Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 A vous de lire

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AuteurMessage
Steven
Zen littéraire
Steven


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MessageSujet: A vous de lire   A vous de lire EmptyDim 29 Mai 2011 - 9:22

Cette année, pour sa deuxième édition, A vous de lire met la thématique de la correspondance à l'honneur.
Citation :
un train exceptionnel baptisé le Train « À vous de lire ! – Littératour » proposera une grande exposition gratuite retraçant la fabuleuse aventure de l’écrit et une riche programmation de rencontres et d’événements en lien avec la correspondance.
Le Train « À vous de lire ! – Littératour » inauguré le 25 mai à Paris-Gare du Nord, sillonnera la France du 26 mai au 7 juin prochains. De nombreux auteurs, des conférences, des ateliers et une exposition inédite seront au rendez-vous dans ce train exceptionnel.



En ce moment, sur l'antenne des radios du groupe radio france, des animateurs lisent des lettres, célèbres, anecdotiques, enfiévrées... Certaines belles, d'autres quelconques. Ce thème littéraire m'a surpris, mais il est vrai que la correspondance, les correspondances jouent une grand rôle et sont très présentes dans la littérature. Quelles lettres, quels échanges viennent à vous quand vous vous penchez sur ce style littéraire ?

Pour moi ce matin, j'ai ces trois lettres qui me reviennent :

Citation :
'2 décembre au soir [1915]. Mon amour dans l'horreur mystérieuse métallique muette mais non silencieuse à cause des bruits épouvantables des engins qui sifflent geignent éclatent formidablement notre amour est la seule étoile, un ange parfumé qui flotte plus haut que la fumée noire ou jaune des bombes qui explosent. Écris-moi de l'amour, sois-moi ma panthère pour me remettre dans la vie de notre cher amour. Je pense à ton corps exquis, divinement toisonné, et je prends mille fois ta bouche et ta langue.'
Apollinaire écrit à Madeleine.


Citation :
Dernière lettre connue de Verlaine à Rimbaud
Londres, dimanche 12 décembre 75,

Mon cher ami,

Je ne t'ai pas écrit, contrairement à ma promesse (si j'ai bonne mémoire), parce que j'attendais, je te l'avouerai, lettre de toi, enfin satisfaisante. Rien reçu, rien répondu. Aujourd'hui je romps ce long silence pour te confirmer tout ce que je t'écrivais il y a environ deux mois.

Le même, toujours. Religieux strictement, parce que c'est la seule chose intelligente et bonne. Tout le reste est duperie, méchanceté, sottise. L'église a fait la civilisation moderne, la science, la littérature : elle a fait la France, particulièrement, et la France meurt d'avoir rompu avec elle. C'est assez clair. Et l'église aussi fait les hommes, elle les crée. Je m'étonne que tu ne voies pas ça, c'est frappant. J'ai eu le temps en dix-huit mois d'y penser et d'y repenser, et je t'assure que j'y tiens comme à la seule planche. - Et sept mois passés chez des protestants m'ont confirmé dans mon catholicisme, dans mon légitimisme, dans mon courage résigné.

Résigné par l'excellente raison que je me sens, que je me vois puni, humilié justement et que plus sévère est la leçon plus grande est la grâce et l'obligation d'y répondre.

Il est impossible que tu puisses témoigner que c'est de ma part pose ou prétexte. Et quant à ce que tu m'écrivais, - je ne me rappelle plus bien les termes, "modifications du même individu sensitif", "rubbish ", "potarada", blague et fatras digne de Pelletan et autres sous-Vacqueries.

Donc le même toujours. La même affection (modifiée) pour toi. Je te voudrais tant éclairé, réfléchissant. Ce m'est un si grand chagrin de te voir en des voies idiotes, toi si intelligent, si prêt (bien que ça puisse t'étonner !). J'en appelle à ton dégoût lui-même de tout et de tous, à ta perpétuelle colère contre chaque chose, - juste au fond cette colère, bien qu'inconsciente du pourquoi. Quant à la question d'argent, tu ne peux pas sérieusement ne pas reconnaître que je suis l'homme généreux en personne c'est une de mes très rares qualités, - ou une de mes très nombreuses fautes, comme tu voudras. Mais, étant donné, et d'abord mon besoin de réparer un tant soit peu, à force de petites économies, les brèches énormes faites à mon menu avoir par notre vie absurde et honteuse d'il y a trois ans, - et la pensée de mon fils, et enfin mes nouvelles, mes fermes idées, tu dois comprendre à merveille que je ne puis t'entretenir. Où irait mon argent? à des filles, à des cabaretiers ! Leçons de piano ? Quelle colle ! Est-ce que ta mère ne consentirait pas à t'en payer, voyons donc !

Tu m'as écrit en avril des lettres trop significatives de vils, de méchants desseins, pour que je me risque à te donner mon adresse (bien qu'au fond, toutes tentatives de me nuire soient ridicules et d'avance impuissantes, et qu en outre il y serait, je t'en préviens, répliqué légalement, pièces en mains). Mais j'écarte cette odieuse hypothèse. C'est, j'en suis sûr, quelque caprice fugitif de toi, quelque malheureux accident cérébral qu'un peu de réflexion aura dissipé. - Encore prudence est mère de la sûreté et tu n'auras mon adresse que quand je serai sûr de toi.

C'est pourquoi j'ai prié Delahaye de ne te pas donner mon adresse et le charge, s'il veut bien, d'être assez bon pour me faire parvenir toutes lettres tiennes.

Allons, un bon mouvement, un peu de coeur, que diable ! de considération et d'affection pour un qui restera toujours, et tu le sais,

Ton bien cordial
P.V.

Je m'expliquerai sur mes plans - ô si simples, - et sur les conseils que je te voudrais voir suivre, religion même à part, bien que ce soit mon grand, grand, grand conseil, quand tu m'auras, viâ Delahaye, répondu properly.

P.-S. - Inutile d'écrire ici till called for. Je pars demain pour de gros voyages, très loin...

Beaucoup de lettres d'amour, c'est vrai, mais aussi certaines d'admiration :

Citation :
De Rainer Maria Rilke à Auguste Rodin.



Paris, le 27 octobre 1902. 3 rue de L’Abbé-de-l’Epée.




Mon cher Maître,


Avant votre départ, j’ai le besoin de vous dire mes reconnaissances pour toutes les heures de bonheur que vous m’avez données pendant les deux mois que je suis à Paris. Dès que je suis arrivé ici, il n’y avait pas autre chose pour moi que votre oeuvre : c’est la ville dans laquelle je vis, c’est la voix que j’entends et le silence qui m’entoure, c’est l’aurore et le crépuscule de tous mes jours et le ciel de mes nuits de travail. Je ne sais pas vous le dire, et mon livre, lui aussi, peut-être ne sera-t-il qu’un faible souvenir de mes impressions et de mes sentiments ? Mais ce que je reçois, tous les miracles de vos mains et de votre vie, tout ça n’est pas perdu : je sens que la lourde richesse que vous avez mise sur mon coeur me restera, et que, dans la résurrection de mes vers, se lèvera, beauté par beauté, tout ce temps énigmatique.

J’ai déjà une fois essayé de vous dire, que votre oeuvre et votre exemple héroïque pour ma femme et pour moi-même sera toujours l’événement le plus important de notre jeunesse et le souvenir que nous garderons comme un héritage sacré pour notre enfant, et pour des jeunes gens, qui ne savent pas leur chemin et qui nous le demanderont.

Vous êtes en voyage : sachez, mon Maître, que nous pensons avec ce sentiment ardent à vous, en travaillant. Moi, je connais un peu l’Italie. J’ai vécu quelque temps à Florence, puis à Pise, et près de Pise à la campagne au bord d’une mer rêveuse et forte. Voilà un passé, qui reste debout pendant des siècles, un passé plus voisin de l’avenir que du présent. Ce doit être aussi comme une partie de vous : parce que chez Michel-Ange et Léonard vous êtes entre vos pairs.

Quand vous reviendrez, mon Maître, mon travail sera fini, je l’espère. Mais j’ai pris ces jours-ci la résolution de rester cet hiver à Paris, de fréquenter les conférences du « Collège de France « , de revenir au Louvre, de travailler et d’étudier beaucoup, par exemple de m’occuper ardemment de l’oeuvre de M. Eugène Carrière.

Et j’espère que vous me donnerez la permission précieuse d’entrer quelquefois les samedis dans votre atelier et de garder ce contact avec votre oeuvre, qui m’est devenue une communion de laquelle je reviens jeune et juste, éclairé de l’intérieur par l’hostie de votre beauté... Ma femme est tout le jour dans son atelier et nous ne nous voyons presque que le dimanche où nous allons au Louvre ou au Luxembourg.


Rainer Maria Rilke



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Anna
Envolée postale



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MessageSujet: Re: A vous de lire   A vous de lire EmptyLun 30 Mai 2011 - 14:26

Je passe totalement à côté de cette manifestation. Lorsque "Lire en fête" existait, je loupais rarement l'évènement. Ca mettait de l'animation au coeur de l'automne. Mais là en plein mois de mai, alors qu'il fait beau et que d'autres évènements culturels ou non sont programmés, "A vous de lire" semble passer inaperçu.
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Constance
Zen littéraire
Constance


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MessageSujet: Re: A vous de lire   A vous de lire EmptyLun 30 Mai 2011 - 17:53

Samedi dernier, j'ai écouté Guillaume Gallienne, dans son émission du samedi "Ca peut pas faire de mal", sa diction parfaite de la lecture des lettres de Koltes fut un plaisir ...
Lire la correspondance des artistes universels, quasiment déifiés, donne le sentiment de pouvoir percer les mystères de l'âme humaine ... parfois l'on rit, d'autres fois l'on est pris d'étonnement, de stupéfaction, ou d'admiration, mais également de tristesse ...
J'apprécie l'idée de ce fil, et je tenterai d'y participer ... oui
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