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| Alaa El Aswany [Egypte] | |
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+13alixe MartineR tom léo Marie Eve Lyne sousmarin traversay Arabella Bédoulène kenavo Steven Sophie Aeriale 17 participants | |
Auteur | Message |
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Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Alaa El Aswany [Egypte] Ven 16 Fév 2007 - 10:53 | |
| - Citation :
- Alaa al-Aswany (en arabe : علاء الأسواني), né en 1957, est un écrivain égyptien exerçant la profession de dentiste au Caire.
Né dans une famille intellectuelle, d'un père écrivain - Abbas al-Aswany -, il a fait ses études secondaires dans un lycée égyptien de langue française et a également étudié la chirurgie dentaire aux États-Unis, à l'université de l'Illinois à Chicago.
Il contribue régulièrement aux journaux d'opposition et est proche des intellectuels de gauche, en particulier de Sonallah Ibrahim. Il se dit indépendant des partis politiques mais est l'un des membres fondateurs du mouvement d'opposition « Kifaya » (Ça suffit) qui réclame des élections présidentielles réellement libres. source: Wikipedia
L'immeuble Yacoubian - Alaa El AswanyRoman incroyable que celui-là ,qui déjà parvient à déjouer la censure dans son pays , pour nous livrer une étude sans concession , au travers du quotidien de ces habitants , de la réalité sociale égyptienne... :!: On les suit pas à pas (quelquefois avec un peu de confusion ,c'est vrai !) et chacun nous ouvre la porte de ses aspirations ,de ses espoirs ,ses rêves déçus ou ses perversions cachées . On comprend comment la corruption peut déjouer les règles , pourquoi le fanatisme peut germer dans l'esprit d'un jeune en mal de vivre , et comment toute la deliquescence d'un état gangréné engendre la révolte aveugle ... C'est parfois plein de nostalgie ,par la voix du vieil aristo , touchant souvent , lorsque certains usent encore de leur "honneur"au milieu de cet avilissement ,ou de la corruption . Mais il en ressort un profond malaise . Car il n'y a pas de solutions . C'est un constat implacable qui nous glace à la fin du livre . Impressionnant ! | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Mer 29 Aoû 2007 - 2:49 | |
| Ca y est, je viens de le terminer. C'est un livre que j'ai apprécié mais qui m'a fait peur: la religion est très présente et les islamistes ou extrémistes apparaissent fréquemment. Les femmes ne sont pas à la fête en Egpyte: voile, prostitution, soumission. La corruption est reine, la torture est monnaie courante. Bref la vie en Egypte dans les années 90 (peut-être encore aujourd'hui?) n'avait rien de fascinant. Le lecteur le ressent très bien et à force, comme l'écrit Aériale, le malaise s'installe. C'est bien d'un côté car ce roman a le mérite de nous mettre les choses en face mais de l'autre côté, c'est dur, cynique et sans espoir.Sauf la fin, qui heureusement, donne une touche de gaieté à l'ensemble.
Un bon roman, dérangeant, bien écrit mais pas un coup de coeur. Par contre, en voir l'adaptation me plairait assez. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Ven 23 Nov 2007 - 22:55 | |
| En fait le fil existe dèjà ! Je viens de finir L'immeuble Yacoubian et je l'assimile doucement. L'auteur nous plonge en plein coeur du Caire, dans le quotidien des habitants d'un immeuble de luxe des années 30... Mais la révolution de Nasser est passé par là et dans ce superbe immeuble vestige d'une splendeur révolue, nous cotoyons ses habitants : ceux des magnifiques appartements et ceux, sur la terrasse, des cabanes en fer qui servaient autrefois à entasser les produits alimentaires et les animaux. Nous rencontrons tout un peuple en marche qui a ses aspirations, ses envies de grandeurs ou/et ses rêves brisés et ses échecs passés. Alaa El Aswany jette un regard sans concession sur cette société qui est corrompue, où l'argent et les appuis politiques ouvrent toutes les portes, où les femmes doivent "servir" dans tous les sens des termes. Les mots d' Alaa El Aswany m'ont fait vivre pleinement ce monde et accédé à une société que j'imaginais autrement. Dans la quatrième de couverture il est décrit comme le - Citation :
- digne héritier d'un Zola, d'un Dostoiëvski ou d'un Mahfouz
Ce côté-là du roman, l'hisoire de chacun des personnages, leurs destins, leurs chemins qui se croisent et s'éloignent est parfaitement réussie à mes yeux. J'ai particulièrement aimé le vieil aristocrate Zaki perdu dans ses souvenirs qui semblaient être le plus pervers et le plus corrompu de tous et qui se découvrent être le plus humain et le plus bon en définivement, offrant respectabilité et bonheur à la pauvre Boussaïna. Hatem m'a beaucoup touché... Ce personnage de journaliste homosexuel à la recherche d'une relation stable, prêt à tout pour cela... Mais une présence m'a perturbé, rendu perplexe : c'est la présence de Dieu. Présence lourde, trop lourde. Entendons nous bien, je ne suis pas pratiquant et ne connais rien (ou très peu) aux religions. J'ai lu l'ancien et le nouveau testament comme j'ai lu L'illiade d'Homère. J'ai lu beaucoup sur la religion Copte qui semble être l'origine commune de beaucoup de religions. Mais dans ce livre (est-ce une caractéristique de l'Islam ?) Dieu revient sans arrêt... Aussi bien pour se féliciter d'avoir gagné une élection achetée à grand coup de pots de vin.... - Citation :
- C'est à dire que si je paie cette somme je suis sûr d'être élu, avec la permission de Dieu.
... que pour justifier un vol, un viol ou un avortement de force. Par la volonté de Dieu... je m'interroge ? Est-ce une formule toute faite ou les gens qui l'emploient croient vraiment à ce qu'ils disent (ou essayent de se convaincre d'y croire !) Et puis, l'épisode du Djihad et du recrutement d'un nouveau guerrier pour l'action islamique est très "vrai". Et dérangeant. Bref, j'ai un sentiment particulier en sortant de ce roman et beaucoup d'interrogations !
Dernière édition par le Sam 24 Nov 2007 - 7:36, édité 1 fois | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Sam 24 Nov 2007 - 1:42 | |
| Steven: j'ai eu exactement le même sentiment que toi au sortir de ma lecture. Peu à peu, j'y ai réfléchi et après quelques semaines, je me rends compte que j'ai beaucoup aimé cette lecture. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Lun 26 Nov 2007 - 13:47 | |
| Ma lecture de ce livre date déjà de presque 2 ans. A ce moment là c’était un vrai coup de cœur pour moi et j’ai suggéré la lecture à tout le monde autour de moi Avant de lire le texte de Steven, j’aurai dit que le sujet de la religion n’était pas trop prononcé. Mais quand j’ai vu le ‘avec la permission de Dieu’ cela m’est naturellement revenu et je réalise que la lecture est parfois sélective. Je me suis concentrée sur ses personnages, son fil de l’histoire, sa langue – et je prenais le pays, la religion et surtout la politique comme le fond de cette histoire. Je trouvais courageux qu’il soit arrivé à détromper la censure dans son pays – on n’est pas habitué à des textes pareilles venant de ces pays. Dans les rencontres lors du festival à Saint-Malo (2006) je pouvais constater que derrière ce livre on trouve un auteur cultivé, informé et soucieux de l’image que son pays a chez les gens de l’ouest. Les études qu’il a dû faire pour son gagne-pain journalier (il est en fait dentiste), il les a fait en Amérique – à Chicago. Dont le titre et je crois bien aussi un peu l’histoire de son deuxième roman. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Dim 6 Jan 2008 - 21:27 | |
| J'ai fini la lecture de l'Immeuble Yacoubian hier.
Comme certains ce sont les nombreuses références à Dieu qui m'ont interpellée. Mais que ces appels à Dieu soient faits par des voleurs, escrocs, pervers, politiciens véreux n'est pas à lier uniquement à l'Egypte ; les voyous de toute religion, de tout pays utilisent ces appels en "protection" avant et après (remerciement) leurs délits.
Les personnages et les lieux sont décrits précisément.
La construction des parties ne m'a pas gênée, j'ai bien suivi ces nombreux personnages, même si parfois j'oubliais les noms, car leurs actions et paroles me les rendaient reconnaissables.
l'histoire de cet immeuble est lié à l'histoire du pays.
Je pense aussi que la langue est riche en mots.
Le cheminement du jeune Taha jusqu'à son endoctrinement par les Islamistes extrêmistes est réaliste et c'est celà qui m'a le plus effrayée.
Et évidemment, la condition Féminine catastrophique et celle des Homosexuels m'ont touchée.
En résumé, j'ai apprécié ce livre. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Dim 6 Jan 2008 - 22:27 | |
| - Citation :
- Le cheminement du jeune Taha jusqu'à son endoctrinement par les Islamistes extrêmistes est réaliste et c'est celà qui m'a le plus effrayée.
Au-delà de la condition fémine effroyable c'est vraiment cet aspect du roman (tellement bien décrit, si vraisemblable) qui m'a le plus effaré. D'autant plus que Tara est un étudiant, lettré, intelligent... et que dans ce que je m'imaginais les "recrues" des extrémistes (quels que soient les pays et les religions) venaient plutôt des couches pauvrement instruites des populations. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Sam 19 Jan 2008 - 14:59 | |
| Je viens moi aussi de finir ce roman, et ce fût une bien intéressante lecture. Mais j'ai tendance à voir ce livre plus comme un témoignage, reflet d'une société à une certaine époque, et c'est très important qu'un Egyptien ait pu écrire un livre comme celui-ci, qui décrit la corruption, la décompostion de la société égyptienne, les dérives de la religion, qui devient quelque chose de completement instrumentalisé, au service de personnes désirant le pouvoir.
Mais en même temps il y a des choses très shématiques, voir caricaturales dans tout ça, et je n'ai pas été emballée par l'écriture qui vise à l'efficacité plus qu'à des mérites littéraires.
Néanmoins avec ses insuffisances c'est un livre à lire, car il ouvre une vraie refléxion. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Mer 14 Jan 2009 - 16:12 | |
| En février il y aura du nouveau: J'aurais voulu être égyptien - Citation :
- Editeur
Après "Chicago" (2007), l'auteur de "L'Immeuble Yacoubian" revient au cœur du Caire et des contradictions d'une société en crise avec un recueil de nouvelles pétillantes où l'intelligence aiguë des situations le dispute à l'humanité et à la drôlerie de son regard attentif, qui pour être perçant et percutant, n'en demeure pas moins amoureux. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Lun 9 Mar 2009 - 17:02 | |
| Le cabinet de curiosités d'Alaa El Aswany
par Tristan Savin Lire, mars 2009 L'écrivain égyptien, auteur de L'immeuble Yacoubian et de Chicago, revient avec un truculent recueil de nouvelles longtemps censurées. Lire l'a rencontré en exclusivité dans son bureau du Caire.
Le docteur El Aswany reçoit dans son cabinet dentaire de Garden City, quartier résidentiel du Caire où se côtoient ambassades et hôtels de luxe, à deux pas du Nil. Le fils du grand avocat Abbas El Aswany est né ici même, en 1957. «Dessiné par les Belges, en 1904, Garden City était réservé aux palais de la noblesse et aux sièges des grandes entreprises. Dans ma jeunesse, le quartier était synonyme d'élégance. Mais ce que j'aime n'existe plus...», déplore l'auteur de L'immeuble Yacoubian en évoquant la disparition progressive des jardins, l'extension de la misère, de la corruption et des interdits religieux. Il a toujours vécu dans le même immeuble et son appartement voisine avec le cabinet. «Je n'y travaille pas. Il y a trop de livres et tout juste la place pour ma femme et nos deux filles...»
La rue El Diwan a longtemps été celle des employés de Garden City. L'intérêt d'Alaa El Aswany pour les petites gens vient peut-être de là. On trouve de nombreux hôpitaux dans le périmètre. Faut-il y voir son goût pour la médecine? «J'ai toujours voulu être écrivain. Mais mon père voulait que je fasse un métier sérieux. Je ne regrette pas, bien au contraire: être dentiste me permet de rester indépendant.»
Curieusement, son bureau d'écrivain est installé dans son cabinet... face au fauteuil où ses patients passent à la roulette - et lui racontent leurs soucis quotidiens. «J'ai écrit tous mes livres ici», dit-il en désignant la table de marbre où trône un ordinateur portable, au milieu des cendriers et des bibelots. «J'essaye tout ce qui est nouveau, je dois cela à mon éducation scientifique. Avec l'ordinateur, plus besoin de déchirer les brouillons, je revois chaque chapitre en fonction des suivants, je révise les passages de nombreuses fois, ça donne un texte homogène.» A portée de main, un radio-cassette: «Je ne peux pas écrire sans musique. Mais j'écoute seulement Edith Piaf et Oum Kalthoum.»
Son cabinet est à l'image des histoires racontées dans ses livres: murs rongés par l'humidité, revues populaires, objets kitsch, fenêtres grandes ouvertes sur les clameurs de la ville. Il s'est entouré de cadeaux de lecteurs, de souvenirs de voyages, de tableaux de ses amis artistes, témoignages d'admiration et preuves d'amitié. El Aswany aime les gens et cela se sent, à ses manières autant que dans son écriture. Pour lui, «la littérature est une forme d'amour de l'humanité».
Ses objets fétiches? Les trois tasses de café et les cigarettes qu'il apporte chaque matin, à 6 heures, pour se mettre au travail. Pourquoi trois tasses? «Comme ça je n'ai pas besoin de me relever pour refaire du café. Et je laisse mon téléphone mobile dans mon appartement. Je ne dois pas être distrait. Il faut atteindre une grande concentration pour écrire un roman.» Pour la même raison, il a demandé à ses assistants d'entrer dans son bureau sans frapper...
Le diplômé de médecine de la faculté de l'Illinois applique la rigueur scientifique à sa méthode de travail: «Je fais des recherches documentaires. Je m'imbibe d'une atmosphère. J'ai désormais de la patience, j'attends, comme un pêcheur. Quant aux histoires courtes, elles tombent comme des pommes.» Son secret d'écrivain populaire? S'attacher au réalisme des détails. Pour l'une des nouvelles du recueil qui vient de paraître, le docteur s'est rendu chez un prothésiste en se faisant passer pour un client. «Je ne pouvais pas parler d'un garçon amputé sans avoir vu de près une jambe en plastique...»
Parmi ses nombreux projets: un livre sur Alexandrie, un autre sur les femmes de prisonniers, un roman historique consacré à Al Andalous... Mais El Aswany n'écrira pas de suite à L'immeuble Yacoubian, malgré les ponts d'or proposés par les éditeurs: «Nous ne sommes pas à Hollywood!»
L'immeuble en question, désormais fameux dans le monde entier, se trouve à vingt minutes d'ici en voiture. L'écrivain n'y retourne plus. «A la publication du roman, j'y étais accueilli comme Napoléon Bonaparte. Mais après la sortie du film, on m'a réclamé dix millions de livres égyptiennes. J'avais, paraît-il, utilisé une marque commerciale!» Défendu par l'Union des écrivains, El Aswany a remporté en première instance les cinq procès intentés contre lui. Le comble, pour celui qui ne cesse de dénoncer la corruption: grâce au succès du livre, le prix des appartements de l'immeuble a augmenté. Il préfère en rire. Ses mésaventures alimentent son oeuvre.
Dans la préface de J'aurais voulu être égyptien, il raconte avoir essuyé trois re-fus de publication des nouvelles écrites avant L'immeuble Yacoubian. Longtemps jugées «anti-égyptiennes» par les autori-tés, elles viennent enfin de paraître au Caire. Celle qui donne son nom au recueil traduit en français est une novela - ou court roman - inspirée par un artiste inca-pable de s'adapter à la société. Une fois de plus, El Aswany excelle dans l'art du portrait, qu'il décrive une vieille actrice, un écolier obèse ou des révolutionnaires nostalgiques. L'auteur de Chicago, admirateur de Dostoïevski, parvient à rendre chacune de ses histoires universelle. «Je dois écrire avec mon coeur. Si l'écriture n'est pas vivante, j'arrête.» Il a fait sienne la phrase de son éditeur italien: «Il y a deux genres: les romans morts et les romans vivants.»
Voilà pourquoi l'écrivain égyptien le plus populaire depuis Naguib Mahfouz tient à garder le contact avec sa clientèle. Malgré le succès, le bon docteur prodigue encore ses soins deux jours par semaine: «Quand les gens ont mal aux dents, ils ont besoin d'un dentiste, pas d'un écrivain.»
source: IcI | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Lun 8 Juin 2009 - 19:55 | |
| Dentiste au Caire, Alaa El Aswany s’est fait connaître par un merveilleux roman choral L’immeuble Yacoubian, fidèlement adapté à l’écran. Après l’excellent Chicago, qui évoquait les égyptiens exilés, il nous revient avec J’aurais voulu être égyptien, un livre composé de 10 nouvelles, dont une de 100 pages. Autant dire d’emblée que l’ecrivain cairote est meilleur dans le roman car il est un auteur qui aime à installer ses personnages et à créer un environnement social autour d’eux. Néanmoins, ces nouvelles sont loin d’être négligeables dans le sens où on y retrouve cette volonté d’être le chroniqueur attendri des petites gens d’Egypte, tout en fustigeant avec la plus grande véhémence les dérives de ses dirigeants, la corruption et les extrémismes de toutes sortes qui menacent l’équilibre du pays. En cela, il n’est pas si loin du cinéaste Youssef Chahine, autre grand égyptien, s’il en est. | |
| | | sousmarin Zen littéraire
Messages : 3021 Inscription le : 31/01/2007 Localisation : Sarthe
| Sujet: Chicago Lun 13 Juil 2009 - 14:09 | |
| Chicago :
Le récit nous balade entre différents personnages, égyptiens majoritairement mais pas seulement, au sein d’un département de l’université de la métropole de l’ouest américain…qui porte un nom d’origine indienne ; algonquin pour être plus précis. Cette balade est agréable mais pas franchement gaie, seul 2 personnages s’en tireront avec un avenir et les « méchants » triompheront…
Bien sûr, les personnages sont plutôt caricaturaux et l’écriture n’est pas transcendante même si elle reste de qualité correcte mais ce qui frappe ici est une sorte d’inéluctable destin qui frappe les gens « biens », broyés par des systèmes qui prônent tous une morale en se gardant bien de l’appliquer. Un livre qui fait réfléchir. | |
| | | Eve Lyne Sage de la littérature
Messages : 1936 Inscription le : 08/08/2008
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Mar 4 Mai 2010 - 20:26 | |
| Chicago. L'histoire se passe à l'Universite de l'Illinois à Chicago où étudient un petit groupe d'Egyptiens qui ont pu bénéficier d'une bourse d'étude. Ils préparent leur doctorat de médecine. Ils sont amenés à côtoyer des professeurs d'origine américaine et d'autres d'origine égyptienne qui ont choisi d'exercer loin de leur pays et ont acquis la nationalité américaine. Le rêve américain est-il accessible à un non-autochtone ? C'est ce que nous saurons à la fin du roman. L'auteur en profite pour évoquer la discrimination raciale, la religion qui fait de la vie des femmes pratiquantes un enfer où la peur de fauter domine, la politique et notamment le régime de Moubarak (sans jamais citer le nom du Président, reconnaissable aux descriptions faites par Aswany), l'amour entre personnes de religions différentes, la corruption partout présente (tout s'achète, même les diplômes), etc. Un livre intéressant, au style toutefois un peu lourd, avec des personnages qui se ressemblent un peu trop (même niveau intellectuel) ce qui les rend moins attachants que ceux de L'Immeuble Yacoubian. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Sam 8 Mai 2010 - 2:19 | |
| Même avis qu'Arabella au sujet de L'immeuble Yacoubian. C'est, pour moi, un témoignage passionnant sur la société égyptienne, mais comme il est fait par le biais de la fiction, les personnages sont un brin caricaturaux, même si leur portrait et la description des problèmes qu'ils rencontrent sont très justes, je n'en doute pas une minute! | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Alaa El Aswany [Egypte] Mer 16 Juin 2010 - 18:14 | |
| L’immeuble Yacoubian
J’ai finalement pu délivrer ce livre de ma Pal, après bien longtemps. Et j’ai bien aimé de lire ce livre, qui nous plonge dans un pays, une société qui pourrait être « typique » pour certains pays du Proche Orient ( ?). Et qui m’aide alors de comprendre certains développements, certaines situations dans ces pays, entre attrait et répulsion de l’Occident, extrémisme religieux et laïcité, efforts de s’en sortir et magouilles sans fin. On peut bien parler, avec un certain choc (culturel), de l’omniprésence de la corruption, d’un extrémisme religieux tout proche, du pharisaïsme, du rôle de la femme opprimée etc. Et on pourrait s’opposer, revendiquer une franchise, une justice etc.
Ce qui m’a touché dans cette domaine de problèmes c’est le fait que pratiquement toutes les personnes, même ceux qui vont faire « le mal », ont aussi été, un moment donné, des victimes. Le mot qui me revenait sans cesse à la pensée, c’est : humiliation. Est-ce qu’on voit assez à quel point certains chemins injustes sont des « réactions » sur des humiliations subies ?
Si on prend l’exemple de Taha qui était au début du livre un musulman pratiquant, cherchant un emploi à la police. Il est rejeté et humilié pour ses origines. Je ne veux pas justifier son appartenance à une mouvance radicale, mais certainement l’islamisme extrémiste tire ses forces et sa popularité du fait que certains pensent y trouver un image d’une communauté plus juste (que l’officielle)…
On pourrait analyser d’autres personnages de la même façon ! Certaines femmes subissent les avances forcées des supérieurs. Certaines, après, vont s’y accoutumer et faire avec…
Cela ne devrait pas trop étonner le lecteur de trouver beaucoup de références à la religion, comme elle est encore omniprésente encore dans cette société. Ce par contre, dont on pourrait discuter c’est de savoir si soit l’extrémisme islamique, soit la pure religiosité de circonstance qui s’épuisent dans des formules, soit une laïcité sont vraiment toutes les facettes de cette question.
Pareillement les personnages décrits représentent certes un large spectre de la société égyptienne, mais épuisent probablement pas toute la gamme de caractères (évidemment). Ainsi je trouvais beaucoup d’informations et d’idées sur l’Egypte d’aujourd’hui tout en restant un peu sceptique si l’auteur n’a pas réduit sa vision.
Néanmoins une très bonne lecture ! | |
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