Patrick Gale

Merci!
Dans le dernier recueil de textes de Susan Sontag, il y en a un sur les traducteurs, un hommage. Sans traducteurs, que lirions-nous?

Je viens de faire une recherche, c'est bien lui qui a écrit Chronique d'un été, que j'ai et que je dois lire, un jour...

Notes from an exhibition (Tableaux d'une exposition)


C’est une histoire qui pourrait être banale, celle d’une femme, Rachel Kelly et de sa famille à Penzance, en Cornouailles. Mais ce qui définit Rachel l’est moins. C’est une artiste peintre géniale et bipolaire et, après sa mort, on va découvrir, à travers sa peinture et les souvenirs des membres de sa famille, qui elle était vraiment, comment sa famille a fait face à ses crises dépressives, comment ils ont appris à accepter que son art passe avant tout le reste ainsi que certains aspects de sa vie avant d’arriver en Angleterre, qu’elle avait préféré garder secrets.

Elle épouse, ou plutôt se laisse épouser, par Antony, un homme dont la patience est angélique et qui lui permettra d’avoir un cadre de vie rassurant et apaisant où elle pourra peindre. Ils vont avoir quatre enfants et c’est grâce à lui que cette famille tient debout, il est l’élément solide, toujours présent, toujours compréhensif. C’est un Quaker, ce qui explique sans doute son attitude placide et tolérante (j’ai été d’ailleurs pas mal intéressée d’avoir quelques informations sur le Quakerisme que je ne connaissais avant que de nom).

La construction du roman est originale, chaque chapitre débute par la note descriptive d’une œuvre de Rachel présentée lors d’une exposition posthume et a, d’une manière ou d’une autre, un lien, même s’il n’est pas toujours évident, avec un des membres de la famille auquel le chapitre est consacré. On a ainsi plusieurs points de vue, plusieurs excursions dans le passé, plusieurs bouts d’histoires. Des bouts d’histoires personnelles du passé viennent se mêler aux bouts d’histoires du présent sans jamais pourtant perdre le lecteur et à mesure que l’on avance dans la lecture, on a une vue de plus en plus nette et globale.

Le personnage de Rachel est extrêmement complexe, et Gale réussit à le faire vivre de façon incroyable. Sa maladie, son génie, sont brillamment décrits par l’auteur, avec une connaissance que l’on sent de première main (un de ses amis, peintre, était bipolaire). Ce qui est captivant aussi, c’est de voir comment des parents comme Rachel et Antony ont réussi à élever quatre enfants alors qu’on ne s’attend pas vraiment à voir Rachel très concernée par son rôle de mère et comment chacun d’eux, en tant qu’enfant puis en tant qu’adulte, a perçu cette mère souvent en dépression, qui dans ses moments d’activité frénétique les ignorait, mais qui pouvait aussi faire preuve de beaucoup d’amour et d’attention lorsqu’elle n’était pas en crise. Ces journées entièrement consacrées à l’enfant dont c’était l’anniversaire, les cartes-cadeau qu’elle peignait pour eux, autant de souvenirs forts qui éclipsent les moments où ils devaient se faire invisibles pour ne pas la contrarier. Quel a été l’impact que ses troubles mentaux ont eu sur leur propre vie, comment ils ont pu faire face, les traces que cela a laissé, autant de sujets explorés et habilement traités.

Même si la maladie occupe une place importante, ce n’est pas un roman sur la maladie, ce n’est pas glauque non plus malgré certains passages qui retournent un peu le cœur. C’est surtout un roman psychologique sur la famille, mais il ne faut pas oublier les descriptions très inspirées des paysages de Cornouailles et des tableaux de Rachel qui donnent l’impression de les avoir sous les yeux et apportent au roman une sorte de grâce lumineuse. C’est un roman stimulant, passionnant pour ses thèmes divers que Gale semble parfaitement maîtriser.
C’est tout simplement brillant. Il y aurait encore beaucoup à dire mais le mieux est encore de le lire

J'ai hâte maintenant de décrouvrir ses autres livres, je crois bien qu'il sera mon chouchou de l'année.

Marie Sizun a écrit un roman très fort sur l'amour entre une mère maniaco-dépressive et sa fille dans le Paris d'après-guerre .......Une oeuvre là encore bouleversante !
Merci pour ton commentaire Epi sur le livre de Patrick Gale "tableaux d'une exposition" , ça me donne une furieuse envie de découvrir cet écrivain ! Ma liste s'allonge dangereusement , il va me falloir des vies pour assouvir ma soif de "belles lettres" (frustrée par des années sans !!!!!!!!) C'est une histoire sans fin que cette passion là !!!!!

ah oui, trop bien ton commentaire Epi, cela donne vraiment envie

églantine a écrit:

C'est une histoire sans fin que cette passion là !!!!!

et heureusement

Une douce obscurité

Il faut reconnaître à Patrick Gale un réel talent pour raconter les histoires, imbriquer les intrigues, revenir en arrière, remonter les biographies des personnages, varier les points de vue . Un vrai talent de conteur.
Seulement voilà , il faut aussi compter avec les psychologies approximatives, un certain manichéisme (les gens humbles de la campagne étant nettement mieux que les intellectuels de la ville), la multiplication des coïncidences, le fait qu'il révèle 30 pages avant la fin au lecteur un fait que tous les protagonistes connaissaient… Tout cela fait que ce livre se lit agréablement mais laisse au final une impression très moyenne.

Merci Topocl. Grâce à toi je ne ressens plus (ou presque) de culpabilité à ne pas avoir envie.

Arabella a écrit:

Merci Topocl. Grâce à toi je ne ressens plus (ou presque) de culpabilité à ne pas avoir envie.

De la culpabilité, toi? Parce que tu exclues un auteur ?

Je traine un peu à commenter ma dernière lecture de Patrick Gale qui m'a déçue 'The Facts of Life' terminé avant hier soir, je crois bien que j'avais commencé par le meilleur 'Tableaux d'Une Exposition' qui lui était remarquable.

The Facts Of Life
Patrick Gale



Tout débute lorsque Edward Pepper, juif allemand réfugié est interné dans un camp en Angleterre pendant la dernière guerre et qu’il y contracte la tuberculose. Emmené in extremis dans un hôpital il y rencontre Sally, une jeune femme médecin et après quelques mois tous deux se marient. Edward est un compositeur de talent et il a besoin de calme. Le jeune couple décide d’aller vivre à la campagne dans une demeure historique à l’atmosphère chargée (The Roundel) dont Sally a hérité de sa mère ‘adoptive’.
Bien des années plus tard, Edward, toujours installé non loin de ce sanctuaire, observe ses petits-enfants adultes, lorsqu’ils sont confrontés aux évènements les plus graves de la vie.

Ceci est un roman de 540 pages qui couvre a priori trois générations, une sorte de saga familiale, mais l’auteur n’a choisi de nous narrer que les aléas de la première, puis de la troisième génération. Heureusement, car si le début du livre est relativement intéressant, la fin est bien plus conventionnelle et traine en longueur. Le terme conventionnel est finalement celui qui convient le mieux pour qualifier ce livre qui se laisse lire, parce que Patrick Gale sait bien raconter une histoire, mais qui au final, m’a laissée sur ma faim. 540 pages ! Tout ça pour ça, dirais-je.

Je pense avoir commencé par le meilleur de Patrick Gale (Tableaux d’une Exposition) et je crains bien d’être déçue maintenant à chaque lecture. J’en testerai encore un pour confirmer. Je pense avoir connu le même phénomène avec Barbara Kingsolver en commençant par l’excellent Des Yeux Dans Les Arbres, mais en étant ensuite déçue avec ses autres romans, sympathiques certes mais vite oubliés.

Tableaux d'une exposition est tellement fort que je ne suis pas trop étonnée de ta déception Dom mais du coup j'ai un peu peur d'être déçue aussi même si je n'ai pas encore fait mon choix pour le prochain. Mais ce n'est pas trop grave, je garderai en mémoire le meilleur et c'est déjà beaucoup.

A Perfectly Good Man
2012 (pas encore traduit en français)

Citation :

When 20-year-old Lenny Barnes, paralysed in a rugby accident, commits suicide in the presence of Barnaby Johnson, the much-loved priest of a West Cornwall parish, the tragedy's reverberations open up the fault-lines between Barnaby and his nearest and dearest – the gulfs of unspoken sadness that separate them all. Across this web of relations scuttles Barnaby's repellent nemesis – a man as wicked as his prey is virtuous.

Returning us to the rugged Cornish landscape of ‘Notes from an Exhibition’, Patrick Gale lays bare the lives and the thoughts of a whole community and asks us: what does it mean to be good?

Je l'ai lu récemment et j'ai beaucoup aimé. Je n'ai pas forcément le temps (ni la motivation aussi, je l'avoue) pour en faire un commentaire développé, mais j'ai apprécié la qualité de l'écriture (d'une fluidité à la McEwan), la sensibilité de l'analyse psychologique, la narration se déplaçant d'un personnage, d'une époque à l'autre, comme un puzzle dont les pièces s'emboîtent peu à peu, révélant une histoire sombre mais vraiment poignante. Je vais sûrement en lire plus de lui, merci à Epi et à Dom pour cette bien belle découverte.

Merci Nezumi.

Ce que tu en dis me fait penser que la construction est la même que pour Notes from an Exhibition alors je suis curieuse de voir si ce n'est pas un peu lassant mais il maîtrise parfaitement et j'avais aimé justement ces multiples points de vue et les nombreuses excursions dans le passé alors je pense que je vais retrouver cela avec plaisir dans son dernier roman.

Epi a écrit:

Ce que tu en dis me fait penser que la construction est la même que pour Notes from an Exhibition

Il y a aussi des personnages en commun (je viens juste de commencer ce dernier), mais je te laisse découvrir cela par toi-même.

Tu me donnes encore plus envie, je crois que je vais le lire rapidement, tant que Notes from an exhibition est encore frais dans ma mémoire