Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs

Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

 

 Leconte de Lisle

Aller en bas 
+5
GrandGousierGuerin
Thierry Cabot
Helios
SCOman
HeronBlanc
9 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
ArturoBandini
Sage de la littérature
ArturoBandini


Messages : 2748
Inscription le : 05/03/2015
Age : 38
Localisation : Aix-en-Provence

Leconte de Lisle - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Leconte de Lisle   Leconte de Lisle - Page 2 EmptyLun 9 Mai 2016 - 8:44

N'est-ce pas plutôt un problème avec le vers libre ? Y a-t-il des poètes qui utilisent le vers libre qui ont grâce à tes yeux ?
Pour ma part, j'ai beaucoup de mal avec celui-ci, et je regrette qu'il ait pris le monopole chez les poètes depuis plus d'un siècle.
Revenir en haut Aller en bas
Sigismond
Agilité postale
Sigismond


Messages : 875
Inscription le : 25/03/2013

Leconte de Lisle - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Leconte de Lisle   Leconte de Lisle - Page 2 EmptyDim 4 Déc 2016 - 18:50

Le pantoum ?

Il s'agit d'une forme rimée (le pantun), venue de l'archipel Malais au début du XIXème siècle via le colon batave.

Vous en trouverez un intéressant descriptif ici.
A noter que le Claude Asselineau dont il est question, poète cultivé qui codifia le pantoum en français, fut l'ami et le biographe de Baudelaire.  

Spoiler:

Tout ceci pour amener aux pantoums des Parnassiens, et, tant qu'à faire, au plus orientalisant d'entre ceux-ci, Leconte de Lisle.
Prenons par exemple la suite de cinq pantoums intitulés, en toute simplicité, Pantouns Malais, parus dans le recueil Poèmes tragiques en 1884 - soit tard pour de la poésie Parnassienne, qui avait encore plus que de beaux restes, véritablement des choses encore à dire en pleine époque Symboliste (vous trouverez ces cinq pantoums très facilement sur la Toile).

Voici le V, dernier d'entre eux:

V




Ô mornes yeux ! Lèvre pâlie !
J’ai dans l’âme un chagrin amer.
Le vent bombe la voile emplie,
L’écume argente au loin la mer.

J’ai dans l’âme un chagrin amer :
Voici sa belle tête morte !
L’écume argente au loin la mer,
Le Praho rapide m’emporte.


Voici sa belle tête morte !
Je l’ai coupée avec mon kriss.
Le Praho rapide m’emporte
En bondissant comme l’axis.

Je l’ai coupée avec mon kriss ;
Elle saigne au mât qui la berce.
En bondissant comme l’axis
Le Praho plonge ou se renverse.

Elle saigne au mât qui la berce ;
Son dernier râle me poursuit.
Le Praho plonge ou se renverse,
La mer blême asperge la nuit.

Son dernier râle me poursuit.
Est-ce bien toi que j’ai tuée ?
La mer blême asperge la nuit,
L’éclair fend la noire nuée.

Est-ce bien toi que j’ai tuée ?
C’était le destin, je t’aimais !
L’éclair fend la noire nuée,
L’abîme s’ouvre pour jamais.

C’était le destin, je t’aimais !
Que je meure afin que j’oublie !
L’abîme s’ouvre pour jamais.
Ô mornes yeux ! Lèvre pâlie !


Si vous avez bien lu le modus operandi du pantoum, et que vous tenez compte du fait qu'à tout prendre, rien ne vaut un Parnassien en matière d'agilité au moyen du formalisme (en poésie, comme sans doute dans bien d'autres domaines de l'activité humaine, il en est que la règle stricte libère !), alors vous n'êtes pas sans avoir remarqué:

L'extrême parallélisme des strophes de quatre vers de neuf pieds à rimes croisées.
Le second et quatrième vers de chaque strophe se retrouve dans la suivante pour former le premier et le troisième vers.
Enfin, le tout premier vers du poème est aussi le tout dernier de celui-ci:

Un carcan d'acier trempé, tout ce qu'il y a de plus entravant pour un poète, direz-vous ?
Pour un besogneux sans doute, déjà, être capable de ménager adroitement, à bon escient, les retours de vers c'est une extrême difficulté dont Leconte de Lisle paraît se jouer, mais il fait beaucoup mieux, menant deux idées, se poursuivant de strophes en strophes, toujours dissociées dans l'écriture mais associées en matière de sens et de musicalité: comme des affinités mystérieuses.

L'audace de certaines rimes est à souligner, ainsi croiser des rimes en -mais et en -uée, comme à l'avant-dernière strophe, je ne sais pas si l'on peut conseiller cela à un jeune poète non sûr de sa plume !  

Vous aurez noté les nécessaires touches d'orientalisme dans le vocabulaire (kriss, praho), mais en deux mots seulement !
Leconte de Lisle n'en surajoute pas, deux mots et ça suffit, et je laisse à vos talents de lectrices et lecteurs à voix haute la découverte de la prodigieuse musicalité de ce petit poème: n'hésitez pas à en donner des nouvelles !
Revenir en haut Aller en bas
 
Leconte de Lisle
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» C'est dur d'être aimé par des cons [Daniel Leconte]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Parfum de livres… parfum d’ailleurs :: Le cœur du forum : Commentons nos lectures en toute liberté… :: Poésie (par auteur ou fils spécifiques)-
Sauter vers: