Billy Wilder

Irma la douce (1963).
Malgré les décors de Trauner et la présence de Jack Lemmon, cette pochade un brin (sur)excitée ne fait pas dans la dentelle et frise la vulgarité, sans parler d'une vision de Paris et des français(es) très caricaturale ! Ca se laisse voir, évidemment, puisqu'il y a le savoir-filmer de Wilder mais le film n'est pas à la hauteur de ses autres réalisations.

Embrasse moi, idiot (Kissme, stupid, 1964).
Condamné pour débauche, à sa sortie, par la "Ligue catholique pour la décence". Wilder retrouve la main dans ce film au tempo qui va crescendo, au ton grinçant et aux multiples allusions grivoises (la ville de Climax, qui signifie aussi bien apogée que...orgasme). Au côté d'un excellent Dean Martin, Kim Novak, voix rauque à l'appui, est la sensualité incarnée.

La grande combine (The fortune cookie, 1966).
Wilder n'a eu de cesse de s'attaquer aux effets collatéraux de la mythologie américaine du succès à tout prix : duperie, abus de confiance, cynisme...La grande combine est un film sur l'escroquerie qui pêche faute de ligne directrice entre burlesque, caricature et étude psychologique. L'un de ses films les moins côtés, ce n'est pas un hasard.

La vie privée de Sherlock Holmes (The private life of Sherlock Holmes, 1970).
Déçu par l'échec de ses deux derniers films, Wilder s'immerge dans l'Angleterre victorienne et s'en donne à coeur joie pour déloger un mythe de son piédestal. Chère loque Homes ! Un régal.

Avanti (1972).
Du pur Wilder où la bouffonnerie exacerbée cache un moraliste somme toute assez pudique. Cet éveil à la vie d'un américain "robotisé" ne saurait pourtant prétendre au rang de chef d'oeuvre : trop long, gavé de gags répétitifs et caricatural quant au mode de vie italien.

Spéciale première (The front page, 1974).
Déjà adaptée deux fois au cinéma, cette pièce de théâtre est totalement décapée par Wilder. Une drôle de satire des moeurs américaines, en général, et de la presse, en particulier, mordante et trépidante, dominée par le duo fétiche du cinéaste : Lemmon et Matthau.

Fedora (1977).
Une variation sur le thème de Sunset Bvd, inaboutie mais bourrée de charme. Quant à la prestation de Marthe Keller, faisons comme Billy Wilder, restons évasif.

Buddy, buddy (1981).
L'ultime film de Wilder est un remake poussif de L'emmerdeur (scénario de Francis Veber) où le tandem Lemmon/Matthau tente de ranimer la flamme. De bons moments quand même.

Je me suis amusé à regarder les notes données par les cinéphiles aux différents films de Wilder sur le site de IMDB (50 000 votants pour les oeuvres les plus vues) et cela donne le classement suivant, qui a de la gueule, je trouve.

1 Boulevard du crépuscule (moyenne de 8,7/10)
2 Assurance sur la mort
3 Certains l'aiment chaud
4 La garçonnière
5 Témoin à charge
6 Stalag 17
7 Le poison
8 Le gouffre aux chimères
9 Un, deux, trois
10 Sabrina
11 Uniformes et jupon court
12 La scandaleuse de Berlin
13 Les cinq secrets du désert
14 La grande combine
15 Ariane
16 Sept ans de réflexion
17 Irma la douce
18 La vie privée de Sherlock Holmes
19 Spécial première
20 L'odyssée de Charles Lindbergh
21 Avanti
22 Embrasse moi, idiot
23 Fedora
24 Mauvaise graine
25 Buddy, buddy
26 La valse de l'empereur (6,1/10)

Conversations avec Billy Wilder de Cameron Crowe.
Ce très beau livre du cinéaste américain Cameron Crowe (Presque célèbre, Jerry Maguire...) est le fruit des entretiens qu'il obtint (arracha sera un mot plus juste) de Billy Wilder alors que celui était âgé de 91 ans. L'intérêt du livre est multiple : le récit des difficultés de Crowe face à un Wilder souvent désagréable et réticent à parler de lui, qu'il apprivoise au fil des jours, le regard rétrospectif de Wilder sur ses oeuvres, sa conception du métier de cinéaste (et de scénariste), ses anecdotes de tournage (foisonnantes), son opinion bien tranchée sur les acteurs et actrices qu'il a fait tourner, sur ses collègues réalisateurs, sur le Hollywood des années 90...Le livre de Crowe est une suite de conversations, qui ne reprend pas la filmographie du cinéaste de façon chronologique et qui passe d'un sujet à l'autre sans transition. Parmi les passages les plus intéressants figurent ceux où Wilder évoque La liste de Schindler, dont il aurait voulu faire son dernier film et qu'il laissa finalement à Spielberg. Les 3/4 de la famille du réalisateur, dont sa mère, sont morts dans les camps de concentration. Lui-même, apprenti journaliste à Vienne (sa rencontre très brève avec Freud vaut son pesant de cacahuètes) puis scénariste à Berlin, quitta l'Allemagne après l'incendie du Reichstag. Wilder évoque longuement ses films préférés dont La garçonnière, Sabrina, Assurance sur la mort, Témoin à charge, Le gouffre aux chimères, Certains l'aiment chaud, Un, deux, trois... et passe plus rapidement sur ceux qu'il considère comme ratés. Il est bien entendu question de Marilyn et de ses éternels retards, de Marlene et de Audrey, surtout, sa favorite. Beaucoup de vacheries dans ce bouquin, quelques bons mots, ses admirations pour Fellini (réciproque), Spielberg, Preston Sturges ou Wyler, sa détestation de Titanic et des mégaproductions hollywoodiennes et, constante, son allégeance à Lubitsch, son maître, avec qui il travailla sur Ninotchka, entre autres.
Bref, un livre essentiel pour tous les fans de Wilder.

Je viens de faire l'acquisition du livre "Conversations ave Billy Wilder".Un ouvrage qui s'annonce en effet comme passionnant.En le parcourant,j'ai déjà eu connaissances de plein de choses que j'ignorais...A noter que j'ai vu il y a peu (sur TCM)une émission d'entretiens avec Volker Schlöndorff (enregistrée il y a à peu près 30 ans),centrée sur le tournage de ses principaux films.C'est cette émission ,entre autres,qui m'a donné envie d'en savoir plus sur Wilder.A noter qu'il passait,dans ces entretiens (l'émission durait environ une heure)de l'anglais à l'allemand,parfois sns prévenir...

Quelle merveille d'intelligence et d'image que La vie privée de Sherlock Holmes.Tout y est musique,dialogues,humour,fidélité/liberté sur Conan Doyle,espionnage,anglophilie,humanité simplement.Chef d'oeuvre.

Je rattrape de très très loin : je viens de voir Certains l'aiment chaud avec Mariln Monroe, Tony Curtis et Jack Lemon (qui est réjouissant !)

L'histoire, tout le monde la connait non ?

Dans le Chicago, des années 30, deux musiciens de jazz sont témoins d'un règlement de compte et se déguisent en femme pour prendre la fuite.
Ils croisent la sublime Sugar... Le réalisateur Billy Wilder se laisse aller aver bonheur à la parodie des différents genres (film de gangster, comédie de moeurs) et signe une comédie très rythmées et plaisantes !


Normalement, bientôt, je dois voir La guerre des boutons...

Oh oui, Jack Lemmon est extra dans ce film. Un de mes préférés

Steven a écrit:

Je rattrape de très très loin : je viens de voir Certains l'aiment chaud avec Mariln Monroe, Tony Curtis et Jack Lemon (qui est réjouissant !)

L'histoire, tout le monde la connait non ?

Eh eh, avec la dernière réplique, "culte" : "nobody's perfect" !

eXPie a écrit:

Steven a écrit:

Je rattrape de très très loin : je viens de voir Certains l'aiment chaud avec Mariln Monroe, Tony Curtis et Jack Lemon (qui est réjouissant !)

L'histoire, tout le monde la connait non ?

Eh eh, avec la dernière réplique, "culte" : "nobody's perfect" !

Je viens de retomber sur certaines répliques, j'aime bien, aussi :

Citation :

Real diamonds! They must be worth their weight in gold

Expie a écrit:

Eh eh, avec la dernière réplique, "culte" : "nobody's perfect" !

"I smoke, I smoke all the time !"
"I don't care"
"I can never have children"
"We can adopt some"
"You don't understand ! I'm a man !"
"Well, nobody's perfect"

Je me souviens encore de ce dernier dialogue (ça doit être à peu près ça), c'était trop bon

Je suis très contente, j'ai eu un coffret de films de B. Wilder pour Noël.

Madame B. a écrit:

Je suis très contente, j'ai eu un coffret de films de B. Wilder pour Noël.

Chouette ! Quels sont les films du coffret ?