Ecouter la voix de Marguerite Duras:
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Archives de l'Humanité:
Duras et la parole radiophonique. Cette parole intime qui marque le temps s’en fait une amie, au moins un compagnon de voyage.
Il y a que l’auteur de « Barrage contre le Pacifique » a l’art de contenir les mots, de les rendre à leur sens, humble, secret mais également partial. C’est qu’elle n’aura jamais cessé de reconnaître dans la radio le médium éminent - outre l’écriture et le cinéma - qui porte une pensée, singulière, sensible, désirable et désirée. Duras ou l’aveu des mots. On y retient soudain une douce mélodie, mais de cette douceur qui tient plus d’un Schubert (souffrance connue qu’on domestique) que de la sobre légèreté de Scarlatti (souffrance qu’on veut oublier).
Duras et le doute. Qui peut y croire, quand la petite fille de Saigon, la femme de Robert Antelme (« l’Espèce humaine »), l’amoureuse de « l’Amant » ou l’éblouissante jardinière de l’impossible consolation à vivre (« la Douleur ») prend à la lettre ce que parler veut dire ? Parler, autrement dit, porter d’un point sensible à un autre. De celle qui veut parler, dans cette urgence et cette nécessité à dire, vers un auditeur qui se surprend à monter le son de sa radio.
Duras s’écoute, Duras se voit, Duras se laisse lire. Dans une sorte
d’« abandon concerté », dit-elle souvent. On reviendrait à la musique. Une ritournelle pour laquelle elle expose en détail les couplets de sa propre inspiration, les refrains de sa propre manière d’écrire (« se laisser parler, se laisser dire, mais dire justement »).
A ce titre, la publication des quatre CD édités par Radio-France et l’INA (Le Ravissement de la parole) donnent la mesure de la place qu’elle se sera accordée dans la littérature. Parce que Duras n’aura jamais attendu un prix Goncourt pour exister. Agaçant non ?