Régis de Sá Moreira

Pas si simple de trouver des informations sur lui ! Né en 1973 d'un père brésilien et d'une mère française, huitième enfant d'une grande famille, voyageur. Monsieur.

Pas de temps à perdre, ainsi s'intitule son premier roman. Ben, Fontaine, des pamplemousses, et une histoire d'amour qui commence, drôle et vive. Les deux tourteraux élisent domicile dans une maison voyageuse, se retrouvant tantôt au pôle nord, tantôt au milieu de la ville. Ou encore face au lac où vit un monstre qui s'ennuie, avec lequel ils discutent depuis leur balcon. A part boire de l'alcool avec leurs amis, Cow-Boy et Fred, ils organisent entre autre un service de distribution de cartes postales pour redonner le moral aux gens.
C'est avec beaucoup de curiosité et d'attachement que l'on suit les vies de ces personnages à travers les diverses originalités qui les ponctuent.
J'ai beaucoup aimé ce livre, d'abord pour sa poésie, puis pour sa fluidité et son côté excentrique. C'est agréable, touchant, on arrive avec regret à la conclusion, et on en garde un petit voyage dans un coin de l'esprit..

Mais c'est surtout de son troisième roman, Le libraire, que j'ai envie de parler. Il fait tellement de bien ! Dans sa librairie, l'homme boit des tisanes et dévore des livres. Des gens y entrent, accompagnés du poudoupoudoupoudou de la porte d'entrée. De la vieille dame qui cherche un livre pour ses petits-enfants au Dalaï Lama et en passant par Jacques le Fataliste, les visiteurs sont aussi nombreux que variés. C'est un livre doux, une bouffée d'air. On sourit à chaque page.

Citation :

Jacques le Fataliste n'était pas le seul client autorisé à fumer dans la librairie.
Après plusieurs années d'expérience, le libraire avait eu un jour une révélation : sa librairie attirait plus de clients fumeurs que de clients non fumeurs.
Comme lui-même ne fumait pas, le libraire s'était posé des questions, et comme ces questions ne l'avaient mené nulle part, il avait simplement décidé d'accrocher dans la librairie un petit panneau portant le symbole non-fumeur au-dessous duquel était ajouté "sauf fumeurs", ce que les gens prenaient pour une blague.
Mais le panneau du libraire n'était pas une blague.
Le jour où un non-fumeur avait voulu s'allumer une cigarette dans la librairie, le libraire l'avait tout de suite mis dehors.

Citation :

Lorsqu'il redescendit dans sa librairie, le libraire remarque d'un seul coup d'oeil que quelques livres avaient été volés.
"Enfin des gens qui ne volent pas de la merde", se dit-il rapidement.

Citation :

Le libraire ne pratiquait pas la grossièreté mais il avait trouvé d'autres armes qui s'étaient révélées tout aussi efficaces.
Ces armes étaient des phrases et ces phrases, le libraire les avait prises dans des méthodes de langues étrangères. Quelles étaient ces langues et comment se disaient ces phrases en ces langues, le libraire n'en avait aucun souvenir parce que c'était justement uniquement pour leurs phrases d'exemple qu'il lisait les méthodes de langue étrangère.
Ces phrases sans qu'il sache pourquoi touchaient un point sensible chez le libraire et résonnaient en lui comme peu d'autres. Chacune lui paraiassait être une histoire à elle seule. "Je reviens du marché où j'ai rencontré tes parents."
"S'il faisait chaud, nous nous baignerions."
"Vous n'êtes pas d'accord à propos des chats."
"Cette maison est moins jolie que l'autre."
"Les oranges qu'ils ont mangées étaient très savoureuses."

Et sa préférée parmi toutes : "Il y a beaucoup de choses à apprendre sur les icebergs. (...)

Je pense que ces quelques petits extraits parlent d'eux-même. Ils donnent le ton du livre, léger, poétique, drôle - très savoureux.



En espérant vous avoir donné envie de lire...

alaska a écrit:

Je pense que ces quelques petits extraits parlent d'eux-même. Ils donnent le ton du livre, léger, poétique, drôle - très savoureux.

en espérant vous avoir donné envie de lire...

Ben oui... Je viens de noter Le libraire sur ma liste à lire!
Merci Alaska de ce généreux commentaire!

Moi aussi, je le note sur ma LAL; Ton commentaire, alaska, est excellent et atteint le but recherché: faire découvrir ces pages par un autre! Merci beaucoup

Je suis un tout petit peu moins enthousiaste. D’un côté, j’adore la douce folie du libraire, cet homme qui, au lieu d’écrire des lettres à ses frères et sœurs, leur envoie les pages de romans qui le font penser à eux. Cet homme qui choisit ses livres et ne vend que ceux qui lui plaisent, qui lit absolument tout ce qu’il propose à la vente.

De l’autre, sa vie me fait peur. Il est coupé de toute vie sociale, n’a plus d’amis, n’ose pas avoir de vraie relation avec une femme. Il ne vit que pour sa librairie qui est ouverte 24h/24, 7j/7. J’ai de la peine pour lui.

Bref, j’ai plutôt bien aimé ce livre, dont le côté burlesque me laisse un goût de mélancolie. Poudoupoudoupoudou !

Le libraire, livre que j'ai acheté complètement au hasard, me fiant au 4ème de couverture qui m'avait séduit. Eh bien, je n'ai pas été déçu! Je ne connaissais pas Regis de Sa Moreira mais je vais m'empresser de découvrir ses deux autres romans. J'ai trouvé la lecture du Libraire très rafraichissante, détendante, drôle et touchante. Ce côté asocial du héros lui confère en fait une originalité, une douceur et une touche de mystère qui ne sont pas pour me déplaire. Les visites dans ses lieux de concepts tels que la question ou la mort rendaient le tout très captivant et enivrant.

Bref, une lecture que je conseille fortement!

Tout comme Tom, "Le libraire" m'a enchantée!!

Voici un roman à déguster lentement afin de s'imprégner au mieux de son atmosphère délirante, parfois surréaliste et échevelée!
Le libraire ne se nourrit que de livres et de tisanes, tisanes qui varient selon l'humeur laissée par les clients ou l'état d'esprit du libraire. Les livres sont des êtres vivants, bichonnés, caressés, donnés à celui qui les mérite. Parfois, ils reviennent chez le libraire reprendre leur place dans les rayonnages.
La librairie semble immense et minuscule à la fois tel l'imaginaire de celui qui entre dans cet univers particulier.
Le libraire est issu d'une famille nombreuse, dispersée aux quatre coins du monde et souvent il envoie à ses frères et soeurs une page arrachée d'un livre de la librairie...pages éparses d'une histoire familiale unique, pages "cordons" reliant la fratrie.
La librairie ressemble parfois à un moulin: on entre, on sort comme on veut....Dieu, la Mort, les questions, les témoins de Jéhovah, les couples (le libraire ne les aime pas trop...trop occupés d'eux et pas assez des livres), les solitaires, les angoissés, les réjouis, les lecteurs acharnés, les lecteurs égarés qui cherchent le livre dont on parle ("c'est en face").
Le libraire a des réponses à toute question ou requête gênante et comme il déteste la grossièreté, il renvoie le gêneur avec d'autres armes: "...Ces armes étaient des phrases et ces phrases, le libraire les avait apprises dans des méthodes de langues étrangères. Quelles étaient ces langues et comment se disaient ces phrases en cs langues, le libraire n'en avait aucun souvenir parce que c'était justement uniquement pour leurs phrases d'exemple qu'il lisait les méthodes de langues étrangères.
Ces phrases, sans qu'il sache pourquoi, touchaient un pont sensible chez le libraire et résonnaient en lui comme peu d'autres. Chacune lui paraissait être une histoire à elle seule.
"Je reviens du marché où j'ai rencontré tes parents"
"S'il faisait chaud, nous nous baignerions."
"Vous n'êtes pas d'accord à propos des chats;"
"Cette maison est moins jolie que l'autre."
"Les oranges qu'ils ont mangées étaient très savoureuses"
Et sa préférée parmi toutes: "Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur les icebergs." (p 93 et 94)
"Il y avait quelque chose dans cette phrase. Un pouvoir magique qui marchait à tous les coups. Le libraire avait d'abord pensé qu'il était le seul à y être sensible, qu'elle réveillait peut-être en lui un rapport particulier qu'il entretenait avec les icebergs, mais il l'avait essayée dans plusieurs situations et il vait découvert que les clients aussi y réagissaient, même si leurs réactions étaient à chaque fois différentes, ainsi qu'étaient différents les clients. Un homme avait voulu le gifler, une femme l'avait embrassé dans la seconde où il avait fini de la dire.
Mais le libraire n'abusait pas de sa phrase sur les icebergs car il savait que toute magie s'usait. Il en utilisait d'autres et gardait sa préférée pour les occasions exceptionnelles ou lorsqu'il n'avait plus d'autre recours." (p 94)
La librairie a une sonnette extraordinaire qui rythme l'entrée et la sortie des clients et visiteurs en fonction de leur particularité: "Poudoupoudoupoudou" et mille et une variantes plus amusantes les unes que les autres!
Le libraire ne ferme jamais sa librairie: on peut y venir à toute heure. Cependant, il y a une heure désagréable....la troisième de l'après-midi, d'ailleurs même les clients ne l'apprécient puisque rares sont ceux à franchir le seuil de la librairie! Cette fameuse troisième heure pendant laquelle tout le monde languit de quelque chose et pendant laquelle le temps s'étire et lambine.
Régis de Sa Moreira livre un recueil de pensées philosophiques et poétiques, d'une drôlerie émouvante et pleine de tendresse.
"Le libraire" et son auteur entraîne le lecteur dans un voyage magique au coeur d'une librairie idéale, guidé par un libraire idéal. Un moment de bonheur de lire, de rire et de rêver!

Tiens je n'aurais pas deviné que Régis de Sá Moreira était français ! Comme quoi on en apprend tout les jours !! En tout cas j'ai vraiment adoré Le libraire, je l'ai relu il y a peu de temps d'ailleurs !
La première fois je me suis dis : "C'est pas possible ! Terry Pratchett est rentré dans une librairie et a eu envie d'écrire un livre dessus".

Le libraire vit seul, dans sa librairie, au milieu de ses livres, ou plutôt en compagnie de ses livres. Il ne mange pas, il ne dort pas, la librairie est ouverte en permanence. Le libraire n'ingurgite que des tisanes. Pour chaque client, une tisane ; il choisit son parfum en fonction du client.
Et bien sûr, le libraire lit, et lit énormément d'ailleurs. C'est bien simple, il a lu tout les livres de sa librairie.

C'est un petit livre très drôle, loufoque, absurde, étrange, mais aussi poétique, tendre et un peu mélancolique. J'ai beaucoup aimé le passage ou la Mort rentre dans la librairie. En réalité j'ai aimé beaucoup de passages, mais celui-ci je l'ai trouvé particulièrement beau.
C'est rare mais j'ai aussi éclaté de rire devant certaines pages, surtout devant cette fameuse phrase : "Il y a beaucoup de choses intéressantes à apprendre sur les icebergs."

Je l'ai dégusté lentement, à petite gorgée, un peu comme une tisane... J'ai attendu avec impatience que retentisse le poudoupoudoupoudou de la porte, pour voir quel client allait apparaître.

Ce livre est tentant...Je note!

Tu notes coline, je note, bref nous notons.....quand les lirons nous? C'est vrai qu'il est bien tentant ce libraire!

domreader a écrit:

Tu notes coline, je note, bref nous notons.....quand les lirons nous? C'est vrai qu'il est bien tentant ce libraire!

Oui...Et je l'ai même noté deux fois...mais ça y est ...je l'ai commandé et il est arrivé!

LE LIBRAIRE

Comme j’ai déjà pu le dire, je suis un peu déçue par ce conte loufoque…Non pas que la fantaisie me déplaise, bien au contraire !…J’ai trouvé l’idée de ce personnage décalé excellente mais c’est le texte qui est un peu léger, pas assez poussé…
Je reconnais que quelques passages m’ont fait sourire…
Mais toutes ces phrases si courtes, si pauvres, toutes ces répétitions pour nourrir un imaginaire qui pouvait sembler prometteur !…

Drôle de bonhomme que ce libraire dont la boutique est toujours ouverte, sept jours sur sept, jour et nuit. Ce que le libraire a résumé «en peignant simplement et définitivement sur la porte de la librairie le mot ‘Ouvert’. »
Le libraire a lu tous les livres de sa boutique.
Il ne vend que ce qu’il aime … Plusieurs exemplaires d’Anna Karénine… mais un seul livre de voyage. Et parfois il refuse de vendre !

Le libraire est un homme seul.
Il n’a plus d’amis.
Il vit dans le souvenir d’un amour perdu composé de trois échecs. Il écrit intérieurement l’histoire de cet amour et se transforme lui-même « en un recueil de pages pour son amour perdu, pages plus belles les unes que les autres, et dont la beauté, à mesure qu’il la recueillait, embellissait sans qu’il le sache le libraire lui-même. »
Il ne voit plus sa nombreuse famille mais envoie cependant régulièrement à ses dix frères et sœurs des pages arrachées dans des livres.

Dans cette librairie tenue par un homme aussi original, les clients sont aussi parfois un peu particuliers. Et quand ils ne le sont pas, ce sont les réponses du libraire qui sont inattendues. On assiste aux entrées et sorties au son du poudoupoudoupoudou de la porte. Une femme enceinte, un voyageur, des témoins de Jéhovah, un client grossier, des couples (que le libraire ne supporte pas !), le dernier client (à qui il offre toujours une tisane)… Même Dieu fréquente la librairie !…
Après chaque sortie de client, le libraire boit une tisane…

Vous passerez sans doute à lire Le libraire un moment de lecture plutôt agréable…mais court !...
Le livre refermé, il n’en reste pas grand-chose…

Le libraire:
Un petit passage ?

"POUDOUPOUDOUPOUDOU
Le libraire lâcha le livre et son regard se ficha. Il eut un mouvement vers son escalier, puis il soupira et resta assis.
Il les entendit avant de les voir, sans distinguer les paroles qu’ils s’adressaient, s’entr’adressaient, et s’auto-adressaient ;

« coupli coupli coupla, coupli coupli couplo… »
Le libraire sentit la méchanceté monter en lui. Le couple s’approcha, leurs –ou plutôt ses- paroles aussi.
«Coupli coupli coupla ? »
« Coupli coupli couplo …
« Couplalalala.
« Couplo, couploplo ?
« Coupla, couplipli…
« Oh… Coupli !
VOUS CHERCHEZ QUELQUE CHOSE ?
Le couple sursauta et se retourna.
« Couplo ?...
Le libraire avait fait le tour de sa librairie en passant par les allées et prenait le couple à revers depuis la porte d’entrée.
« Coupli coupli…
« Couplapla couplala…
«QUEL LIVRE ? gronda le libraire.
« Couplo … Coupla coupli…
Le couple essaya de s’approcher de la porte mais le libraire en bloquait totalement l’accès
« UN LIVRE POUR LES COUPLES ? »
« Coupliii…
« Coupla ?...
« Coucoupli…
« QUOI ?
« Couplaplopli…
« J’AI UN TRES BON LIVRE SUR LES CHARS DE COMBATS ! »
(Le libraire mentait.)
« Couplo ?...
« Ah… coupla…
« Couplopla…
« MAIS JE NE LE VENDS PAS ! »
« Couplo.
« Coupla.
« Coupli coupli…
« JE VOUS OUVRE LA PORTE ?...
« Coucoupli…
« Oh… couplopla…
Le libraire ouvrit la porte de sa libraire…
« ADIEU !
« Coupla…
« Couplo couplo…
Et la referma."

Mari et femme

Un couple, à la veille de la séparation.
Un beau matin chacun se réveille dans le corps de l'autre mais l'esprit reste originel, et c'est la découverte.
Très intéressant petit roman où, au-delà de l'invraisemblable du point de départ, tout est prétexte à une tentative de compréhension de l'Autre, de l'intérieur.
Un jeu subtil et "embrouilleur" des pronoms personnels et possessifs qui désignent tantôt la personne première, tantôt la personne devenue l'autre.
Belle leçon d'ouverture et de tolérance.
J'ai bien aimé cetexte, beaucoup moins léger qu'il y paraît.

Extrait :

" Tu te rends compte qu'à part ton chat personne n'a de doute sur le fait que tu es ta femme ou que ta femme est toi.
Tu te sens parfois si maladroit quand tu te demandes comment les autres peuvent avaler ça mais la plupart des gens semblent considérer qu'une enveloppe corporelle est sûre à cent pour cent.
Toi-même tu ne t'étais jamais demandé qui pouvait bien se cacher derrière les seins de la boulangère, ou à qui tu avais réellement affaire
quand tu saluais ton voisin..."

...."....ta femme te regarde avec ton beau sourire. Tu t'approches un peu d'elle. Elle se recule un peu. Tu t'approches encore. Elle essaie de rire. Pas toi. Tu tends une main vers ta joue. Ton beau sourire s'efface d'un coup. Tu poses ta main sur ta joue..."

Pas de temps à perdre :

Un roman plein de fantaisies avec quelques idées intéressantes comme la maison qui bouge ou le « robin des boîtes » et même si le style est un peu simple, le roman pas très construit, il y a une fraîcheur réconfortante dedans.

Un mélange de conte de fée et de sexe. Cela finit par un happy end mais au fil des pages, il n’y a pas que de bons sentiments.

Un premier roman intéressant, un auteur à suivre…

Je vais le noter celui-là. ça m'intrigue.