Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Truman Capote

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Babelle
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MessageSujet: Truman Capote   Truman Capote EmptyMer 18 Avr 2007 - 13:44

Truman Capote Capote10

Citation :
Truman Garcia Capote, né le 30 septembre 1924 à La Nouvelle-Orléans, mort le 25 août 1984 à Los Angeles, est un écrivain américain auteur de romans, nouvelles, reportages, portraits, récits de voyages, souvenirs d'enfance, ainsi que de deux adaptations théâtrales d'écrits antérieurs et de deux scénarios de films.
source Wikipédia

Bibliographie

1943 La Traversée de l'été, roman,
1943 Un été indien, nouvelle,
1945 Miriam, nouvelle,
1948 Les Domaines hantés, roman,
1949 Un arbre de nuit, nouvelles,
1951 La Harpe d'herbes, roman,
1954 Plus fort que le diable, scénario,
1956 Les muses parlaient, reportage,
1956 Un souvenir de Noël,
1958 Petit déjeuner chez Tiffany, « roman court »,
1960 Les Innocents, scénario d'après Le Tour d'écrou de Henry James,
1964 Morceaux choisis, Textes anciens et inédits,
1966 De sang-froid, un roman de « non-fiction »,
1968 L'Invité d'un jour, souvenirs,
1980 Musique pour caméléons, nouvelles et récits,
1983 Un Noël, souvenirs,
1987 Prières exaucées, roman inachevé,
1987 Une anthologie de Capote,


Truman Capote Capote36059807051000439qo2.th
De sang-froid : récit véridique d'un meurtre multiple et de ses conséquences/traduit de l'anglais par Raymond Girard (souce Electre). > Le livre est en réimpression chez Folio./ Deux bandits se font passer pour d'inoffensifs auto-stoppeurs, en quête d'un voyageur à détrousser, étrangler et abandonner dans le désert. Résumé trop succinct.
- J.M.G. Le Clézio aussi s'est penché sur les faits.
« Truman Capote, une révolution de la conscience »
in Magazine littéraire /Novembre 1966 >

extrait :
Citation :
Le Clézio : « La marche des tueurs :
Au premier abord, "De Sang froid" semble appartenir formellement plus au roman classique qu'au roman moderne. Capote apporte un soin minutieux à décrire le lieu où va se situer le drame, la petite ville de Holcomb, perdue au milieu d'un pays plat, ce "là-bas" où personne ne va jamais, avec ses rues régulières, ses maisons sans caractère, sa banque, son bureau de poste, sa gare où les trains ne s'arrêtent pas.
Un pays où il ne se passe rien, un pays qui pourrait être n'impore où, avec ses jalousies mesquines, ses habitants anonymes, et que seule la tragédie va faire br!èvement surgir du néant.
Avec le même classcisime, Capote nous présente les principaux personnages, Herbert William Clutter et sa famille, et deux hommes étranges qui roulent en voiture sur la route à leur rencontre, Dick Hickock, Perry Smith. Puis le mécanisme de l'action fatale se déroule, conduisant inexorablement vers le meurtre.
Tandis que l'heure de la mort approche, les passages montrant la marche des tueurs alternent de plus en plus vite avec ceux qui nous content les derniers instants de la famille Clutter. Et quand le crime a été commis, Capote nous fait suivre concurremment la fuite des assassins et la lente démarche de Dewey, le policier.
Enfin, le châtiment approche pour les deux tueurs, et c'est la deuxième montée dramatique du récit, qui ne se résout que par la mort : "Richard Eugene Hickock et Perry Edward Smith, associés dans le même crime, sont morts sur la potence de la prison d'Etat très tôt ce matin, répondant de l'un des crimes les plus sanglants des annales criminelles du Kansas. Hickock, 33 ans, est mort le premier à 0h41. Smith, 36 ans, est mort à 1h19." La tragédie avait duré de la mi-novembre 1959 au 14 avril 1965. «
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyMer 18 Avr 2007 - 14:04

Capote consacre six années à l'écriture de 'De sang-froid' , une enquête très réaliste tirée du sanglant fait divers.

... De l’adaptation du roman De sans froid par Richard Brooks en 1967, au Truman Capote de Bennett Miller (2007)...
côté cinéma :
Méconnaissable à l'écran, Philip Seymour Hoffman (né le 23 Juillet 1967 à Fairport, New York) que j'ai vu pour la première fois dans The Big Lebowski/ des frères Cohen (Oscars 2006).
L'acteur a remporté la statuette du meilleur acteur pour son rôle dans le biopic 'Truman Capote'.

Une biographie de Truman Capote ?
>
Citation :
Abandonné à cinq ans par sa mère, le jeune Truman Capote est élevé par ses tantes à la Nouvelle Orléans. Il commence à écrire à l'âge de dix ans et publie sa première nouvelle, 'Miriam', à vingt ans. Cultivé, homosexuel et souvent provocateur, il se fait connaître dès son premier roman 'Les Domaines hantés', paru en 1948.
Après le succès de 'Petit Déjeuner chez Tiffany', portrait aigre doux d'une marginale, il marque un changement de style radical.
Au sommet de sa gloire, mondain, alcoolique, il est aussi célèbre pour ses propos corrosifs. Son roman inachevé 'Prières exaucées', offre une peinture sans fard des milieux huppés qu'il fréquente (de Marilyn Monroe à Andy Warhol) , et fait scandale avant même d'être publié. Il meurt à soixante ans, rongé par une vie d'excès.

Allez savoir pourquoi j'ai fait un retour sur James Ellroy...
Sa fascination pour le crime s'expliquait par le meurtre de sa mère lorsqu'il était enfant et l'écriture de ses romans noirs semblent tourner autour de son obsession.
Le film de Bennett Miller nous présente un Capote moins sympatique, au final, qui offre son amitié à l'un des assassins condamnés afin d'en tirer les détails de ses actes.
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyVen 20 Juil 2007 - 4:55

J'ai découvert Truman Capote en lisant De sang froid qui m'a subjuguée.
Le film qui en a été tiré m'a laissée de marbre ou presque.

Je continue doucement mais sûrement ma découverte de Capote: j'ai lu Musique pour camaléons et les autres nouvelles éditées en Folio (dont Cercueils sur mesure); nettement moins marquantes que De sang froid mais intéressantes; et je vais lire bientôt, je pense, Petit déjeuner chez Tiffany.
Je découvre Capote aussi à travers divers romans dans lesquels il apparaît, j'aime bien (le dernier en date: Sisters de Stéphane Denis). Et j'ai sa bio à lire, de Clark.
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyVen 20 Juil 2007 - 11:29

Sophie a écrit:
...et je vais lire bientôt, je pense, Petit déjeuner chez Tiffany...
Peut être le meilleur écrit de Capote et dont a été tiré un excellent film. Comme toujours chez lui, il décrit un monde dur et les choix qui s’offrent à ceux qui baignent dedans… aigre doux, of course…
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyDim 2 Sep 2007 - 12:37

Truman Capote Petit_10


Holly Golightly est une jeune cover-girl, pétulante, excentrique, buvant sec, joueuse de guitare qui fréquente la « jet-set » newyorkaise. Dans son immeuble vit un écrivain en herbe, le héros. Leurs chemins vont se croiser et une amitié se nouera...le narrateur de l'histoire tombera peu à peu amoureux de la belle évaporée.
Dans cette longue nouvelle, Truman Capote dresse un portrait ironique de la société branchée du New York de la seconde guerre mondiale: un milliardaire « play-boy », aux allures d'enfant qui refuse de grandir, croise un diplomate brésilien, un agent théâtral d'Hollywood, une cover-girl au léger bégaiement, un avocat de mafioso, un mafioso emprisonné à Sing-Sing, des noceurs plus ou moins bruyants, un mari oublié et un patron de bar.
On ne peut s'empêcher de penser aux paillettes des stars et starlettes de cinéma hollywoodiens, à ces solitudes qui se noient dans d'innombrables amitiés plus ou moins sincères. Le tourbillon des fêtes fait tourner les têtes et saigner les coeurs malgré les carapaces glacées que certains érigent pour se protéger. Quand on connait l'amitié portée à Marilyn Monroe par Truman Capote, le personnage d'Holly G. ressemble étrangement à cette dernière: une femme adulée, attirante, sexy qui cache une blessure de l'âme et une fragilité émouvante. Holly G. est une petite fille perdue, à la recherche d'un chez-elle, en quête d'elle-même: elle n'est installée que provisoirement dans son appartement où les valises et les cartons servent de commodes ou de tables. Même son chat ne porte pas de nom...Holly ne lui en donnera un le jour où elle aura trouvé son point d'ancrage, le jour où elle se trouvera.
Holly est partie, très jeune, de chez elle pour voler de ses propres ailes: elle deviendra l'épouse d'un vétérinaire texan père de quatre enfants. Elle les quittera sans un regard en arrière, comme elle quitta la maison familiale: sa quête d'elle-même passe par un intense besoin de liberté.
Holly qui parfois a des accès de violence inattendus, comme si son mal-être ne pouvait s'exprimer que dans les cris et la vaisselle cassée. Que sont les fêtes, les noceurs, les dollars quand on est brisé à l'intérieur? D'éphémères palliatifs qui s'enfuient au premier faux pas, au premier déboire, à la première erreur: enfui José, le diplomate brésilien, partis les amis Rusty Trawler et Mag Wildwood, le play boy milliardaire et la copine cover-girl, dès qu'Holly se retrouve compromise dans sa relation avec le mafioso détenu à Sing-Sing! Lorsqu'un ami a maille à partir avec la police, tout ce joli microcosme de fêtards nantis se retrouve aux abonnés absents...les sourires se figent et les appuis partent en fumée, seuls restent la solitude ou le départ vers un ailleurs inconnu et lointain.
J'ai aimé cette Holly déchirée, fragile se cachant derrière ses lunettes noires, aimant les diamants de chez Tiffany mais ne pouvant s'offrir que des cartes de visites. J'ai aimé les présences discrètes mais essentielles de la guitare et du chat sans nom ainsi que l'écriture légère mais acérée de Truman Capote.
Trois nouvelles terminent le recueil: « La maison de fleurs » « La guitare de diamants » et « Un souvenir de Noël ».
« La maison de fleurs » transporte le lecteur à Haïti où Ottilie, à l'accent chantant du Sud, se retrouve seule à la mort de sa mère et après retour en France de son père. C'est l'occasion d'un autre portrait de femme, forte et fragile à la fois surtout quand l'amour s'en mêle. Truman Capote peint les atmosphères fiévreuses des combats de coqs, la présence des esprits, la magie venue de la lointaine Afrique.
« La guitare de diamants » est l'histoire d'une amitié masculine platonique mais aussi celle d'une évasion. L'évasion du monde carcéral grâce à la musique, seul dérivatif au sein du pénitencier pour les bagnards derrière celle effective d'un prisonnier qui abandonnera sa guitare sertie de diamants (que valent des diamants auprès de la liberté? Absolument rien!). Guitare reliant celui qui reste à la terre, la terre si importante, si précieuse pour les gens du Sud (on se rappelle le geste de Scarlett O'Hara serrant une poignée de terre de Tara!).
Enfin, « Un souvenir de Noël », récit empreint d'une immense nostalgie. Le narrateur se souvient du petit garçon, Buddy, de 7 ans qu'il a été et de son amie, une vieille dame, au moment de Noël, période féérique. La nouvelle commence comme un conte, les senteurs épicées de Noël embaument la lecture, le parfum de résine du sapin prend de l'ampleur, les pièces durement gagnées et économisées sont sorties du porte-monnaie...le rituel, annuel, des cakes aux fruits revient. Cette joie dure jusqu'à ce que ce « ceux qui savent tout » séparent le petit garçon et la vieille dame. Une très belle histoire d'amitié entre deux êtres que les années séparent sans pour autant les éloigner l'un de l'autre. Une histoire à l'air et aux senteurs de conte qu'on lit avec tendresse.
Truman Capote dresse des portraits attachants de personnages aux histoires personnelles singulières. Une nostalgie court sous sa plume donnant une douceur pastel au passé: les narrateurs se souviennent de leurs hiers les plus beaux. La quête du bonheur est une entreprise longue et ardue même si les fragances de Noël ou les notes de musique estompent les aspérités du chemin.
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyDim 2 Sep 2007 - 12:38

Grâce au cerclage "De sang froid" m'attend puis je lirai un livre voyageur au fil des blogs "Un été indien"!
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyJeu 6 Sep 2007 - 22:50

J'ai terminé ce soir "Un été indien"
Truman Capote Un_ete10


Un jour, Bobby, le petit garçon de la famille, apprend que ses parents et lui vont partir vivre loin de la ferme familiale et des grands-parents. Son grand-père a un secret à lui confier lorsqu'il reviendra le voir...

Le roman est très court, une cinquantaine de pages, mais d'une intensité extraordinaire. J'ai retrouvé le parfum des nostalgies de l'enfance évoqué dans "Un souvenir de Noël". Ces souvenirs empreints de regrets inavoués mais qui dégagent un parfum suret un tantinet désagréable.
L'amour, l'attachement à la terre sont très présents dans "Un été indien": les descriptions des arpents cultivés avec soin et amour, la rivière où Bobby aime s'isoler ou s'asseoir tout simplement en compagnie de son grand-père. La terre du Sud est une maîtresse que l'on n'oublie pas: elle vous accompagne à chaque instant, à chaque pas que vous accomplissez.
Truman Capote sait exprimer avec tendresse et douceur les déchirures des séparations, les sentiments profonds que l'on n'ose avouer mais aussi peindre avec art les affres d'un jeune garçon arraché à son quotidien.
L'été indien brille de ses couleurs les plus chaudes pour s'éteindre sous la neige qui étouffe les bruits, qui étouffe la distance qui grandit.
Les années passent, le secret est oublié jusqu'à ce que le facteur apporte une lettre. L'émotion est à chaque détour de mot, de phrase et les larmes perlent souvent au coin des yeux.
Le parfum discret, acidulé de l'enfance s'épanouit autour du lecteur pour ne pas le quitter avant la fin de l'histoire...d'ailleurs, il flotte longtemps après avoir refermé le livre: une note étrange se détache et apporte une noirceur au souvenir.
Un petit roman grand par sa force, son émotion intense et son atmosphère attachante. Mais qui peut angoisser par le non retour à la ferme familiale où sont retsés, abandonnés, les grands-parents. Un étrange tissage familial qui laisse perplexe car en opposition totale de l'idée universelle que l'on se fait de la famille. Je ne suis pas mal à l'aise à l'issue de cette lecture mais une tristesse m'a envahie au fil du récit...une étrange sensation qui dérange un peu.
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyLun 10 Sep 2007 - 10:49

Truman Capote est un grand !! J'avais lu 'De Sang-Froid il y a maintenant longtemps et je garde toujours de ce roman une impression vivace, un peu dérangeante comme tu dis Chatperlipopette. J'avais aimé ce livre entre reportage et fiction, d'un témoin qui nous fait vivre les scènes de l'intérieur, avec une telle intensité, alors que lui-même n'a jamais assisté aux meurtres. C'était étonnant.
Plus de souvenirs hélas du 'Petit Déjeuner chez Tiffany' ça fait trop longtemps....
Un regret cependant : que Truman Capote n'ai pas écrit davantage !
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyMar 16 Oct 2007 - 22:20

"De sang froid"



Deux jeunes ex-taulards, Perry et Dick, assassinent, une nuit, une famille bien paisible de Holcomb, Kansas.
Lorsque les enquêteurs arrivent sur place, le spectacle est des plus épouvantables, et rien ne semble indiquer pourquoi un tel massacre a-t-il eu lieu. La famille Clutter est respectable qui ne se connaît aucun ennemi. De plus, chacun sait que Mr Clutter ne garde jamais de grosses sommes d'argent chez lui.
La peur et la méfiance commencent à gagner cette bourgade où tout le monde se connaît: on verrouille les portes à la nuit tombée, on épie le moindre mouvement de l'autre...l'auteur du crime pourrait être un des habitants du comté. La police est sur les dents, le temps passe et aucune piste à suivre. Un maigre indice: une empreinte de botte qu'un cliché fait apparaître alors qu'à l'oeil nu elle était indécelable.
La force du roman et le brio de Truman Capote résident dans la manière de raconter cet horrible fait divers, sa réécriture romanesque qui tient le lecteur en haleine de bout en bout.
Truman Capote met remarquablement en place l'intensité dramatique du récit: il relate les derniers jours des victimes et dresse le portrait des membres de la famille. Famille américaine modèle: une grande famille influente dans le comté, Mr Clutter a des relations et un certain pouvoir moral sur ses concitoyens, il est connu pour son courage, sa pratique religieuse et son intégrité Mme Clutter est l'élément instable de la famille (elle subit une profonde dépression), les petits derniers, Keynon et Nancy, sont des collégiens modèles, participant aux oeuvres de charité, aux activités paroissiales, aux activités culturelles de leur établissement scolaire. Nancy est une amie, une fille et une petite amie parfaite, elle sait participer aux diverses tâches ménagères et est un vrai cordon bleu! Cela étant dit, le crime n'en devient que plus sordide, sauvage, incompréhensible et odieux.
Capote insère, de temps à autre, des instantanés où les meurtriers vaquent à leurs préparatifs, où le lecteur apprend par bribes des aspects de leur vie ce qui permet de se faire une idée de leur caractère, de leurs motivations et de leur vision du monde...une envie de posséder de l'argent pour vivre une vie idyllique au Mexique et s'y faire oublier. Mais c'est aussi une envie de posséder vite et sans effort « Ils attendaient un voyageur solitaire dans une voiture convenable et avec de l'argent dans son porte-billets: un étranger à voler, étrangler et abandonner dans le désert. ».Perry et Dick donnent l'impression d'être des jeunes gens sans histoire mais au fil du récit, leur insensibilité devient de plus en plus frappante et déviante. Le Bien ne paraît plus peser dans la balance face au Mal qui ronge et développe une haine insidieuse vis à vis de la société qui les rejette. L'exécution de la famille Clutter a été orchestrée par leur folie meurtrière les faisant déraper et sombrer dans une violence inouïe. La compassion leur est inconnue, aussi vont-ils jusqu'au bout de leurs actes.
Leur équipée sauvage va les mener jusqu'au Mexique puis en Floride avant de les ramener au Kansas où les événements les précipiteront dans les rets de la justice.
Là encore, Perry et Dick demeurent un mystère pour la société: Dick est issu d'une famille pauvre mais intégrée socialement; Perry, malgré des déboires familiaux, passe pour un jeune homme calme et serviable. Comment une société peut-elle engendrer de tels monstres? Eternelle interrogation que se pose chaque société, chaque génération, sans jamais trouver une réponse satisfaisante. Certes, ils seront punis de mort pour leurs actes épouvantables mais cela laisse une sombre amertume.
Truman Capote n'écrit pas un roman manichéen, bien au contraire: il a écrit un sublime polar, noir à souhait, où les frontières sont si indistinctes, si brumeuses qu'elles peuvent être franchies sans qu'on y prenne garde. Il n'est pas dupe: la société américaine, sous des aspects lisses, religieux, bien-pensants, proprets et transparents, cache une noirceur, régal des auteurs de romans noirs. C'est ce qui fait la force de son roman policier....un de ses romans les plus aboutis et les plus brillants.
Par ailleurs, j'ai retrouvé avec un réel plaisir l'amour de la terre, du terroir, de Capote pour le Sud (ici, sous les traits des terres à blé du Kansas) inoubliable. L'attachement à des racines, à des traditions, à des paysages façonnant les hommes qui y vivent et y travaille la terre. La description du verger des Clutter est absolument magnifique et lorsqu'il est à l'abandon suite au massacre, le lecteur sent combien Capote est touché par cette désolation de la nature. On y retrouve, notamment, les accents d' « Un été indien ».
Une lecture qui m'a enthousiasmée, enchantée par son brio, sa maestria d'écriture dotant les personnages d'une épaisseur psychologique subtile et suffisamment complexe pour ne pas sombrer dans le manichéisme le plus méprisable. Les héros sont des anti héros, des paumés, des âmes, certes en détresse, sombres et parfois sans foi ni loi...or, si on ne les plaint pas, on ne peut totalement les détester. Une balade sanglante dans l'incompréhension du mécanisme régissant la nature humaine, écrite de main de maître!
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyMer 17 Oct 2007 - 0:58

Ravie que De sang froid t'aie plu Chatperlipopette.
C'est très fort et terriblement bien écrit; et comme tu le dis, ce 'nest pas manichéen, Capote ne juge pas mais se "contente" de décrire les faits,d e s'interroger.
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyMer 5 Déc 2007 - 17:14

J'ai lu "De sang froid" et j'ai vraiment bien aimé Wink

Je compte bientôt lire "Petit déjeuner chez Tiffany"
[ Parmi ma liste de nombreux livres à lire Razz ]
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyMer 5 Déc 2007 - 17:49

De Sang-froid est l'autopsie d'un meurtre, ou plutôt d'un quadruple meurtre dans un contexte bien précis : celui d'une famille de fermiers modèles, prospères et méthodistes dans l'état du Kansas en 1959.

Truman Capote s'empare de ce fait divers tragique pour remonter à la source de cette sauvagerie. Quel est le mobile du crime ? A peine quarante dollars ont été volés. S'agit-il plutôt d'un règlement de compte ? Qui sont les assassins ? Des voisins jaloux ? Qu'est-ce qu'un criminel ? Un malade mental ? Quelqu'un au-delà du bien et du mal ? Responsable ou non de ses actes ? Ce criminel mérite-t-il la même sentence que celle qu'il a infligée à ses victimes, à savoir la mort ?

Pendant que les habitants du coin s'enferment à double tour dans leur maison et restent éveillés toute la nuit tant que les tueurs n'ont pas été démasqués, Truman passe des mois dans le Midwest à interroger les témoins, les policiers ainsi que les tueurs dès que ceux-ci ont été identifiés et capturés par les enquêteurs.

Au-delà de l'enquête, Truman décrit également l'Amérique profonde qui ne reconnaît pas ceux qu'elle a engendrés malgré elle.

Loin de tout manichéisme, ce classique de la littérature valut la gloire à l'auteur mais le conduisit également à la dépression, ému et marqué à jamais par sa rencontre avec Perry Smith, l'un des deux assassins.

Extraits :
Citation :
[Perry Smith]
Mon ami Willie-Jay en parlait souvent. Il disait que tous les crimes ne sont que des "variétés de vol". Le meurtre aussi. Quand on tue un homme, on lui vole sa vie.

(…)Tu vois, Don, je les ai vraiment tués.

(…)Et les Clutter n'y étaient pour rien. Ils ne m'ont jamais fait de mal. Comme les autres. Comme les autres m'en ont fait toute ma vie. Peut-être simplement que les Clutter étaient ceux qui devaient payer pour les autres.

(…) Est-ce que j'ai des regrets ? Si c'est ce que tu veux dire, non. Je ne ressens rien. Je voudrais bien. Mais ça me laisse complètement froid. Une demi-heure après que ce soit arrivé, Dick blaguait, et moi, je riais. Peut-être qu'on est pas humains. J'suis assez humain pour m'apitoyer sur moi-même. Je regrette de ne pas pouvoir sortir d'ici quand tu t'en iras. Mais c'est tout.

[Dick Hickock, le deuxième assassin, juste avant d'être pendu]
Je veux simplement vous dire que je ne tiens rancune à personne. Vous m'envoyer dans un monde meilleur que celui-ci ne l'a jamais été.
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyMer 5 Déc 2007 - 18:33

Une question me taraude : quelle aurait été la sentence si ces tueurs avaient été jugés à notre époque ?
On sait que Dick Hickock a eu une commotion cérébrale et que son caractère a changé de tout au tout après l'accident qui a conduit à cette commotion.
Des études actuelles attestent ces changements de personnalité suite à une telle expérience.
Je me rappelle avoir vu un documentaire sur la vie des personnes ayant survécu à une commotion cérébrale.
La personnalité des personnes avait changé de tout au tout, c'était effarant, à un tel point que pas un seul couple n'avait résisté à ce changement de personnalité, le conjoint avait l'impression de vivre avec un étranger tellement ce dernier n'était plus le même. Parfois cela se traduisait par une agressivité extrême, d'autre fois par une indifférence, autant de comportements différents en fonction de la personne ayant subi ce choc.
Aurait-on tenu compte de cette commotion cérébrale en tant que circonstance atténuante ?
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyMer 5 Déc 2007 - 18:57

Citation :
mais le conduisit également à la dépression, ému et marqué à jamais par sa rencontre avec Perry Smith, l'un des deux assassins.
J'avais également été passionnée par De sang froidet par les facultés d'analyse de Truman Capote.
Mais ..après avoir vu le film Truman Capote de Bennett Miller, je me suis posé des questions sur les relations exactes entre Truman Capote et Perry Smith, qui, si le film les montre sans parti pris, sont très troubles. Truman Capote a utilisé les liens créés avec quelqu'un de très fragile pour écrire l'oeuvre de sa vie. Puis l'a abandonné à son triste sort...Ce qui est humain dans un cas pareil, mais bon...

Citation :
Aurait-on tenu compte de cette commotion cérébrale en tant que circonstance atténuante ?
pas dans un état américain pratiquant la peine de mort, je ne crois pas. Il faut vraiment qu'ils soient jugés mentalement irresponsables, or ce n'était pas le cas...
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MessageSujet: Re: Truman Capote   Truman Capote EmptyVen 22 Fév 2008 - 19:04

Truman Capote, Petit déjeuner chez Tiffany

Le narrateur, écrivain vivant à Manhattan, retrouve l’immeuble où il a vécu quelques années auparavant et se souvient de sa rencontre avec Holly Golightly, voisine peu conventionnelle qui deviendra pour lui une amie, un amour platonique passant trop rapidement dans sa vie. Holly est fragile, écervelée et séduisante, elle aime les enfants, les chats, mais pas les oiseaux en cage, elle traîne dans son sillage toutes sortes de personnages peu recommandables et elle possède un sans-gêne et une franchise rares…
A même pas vingt ans, elle a déjà une longue histoire derrière elle, semble s’intéresser surtout aux hommes qui peuvent lui apporter la sécurité matérielle, mais brûle sa vie comme si elle devait disparaître le lendemain.
Quand on sait que Truman Capote a connu Marilyn Monroe, on imagine encore mieux le personnage d'Holly…
J’ai emprunté ce livre en édition bilingue, je l’ai commencé en anglais, mais j’ai eu l’impression de perdre trop de la finesse du récit… j’ai donc terminé en français !
J’avais vu le film de Blake Edwards, titré « Diamants sur canapé » en version française, il y a quelques années et il m’en restait la chanson « Moon River » et pas mal d’images. J’ai retrouvé le même plaisir à la lecture. Le personnage était magnifiquement incarné par Audrey Hepburn dans le film de Blake Edwards, et à la lecture on la revoit sans cesse, avec le plus grand plaisir.
Alors, voir le film d’abord, puis lire le livre, ou le contraire : à vous de choisir ! content
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