Cary Fukunaga

Sin nombre de Cary Fukunaga

Citation :

Au Honduras, la jeune Sayra retrouve son père après une longue séparation. Elle va enfin réaliser son rêve, émigrer avec lui et son oncle aux Etats-Unis. Au Mexique, Casper est membre de la " Mara ", l'un des terribles gangs d'Amérique Centrale. Sur le toit du train qui file vers le Nord, entourés de centaines de candidats à l'émigration, Sayra et Casper se rencontrent...

Avant de tourner son premier long-métrage, Cary Fukanaga (un nom dont il faudra se souvenir) a passé deux ans en préparation, accompagnant les migrants dans les trains censés les conduire vers l'Eldorado (Les Etats-Unis), frayant avec les mareros, ces adolescents membres des gangs qui ensanglantent l'Amérique centrale. Ce fond documentaire fait la force de Sin nombre, une tragédie humaine qui sonne juste, jusque dans les regards et les sourires las de ceux qui jouent leur vie à pile ou face. Mais ce n'est pas tout, Fukunaga (32 ans) se révèle aussi un scénariste accompli qui sait imbriquer avec maestria des destins individuels dans un contexte social fort. Pour un peu, on évoquerait Steinbeck écrivant sur la Grande dépression. Toute aussi remarquable est sa mise en scène, d'une douceur sèche, à peine dramatisée (ce n'est pas nécessaire, les faits parlent d'eux-mêmes), d'une fluidité étonnante pour un premier film. On lui reprochera peut-être l'ébauche d'une histoire d'amour à la Roméo et Juliette, dans un contexte qui ne s'y prête guère. Un détail, dans un film dont la simplicité apparente, dans les sentiments et les situations, est la marque d'un auteur qui possède toutes les cartes en mains pour devenir un très grand. A moins que Hollywood ne le mange tout crû, mais on ne parierait pas là dessus.



Prix aux festivals :
Deauville : le Prix du Jury, ex-aequo avec Precious de Lee Daniels.
Sundance : prix de la meilleure réalisation et de la meilleure direction artistique dans la catégorie film dramatique au Festival du Film Indépendant.

Sin Nombre

Décidément la rentrée est riche en très bonnes surprises. Film coup de poing qui comporte des moment très violents (il faut le dire!) et une tension totalement maîtrisée avec des montées d'adrénaline qui m'ont presque fait détourner le regard de l'écran. Edgar Flores est très attachant dans le rôle de Casper/Willy en petite frappe au grand coeur. J'ai plutôt bien marché à la "love story" impossible.

L'aspect documentaire donne effectivement une authenticité à ce récit qui reste surtout du pur cinéma animé d'une vraie flamme! Quelque part entre l'âme des guerriers et La vierge des tueurs.

Et encore un coup de coeur!

Prix du jury à Deauville et Prix de la mise en scène à Sundance

Sin nombre.

Un vrai chouette moment de cinéma. J'ai suivi l'histoire, j'étais accrochée aux pas de ce Casper.
Les acteurs sont pile poil comme il faut, les décors sont ahurissants : les rues toutes pourrites, le superbe cimetière, les trains tout en ferraille et en grincement...
Fukunaga se permet quelques plans sur le paysage assez bluffants.

J'aime ce genre de film qui raconte une histoire lourde, pleine de tensions, avec un univers pas facile, tout en parvenant à garder plein de légèreté, d'humanité et d'espoir.
(ça me rappelle Maria pleine de grâce, évidemment pour le comparatif amérique latine, clandestin, des jeunes qui veulent y croire, et plein d'emmerdes autour)

ça ne m'a pas gênée la love story, parce que d'abord, elle se fait pas. Willy en veut pas, et je ne crois pas qu'il tombe amoureux de Sayra, c'est juste qu'il l'aide, ce qu'il n'a pas pu avec sa copine.
Et Sayra, j'arrive pas trop trop à comprendre pourquoi elle craque sur lui (je trouve qu'il nous en manque un peu sur son background d'ailleurs), mais c'est crédible.

Le petit gamin qui joue Smiley, qui intègre le gang de Mara, et s'en prend plein la gueule. Son regard, son corps, ses postures... ça en pète... comme on a envie de le choper et de l'enlever direct de ce merdier... mais il tue, il poursuit, il joue les durs (la scène avec ses petits copains qu'il "menace" pour s'amuser avec un flingue est ... très parlante), il apprend à encaisser...

Queenie a écrit:

Sin nombre.
eux de Sayra, c'est juste qu'il l'aide, ce qu'il n'a pas pu avec sa copine.
Et Sayra, j'arrive pas trop trop à comprendre pourquoi elle craque sur lui (je trouve qu'il nous en manque un peu sur son background d'ailleurs), mais c'est crédible.

Il la sort quand même d'un sacré pétrin au départ et il est plutôt sexy dans son genre petite frappe dans la galère, non? ça devrait être suffisant pour qu'elle fasse n'importe quoi

Marko a écrit:

Queenie a écrit:

Sin nombre.
eux de Sayra, c'est juste qu'il l'aide, ce qu'il n'a pas pu avec sa copine.
Et Sayra, j'arrive pas trop trop à comprendre pourquoi elle craque sur lui (je trouve qu'il nous en manque un peu sur son background d'ailleurs), mais c'est crédible.

Il la sort quand même d'un sacré pétrin au départ et il est plutôt sexy dans son genre petite frappe dans la galère, non? ça devrait être suffisant pour qu'elle fasse n'importe quoi

Oui. Tu as raison. C'est juste que... c'est dommage que son histoire à elle n'ai pas eu droit à quelques minutes, comme pour lui. Qui "justifierait" qu'elle craque pour le chevalier sur son cheval noir (et plein de sang).

Comme vous, j'ai aimé ce film très éprouvant.
L'avantage des DVD , ce sont les bonus ( boni?) et là, il y a d'abord un entretien avec le metteur en scène, un très sympathique jeune homme qui ,dans un français parfait, parle de son parcours et de ce qui l'a influencé, de comment il a travaillé, etc.
Et puis il y a son court métrage , qui date de 2004 et est intitulé Victoria Para Chino, réalisé à partir d'une histoire bien réelle,un camion parti du Honduras pour rejoindre Houston. Entassés debout, dans le noir, derrière, 98 individus adultes et enfants. Le camion a bien passé la frontière , mais il n'est jamais arrivé à destination , le chauffeur l'ayant laissé sur un bord de route. Il y avait déjà 19 morts étouffés, dont bien sûr les enfants.
En 10 minutes, sans beaucoup de moyens , ce réalisateur nous envoie un coup de poing magistral dont il est difficile de se remettre..

Cary Fukanaga a adapté Jane Eyre avec Michael Fassbender et la petite Alice de Tim Burton. Les soeurs Brontë sont à l'honneur pour 2012 Enfin des versions dignes de leurs romans? On peut l'espérer avec Fukanaga et Andrea Arnold.



Je ne regarde pas la bande annonce, préférant découvrir le film en mars à sa sortie. Mais ça intéressera probablement certains:

Jane Eyre


Sortie le 6 juin 2012 en France mais déjà diffusé en Belgique et disponible en DVD/Bluray (vo sous-titres en français) sur amazon.com



Une bonne nouvelle: Fukunaga a réalisé une très belle et fidèle adaptation de Jane Eyre. Il a juste introduit une boucle temporelle judicieuse qui rend le récit moins linéaire et qui évoque davantage la construction narrative des Hauts de Hurlevent. Il a également coupé la toute fin du roman en s'arrêtant à l'essentiel. Une autre bonne idée.

Si vous avez aimé La leçon de piano ou Bright Star vous devriez prendre beaucoup de plaisir à cette version. C'est classique, soigné, magnifiquement photographié et dirigé mais aussi fiévreux et génialement incarné par les comédiens (Michael Fassbender est un Rochester d'anthologie et la petite Alice au pays des merveilles Mia Wasikowska est parfaite).



Certains considèreront probablement cette facture élégante trop lisse ou académique mais le résultat m'a séduit à quelques très rares moments près plus maladroits. En ce qui concerne l'histoire elle est too much et on ne pourrait plus écrire comme ça aujourd'hui mais l'écriture était très riche (plus que le film forcément) et c'est déjà un mythe. On pense à ce qu'un roman comme Rebecca de Daphné du Maurier doit à Jane Eyre.

Il y a un sens du paysage, de l'atmosphère romantique, de la lumière, un vrai magnétisme entre les 2 acteurs. La musique de Dario Marianelli, à qui on devait déjà "Reviens moi" l'adaptation d'Expiation de Mc Ewan, trouve un bon équilibre entre le lyrisme hollywoodien et un travail plus subtil fait de variations orchestrales au violon ou au piano sur des thèmes mélancoliques circulaires et envoûtants. La sauce prend et c'est souvent émouvant. ça se mouchait pas mal autour de moi à la fin du film... Les rôles secondaires sont impeccables aussi (Jamie Bell, Judi Dench, Sally Hawkins...) à part la petite fille qui parle français et qui récite trop son texte.



Je retiens plein de beaux moments comme la fuite de Jane Eyre dans la lande, les éclairages à la bougie dans le manoir, tous les dialogues entre Jane et Rochester avec son regard de damné...



Quel lien peut-il bien y avoir entre Sin Nombre et Jane Eyre dont l'univers et l'esthétique semblent aux antipodes? Tout simplement l'histoire d'amour et d'attraction entre les contraires apparents qui dans le fond se ressemblent. C'est cette loi du désir qui semble intéresser Fukanaga. Mission accomplie. Et maintenant attention les avis négatifs car c'est le genre de film qui ne peut qu'en susciter! J'ai lu autant d'éloges que d'éreintements sur internet...

P.S. J'ai regardé la Bande annonce maintenant que j'ai vu le film... Un conseil: zappez! Elle est épouvantable avec des musiques qui n'ont rien à voir (dont Suspiria!!)

Trouvé
Merci Marko!

On patientera jusqu'en juin alors.

C'est vrai que c'est casse-gueule, parfois, les films "académiques".
Et c'est un peu éculé comme sujet Jane Eyre en plus.

Queenie a écrit:

C'est vrai que c'est casse-gueule, parfois, les films "académiques".
Et c'est un peu éculé comme sujet Jane Eyre en plus.

On peut se demander l'intérêt d'un tel projet effectivement. Andréa Arnold semble avoir complètement renouvelé l'imagerie des Hauts de Hurlevent sans son propre film en le tirant vers le minimalisme et l'abstraction (il a l'air presque muet). Ici on est dans une reconstitution clairement classique, moins inspirée peut-être que chez Jane Campion, mais je trouve qu'il dépasse le côté ripoliné des films académiques par la qualité de l'image, des décors et surtout de l'incarnation par les acteurs qui vibrent vraiment.

En même temps comment arriver à illustrer une telle histoire ancrée dans une époque donnée et avec des conventions narratives excessivement romanesques? Le pari du film c'est finalement de ne pas rendre tout ça ridicule et d'y apporter un souffle. Il y parvient presque à mon avis malgré quelques moments où c'est peut-être un peu trop froid dans la perfection recherchée (certains plans sont des tableaux de De La Tour ou proches de Barry Lindon). Mais dès que Jane et Rochester sont à l'écran on est hypnotisé. Parfois on frise le ridicule comme dans la scène de leur premier baiser sous l'arbre. Le vent se lève, les feuillages s'agitent... mais comme un orage se lève pourquoi pas! C'est bien d'avoir un coeur de midinette parfois. En tout cas toutes les mamies pleuraient dans la salle (la moyenne d'âge n'était pas très jeune).

Une des variations du thème principal du film:

Marko a écrit:

Jane Eyre

Une bonne nouvelle: Fukunaga a réalisé une très belle et fidèle adaptation de Jane Eyre. Il a juste introduit une boucle temporelle judicieuse qui rend le récit moins linéaire et qui évoque davantage la construction narrative des Hauts de Hurlevent. Il a également coupé la toute fin du roman en s'arrêtant à l'essentiel. Une autre bonne idée.

Si vous avez aimé La leçon de piano ou Bright Star vous devriez prendre beaucoup de plaisir à cette version. C'est classique, soigné, magnifiquement photographié et dirigé mais aussi fiévreux et génialement incarné par les comédiens (Michael Fassbender est un Rochester d'anthologie et la petite Alice au pays des merveilles Mia Wasikowska est parfaite).

Certains considèreront probablement cette facture élégante trop lisse ou académique mais le résultat m'a séduit à quelques très rares moments près plus maladroits. En ce qui concerne l'histoire elle est too much et on ne pourrait plus écrire comme ça aujourd'hui mais l'écriture était très riche (plus que le film forcément) et c'est déjà un mythe. On pense à ce qu'un roman comme Rebecca de Daphné du Maurier doit à Jane Eyre.

Il y a un sens du paysage, de l'atmosphère romantique, de la lumière, un vrai magnétisme entre les 2 acteurs. La musique de Dario Marianelli, à qui on devait déjà "Reviens moi" l'adaptation d'Expiation de Mc Ewan, trouve un bon équilibre entre le lyrisme hollywoodien et un travail plus subtil fait de variations orchestrales au violon ou au piano sur des thèmes mélancoliques circulaires et envoûtants. La sauce prend et c'est souvent émouvant. ça se mouchait pas mal autour de moi à la fin du film... Les rôles secondaires sont impeccables aussi (Jamie Bell, Judi Dench, Sally Hawkins...) à part la petite fille qui parle français et qui récite trop son texte.

Je retiens plein de beaux moments comme la fuite de Jane Eyre dans la lande, les éclairages à la bougie dans le manoir, tous les dialogues entre Jane et Rochester avec son regard de damné...

Quel lien peut-il bien y avoir entre Sin Nombre et Jane Eyre dont l'univers et l'esthétique semblent aux antipodes? Tout simplement l'histoire d'amour et d'attraction entre les contraires apparents qui dans le fond se ressemblent. C'est cette loi du désir qui semble intéresser Fukanaga. Mission accomplie. Et maintenant attention les avis négatifs car c'est le genre de film qui ne peut qu'en susciter! J'ai lu autant d'éloges que d'éreintements sur internet...

Au contraire des Hauts de Hurlevent, Jane Eyre n'avait jusqu'alors que médiocrement inspiré les cinéastes, aucune adaptation ne réussissant à retranscrire un tant soit peu l'atmosphère du roman de Charlotte Brontë. Celle de Cary Fukanaga, aussi imparfaite soit-elle, est la première à retrouver l'esprit, si ce n'est la lettre, de ce classique de la littérature victorienne. Le film frôle l'académisme sans y tomber tout à fait. Il le doit à la qualité de l'interprétation, l'excellente Mia Wasikowska en tête, à une relecture intelligente du livre qui fuit sa linéarité originelle, à son ambiance quasi fantastique (le manoir, la femme possédée, les paysages) limite gothique dans certaines scènes, entre autres. Contrairement à ce que l'affiche laisse croire, c'est bien le personnage de Jane Eyre, tout en passion retenue et en recherche d'indépendance, coeur pur brisé par une enfance et une adolescence atroces, qui est au centre du film. Ses dialogues à fleurets mouchetés avec celui qui n'est pas encore son aimé sont un pur délice. Le côté compassé et corseté de l'intrigue n'est finalement qu'un leurre. Le souffle romanesque est bien là, contenu souvent, à peine chuchoté par le vent dans la lande. Il suffit de bien tendre l'oreille comme Jane Eyre lorsqu'elle écoute enfin les sourds battements de son coeur.

Content que tu aies apprécié. Ça passe ou ça casse probablement mais je pense que c'est un très joli film classique avec une vraie vibration discrète. Il y a une manière assez subtile de traiter le matériau romantique qui le sort de l'académisme de la plupart des adaptations précédentes. Fukanaga est un auteur.

Marko a écrit:

Content que tu aies apprécié. Ça passe ou ça casse probablement mais je pense que c'est un très joli film classique avec une vraie vibration discrète. Il y a une manière assez subtile de traiter le matériau romantique qui le sort de l'académisme de la plupart des adaptations précédentes. Fukanaga est un auteur.

Qui est plus à son aise dans les sujets contemporains. C'est plus dans ce registre que je l'attends.