Sandra Jayat est née de parents tziganes en 1940 entre la frontière italienne et française. À l’âge de 15 ans, fuyant le mariage qui lui est imposé par la tradition, elle quitte son campement tzigane pour rejoindre Django Reinhardt, son cousin. Arrivée à Paris, elle peint pour subvenir à ses besoins. Herbes Manouches, son premier recueil de poèmes, paraît en 1961 illustré par Jean Cocteau, suivi par un deuxième opus Lunes nomades aux Éditions Seghers. En 1972, elle fait paraître un disque dans lequel elle lit ses poèmes, accompagnée par des musiques originales de Django Reinhardt. Au début des années 70, elle commence à exposer aux galeries Ades et Castiglione de Paris. Dès 1983, elle participe à la Biennale des Beaux-Arts du Grand Palais, et devient en 1985 présidente de la première Mondiale d’Art Tzigane à la Conciergerie de Paris. En 1991, le Musée d’Art Sacré de Venise lui consacre une exposition-rétrospective (1977-1991), par la suite elle est exposée au Musée d’Art Moderne de Pékin, au Jacob Jarvis Center de New York, au Musée d’Herzliya en Israël et à Paris à la galerie du Carrousel du Louvre, à la galerie Furstenberg, à l’église de la Madeleine et au Musée Bourdelle. Fervente promotrice de la culture tzigane à travers le monde, son œuvre artistique a été distinguée par de nombreux prix. Chevalier de la Légion d'honneur, elle est membre de la Société nationale des beaux-arts et de la Société des gens de lettres. Sandra Jayat vit à Paris. Ses toiles sont exposées de façon permanente à la galerie BernArt à Anvers.
• La Zingarina ou l'herbe sauvage, Paris, Max Milo, 2010 (ISBN 9782353410972)
• Les Racines du temps, Cergy-Pontoise, Éd. Points de suspension, 1998 (ISBN 2-912138-08-6)
• El romanes, Paris, Magnard, 1986 (ISBN 2-210-97106-3)
• La Longue Route d'une Zingarina, illustrations de Giovanni Giannini, Paris, Bordas, 1978 (ISBN 2-04-010116-0)
4ème de couverture :
Stellina, Tzigane à l’âme sauvage, libre, trace son destin étincelant entre une fuite et une quête éperdues. La fuite : à quinze ans, sa famille souhaite la marier selon la tradition. Elle prendra la route, seule, pour échapper à cet enfermement, traversant la frontière italienne avec la détermination du feu follet. La quête : celle de l’ombre inspiratrice d’un grand cousin qui a su lui aussi tracer sa constellation au-dessus des horizons du passé – Django Reinhardt le magicien de la guitare. Sur ses traces, au fil des lignes sauvages et bleues, la Zingarina atteindra la capitale française et son éden artiste.
Stellina a des yeux pour voir par-delà les apparences. Elle peint et elle apprend à écrire en couchant des vers sur des bouts de papier. Jean Cocteau, Marcel Aymé, Philippe Soupault, Henri Mahé, Lucette Destouches-Almanzor, ces statues vivantes sauront entendre et discerner le talent de la Tzigane, qui deviendra leur écho musical.
Un roman d’inspiration autobiographique qui nous replonge dans la grande époque des années cinquante, si proche et si lointaine qu’on la croirait imaginaire. Par sa plume onirique, Sandra Jayat nous offre une confidence sublime et humble comme un murmure.
Mon appréciation :
Plus qu’un coup de cœur, ce livre est une rencontre. Une rencontre sur l’étal du libraire, comme parfois cela arrive ; un livre qui vous attire : une jolie couverture, une maison d’édition pas très connue, une maquette agréable, un papier doux comme une caresse.
Un coup de cœur avant d’être lu ; un coup de coup de cœur une fois terminé. Un livre qui laisse une trace, qui répand un souffle de liberté, d’esprit bohème et d’insouciance.
Un livre revigorant par des temps moroses et angoissants.
Sandra Jayat, retrace sous les traits de Stellina, son propre parcours de jeune fille Tsigane refusant le destin déjà tracé pour elle par sa famille, et, qui le jour de son mariage quitte tout derrière elle, avec pour seul bagage son ours en peluche, quelques perles bleues, et les paroles de son grand père qui la suivront à jamais.
" N’oublie pas, petite, une Zingarina ne montre jamais ses larmes quand elle est triste : elle se redresse et elle danse. " p42
"Si tu ne sais où tu vas, n’oublie jamais d’où tu viens." p 26
Elle s’en va avec pour seul objectif : rejoindre un cousin de son père, Django Reinhardt à Paris. Mais je n‘en dis pas plus………..
Stellina, est une jeune fille rebelle qui porte en elle tout la fierté tzigane, et défend jalousement sa liberté.
"Je voudrais avoir le pouvoir de ma transformer en herbe sauvage pour grandir librement" p28
" Ne cache jamais tes origines, n’oublie pas t’es traditions, soutient ta liberté ; sois fière d’être du voyage."p58
"Nous ne sommes pas des sauvages, mais des civilisés d’une autre civilisation. Nous ne sommes ni supérieurs ni inférieurs au reste de l’humanité. Nous sommes différents, c’est tout !" p103
L’écriture est magnifique ; le livre regorge de petites phrases plus belles les unes que les autres. Il m’a été difficile d’en choisir quelques unes, plutôt que d’autres.
Sandra Jayat, est poétique, et onirique. Le rythme est soutenu,, dynamique comme la musique tzigane.
Seules 3 parties composent ce roman, 3 parties inégales qui correspondent aux étapes de son voyage. Chaque partie est librement écrite, je dirais presque improvisée, comme savent le faire les jazzmen.
Ce livre est à lui seul une invitation au voyage au cœur de l’âme tzigane, loin des clichés, et des propos désobligeants.