Lecture en commun - Alfred Döblin : Berlin, Alexanderplatz

Arabella a écrit:

Au sujet de la traduction, Kenavo qui l'a lu en allemand (enfin qui a fait une tentative ) a parlé d'argot de Berlin, ce qui doit effectivement être difficile à rendre. La nouvelle traduction citée par eXPie paraît plus se situer dans cette logique argot.

oui.. 150 pages de 450.. c'était une tentative
et l'argot est en effet 'terrible' - l'entendre, ça va encore, mais le lire me prend beaucoup plus de temps..
et surtout à Berlin ils ont un argot très, très spécial (encore aujourd'hui et pas seulement depuis que les politiciens sont revenus de Bonn ) qui m'inspirait pas tout à fait de la 'littérature'..
Mais bon, n'importe.. vos commentaires m'ont en tout cas donné envie de le terminer.. dès que j'ai plus de temps ce sera fait

domreader a écrit:

eXPIE, merci pour ces deux extraits, je préfère nettement la traduction d'Oliver le Lay, c'est vrai - dans quelle édition est-ce que tu l'as trouvée?

Toutefois, je suis d'accord avec toi, la traduction devait être plus que périlleuse et difficile. Malgré tout, je trouve que beaucoup de choses passent et passent bien - j'ai vraiment aimé ce livre, et c'est un de ceux que je vais conserver dans ma bibli, pour une future relecture. Je ne conserve que ceux-là...

Eh bien, le texte, je l'avais trouvé ici. C'est-à-dire que le texte est issu d'une traduction pas encore publiée, qui sort le 25 mai chez Gallimard (cf ici).

Le danger d'une traduction plus "moderne", c'est que sa modernité même fasse perdre le "goût" d'un texte de l'époque...

Livre neuvième.

Pas grand chose à en dire, c'est la conclusion. Après un combat intérieur (et un cri intérieur, à opposer au cri bien sonore à la fin de La Mort d'Ivan Illitch, que Sydney m'a remis en mémoire), une nouvelle personnalité émerge, apaisée, oui, pas détachée, mais qui prend les choses comme elles doivent être prise. Sans appât du gain acharné.

Quand Franz devient concierge, je ne peux m'empêcher de m'imaginer que, dans peu de temps, il sera ligoté par une bande de voleurs, comme on avait pu le lire auparavant. Est-ce ce qui l'attend ?

Le livre se finit sur un appel à l'unité face au Système en général, et sans doute face aux troubles qui arrivent. C'est vrai que si tous les hommes de bonne volonté s'unissaient, des choses pourraient être faites.

"Bien des malheurs sont dus à la solitude. Si on est plusieurs, c'est déjà différent". (page 621).
Est-ce que cela veut dire que, même s'il semblait être entouré (conquêtes féminines à répétition, potes trafiquants en tout genre, collègues de picole), il était seul, en fait ? Spirituellement parlant, peut-être ?

Un vraiment très bon livre, qui effectivement semble avoir de multiples ramifications dans la signification.
C'est le genre de livres, très pas nombreux, qui se poursuivent après la dernière page lue. Tout n'est pas fini.

Concernant la lecture elle-même, il y a une sorte de cap à passer, vers le début du livre (enfin, vers la page 150 et quelques), où la forme semblait l'emporter sur le fond, où seule la forme semblait importante, mais à partir des fameux abattoirs (livre quatrième), le livre prend de l'ampleur, les pièces finissent par se rassembler, et la forme et le fond avancent ensemble, et là, ça devient puissant.

Je ne crois pas que dans l'esprit de la fin du livre Franz finissent ligoté, enfin pas pour les mêmes raisons que le gardien que tu cites, parce que ce dernier l'a cherché en fréquentant les bandits et en espérant en tirer profit.
Il y a une grande maîtrise de Döblin dans la construction du roman, le virage de la 150 page, alors que les procédés formels auraient pu finir par agacer, et la façon dont il arrive à gérer la fin du récit, alors que tout semblait dit, et qu'il arrive à faire autre chose, c'est assez impressionnant.

J'ai presque terminé le livre septième....ce Franz est vraiment un personnage hors du commun: oscillant entre désir d'honnêteté et fourvoiement inéluctable, une truculence dans la langue, un argot des mauvais garçons, l'Alexanderplatz est aussi sombre que certaines ruelles parisiennes décrites par Céline.
Il a cependant moins de misanthopie chez Döblin que chez Céline...enfin c'est mon humble impression. Je me régale à lire ces aventures quasiment rocambolesques et il me faut faire attention à ne pas sombrer dans l'imitation de langage

Oui Chappy, il ne faut pas parler à tes petits comme dans le livre, l'inspecteur t'interdit d'enseigner à vie.

Maintenant que j'ai achevé cette lecture aussi étonnante que jubilatoire, je vais rejoindre le droit chemin langagier

Z'avez fait des émules, il arrête pas de se vendre ce livre!

Ben soit, on a fait des émules, et alors là .... vraiment ce serait trop bien - soit il est au programme de lecture de lycéens, ou de facs de lettre !

Queenie a écrit:

Z'avez fait des émules, il arrête pas de se vendre ce livre!

Je crois que cela fait quelques dizaines d'années que ça dure, bien avant Parfum

Mais je crois qu'en ce qui te concerne Queenie, c'est un bon achat, et que c'est le genre de livres qui peut t'embarquer.

Ah mais moi je l'ai pas acheté. Le titre me plait pas, la couv' me plait pas, le nom de l'auteur me plait pas, et la lecture de vos comm' ne m'avait pas poussé à le mettre en gras dans ma LAL.
Mais pourquoi pas en fait...?

Queenie a écrit:

Ah mais moi je l'ai pas acheté. Le titre me plait pas, la couv' me plait pas, le nom de l'auteur me plait pas, et la lecture de vos comm' ne m'avait pas poussé à le mettre en gras dans ma LAL.
Mais pourquoi pas en fait...?

Oui, pourquoi pas

Queenie a écrit:

Ah mais moi je l'ai pas acheté. Le titre me plait pas, la couv' me plait pas, le nom de l'auteur me plait pas, et la lecture de vos comm' ne m'avait pas poussé à le mettre en gras dans ma LAL.
Mais pourquoi pas en fait...?

Tu préfères peut-être cette couverture ?

Queenie a écrit:

Le titre me plait pas, la couv' me plait pas, le nom de l'auteur me plait pas

(pauvre auteur, même son nom n'est pas engageant)

Queenie a écrit:

Ah mais moi je l'ai pas acheté. Le titre me plait pas, la couv' me plait pas, le nom de l'auteur me plait pas, et la lecture de vos comm' ne m'avait pas poussé à le mettre en gras dans ma LAL.
Mais pourquoi pas en fait...?

`

Tu peux toujours jeter un oeil au film de Fassbinder en attendant ...