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| Salim Bachi [Algérie] | |
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Auteur | Message |
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Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| | | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Ven 7 Mai 2010 - 14:28 | |
| Le Silence de Mahomet - Citation :
- Présentation de l'éditeur
Mahomet fut un homme passionné avant d'être le prophète de l'islam. C'est à présent un personnage de roman. Un roman qui se déploie aux alentours de l'an 600 après J.-C., entre La Mecque et Médine, du désert d'Arabie aux abords de Jérusalem. Homme singulier, contesté par les siens, Mahomet est d'abord un orphelin, enrichi par son premier mariage. Marchand prospère visité par Dieu à quarante ans, prophète et homme d'Etat visionnaire à cinquante, amant et conquérant impitoyable, Mahomet ne cesse d'embraser les âmes. En prêtant sa plume aux proches de Mahomet, de Khadija, sa première femme, à son meilleur ami, le calife Abou Bakr, du fougueux Khalid, conquérant de l'Iraq, à Aicha, son dernier amour, Salim Bachi fait oeuvre de créateur et parvient à nous faire sentir l'humanité complexe de cet homme d'exception. Le Silence de Mahomet est un livre de près de 400 pages qui s’évertue à retracé la vie du prophète. Il est structuré en quatre parties : Salim Bachi donne la parole à quatre des proches de Muhammad. Khadija sa première épouse d’abord ; puis son meilleur ami, le calife Abou Bakr ; un second de ses amis, le guerrier Khalid ; Aïcha, enfin, sa dernière épouse. Aucune chronologie donc dans ce récit, ce qui a singulièrement posé problème à l’amoureux de la chronologie que j’avoue être. Pour commencer par le début, je vous dirai que je n'ai pas particulièrement accroché ! Pourquoi en parler dans ce cas ? Car ce livre n’en demeure pas moins intéressant : on assiste avec lui à la naissance d’une nouvelle religion. Ce livre m'apprend des choses sur ce début du VIIe siècle de notre ère : j’en sais désormais davantage sur Mahomet. Mais j'ai abordé ce livre en pensant lire un roman historique... Ce qui est loin d'être le cas : je reproche notamment le manque de dates. Jamais l'auteur ne les précise. Ou si rarement. Pas besoin de me dire en l'an 634, par exemple. Mais une mention 10 ans après l'hégire m'aurait suffit. J'ai relevé une seule fois une telle précision. A deux ou trois reprises, Bachi associe l'âge de Mahomet à l'évènement décrit. Il suffit ensuite de savoir que le prophète est né aux environs de 570. Ma seconde déception a été la multitude des personnages, la plupart aux noms imbuvables... Je m'y perdais continuellement. Je j'ai retenu que les 4 ou 5 principaux. Au cours de ma lecture, je me demandais sans cesse "mais c'est qui celui-là ?" Troisième déception, la construction du livre. Premièrement, les chapitres, trop courts, qui ressemblent plus à de courtes saynètes, des micros-trottoirs. Chacun des 3 derniers intervenants nous livrent leurs souvenirs comme ils viennent. Au fur et à mesure qu'ils les retrouvent. Les flashs back sont incessants, ce qui rend la perception de l'ensemble assez compliqué. C’est le cas surtout du récit d'Aïcha ! Khadija, elle, était plus structurée : son discours plus linéaire et plus aisé à suivre. Je sais que ce livre est controversé et qu’en Algérie il est (ou à été) censuré. Mahomet y est très humain et son épouse y relate une partie de leur intimité. Ce qui peut choquer. J'en discutais avec un ami musulman. Il me disait que si ce livre avait été interdit, c'est qu'il devait contenir des blasphèmes. Un sujet d’étonnement : j'ai toujours entendu dire que Mahomet était analphabète. Or, Bachi le présente plutôt comme un homme lettré et fort cultivé qui s'isole souvent pour lire (ai-je bien lu ça dans ce livre ). C'est un point qui m'a choqué car il venait démentir ce que je croyais savoir. L'illettrisme de Mahomet rend, pour les musulmans, le miracle encore plus grand. C'est la preuve que le Coran a bien été dicté par Dieu lui-même, car Mahomet était un homme trop simple pour une telle supercherie. Et pour illustrer les difficultés qu'a eues l'Islam à s'imposer, Abou Bakr prétend, notamment, s'être converti pour suivre un homme qu'il connaissait et estimait (Mahomet), et non pour un Dieu auquel il ne croyait pas (encore). Et Salim Bachi nous donne beaucoup d’exemples de ce genre : la naissance de l'Islam est donc due (en partie du moins) au charisme de son prophète. Ce doit être aussi le cas du Christianisme. Le Christ étant habituellement dépeint comme un grand orateur. Y-a-t-il des parfumés qui ont lu ce livre ? | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Ven 7 Mai 2010 - 14:55 | |
| - Harelde a écrit:
Le Silence de Mahomet
Y-a-t-il des parfumés qui ont lu ce livre ? Je ne l'ai pas lu...mais sa parution avait retenu mon attention...Et puis j'ai oublié... | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Salim Bachi Mar 9 Nov 2010 - 10:33 | |
| Je viens de découvrir cet auteur en lisant son premier roman : un livre magnifique à lire et à relire et un grand écrivain. Je savoure à l'avance le plaisir que je vais avoir à découvrir la suite de son oeuvre ! Le chien d'Ulysse, Salim Bachi, Gallimard 2001, 258 p. Comme Nedjma de Kateb Yacine auquel il emprunte de nombreux éléments, Le chien d'Ulysse, Odyssée d'un Ulysse algérien s'inspirant largement de l 'épopée satirique de Joyce, s'inscrit dans un univers mythique où s'enchâssent et se répondent plusieurs histoires, où se mêlent le passé et le présent, le rêve et la réalité. En érigeant Cyrtha, cette cité à la frontière du réel et de l'imaginaire , allégorie de L'Algérie, Salim Bachi bâtit, avec une maîtrise stupéfiante un univers romanesque jubilatoire mêlant l'Orient et l'Occident .Il arrive ainsi à dire avec lucidité la tragédie algérienne des années 1990 , la désillusion et le désarroi d'une jeunesse sans repères plongée dans l'enfer après l'assassinat du Président Boudiaf, sans sombrer dans le désespoir. Et le lecteur est emporté par la beauté et la vitalité d'un style contrasté mêlant des dialogues incisifs et vigoureux, drôles et familiers à une langue ample et poétique , baroque et flamboyante.
Biographie et bibliographie de l'auteur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Salim_Bachi | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Mar 9 Nov 2010 - 11:01 | |
| Si tu lis Le Silence de Mahomet, n'hésite pas à me donner ton avis sur ce livre qui m'avait laissé partagé.
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| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Ven 13 Avr 2012 - 10:13 | |
| Le silence de Mahomet J'ai tenté, puis j'ai lâché. Car ce prophète manque de souffle. L'écriture est très froide, il m'a manqué de la poèsie, du lyrisme (ce qui aurait bien collé avec le thème). Finalement, Mohamed est un homme ordinaire et ça me gêne. J'ai lu la 1ère partie, narrée par sa femme et je n'ai pas vu l'intérêt du truc. Au point de me demander la signification de ce titre énigmatique. ? Le livre décolle peut-être plus tard. Ben, j'suis déjà partie ! | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Ven 13 Avr 2012 - 11:42 | |
| - tina a écrit:
- Le silence de Mahomet
J'ai tenté, puis j'ai lâché. Car ce prophète manque de souffle. L'écriture est très froide, il m'a manqué de la poèsie, du lyrisme (ce qui aurait bien collé avec le thème). Finalement, Mohamed est un homme ordinaire et ça me gêne. J'ai lu la 1ère partie, narrée par sa femme et je n'ai pas vu l'intérêt du truc. Au point de me demander la signification de ce titre énigmatique. ? Le livre décolle peut-être plus tard. Ben, j'suis déjà partie ! Moi, je me suis accroché. J'ai eu du mal également. J'ai parfois lu en diagonale. Et aujourd'hui, il me reste fort peu de souvenirs. Juste une impression. Vague et mitigée. | |
| | | MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Ven 19 Oct 2012 - 11:59 | |
| Moi, Khaled Kelkal. Grande claque ! Voilà longtemps que je n'avais relu un livre sitôt la dernière page tournée. La dernière fois, c'était d'ailleurs Le Très-Bas, de Christian Bobin. D'une certaine manière, Moi, Khaled Kelkal est le "négatif" du Très-Bas. Même incroyable densité, même niveau concernant la qualité du style, même profondeur du personnage. Mais noir, noir, noir.
Sous la plume de Salim Bachi, Kelkal est loin d'être un innocent : « Je suis responsable de mes actes, je les ai commis en conscience. (…) Un apprenti chimiste sait de science occulte qu’il jongle avec les forces de l’univers et que son œuvre, aussi infime soit-elle, participe du grand mouvement. On ne l’imagine pas un seul instant innocent de ses actes. Je ne le suis pas et ne demande pas à l’être. Mes crimes ont été commis en pleine lucidité. Cette clairvoyance m’a fait réclamer mon sort en ne désarmant pas afin de ne pas avoir à être jugé par le tribunal des hommes. »
Il est, en revanche, clairement un symptôme social qu'il serait irresponsable de ne pas chercher à comprendre. « En France nous étions une quantité négligeable pour les indifférents, des envahisseurs pour les racistes qui prospéraient sur le fumier colonial. En Algérie, au paradis de l’enfance et des chimères paternelles, nous étions de nouveaux riches et traités comme tels, ou pire des traîtres qui avaient déserté en pleine guerre conne le monde, pris le parti de l’ancienne puissance coloniale, oublié leur culture et leur langue. » Et plus loin : « Je n’imaginais pas encore le nombre de vexations du même style qui avaient émaillé sa vie de travailleur déraciné, apatride, perdu en une langue qu’il ne maîtrisait pas assez pour tenir à distance les racistes qui se démarquaient ainsi de la masse pauvre et abrutie par le travail et l’alcool en humiliant les Arabes qu’ils côtoyaient tous les jours. (…) Je ne pouvais pas comprendre cela, je ne l’avais pas vécu et mon père se gardait bien de m’en parler. On cherche à protéger ses enfants du danger jusqu’à fabuler. »
Symptôme obstiné : « Mon père tombé en chômage, j’ai quitté le lycée La Martinière. Ou plutôt je me suis fait renvoyer. » Salim Bachi crée d'ailleurs un néologisme tout à fait significatif qui fait écho à La Mal Vie de Daniel Karlin et Tony Lainé : les immigris.
Mais toute compréhension sera impossible tant que nous nous abriterons frileusement derrière les explications simplistes qui nous arrangent bien, comme la religion, à laquelle Bachi tord le cou avec brio : « J’avais connu des mecs comme lui, en prison, qui vous attiraient par la seule force de leur néant. Ils recelaient en eux des tonnes de ressentiment et de haine, de quoi embarquer un escadron de mauvais bougres et les parachuter sur une mechta pour rétablir l’ordre et le progrès. Le feu et l’enfer vous sont promis si vous nous suivez, clament tous les Mehdi du monde : un salaud intégral avant d’être un croyant intégriste. » Plus loin : « Ce n’étaient pas quelques règles à observer, mais un sentiment plus profond, une loi intime que nous avions éprouvée dans notre chair. C’était notre essence face à la multitude hostile. L’islam ne servait qu’à renforcer cette impression d’appartenir à un corps général dont nous étions les artères et le sang et le souffle… »
L'auteur évoque d'ailleurs bien la confusion identitaire du jeune homme, mélangeant à souhait les références islamiques, chrétiennes ou judaïques : « Un Coran. Quel idiot. Et pourquoi pas une Bible. Une Torah. Comment trouver le réconfort dans ces vieux grimoires. » (dans Les jeunes et l'identité masculine, P. Duret démontre combien les difficultés identitaires sont dues à une multiplicité – et non à une carence – de modèles parfois contradictoires).
Le concept de résilience est très à la mode en ce moment ; on le met à toute les sauces en oubliant rapidement son point central, crucial : le tuteur de résilience, alors que c'est lui qui fait toute la différence. Je pense à Jamel Debbouze, qui explique bien comment sa rencontre avec Alain Degois lui a ouvert les portes de l'expression et de la création. Khaled Kelkal, lui, a rencontre Khélif : « Je l’avais rencontré en prison alors que j’étais misérable et seul, je menaçais de m’écrouler comme une ruine : je n’avais pas encore 20 ans, et j’étais fous, de douleur, de haine. » « Lorsque je pénétrais enfin dans la cellule, j’aperçus une ombre sur un lit. L’ombre bougeait. Elle se leva et me prit dans ses bras. J’étais le bienvenu, enfin, après un si long chemin depuis le lycée. Il s’appelait Khélif et entreprit de parfaire mon éducation musulmane. Un véritable ami, Khélif, et un maître. Je sortais des ténèbres avec lui. (…) Khélif me montra la voie, et je commençai à me nourrir à nouveau et je ne craignais plus personne. »
Et pour nous maintenir confortablement dans ces explications simplistes qui nous rassurent et continuer à nous y prélasser, nous savons y faire : « Quelques années plus tôt, on m’aurait guillotiné. Mais les temps changent et une balle dans la tête suffit à présent à vous juger. La peine de mort ne prend plus la peine d’être capitale. Elle est minimale et passe à la télévision. C’est d’ailleurs la raison d’être des terroristes : faire peur, redonner un visage à la mort. » Enfin... jusqu'au prochain...
Au final, un terrible voyage dans les ténèbres, porté par un style brillant, violent, désespéré et déterminé, mais aussi empreint d'une grande poésie. Avec un traitement temporel judicieux : allers-retours, répétitions et accélérations brutales, sorte de spirale infernale sans issue. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Lun 16 Fév 2015 - 12:29 | |
| Le Consul - Citation :
- Présentation de l’éditeur
En juin 1940, en pleine débâcle, Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal à Bordeaux, sauva la vie de milliers de personnes en désobéissant à son gouvernement. Entre trente mille et cinquante mille réfugiés de toutes nationalités et religions bénéficièrent d'un visa signé de sa main qui leur permit de fuir la menace nazie. Plus de dix mille juifs échappèrent à une mort certaine dans les camps. Relevé de ses fonctions, exilé dans son propre pays, oublié de tous, Aristides de Sousa Mendes paya jusqu'à la fin de sa vie le prix fort pour ses actes de courage. Salim Bachi retrace, dans ce roman en forme de confession, le destin exceptionnel d'un homme mystérieux et tourmenté, croyant épris de liberté et père de quatorze enfants que l'amour d'une femme et de l'humanité vont transfigurer. Ce résumé de l’éditeur m’a donné plus qu’envie d’aller à la rencontre de ce personnage. Et de l’auteur que je ne connaissais pas jusqu’à présent. Satisfaite de ces deux rendez-vous. Je dois avouer que j’ignorais l’existence de l’homme qu’était Aristides de Sousa Mendes et je suis d’autant plus contente que Salim Bachi l’a retiré de l’oubli. Il le mérite ! À plus d’une raison ! N’importe les raisons et certainement son propre raisonnement, ce qu’il a fait est tout à fait extraordinaire et la façon dont l’auteur s’approprie de ce personnage est très réussi. Et ce n’est seulement après ma lecture que j’ai fait une visite sur sa page Wikipédia et que j’ai trouvé parmi les personnalités politiques pour lesquels il a émis des visas, il y avait aussi : - Citation :
- Charlotte, grande duchesse du Luxembourg qui a dit de Sousa Mendes : «...son mérite, dans un temps de tragédie et de panique, sera toujours rappelé par les réfugiés luxembourgeois et ceux de ma propre famille, qui ont été sauvés par son initiative d'une persécution certaine et ont ainsi pu atteindre les pays libres. Son action humanitaire restera à jamais exemplaire de l'abnégation avec laquelle il s'est dévoué à la cause de la liberté et de la compréhension entre toutes les nations et toutes les races. »
Le monde n’est qu’un petit village… | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Jeu 5 Mar 2015 - 13:54 | |
| Le consul - kenavo a écrit:
Je dois avouer que j’ignorais l’existence de l’homme qu’était Aristides de Sousa Mendes et je suis d’autant plus contente que Salim Bachi l’a retiré de l’oubli. J'avais pour ma part déjà fait connaissance, comme d'autres ici, avec Aristides de Sousa Mendes dans Les exilés de la mémoire de Jordi Soler, où il apporte son aide au grand-père de l'auteur, réfugié espagnol.(j'en profite pour une fois que je connais quelque chose que kenavo ne connaît pas ) C'est Aristide de Sousa Mendes, sur son lit de mort, abandonné, déchu, mais l'âme en paix, qui, dans ce roman biographique, raconte sa propre histoire. Un homme pas forcément très sympathique, assez imbu de lui-même, considérant qu'il appartient « à la dernière génération d'hommes dignes de ce nom », ayant bafoué sa foi et son épouse en vivant une liaison passionnée avec une jeune femme à qui il destine cette confession, ayant sans scrupule détourné l'argent de l'État portugais pour élever ses douze enfants dans l'opulence. Mais, il a droit aux contradictions, c' est chrétien convaincu, attentif aux autres, certain de ses valeurs. Et en juin 40 il désobéit aux directives du gouvernement portugais pour signer des dizaines de milliers de visas et de faux passeports pour des réfugiés dans un extraordinaire marathon-course-contre la montre, signant en même temps leur salut et son propre bannissement. Cet homme-là qui nous donne une leçon d'histoire et de grandeur, d'humilité aussi, dans un texte à la prose enflammée, voire parfois exaltée, à la hauteur de ce destin exceptionnel. Hasard des coïncidences, je fais un parallèle amusé entre le skieur ordinaire désarçonnant tout le monde par sa lâcheté de Snowtherapy, et cet homme au demeurant tout aussi ordinaire, transfiguré par son courage. A noter que les faits décrits dans Le consul correspondent tout à fait à ce qu'on peut trouver sur la page Wikipedia au nom de Aristides de Sousa Mendes. Mais que sur la page de Salazar , on peut lire, avec deux références : - Citation :
- Plus tard la documentation sur Sousa Mendes a été rendue publique et on peut voir que Sousa Mendes ne fut jamais destitué et a continué à recevoir son salaire de consul jusqu'à sa mort en 1954
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Jeu 5 Mar 2015 - 13:56 | |
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Jeu 5 Mar 2015 - 15:10 | |
| - topocl a écrit:
- (j'en profite pour une fois que je connais quelque chose que kenavo ne connaît pas )
oh, j'espère pour toi que tu connais des tonnes d'autres choses qui me sont inconnues mais voilà que Jordi Soler a de grandes chances de sortir de ma PAL plus vite merci en tout cas pour ton commentaire... | |
| | | Agnès Main aguerrie
Messages : 343 Inscription le : 11/07/2015 Age : 52 Localisation : Nord-Isère
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Sam 18 Juil 2015 - 16:42 | |
| Je fais remonter ce fil pour parler d'un livre qui n'a pas été évoqué : Le dernier été d'un jeune homme, où Salim Bachi écrit à la première personne, en "endossant" la voix d'Albert Camus. Je lisais ce livre au moment où j'ai appris les attentats de janvier, et je dois reconnaître que je l'ai considéré comme un refuge de beauté et de lumière pendant ces quelques jours d'effroi. Cela fait très grandiloquent dit comme ça mais sur le coup c'est exactement ce que j'ai ressenti - au point que j'ai écrit à Salim Bachi pour lui faire part de ce que ce livre a représenté à ce moment précis (tout le monde s'en fout mais il m'a répondu avec beaucoup de gentillesse et de simplicité). Bref, j'ai apprécié infiniment la beauté de ce livre, tant pour les thèmes abordés que pour l'écriture que je trouve très évocatrice. J'aime également beaucoup la façon dont Bachi parle des femmes et de l'amour physique dans ce livre. Un extrait : - Citation :
- Ma tante et mon oncle se doutaient-ils de l’immense cadeau qu’ils me faisaient en me sortant d’Alger ? Et oncle Étienne de la joie qui était la mienne lorsqu’il m’emmenait à la chasse avec lui ? Et M. Germain, notre instituteur, savait-il l’importance de la graine qu’il plantait en chacun de nous ? Il nourrissait un enfant poussé par une étrange soif de connaissance, une avidité devant le monde et les êtres qui ne s’épuiserait jamais. Je revois le petit garçon qui s’en allait à l’école le matin et que son instituteur guidait vers un destin plus noble. M. Germain parvint à éveiller, chez des êtres que la pauvreté menaçait de rendre imperméables à toute forme d’éducation, le désir de connaître et d’apprendre. Il avait vu tous ses amis disparaître dans les tranchées. Tous les après-midis, il nous lisait Les Croix de bois de Roland Dorgelès.
Vers la fin du roman, je pleurai à l’évocation de la mort des amis de l’auteur. Un de mes camarades se moqua de moi et me traita de lâche. Alors, pour me défendre, M. Germain évoqua le courage, la fraternité des armes, et enfin mon père qui était mort en défendant la patrie pendant une guerre où lui-même avait vu mourir tant de camarades. Mon père, je ne le connaissais pas. Il existait grâce à la photographie en noir et blanc accrochée au mur de la salle à manger. Un homme très jeune, qui portait une sorte de béret, un visage fin, des yeux en amande.
– Il te ressemblait, dit maman. Trait pour trait.
– En quelle année il est né ?
– Je ne sais pas. J’avais quatre ans de plus que lui.
– Et toi, en quelle année ?
– Je ne sais pas, regarde le livret de famille.
[…] Je ne le connaîtrai jamais. À présent, plus vieux que lui, je m’imaginais en grand frère attentif, qui s’était demandé où s’était perdu le lien affectif qui devait nous lier. Avait-il jamais existé ?
– Il ne savait pas lire. À l’orphelinat, on n’apprenait rien.
– Mais il t’a envoyé des cartes de la guerre ?
– Oui, il a appris avec M. Classiault.
– Chez Ricôme ?
– Il lui a appris à lire et à écrire.
– À quel âge ?
– À vingt ans, je crois. Je ne sais pas. C’est vieux, tout ça. Mais quand on s’est mariés, il avait bien appris les vins et il pouvait travailler partout. Il avait de la tête. Comme toi.
– Et après ?
– Ton frère est venu. Ton père travaillait pour Ricôme et Ricôme l’a envoyé dans sa ferme de Saint-Paul.
– Saint-Paul ? Près de Mondovi ?
– Oui. Et puis il y a eu la guerre. Il est mort. On m’a envoyé l’éclat d’obus. Je crois que c'est un très bon livre pour faire connaissance avec son auteur, surtout si par ailleurs vous aimez Camus. | |
| | | MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Jeu 23 Juil 2015 - 8:17 | |
| Merci pour cette contribution, Agnès, ça me donne très très envie. | |
| | | Agnès Main aguerrie
Messages : 343 Inscription le : 11/07/2015 Age : 52 Localisation : Nord-Isère
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] Jeu 23 Juil 2015 - 8:23 | |
| Je t'en prie | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Salim Bachi [Algérie] | |
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| | | | Salim Bachi [Algérie] | |
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