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| René Depestre [Haïti] | |
| | Auteur | Message |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: René Depestre [Haïti] Dim 19 Sep 2010 - 13:27 | |
| René Depestre est né le 29 août 1926 à Jacmel en Haïti. Il est à la fois poète et écrivain. En 1936, le père de René meurt et il quitte sa mère et ses frères et soeurs pour aller vivre chez sa grand-mère maternelle (cet épisode est raconté dans Hadriana dans tous mes rêves). Etudiant à Port-au-Prince, il est très engagé dans la vie politique de son pays et il est incarcéré puis envoyé en exil en France. Il continue à écrire, réfléchir et défendre le mouvement de décolonisation. Il est expulsé de France pour son activisme et il se voit exiler de pays en pays à travers l'Europe et l'Amérique du Sud. De ce parcours il ne tire aucune rancoeur mais au contraire se considère comme un arbre dont les rhizomes se développent à chaque fois que le destin le force à se poser quelque part. Riche de chaque voyage, il fait une plus longue halte à Cuba, où il s'investit auprès de Fidel Castro et de Che Guevara dans la politique. En 1956 il publie Minerai noir dans lequel il évoque les souffrances et les humiliations de l'esclavage. Dans les années 70, Castro l'éloigne du pouvoir et en 78 il renonce définitivement aux 'dérives castristes'. De retour en France, il travaille pour l'UNESCO. En 1988, il décide de s'installer dans un petit village, à Lézignan-Corbières, où il continue chaque matin à écrire. Son roman Hadriana dans tous mes rêves, publié en 1988 reçoit plusieurs prix dont le Renaudot. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: René Depestre [Haïti] Dim 19 Sep 2010 - 13:57 | |
| Hadriana dans tous mes rêvesEn ouvrant ce fastueux roman, préparez vous à un voyage étrange, labyrinthique, entre vie et mort, désir et folie, extravagance et danse. René Depestre est un magicien à la langue sublime et écorchée, au langage d'ange et à l'appétit de démon. Mêlant fantasmagorie, onirisme vaudou et revendication de la chair, l'auteur nous emporte dans une sarabande débridée qui a tout d'un carnaval de mort. Incroyablement riches, passionnés, virvoltants, entrainants et macabres, les personnages qui peuplent la ville de Jacmel sont des poètes qui nous entrainent dans 'l'autozombie' pour un drôle de voyage. Tout commence par la mort de la marraine du narrateur, Germaine Villaret-Joyeuse dont les coups de reins légendaires brisèrent plusieurs maris... Le problème est que sa mort libère... un papillon de nuit lubrique qui n'hésite pas à retrousser les jupes et voler la viginité des jeunes jouvencelles de Jacmel. Dans cette histoire, Hadriana est la jolie blanche qui le jour de ses noces, au moment de prononcer le 'oui' sublime, s'écroule : morte. Seulement la fête du carnaval préparée pour la noce ne peut pas s'arrêter pour autant. Deux partis s'opposent, ceux des noirs agrippés à leur coutume de bacchanale et les blancs qui voudraient prier et pleurer leur tendre disparue. Pour une fois, les noirs gagneront et entraineront le lecteur dans des scènes extraordinaires de densité et de beauté. René Depestre est un sorcier des mots pour exprimer ce mélange entre le vif et le mort, entre la fête et le macabre, l'ivresse et l'oubli. Tour à tour amené à rire puis à pleurer, le lecteur oscille entre ces deux extrêmes avec bonheur. Quel force, quel talent dans la relation de ce qui appartient aux haïtiens : le vaudou, les croyances, la sorcellerie, la magie noire, les loas, les démons... Le deuxième mouvement du livre est plus théorique, plus politique aussi. Il s'agit des réflexions du narrateur, trente ans après le décès d'Hadriana, sur le vaudou avec cette question paradoxale : et si le vaudou n'était pas surtout une création du blanc pour garder le noir sous le joug de la superstition ? " Pourquoi le zombie -et la zomberie- dans l'imaginaire haïtien ? Le mythe d'un sous-nègre serait-il propre uniquement au quart monde de mon pays ? A qui et à quoi sert-il de bouc émissaire ? Dans une société à très faible coefficient de droit et de liberté, l'insécurité absolue du zombie vaut-elle, sur le plan mythique, l'extrême détresse de la condition humaine qui caractérise la vie dans ma moitié d'île ? " p.132 Le troisième mouvement raconte à travers les yeux d'Hadriana sa dernière journée avant de combattre le sorcier qui voulait la transformer en zombie. Cette partie un peu répétitive par rapport à la première, a surtout le mérite de nous donner une description sublime de la région autour de Jacmel. Il suffit de fermer les yeux pour retrouver la poésie de Depestre et son amour tellement intense, tellement physique pour son pays, retrouver les arbres et leurs fruits, la beauté de la mer et d'une flore incroyable. Je recommande donc à tous ceux qui rêvent d'images de carnaval haitïen, de masques, de délires, de danses, de rythmes, de cérémonies vaudous de lire la pemière partie de ce livre endiablé, qui est furieusement sexuel et divinement poétique. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: René Depestre [Haïti] Lun 25 Oct 2010 - 21:34 | |
| J'ai lu Hadriana dans tous mes rêves, et malheureusement je ne partage pas l'enthousiasme de Shanidar. Non que j'ai trouvé ce livre sans intérêt, je lui trouve même des qualités, mais sans avoir été complètement convaincue.
Le récit a déjà été raconté, Hadriana meurt le jour de son mariage, à l'église, au moment de dire oui, mais elle ne meurt pas vraiment, elle est juste en train d'être transformée en zombie. L'incontestable atout du livre, est l'écriture de René Depestre, par ailleurs poète, et qui dans de bons moment du récit, trouve lyrisme et flamboyance. Des petits moments, des descriptions, des personnages, sont fort bien rendus, et on se prend à sourire à certains passages.
Ce qui m'a infiniment moins satisfait, est la structure du récit, la trame romanesque. On plus en face de morceaux épars que d'un véritable récit. Un bout de carnaval, un personnage pittoresque, une description. Réussis en eux-mêmes mais l'articulation entre eux n'est pas très convaincante pour moi. Le récit d'Hadriana dans la dernière partie est la partie la plus réussie à mon sens, même si par moment répétitive avec ce qui nous a déjà été raconté au début. Et puis le happy end final est peu convaincant, échapper à la zoombification semble étonnamment facile, on se demande même pourquoi personne ne semble y avoir pensé avant. Bref cela manque de crédibilité.
Donc impression mitigée à la fin de cette lecture, quelques bons moments, mais globalement en tant que roman, je trouve ce texte frustrant. | |
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