Antiviral [Brandon Cronenberg]

Antiviral, Brandon Cronenberg

Société futuriste. Tout est blanc, aseptisé, froid, rigide.
Un commerce florissant : se faire inoculer des maladies de personnes célèbres (un herpès, une grippe).
Parmi les vendeurs-commerciaux, il y a Syd March. En dehors de ses heures de boulot, il vend au marché noir des maladies pas encore, ou à peine, commercialisée. Un petit business dangereux (il doit d'abord s'inoculer la maladie, la couver, la faire passer dans une machine qui l'extrait, la protéger par un code qui évite que la maladie ne se transmette autrement qu'en étant injectée, puis la revendre).
Un jour il doit aller prendre la nouvelle maladie qu'a contractée Hannah Geist - Ze star.
Sans même savoir ce qu'elle a, il prend son sang, en remplit une seringue et se l'injecte.
Le lendemain, Hannah Geist est morte de sa maladie.
Syd March a des symptômes violents. Des hallucinations. Son corps qui semble se désagréger de l'intérieur à petits feux.
Évidemment, il veut retrouver quel est ce virus, pour en guérir.
Évidemment, il se fait poursuivre par plusieurs organismes qui savent qu'il a la maladie, et veulent la récupérer.

Scénario qui aurait pu être trop embrouillé, alambiqué, mais Cronenberg parvient à rendre simple et très compréhensible toute cette histoire.
Le film souffre de lenteur, d'esthétisme gratuit, et de quelques maladresses de répétitions, mais il tient le spectateur grâce à son suspens. On veut savoir comment Syd va s'en sortir (surtout qu'il n'a pas fini de croiser Hannah).

Intéressant cette fascination morbide pour une personne célèbre. Syd March en est également victime, même s'il a l'air de refuser de l'accepter. Et si le film n'arrive pas bien à montrer les différentes strates de sa psychologie.

Des scènes violentes. Certaines assez gores, on ne voit pas grand chose, mais ça bouillonne de sang, et ça fait travailler l'imagination sur des thèmes plutôt écœurants... Surtout flippants... parce qu'on se dit qu'un jour on pourrait bien en arriver à demander un steak de Justin Bieber plutôt que de la viande de bœuf...

Les acteurs sont tous très charismatiques, de la chair qui apparaît avec un contraste flamboyant à l'écran. Cette vie qui, du coup, semble fragile, tellement visible qu'elle est forcément en danger.


Un bon film.
Qui travaille sur les thèmes qui étaient chers à David Cronenberg (père de Brandon Cronenberg) à ses débuts. Du coup, ça peut ne pas sembler très original, ni très aboutit. Mais par rapport à ce qu'on nous sert régulièrement en films, ça a sa petite patte très personnelle, et une réflexion sur autre chose que lui-même.



Acteur (Caleb Landry Jones) troublant, très présent, qui pourrait aller loin :

J'hesitais mais j'irai du coup.

Queenie a écrit:

Acteur (Caleb Landry Jones) troublant, très présent, qui pourrait aller loin :

Je suis d'accord, j'ai été très impressionnée par sa performance. D'ailleurs le film entier m'a fascinée... Le sujet du fanatisme envers les personnalités m'intéresse particulièrement parce que je suis pas "fan" moi même. Je n'ai jamais nourri envers une personnalité un intérêt allant au-delà de la simple curiosité ou attrait artistique. Je ne place pas l'homme/la femme célèbre sur un piédestal, même lorsque j'adore son oeuvre (dans le cas des artistes). Du coup, ça me laisse perplexe cette espèce de folie grandissante pour les icônes modernes que sont les célébrités comme Justin Bieber ou Kim Kardashian. Antiviral en dénonce les excès en utilisant les mêmes armes : l'esthétisme et le sensationnalisme. Mais pour être tout à fait honnête, je pense que Caleb Landry Jones a amplement participé à ma fascination.

Kannskia a écrit:

Queenie a écrit:

Acteur (Caleb Landry Jones) troublant, très présent, qui pourrait aller loin :

Je suis d'accord, j'ai été très impressionnée par sa performance. D'ailleurs le film entier m'a fascinée... Le sujet du fanatisme envers les personnalités m'intéresse particulièrement parce que je suis pas "fan" moi même. Je n'ai jamais nourri envers une personnalité un intérêt allant au-delà de la simple curiosité ou attrait artistique. Je ne place pas l'homme/la femme célèbre sur un piédestal, même lorsque j'adore son oeuvre (dans le cas des artistes). Du coup, ça me laisse perplexe cette espèce de folie grandissante pour les icônes modernes que sont les célébrités comme Justin Bieber ou Kim Kardashian. Antiviral en dénonce les excès en utilisant les mêmes armes : l'esthétisme et le sensationnalisme. Mais pour être tout à fait honnête, je pense que Caleb Landry Jones a amplement participé à ma fascination.

C'est vrai qu'avec un acteur moins présent, le film aurait perdu beaucoup de sa force.
Mais Cronenberg fils est à suivre !

Queenie a écrit:

Antiviral, Brandon Cronenberg

Un bon film.
Qui travaille sur les thèmes qui étaient chers à David Cronenberg (père de Brandon Cronenberg) à ses débuts. Du coup, ça peut ne pas sembler très original, ni très aboutit. Mais par rapport à ce qu'on nous sert régulièrement en films, ça a sa petite patte très personnelle, et une réflexion sur autre chose que lui-même.

Je partage un enthousiasme face à la remarquable prestation de Caleb Landry Jones. L'acteur apporte une dimension physique, viscérale, à cette fascination maladive qui devient peu à peu obsessionnelle et destructrice.
Brandon Cronenberg ne surprend pas au niveau des thèmes abordés mais son film n'est pas qu'un exercice de style ou une pâle copie des oeuvres de son père. Il esquisse avant tout un malaise qui se veut le reflet d'une dérive, regard d'une société figée dans le paraître et qui ne vit alors que par procuration.
On peut certes regretter un scénario parfois confus, un discours qui manque de concision et perd ainsi en force. Il reste tout de même la perception d'une ambiance singulière et source de promesses.

Merci pour le commentaire Avadoro ! J'étais curieuse de connaitre tes impressions et je suis contente de voir que tu as aimé et que, toi aussi, tu as été impressionné par la prestation de Caleb Landry Jones. En espérant le revoir bientôt dans un registre différent. Apparemment, il aura un petit rôle dans Tom à la ferme de Xavier Dolan mais je n'ai pas trouvé de bande-annonce. Patience donc.