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 Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes

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shanidar
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Marie
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyMer 11 Mai 2011 - 3:52

Citation :
j'ai été surpris par la comparaison avec l'Algérie et je me demande si cet exemple est présent dans toutes les traductions ou simplement la traduction française, une façon de personnaliser le récit
il l'a écrit en français, Igor et a même refusé de le traduire lui-même en anglais , pourtant sa langue maternelle. Il est de nationalité française,je crois qu'il a fait une demande de nationalité plusieurs fois sans succès ( son père, Robert Littell, vit en France) , et que le succès des Bienveillantes a aidé! Je pense quand même qu'avoir parlé de chiffres au sujet de la guerre d'Algérie n'a rien d'anodin..

Allemande I et II sont des chapitres d'une dureté presque intenable, j'ai failli plusieurs fois m'arrêter.
Citation :

Nous sommes confrontés à des hommes formatés, fanatisés, obéissants à une politique de la grandeur, de la revanche, de la sauvegarde. Il y a là un grand écart morale à produire pour pouvoir ne serait-ce qu'imaginer un court instant la vie intime de ces héros-là.

Citation :
Sa décision a été prise une bonne fois pour toute et il s’y tiendra : avancer, continuer, obéir.
Oui, mais pourquoi..uniquement par obéissance? ll me semble bien que déjà dans ces pages là, il constate qu’on peut tuer ou ne pas tuer, au nom de l’Etat nazi, sans encourir forcément de blâme. Et qu'il aurait pu demander à partir et à quitter le Sonderkommando, et que cela ne lui aurait posé aucun problème. A son niveau et à son grade, personne ne l'obligeait à accomplir de tels actes. C'est là que j'ai commencé à me dire que le Frères humains, qu'auriez-vous fait à ma place,je suis un homme comme vous etc, tout cela commençait à être un peu suspect..
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Igor
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyMer 11 Mai 2011 - 8:12

Merci Marie pour cette précision. Je pensai que Littell était américain...

J'en ai jusqu'à présent lu une centaine de pages et je remarque le soin pris à présenter Aue comme une personne pondérée, sans aucun fanatisme et clairvoyante, ce qui lui vaut d'être laissé sur la touche par sa hiérarchie. D'ailleurs, les allemands sont à ce stade une force qui libère les ukrainiens tout en les laissant régler leurs comptes. On sent bien que ça les arrange et leur permet de répondre aux souhaits des dirigeants nazi sans se mouiller. A vous lire, ça va changer!
Cette partie du récit fonctionne bien comme une danse processionnelle où le rythme est progressif.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyMer 11 Mai 2011 - 9:13

Je me demande même si J. Littell n'avait pas la nationalité belge avant d'obtenir la nationalité française. Quoi qu'il en soit, sa femme est belge et il se serait inspiré Léon Degrelle, fasciste wallon collaborationniste, pour l'écriture des bienveillantes. Il publiera ensuite Le sec et l'humide sur ce même Léon Degrelle, qui est une sorte d'essai psychanalytique sur le fascisme. Intéressant même si parfois très limite au niveau de la vulgarité, disons qu'il aurait pu s'abstenir d'écrire quelques phrases vraiment "de trop".
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shanidar
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyMer 11 Mai 2011 - 10:13

Complètement ubuesque le passage durant lequel les officiers cherchent à échapper à l' Aktion qui se prépare à Lutsk (une Aktion de représaille, pour un allemand tué il faudra 100 juifs morts, la loi du Talion en quelque sorte). Les questions d'organisation se font de plus en plus pressantes (comment trouver les juifs ? il suffit d'afficher une demande de réquisition...), tout cela parait presque surréaliste.

Aue parle de ces doutes : lors de l'Aktion, des 'innocents' seront tués : est-ce un mal pour un bien... doit-on obéir sans broncher aux ordres d'une hiérarchie fantôme et bureaucrate ? Aue incline à dire 'oui', par 'devoir', par 'honneur'.

En tout cas il est envoyé à Lemberg, où nous découvrons de l'intérieur l'Ukraine. Une Ukraine décrite comme oeucuménique, à travers une déambulation dans la ville, qui conduit le narrateur d'une église catholique à une église arménienne, d'un monastère dans lequel un petit musée des religions se visite à une cathédrale. A chaque endroit, les juifs sont évoqués mais jamais Dieu. Aue, qui est plutôt disert sur ses réactions et pensées, ne nous donne pas son sentiment sur la religion (pourtant il est bien là le noeud du fascisme, le problème est bien le Juif), il ne s'exprime pas sur sa religion, sur ses croyances, comme si Dieu le dépassait, ne le touchait pas, ne l'intéressait pas. Seule la vision de deux squelettes enlacés éveille en lui un peu d'humanité : il pense à sa soeur... L'inceste n'est pas loin. J'ai le sentiment qu'à chaque fois que Aue a une réaction un peu 'humaine', elle tend immédiatement vers le sordide, l'abject ou l'indéfendable...
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyMer 11 Mai 2011 - 13:38

shanidar a écrit:

A chaque endroit, les juifs sont évoqués mais jamais Dieu. .

Il est bien clair que la religion n'a rien à voir là-dedans, que pour les nazis, c'est un problème de « race ».

shanidar a écrit:
J'ai le sentiment qu'à chaque fois que Aue a une réaction un peu 'humaine', elle tend immédiatement vers le sordide, l'abject ou l'indéfendable...

Ou alors, ils s'en démarque ensuite, comme pour le jeune garçon pianiste juif que tous les soldats allemands ont pris en affection, et pour qui Aue a commandé des partitions. Il reçoit après la mort du jeune garçon et considère rétrospectivement qu'il a été bien absurdement futile et sentimental.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyMer 11 Mai 2011 - 13:48

On a l'impression qu'on est arrivé au comble de l'horreur, mais non, on peut encore faire pire. La pression monte, les horreurs accumulées, la fatigue, les petites rivalités entre officiers, l'hiver qui approche et les équipements qui ne suivent pas… En outre, les partisans sont de plus en plus actifs et les attentats se multiplient. La violence se déchaîne : on ne pratique plus seulement les Actions comme on le faisait au début, un peu discrètement, pour ne pas effaroucher les populations, et rendre les massacres plus aisés. On multiplie les mesures de répression : on fusille, on pend, on expose les cadavres pour mieux faire régner la terreur.
De son côté, Aue réalise bien qu'on va à l'impasse, il commence à s'interroger sur l'éventualité d'une défaite, sans pourtant remettre en cause son indéfectible obéissance. Il semble rester très sûr de lui, mais son corps parle pour lui : des colères incompréhensibles pour une tache sur son uniforme, des sanglots, des quintes de toux, des vomissements incoercibles.
Contre son gré, on lui impose des « vacances » en Crimée. Cela va lui permettre de souffler (à nous aussi peut-être) et, je l'espère de réfléchir, prendre du recul et analyser.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 7:42

Je vous suis sur Les Bienveillantes, appréciant de pouvoir entamer cette lecture longtemps après en avoir entendu parler. Il est intéressant d'avoir oublier les vagues que le roman avait déchaînées, même si cette mer de "batailles" n'est pas des plus calmes. J'ai presque envie de relire une seconde fois l'introduction : la prise de contact avec le narrateur qui s'adresse directement au lecteur met très mal à l'aise et je reste interloquée d'être prise à partie par des chiffres plus contemporains de "notre" guerre d'Algérie et par cette certitude énoncée qu'il est -qu'il fut un homme comme les autres. Il fait froidement les comptes en quelques opérations où l'humain n'a déjà plus sa place. Passé Toccatas et précisions données sur les pogromes ukrainien réalisés par la population ukrainienne elle-même, je comprends que l'on pense aux Disparus où les massacres précèdent aussi les aktions "officielles". Le comble : voir fuir les officiers allemands à qui cela semble donner envie de vomir.
Scène burlesque de l'officier pétant les plombs : quelque chose d'humain semble être parvenu à le toucher. Rapatrié, il finira sans doute en psychiatrie et j'imagine que ceux qui restent sur place, ceux qui vont prendre le relais, seront les plus "endurcis".
Je m'étais toujours interrogée sur ce titre Marie : les Bienveillantes et j'ai hâte de trouver un début de réponse...
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 7:54

Babelle a écrit:
Je m'étais toujours interrogée sur ce titre Marie : les Bienveillantes et j'ai hâte de trouver un début de réponse...

il te faudra de la persévérance,Babelle, je crois me souvenir que l'explication est vraiment à la dernière ligne du roman.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 10:53

Cinquante pages suivant la 100° (édition de poche), les choses se précisent. Les nazi encouragent les populations locales aux pogroms et mettent la main à la patte pour une meilleure efficacité.
Petit flashback durant lequel le narrateur nous révèle les conditions de son engagement dans une faction ss: sicherheitsdienst. Suite à une sombre affaire où arrêté et suspecté d'homosexualité, risquant une enquête menée par un inquisiteur que ce penchant répugne, il est récupéré par Thomas, un responsable de la SP, plus pragmatique et considère comme une victoire de se sortir de ce mauvais pas "le cul encore plein de sperme".
Retour au moment de l'action qui poursuit sa progression inexorable dans l'horreur, les juifs sont éliminés parce qu'ils sont juifs, et même parfois tout simplement pour faire de la place, les accompagnent alors les malades mentaux: l'armée à besoin d'un habitat! Point grotesque et terrible: lors du creusement de fosses, un manque de place apparaît, les bolcheviques ont procédé comme eux quelques temps plus tôt. Peut être une façon de se dédouaner pour poursuivre cette abominable besogne.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 11:41

Deux mots ont parcouru ma nuit : hypocrisie et maladresse. Appeler Aktion ou représailles ce qui s'appelle assassinat, passer du problème médical à un problème politique (en se qui concerne les homosexuels comme les aliénés : une fois dehors ces populations sont dangereuses), utiliser les Ukrainiens pour faire le sale boulot en attendant de passer à l'acte, laisser la Wermacht endosser la responsabilité des crimes... etc... etc... Le narrateur semble nous laisser entrevoir une longue liste d'hypocrisies, d'euphémismes, avec pour tout constat (passablement ironique) : on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs ou pire encore ce n'est pas parce que j'aime la viande que je voudrais travailler dans un abattoir... Certes.

Le mot suivant est maladresse, comme si cette maladresse des assassins justifiait qu'ils passent à une seconde étape dans l'extermination des populations à risque (bolchéviques, malades mentaux, homosexuels, tziganes et juifs...). On le voit bien, la SS a un problème d'organisation, pas assez de soldats pour faire l'horreur, on est obligé de descendre dans les fosses pour achever les mourants, si on tire dans la tête ça éclabousse, bon. Il faut trouver des solutions. Comme si le narrateur en montrant la maladresse avec laquelle les pogromes sont réalisés cherchait abslolument à justifier ce qui va suivre (les camps, le gazage, la crémation).

Aue ne participe pas encore aux massacres, il n'a pas dégainé, il regarde, il est spectateur (comme le lecteur d'ailleurs) de l'horreur et tout en la voyant, tout en en souffrant (parce que c'est désagréable de devoir tuer des gens, mais cela doit être encore plus désagréable de devoir mourir... je reste interloquée par cette reflexion d'un cynisme inébranlable), il l'accepte. On imagine que toutes ces visions endurcissent l'âme de notre narrateur (même si on peut se demander s'il a une âme...).

Et puis il y a Thomas, l'ami, le Pylade de notre Oreste (on peut deviner alors que Littell place son personnage sous les auspices d'Euripide et de sa tragédie Les Euménides). Rappelons en passant rapidement (car je pense que nous y reviendrons) qu'Oreste a tué sa mère Clytemnestre pour venger le meurtre de son père Agammemnon. Oreste a une soeur (comme le narrateur) Electre et un ami Pylade qui lui sauve la vie... Les Euménides sont des furies lancées sur les traces d'Oreste (matricide). Tout cela laisse présager encore bien des horreurs... Quant à Thomas, il apparait comme l'âme damnée de Aue, encore plus cynique et pervers (car lucide) sur l'avenir du Reich.

Je me demande si pour vous le fait de faire d'Aue un homosexuel rend le personnage plus odieux, un déviant, un pervers, un menteur et 'justifie' en quelque sorte son comportement ? Je me demande pourquoi Littell a senti la nécessité d'ajouter ce trait de personnalité à son 'héros' ? En d'autres termes, le caractère homosexuel du personnage le rend-il encore plus noir ?
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 12:29

shanidar a écrit:

Je me demande si pour vous le fait de faire d'Aue un homosexuel rend le personnage plus odieux, un déviant, un pervers, un menteur et 'justifie' en quelque sorte son comportement ? Je me demande pourquoi Littell a senti la nécessité d'ajouter ce trait de personnalité à son 'héros' ? En d'autres termes, le caractère homosexuel du personnage le rend-il encore plus noir ?

De mon point de vue, ce n'est pas son homosexualité qui le noirci, plutôt la façon. Il n'a aucun sentiment amoureux pour son partenaire, seulement le plaisir de se faire sodomiser tout en conservant le pouvoir (c'est lui qui décide, pas de partage). C'est la pénétration qui l’intéresse ainsi que le rapport violent.
D'ailleurs il me semble que lors de sa présentation, il dit qu'il aurait préféré être une femme et là il serait plutôt transsexuel...
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 12:43

Tout à fait d'accord, c'est la FACON qu'il a d'être homosexuel qui me dérange.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 15:57

shanidar a écrit:

Je me demande si pour vous le fait de faire d'Aue un homosexuel rend le personnage plus odieux, un déviant, un pervers, un menteur et 'justifie' en quelque sorte son comportement ? Je me demande pourquoi Littell a senti la nécessité d'ajouter ce trait de personnalité à son 'héros' ? En d'autres termes, le caractère homosexuel du personnage le rend-il encore plus noir ?
Le fait d’être homosexuel, ce qui n’était pas vraiment encouragé chez les nazis, permet au personnage de maintenir une certaine ambivalence envers le parti : il ne correspond pas à l’idéal nazi, il doit être prudent, il doit se méfier et être sur ses gardes. Il maintient une certaine distance envers le parti car il sait qu’il ne rentre pas dans le moule et que cela peut un jour ou l’autre se retourner contre lui. Cela le rend en fait plus humain qu'autre chose : il est ce bon petit chienchien qui obéit à ses maîmaîtres "en apparence" (par lâcheté, par carriérisme, par obéissance...) sans pour autant être un fasciste pur jus, de par cette distance maintenue. Ce n'est pas lui qui fera des bons petits aryens plus blancs que blancs avec une bonne épouse allemande, il ne rentrera jamais dans ce schéma préétabli. Mais paradoxalement, cela le rend également plus coupable : il n'a même pas l'excuse d'être un fanatique ni de croire à l'idéologie nazie. En tout cas je n'ai pas gardé le souvenir d'un M. Aue endoctriné car pour moi il est toujours resté conscient de l'absurdité de ses actes, ce qui ne l'empêchait aucunement de les perpétuer. Sans doute n'avait-il pas non plus d'assise suffisante pour sortir du lot et quitter les rails (il a tout de même de très très gros problèmes d'identité), il lui fallait suivre la voie qu'on traçait devant lui, sans trop se poser de questions en cours de route. C'est d'ailleurs ce que je reproche à ce personnage : il est totalement tordu affectivement, or je pense que l'homme le plus banal qui soit peut se transformer en bourreau lorsque les circonstances s'y prêtent, il n'était pas nécessaire de le présenter si malade psychologiquement pour justifier ses actes, cela rend le propos moins pertinent à mon sens : il a fait des trucs horribles mais il était tout de même frappadingue ce gars. Un monstre. .. un peu trop facile je trouve. Ce n'est pas pour rien qu'on a cité Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel comme étant l'antithèse des bienveillantes de J. Littell...

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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 17:33

Au stade où j’en suis (p350), il a déjà raconté plusieurs épisode d’enfance hautement traumatisants : son amour d’enfant contrarié, les brimades qu’ils a subies de la part des prêtres et de ses congénères a pensionnat, la violence et l’intransigeance de son père, puis son abandon. A propos de l’attitude du père, cela m’a fait penser au Ruban Blanc de Haneke où il est clairement exprimé que cette excessive rigueur puritaine protestante a été un parfait terreau pour le développement du nazisme.
Par ailleurs, en effet Aue a un certain recul par rapport au nazisme qui lui permet de se considérer comme un être à part, et même supérieur, d'une part aux persécutés évidemment, mais aussi à tout ce troupeau qui suit Hitler aveuglément. Il n'hésite pas à émettre des idées considérées comme non orthodoxe, qui distille assez astucieusement pour que cela ne lui nuise pas trop.
Enfin, au sujet du Rapport Brodeck, je dirais que Claudel n'a pas besoin d'étaler son érudition sur 1500 pages pour faire passer son message. On a un peu l'impression que Littell a décidé d'écrire « le roman du siècle » sur le sujet et il en rajoute tant et plus dans le détail, la digression obsessionnellement informative. Il est très savant, mais c'est souvent pour moi plus lassant qu’ autre chose
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes   jonathan - Lecture en commun - Jonathan Littell : Les Bienveillantes - Page 2 EmptyJeu 12 Mai 2011 - 22:51

Merci pour vos éclairants commentaires sur l'aspect psychologique du personnage. La mise à distance perpétuelle du personnage est comme une sorte d'écran qui ne simplifie pas la lecture mais la rend glaciale. Aue se maintient au-dessus de la mêlée comme s'il était une sorte d'être intouchable, blindé, ce qui le rend particulièrement désincarné et improbable. Littell charge trop le personnage pour le rendre acceptable. Il ne fait rien d'horrible, il constate les dérapages de ses collègues, les difficultés d'ordre moral à remplir son devoir, il parle d'obéissance aveugle (ce qui n'est pas son cas), il estime qu'il faut non seulement comprendre mais se soumettre à l'idéal du Volk pour être un bon national-socialiste, mais la plupart de ses réflexions s'annulent, puisqu'elles s'arrêtent à une nécessité dont on ne nous apporte pas les fondements (lui-même semble ne pas y croire). Nécessité pour quoi et pour qui ? La seule nécessité se trouve dans cette volonté d'absolu qui guide le narrateur, mais quel absolu et pour quoi faire ? Le récit tourne en rond, le narrateur est comme acculé contre un mur sur lequel il s'acharne inutilement, il y a comme une apnée de la lecture, une impossibilité à comprendre qui renvoie le lecteur à lui-même.

Comme le soulignait Marie, il arrive un point où malgré tout le bon vouloir qu'il a, le lecteur ne peut pas s'imaginer être 'comme' Aue et c'est sans doute à cet instant, dans l'absolu solitude du personnage, que le lecteur retire une partie de son intérêt pour la lecture qui se déroule. Le contrat est alors rompu. Ne reste plus que les gestes fantômes d'un être insaisissable...
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