'' autour de la Truite. Le jeu autorisait quelques libertés. Les thèmes pouvaient être ralentis jusqu'à atteindre un point de presque immobilité., leur modulations retardées jusqu'au moment opportun. Où il était possible de faire défiler des mélodies à si vive allure que les changement d'accord s'effondraient pour n'être plus que des notes de passage. Les lignes mélodique pouvaient se scinder en préludes de choral, saupoudrés d'accidents, ou la phrase revenir à son point de départ à une cadence différente, du moment que les modifications conservaient le sens de la mélodie. Quant aux paroles,ce pouvait être aussi bien les textes originaux, la notation fa-la-si-do- d'un madrigal que des bribes de vers de milliton issus de réclames , du moment que chaque chanteur, à un moment donné de la soirée, y glissait la traditionnelle et absurde question: '' Mais ou donc construiront-ils leur nid? '' Le jeu donnait lieu aux mariages mixtes les plus improbables, à des accouplements que même le paradis des métis regardait avec perplexité,Delia initiait une Rhapsodie pour alto de Brahms qui se crêpait le chignon avec le grognement de dixieland de David. Cherubini venait percuter Cole Porter. Debussy, Tallis et Mendelsson se côtoyaient en un très profane mariage à trois. Au bout de quelques tours, le jeu devenait incontrôlable et les accords coagulés cédaient sous leur propre poids. Les appels et les réponses se terminaient en tête-à-queue hilarants, celui qui se faisait éjecter du manège ne manquant jamais d'accuser l'autre de falsifications harmonique déloyale.


p.s. J'ai pensé à toi Marie quand j'écrivais cela. la musique, le chant .


Dernière édition par bulle le Mer 29 Oct 2008 - 21:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Au fil de nos lectures   dans - Au fil de nos lectures - Page 12 EmptyMer 29 Oct 2008 - 21:55

"La Route (...) ressemblait aux rivières des pays de sable qui cessent de couler à la saison chaude et se fragmentent en un chapelet de mares, entre lesquelles un filet d'eau gargouille parfois encore entre les cailloux; depuis des âges lointains le sang avait cessé d'y battre de bout en bout, mais on devinait, à des passages marqués de traces plus fraîches de roues ou de sabots, que le sens une fois perdu et jusqu'à l'idée même du long voyage, le sommeil n'était pas descendu sur elle d'un seul coup : de façon discontinue, et sur des parcours de faible longueur, on avait continué à l'emprunter par endroits (...). Puis, à mesure qu'on s'enfonçait davantage dans les solitudes confuses, même ces petits craquements humains de chemin creux mouraient, et après le grand vide blanc de la journée, dans le chien et loup du crépuscule, c'étaient les bêtes libres qui prenaient là un dernier relai, car cette éclaircie dans les bois leur semblait familière et commode, surtout à celles qui voyagent et vont loin; souvent on entendait, derrière le proche tournant, le galop d'une harde sur les pierres, ou bien dans l'éloignement, avec des grognements d'aise, on voyait trotter dans le fil du chemin, d'un long trot de route, un sanglier avec sa laie, et toute la file des marcassins : et alors on avançait le coeur battant un peu dans la lumière plus fine : on eût dit que soudain la Route ensauvagée, crépue d'herbe, avec ses pavés sombrés dans les orties, les épines noires, les prunelliers, mêlait les temps plutôt qu'elle ne traversait les pays, et que peut-être elle allait déboucher, dans le clair-obscur de hallier qui sentait le poil mouillé et l'herbe fraîche, sur une de ces clairières où les bêtes parlaient aux hommes."

La Route, Julien Gracq
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