Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Augustin d'Hippone (Saint Augustin)

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Bédoulène
colimasson
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colimasson
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MessageSujet: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyVen 15 Mai 2015 - 22:10

Augustin d'Hippone (Saint Augustin) (354-430)

Augustin d'Hippone (Saint Augustin) August10
Augustin vu par Botticelli à Ognissanti (vers 1480)


Biographie:
Citation :
- 354 : naissance à Tagaste dans la province romaine de Numidie (aujourd’hui Souk-Arhas en Algérie), d’une mère chrétienne et d’un père païen.

- Son éducation est entièrement tournée vers l’étude et la foi chrétienne. À 16 ans, il part à Carthage pour y parfaire son éducation. Là, il délaisse la religion pour s’adonner à l’étude de la rhétorique.

- Il n’a pas 20 ans lorsqu’il prend une concubine avec laquelle il a un fils.

- 375 : il enseigne la rhétorique et l’éloquence à Carthage, puis emmène sa famille à Rome. N’y trouvant pas l’emploi qu’il avait espéré, il accepte d’aller enseigner à Milan, où il subit l’influence de l’éloquent évêque de la ville, saint Ambroise. C’est le début de sa conversion, qu’il marque en renvoyant sa maîtresse et son fils. Mais il prend vite une nouvelle femme.

- Il est soudainement frappé par la grâce dans un jardin de Milan, alors qu’il explique à un de ses élèves la lutte intérieure qui le déchire. Il abandonne alors le monde et se retire dans un monastère.

- 387 : Il est baptisé par saint Ambroise.

- 388 : Il retourne en Afrique du Nord, où il devient le défenseur de l’orthodoxie chrétienne, écrivant d’innombrables lettres et sermons contre les hérétiques de son temps et de nombreux traités de philosophie et de métaphysique.

- 395 : Augustin est consacré évêque d’Hippone (aujourd’hui Annaba en Algérie), où il passera le reste de sa vie, un règlement ecclésiastique interdisant le transfert des évêques. Il installe dans sa propre maison une petite communauté fraternelle dont l’exemple est à l’origine de la plupart des règles monastiques.

- 24 août 410 : sac de Rome par les Goths. Augustin va se servir de cet épisode pour commencer à expliquer la signification du christianisme dans l’histoire et celle de l’histoire pour le christianisme « afin de justifier les voies de la Providence, en ce qui concerne la destruction de la grandeur romaine » (ce sera son oeuvre La Cité de Dieu).

- Il meurt, le 28 Août 430 à l’âge de 76 ans à Hippone assiégée par les Barbares.
Source


Liste des Oeuvres : ICI
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyVen 15 Mai 2015 - 22:15

Les Aveux (397), traduction de Frédéric Boyer


Augustin d'Hippone (Saint Augustin) 51swwa10

Saint Augustin n’est pas loin de nous. Il est tout proche et ses préoccupations sont les nôtres. Saint Augustin a écrit et vécu au 4e siècle et à cette époque, comme à la nôtre, il a vu ou cru voir le monde se morceler : les vérités se multiplient, s’affrontent et se contredisent, à défaut de ne pouvoir communier dans une Vérité qui laisserait les esprits en paix. Le 4e siècle fut une période de grande effervescence, douloureuse mais créatrice. Le monde s’ouvre, ses limites s’effacent. Constantinople rivalise avec Rome et l’Empire, que l’on croyait infaillible, se divise suite aux invasions des Wisigoths et des Vandales.


Pour Saint Augustin, l’écriture des Aveux commença après sa conversion au christianisme en 386, suite à une longue période de doutes et une incursion passionnée dans le manichéisme. Il rentre d’Afrique du Nord en 387 et entreprend son œuvre du retour comme une œuvre du voyage à rebours de soi-même. Il n’est pas le premier à raconter ses angoisses, ses ambitions parfois mégalomaniaques, son désir de perfection et son mépris terrorisé d’une vie linéaire et monotone, mais sa grande originalité est de lier cette expression au dialogue divin dans un langage qui frôle parfois l’hérésie, et qui se montre pourtant désespérément soumis. Il renverse la perspective classique du monde ancien lorsqu’il commence à se raconter dans l’ignorance, alors que l’humanité le reconnaissait en tant qu’individu à l’identité affirmée et déterminée, jusqu’à ce qu’il se découvre au fur et à mesure qu’il abandonne toute ambition personnelle, toute caractéristique déterminante –tout ce qui constitue la base d’une identité reconnaissable et stable aux yeux des autres. Comme l’écrit Frédéric Boyer : « Grande leçon bizarre. Renversement de toute la perspective classique du monde ancien. La vie négative devient un argument. Je vis de ne pas vivre. Je cherche quelque chose de ne rien vouloir trouver ».


S’il fallait compartimenter l’expérience de Saint Augustin, la première étape serait celle de l’inquiétante étrangeté. Tout en croyant se connaître, Saint Augustin ne se reconnaît plus. Tout au plus n’a-t-il été qu’un palimpseste d’influences extérieures et déformantes :


« Oui, quoi de plus malheureux qu’un malheureux incapable de plaindre son propre malheur et qui verse des larmes sur Didon morte par amour pour Enée, mais n’a aucune larme pour sa propre mort de ne pas t’aimer ? »  


Suit le temps du doute et des interrogations. Comme dans le Livre de Job, Saint Augustin se précipite parfois près du désespoir lorsqu’il essaie de comprendre l’existence du mal dans un monde censé être parfait grâce à Dieu. Première étape : décentrement du soi dans une optique qui suggère l’existence d’une bonne soupe primitive de laquelle nous serions tous issus et promis à nouveau prochainement :


« Devons-nous davantage craindre l’animosité d’un homme contre nous plutôt que les effets de notre propre haine sur lui ? La destruction d’autrui que l’on persécute est-elle moins grave que la destruction de notre cœur par la haine qu’on lui voue ? »


Seconde étape : renversement des valeurs. Le monde devient compréhensible lorsque Saint Augustin le fait entrer en résonnance avec son univers intérieur. Par-delà le bien et le mal, il nous fait comprendre que ces valeurs ne sont que des jugements subjectifs, donc corrompus, appliqués à une objectivité qui n’est ni bonne, ni mauvaise.


« Je cherchais d’où vient le mal. Je cherchais mal. Je ne voyais pas que le mal était dans mon investigation même. »


Saint Augustin abandonne ce qu’il croyait être sa liberté de fanfaron scandaleux et croit ainsi accéder à une plus grande liberté : celle de ne plus dépendre du jugement d’autrui dans ses agissements. Saint Augustin raconte le tournant de son existence où, plutôt que de céder à la fatigue d’une contrefaçon de soi, il renonce aux obligations du monde extérieur pour s’atteindre et pour atteindre Dieu –à moins que les deux ne soient confondus.


« Prisonnier, j’aurais mimé une liberté mutilée en transgressant délibérément un interdit, sombre parodie de toute-puissance. »


C’est le monde comme théâtre que Saint Augustin condamne. Une première étape vers la vraie liberté est franchie à condition de quitter la caverne des ombres de Platon :


« J’étais captivé par le théâtre, ses représentations étaient remplies des images de mon malheur et du combustible de mes passions. »


Même s’il ne s’exprime pas en ces termes, Saint Augustin semble expérimenter des expériences décisives de synchronicités avec des yeux d’hallucinés. En se détachant de lui-même, il parvient enfin à reconnaître les coïncidences signifiantes de son existence, comme en atteste par exemple ce récit de conversion. L’événement ne pouvait avoir de sens pour personne d’autre que pour Saint Augustin, qui s’y reconnut aussitôt :


« Une voix d’enfant, garçon ou fille, je ne sais plus. Attrape et lis. Attrape et lis. Aussitôt mon visage a changé. Perplexe. Etait-ce une rengaine quelconque que les enfants avaient l’habitude de chanter en jouant ? Non. Ça ne me disait rien. J’ai refoulé mes larmes et je me suis redressé. Ne doutant pas qu’il s’agissait d’un ordre divin qui me demandait d’ouvrir le  codex et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais. J’avais entendu dire qu’Antoine, au hasard de la lecture de l’évangile, en avait retiré un avertissement, comme si ce qui était lu alors lui avait été adressé.
[…]

Pas de ripailles ni de saouleries, pas de coucheries ni de débauches, pas de querelles ni de jalousies. Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ. Ne faites pas vôtres la préoccupation de la chair qui vous jette dans des désirs fous.

Je n’ai pas voulu en lire davantage. Ce n’était pas nécessaire. A l’instant même où je finissais cette phrase, ce fut comme si une lumière réconfortante se déversait dans mon cœur. Et toutes les ombres du doute se sont évanouies. »



Saint Augustin aurait-il également eu l’intention de l’existence d’un inconscient collectif ? Il reconnaît en tout cas l’importance des archétypes et la force du lien symbolique qui relie chaque membre de l’humanité lorsqu’il se demande pourquoi certaines images plus que d’autres réalisent une force d’impression décisive en lui : il reconnaît ce qu’il n’avait jamais connu après n’avoir plus reconnu ce qu’il avait connu depuis sa naissance.


« Ce ne sont pas leurs images que j’ai cachées dans ma mémoire mais les choses elles-mêmes. Comment ont-elles fait pour entrer en moi ? […] Je n’ai pas appris ces choses en me fiant à un autre cœur. C’est dans mon propre cœur que je les ai reconnues et que j’ai fait la démonstration de leur vérité. Je les ai confiées à mon cœur en dépôt. […] Donc elles étaient déjà dans mon cœur alors que je ne les avais toujours pas apprises, mais sans être encore dans ma mémoire. Mais alors d’où viennent-elles ? et pourquoi à leur simple énoncé, ai-je immédiatement acquiescé et dit : c’est bien ça, c’est vrai ? Est-ce parce qu’elles étaient déjà dans ma mémoire, mais enfouies si loin, si profondément, comme dans des crevasses ultrasecrètes, que je n’aurais peut-être pas pu les penser si quelqu’un ne m’avait pas engagé à les en extirper ? »


Ses Aveux s’achèvent par une exhortation à l’abandon, à cette pauvreté matérielle et spirituelle qui fait souvent horreur aux détracteurs du christianisme et que certains, comme Nietzsche, ont pu considérer comme l’aveu d’une déficience constitutive. Nietzsche avait-il lu Saint Augustin ? Il aurait découvert une forme de puissance qui, sans être strictement celle qui parcourt ses textes, est aussi fière, résistante et terrible que la sienne. La force de Saint-Augustin est celle d’un Zarathoustra qui a renoncé à ses illusions et qui renonce à la réalisation d’un surhomme terrestre, non pas par faiblesse mais par tranquillité. A l’un la colère, à l’autre la résignation apaisée et cette douceur dont témoigne Onésiphore dans une Lettre aux Philippiens:


« J’ai appris à me contenter de ce que j’ai, en toute situation. Je sais vivre avec rien, et je sais aussi avoir beaucoup. J’ai toujours su, en toutes circonstances, être ou rassasié ou affamé, ou recevoir beaucoup ou n’avoir rien. Je suis capable de tout avec celui qui me rend fort. »


La plongée dans cette déambulation intérieure est palpitante, elle nous fait souffrir avec intensité avant de nous proposer une alternative de repos qui n’est pas monotone pour autant.  Saint Augustin ne cherche pas à exprimer le chemin vers la connaissance de soi : ses aveux sont le changement ou, comme l’écrirait Conrad : ils sont « la traversée de l’ombre sinistre de la connaissance de soi ». Etape fondamentale pour le christianisme qui divinise la médiation entre Dieu et l’humanité.


Le récit est vivant et souffrant comme la vision d’un Christ crucifié, et c’est l’expérience que doit connaître tout individu qui sent que son existence n’est pas contingente. Son œuvre est celle de l’exil : Saint Augustin quitte sa terre de culture et revient pour remarquer que rien n’est semblable. En lui, le même processus opère. De quoi peut-on être certain lorsqu’on peut ne plus se reconnaître, se chercher longtemps et se trouver par surprise ?


Frédéric Boyer n’a pas voulu conserver le titre bien connu des Confessions et pour se démarquer de la traduction classique d’un Joseph Trabucco, il propose le titre des Aveux. Ce n’est pas une coquetterie de sa part : sa lecture de Saint Augustin détonne. Fini de lire ses écrits comme s’ils appartenaient à un temps révolu, séparés du notre psychologie, de nos préoccupations et de nos troubles existentiels par une barrière qui est finalement plus langagière que temporelle. Frédéric Boyer exprime clairement son projet :


« Notre devoir est de lire aujourd’hui les vieux textes le plus directement, le plus simplement possible comme si ces textes venaient tout juste de nous tomber entre les mains. Comme si ces très vieux textes avaient été écrits la veille, la nuit même, par nos propres enfants. »


Sa démarche est osée. On pourrait crier au sacrilège. Il substitue la période noble d’une réflexion essentiellement intellectuelle à l’expression hachée et scandée du trouble émotionnel. Voici un passage traduit par Joseph Trabucco dans la version classique des Confessions :


« Où vont, où fuient loin de vous ces hommes sans repos et sans équité ? Vous les voyez ; votre regard perce leurs ténèbres ; laideur obscure qui fait ressortir la beauté de l’ensemble. Quel mal ont-ils pu vous faire ? »


Et le même passage dans la version moderne des Aveux de Frédéric Boyer :


« Ils s’en vont, ils fuient. Ennemis inquiets.
Tu les vois, tu distingues leurs ombres.
Pour eux tout est beauté mais eux sont ignobles.
Quel tort t’ont-ils fait ? »



Moins noble mais plus poétique, arrachée au corps souffrant, plus proche de nous et comme ancrée dans l’esprit d’un Saint Augustin isolé, face-à-face avec lui-même, les siècles qui le séparent de notre lecture deviennent dérisoires. Il souffre comme d’autres ont souffert avant lui, comme nous souffrons aujourd’hui et comme nous souffrirons demain, et il témoigne de cette grande richesse vitale qui fait que nous ne baisserons jamais les bras pour donner du sens à nos tourments.


Augustin d'Hippone (Saint Augustin) Zdzisl10

Citation :
« Je ne t’aimais pas et je me prostituais loin de toi.
Se prostituer c’est entendre partout : vas-y, vas-y.
Aimer ce monde, c’est se prostituer loin de toi. »


Citation :
« Je cherchais quoi aimer, aimant aimer. Je haïssais la sécurité, les chemins sans traquenards.
Au fond de moi j’étais affamé. »


Citation :
Citation :
« Ma cupidité faisait que tout en ne voulant pas te perdre, je voulais en même temps avoir toi et le mensonge. »


Citation :
« Nous n’avons d’autre volonté que d’atteindre un plaisir sans risque –ce que le mendiant possède déjà et que nous ne posséderons peut-être jamais. »


Citation :
« Les hommes se laissent impressionner par la hauteur des montagnes, les vagues géantes de la mer, le cours majestueux des fleuves, le contour des océans et la carrière des astres… et devant eux-mêmes, rien. Ils ne s’étonnent même pas que je puisse parler de toutes ces choses sans les voir ! »


Citation :
« Personne ne veut dormir toujours. Tout homme sensé préfère l’état de veille. Mais d’ordinaire, il tarde à s’arracher du sommeil quand la torpeur alourdit ses membres, et malgré le désagrément il y prend plus de plaisir encore, même si le réveil a sonné. »


Citation :
« Folie qui ne sait pas aimer les hommes avec humanité.
Homme stupide qui souffre à l’excès d’être homme.
C’était moi.
Feu, soupirs, pleurs, agitation.
Jamais de repos ni de recul.
Je portais mon âme déchiquetée et sanglante qui ne souffrait plus que je la porte. […] L’horreur était partout. »


Citation :
« Malheur aux bonheurs du monde. Une fois, deux fois. On a peur de l’épreuve. La joie est pourrie.
Malheur aux épreuves du monde. Une fois, deux fois, trois fois. On désire le bonheur. Dures épreuves. Le seuil de tolérance est brisé.
La vie humaine sur la terre est une provocation. Jamais de répit. »



« Pourquoi me tourmenter comme si c’était à moi d’éclairer chaque homme venant au monde ? »
Jean, 1-9


*Peinture de Zdzislaw Beksinski
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptySam 16 Mai 2015 - 7:37

Un homme plus qu'un Saint ??
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tom léo
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptySam 16 Mai 2015 - 9:44

Bédoulène a écrit:
Un homme plus qu'un Saint ??

Mais, chère Bédoulène, un homme vraiment homme est un Saint, et un Saint vraiment saint reste un homme. Nous juxtaposons trop souvent... Bien sûr qu'Augustin était un homme, avec des désauts et tout. Néanmoins...
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GrandGousierGuerin
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptySam 16 Mai 2015 - 11:24

Coli, comptes-tu lire la Cité de Dieu ?
Le volume de l’œuvre m'effraie un peu ...
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptySam 16 Mai 2015 - 12:35

colimasson a écrit:
Sa démarche est osée. On pourrait crier au sacrilège. Il substitue la période noble d’une réflexion essentiellement intellectuelle à l’expression hachée et scandée du trouble émotionnel. Voici un passage traduit par Joseph Trabucco dans la version classique des Confessions :


« Où vont, où fuient loin de vous ces hommes sans repos et sans équité ? Vous les voyez ; votre regard perce leurs ténèbres ; laideur obscure qui fait ressortir la beauté de l’ensemble. Quel mal ont-ils pu vous faire ? »


Et le même passage dans la version moderne des Aveux de Frédéric Boyer :


« Ils s’en vont, ils fuient. Ennemis inquiets.
Tu les vois, tu distingues leurs ombres.
Pour eux tout est beauté mais eux sont ignobles.
Quel tort t’ont-ils fait ? »



Moins noble mais plus poétique, arrachée au corps souffrant, plus proche de nous et comme ancrée dans l’esprit d’un Saint Augustin isolé, face-à-face avec lui-même, les siècles qui le séparent de notre lecture deviennent dérisoires. Il souffre comme d’autres ont souffert avant lui, comme nous souffrons aujourd’hui et comme nous souffrirons demain, et il témoigne de cette grande richesse vitale qui fait que nous ne baisserons jamais les bras pour donner du sens à nos tourments.

Eant et fugiant a te inquieti iniqui. Et tu vides eos et distinguis umbras, et ecce pulchra sunt cum eis omnia et ipsi turpes sunt. Et quid nocuerunt tibi ?

Je ne vois pas le sacrilège, ni l'audace : c'est tout simplement une traduction plus littérale (quoique discutable), rien de plus.
Quant au titre, Aveux, on dira ce qu'on voudra : c'est un coup de com'.

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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptySam 16 Mai 2015 - 13:49

Cher TOM me faudrait des précisions quant à un homme vraiment homme ! intense reflexion sourire
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyLun 18 Mai 2015 - 22:00

GrandGousierGuerin a écrit:
Coli, comptes-tu lire la Cité de Dieu ?
Le volume de l’œuvre m'effraie un peu ...

Hum... chaque chose en son temps. Me sens pas prête dentsblanches

Sullien a écrit:
colimasson a écrit:
Sa démarche est osée. On pourrait crier au sacrilège. Il substitue la période noble d’une réflexion essentiellement intellectuelle à l’expression hachée et scandée du trouble émotionnel. Voici un passage traduit par Joseph Trabucco dans la version classique des Confessions :


« Où vont, où fuient loin de vous ces hommes sans repos et sans équité ? Vous les voyez ; votre regard perce leurs ténèbres ; laideur obscure qui fait ressortir la beauté de l’ensemble. Quel mal ont-ils pu vous faire ? »


Et le même passage dans la version moderne des Aveux de Frédéric Boyer :


« Ils s’en vont, ils fuient. Ennemis inquiets.
Tu les vois, tu distingues leurs ombres.
Pour eux tout est beauté mais eux sont ignobles.
Quel tort t’ont-ils fait ? »



Moins noble mais plus poétique, arrachée au corps souffrant, plus proche de nous et comme ancrée dans l’esprit d’un Saint Augustin isolé, face-à-face avec lui-même, les siècles qui le séparent de notre lecture deviennent dérisoires. Il souffre comme d’autres ont souffert avant lui, comme nous souffrons aujourd’hui et comme nous souffrirons demain, et il témoigne de cette grande richesse vitale qui fait que nous ne baisserons jamais les bras pour donner du sens à nos tourments.

Eant et fugiant a te inquieti iniqui. Et tu vides eos et distinguis umbras, et ecce pulchra sunt cum eis omnia et ipsi turpes sunt. Et quid nocuerunt tibi ?

Je ne vois pas le sacrilège, ni l'audace : c'est tout simplement une traduction plus littérale (quoique discutable), rien de plus.
Quant au titre, Aveux, on dira ce qu'on voudra : c'est un coup de com'.


Je trouve ça osé dans le sens où il ne porte pas Saint Augustin sur le piédestal auréolé de gloire divine de "l'ancien temps". La traduction de Boyer a du rythme, de la vivacité. On a l'impression que Saint Augustin est en chair et en os et ses désirs sexuels et sensuels sont saisissants. Ce que je n'ai pas retrouvé dans la traduction de Joseph Trabacco, par exemple.

Je ne vois pas en quoi Les aveux ferait plus marketing que les Confessions...
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyLun 18 Mai 2015 - 22:08

ça sonne un peu plus Tribunal (aïe) quand même les Aveux.


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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyLun 18 Mai 2015 - 22:54

colimasson a écrit:
Je trouve ça osé dans le sens où il ne porte pas Saint Augustin sur le piédestal auréolé de gloire divine de "l'ancien temps". La traduction de Boyer a du rythme, de la vivacité. On a l'impression que Saint Augustin est en chair et en os et ses désirs sexuels et sensuels sont saisissants. Ce que je n'ai pas retrouvé dans la traduction de Joseph Trabacco, par exemple.
Il n'y a rien d'osé puisqu'il est plus proche d'Augustin que Trabucco, en l'occurrence.
Traduire, ce n'est pas momifier un texte, ni en faire sentir inutilement l'antiquité. Surtout quand il est d'une grande modernité. Rolling Eyes
Le scandale (la belle infidèle), c'est Trabucco.

Citation :
Je ne vois pas en quoi Les aveux ferait plus marketing que les Confessions...
Coup de communication au sens où il s'agit surtout de faire autre pour se faire voir (entendre).
L'intérêt sémantique est très léger pour ne pas dire inexistant ; il y a même une légère perte de sens entre "aveu" et con-fessio.
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyMer 20 Mai 2015 - 12:32

GrandGousierGuerin a écrit:
...la Cité de Dieu ?
Le volume de l’œuvre m'effraie un peu ...
Il n'y a pas que le volume qui effraye à priori,
Il y a aussi la certitude de lire sans tout comprendre.
Je me permets de conseiller la traduction de Louis Giry (La première) qui a possiblement mal vieilli (et probablement devenue infuportable à lire...:apeur: ) mais qui, à mes yeux, possède le mérite de l'honnêteté.
Giry a bien perçu la portée des passages versifiés et si bien réalisé qu'il ne saurait la rendre par sa traduction qu'il a "refilé le bébé" à son pote... Jean de La Fontaine.

Ce n'est malheureusement pas la version disponible sur Gallica ni celle retenue sur la plupart des sites qui la proposent en téléchargement libre.
Je ne l'ai pour ma part trouvée qu'en books.google il y a des coupes certes pour l'accès gratuit mais... l'avantage final du volume effrayant est que... après les coupes... il en reste encore pas mal à lire... Twisted Evil
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyMer 20 Mai 2015 - 16:08

Sullien a écrit:
Citation :
Je ne vois pas en quoi Les aveux ferait plus marketing que les Confessions...
Coup de communication au sens où il s'agit surtout de faire autre pour se faire voir (entendre).
L'intérêt sémantique est très léger pour ne pas dire inexistant ; il y a même une légère perte de sens entre "aveu" et con-fessio.

C'est ce qui m'a sauté aux yeux toute de suite, mais en pensant qu'il y a même une grande perte de sens: le mot confession en latin à plusieurs sens que le mot aveux n'a pas (autant que je sache?!). Dans l'original cette "confession" est au moins à entendre sur trois niveaux différents:

- un aveux de fautes éventuelles
- la proclamation (faire une confession de foi!) d'une certaine foi
- louer, chanter Dieu

et...? Je trouve cela plus riche qu'un "aveu" qui me semble trop moralisant? Et pratiquemment "contre son gré"?

Mais là, certainement, comme non-Français je n'arrive pas à saisir toutes les implications?
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyMer 20 Mai 2015 - 21:34

Vous m'avez convaincu du coup marketing du titre mais pour le reste... la traduction de Boyer m'a beaucoup plu.
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyJeu 21 Mai 2015 - 13:29

colimasson a écrit:
Vous m'avez convaincu du coup marketing du titre mais pour le reste... la traduction de Boyer m'a beaucoup plu.

Mais je suis d'accord, colimasson (décidément, je suis très confus). Ce que je conteste, c'est qu'il y ait "scandale" ou "sacrilège" puisque Boyer est plus proche du texte ! :)
Le choix des phrases courtes ne me gêne pas outre mesure ; nous sommes aujourd'hui plus sensibles à la poésie du bref, contrairement aux Anciens qui ne supportaient pas la juxtaposition. C'est une question de "degré zéro de l'écriture" disons...
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MessageSujet: Re: Augustin d'Hippone (Saint Augustin)   Augustin d'Hippone (Saint Augustin) EmptyLun 25 Mai 2015 - 21:00

Ah oui... alors sacrilège seulement par rapport à ma pensée stéréotypée qui assimilait textes anciens et manque d'accessibilité.
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