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| Wolfgang Borchert [Allemagne] | |
| | Auteur | Message |
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lekhan Main aguerrie
Messages : 324 Inscription le : 20/08/2007 Age : 35 Localisation : Poitiers-Biarritz
| Sujet: Wolfgang Borchert [Allemagne] Ven 4 Jan 2008 - 2:04 | |
| Une biographie concise de wikipedia: - Citation :
- Dès l'âge de 17 ans, il voit ses premiers poèmes publiés dans le Hamburger Anzeiger. Il est d'abord apprenti-libraire, mais il se tourne assez rapidement vers le théâtre. En 1941, certains de ses poèmes, jugés subversifs par la Gestapo lui attirent des problèmes : si les autorités le laissent jouer un temps dans un théâtre de Lüneburg, il est envoyé sur le front russe assez rapidement.
En 1942, malade et blessé, il est envoyé dans un hôpital militaire. Accusé d'automutilation et de propos contre le régime hitlérien, Wolfgang Borchert passe par deux fois en jugement et échappe de peu à la peine de mort. Après 8 mois de prison, il est renvoyé au front. Sa santé se détériorant rapidement, il rentre à Hambourg - après deux hospitalisations - où il est comédien.
En 1944, il est à nouveau condamné pour propos subversifs et renvoyé au front. L'année suivante, prisonnier des Français à Francfort-sur-le-Main, il réussit à s'évader et rentre à Hambourg. Il y est comédien mais également metteur en scène. Sa santé se dégrade au point qu'il ne peut quitter son lit.
En 1946, Wolfgang Borchert, après une nouvelle hospitalisation, publie un recueil de poèmes, Laterne, Nacht und Sterne. L'année suivante, en à peine huit jours, il écrit sa pièce de théâtre Draußen vor der Tür (Dehors devant la porte) qui est très bien accueillie lors de sa diffusion à la radio un mois plus tard. Il fait paraître également un recueil de textes, Die Hundeblume (le Pissenlit) et écrit des nouvelles éditées sous le titre An diesem Dienstag (Ce mardi-là).
Epuisé, rongé par la maladie, Wolfgang Borchert meurt à l'hôpital Clara de Bâle le 20 novembre 1947, la veille de la première de sa pièce montée à Hambourg et qui connaîtra un grand succès.
En France, il faudra attendre 1962 pour qu'une grande partie de son œuvre, préfacée par Heinrich Böll, soit enfin publiée.
Wolfgang Borchert fut le pincipal représentant de la jeune génération d'après-guerre. Il fut également le premier écrivain allemand de cette période à obtenir une célébrité internationale, avant même la création des deux états. Représsentant de la "Trümmerliteratur" (littérature des ruines), il a été le porte-parole d'une jeunesse bafouée. Et un des plus beau recueil de textes de la littérature allemande, publié au Rouergue pour 5euros 50, Chère nuit gris-bleu. Dont le Rouergue nous offre la première nouvelle, disons le premier texte, à mon sens un des plus beau et des plus puissant de toute la littérature européenne. - Citation :
- LE CHAT ÉTAIT GELÉ DANS LA NEIGE
Des hommes marchaient de nuit, dans la rue. Ils fredonnaient. Derrière eux, il y avait une tacherouge dans la nuit. Effroyable était cette tache rouge. Car la tache était un village. Et ce village –, ce village brûlait. Les hommes y avaient mis le feu. Car ces hommes étaient des soldats. Car c’était la guerre. Et la neige criait sous leurs souliers à clous. Effroyablement criait la neige. Les gens se tenaient tout autour de leurs maisons. Et celles-là brûlaient. Ils avaient coincé sous leurs bras pots, enfants et couvertures. Des chats criaient dans la neige ensanglantée. C’est le feu qui la rendait si rouge. Et elle se taisait. Car les gens se tenaient muets tout autour de leurs crépitantes maisons qui gémissaient. Et c’est pourquoi la neige ne pouvait crier. Quelques-uns serraient également contre eux des tableaux en bois. Petits, dorés, argentés et bleus. On pouvait y voir un homme au visage ovale et à la barbe brune. Les gens fixaient sauvagement dans les yeux ce très bel homme. Mais les maisons, elles, brûlaient, brûlaient encore, brûlaient malgré tout. Près de ce village, il y avait encore un autre village. Cette nuit-là, ils se tenaient aux fenêtres. Et parfois la neige, la neige éclairée par la lune, se teintait même un peu du rose de là-bas. Et les gens se regardaient. Les bêtes heurtaient la paroi de leur étable. Et les gens hochaient la tête dans l’obscurité, peut-être pour eux-mêmes. Des hommes chauves étaient debout devant une table. Deux heures plus tôt, celui qui tenait un crayon rouge avait tiré un trait. Sur une carte. Sur cette carte, il y avait un point. C’était le village. Et puis quelqu’un avait téléphoné. Et puis les soldats avaient nettoyé la tache dans la nuit : le village sanglant en feu. Avec ses chats gelés criant dans la neige rosée. Et chez les hommes chauves, il y eut à nouveau de la musique douce. Une jeune fille chantait. Et parfois s’y mêlait un grondement de tonnerre. Dans le lointain. Des hommes marchaient le soir dans la rue. Ils fredonnaient. Et ils respiraient le parfum des poiriers.Ce n’était pas la guerre. Et ces hommes n’étaient pas des soldats. Mais il y eut alors au ciel une tache rouge de sang. Les hommes cessèrent de fredonner. Et l’un d’eux dit : Regarde, le soleil. Puis ils repartirent. Cependant ils ne fredonnaient plus. Car sous les poires en fleurs, la neige rosée criait. Et ils ne se déferaient plus de cette neige rosée. Dans ce qui restait d’un village, des enfants jouaient avec du bois carbonisé. Et puis, et puis il y eut un morceau de bois blanc. C’était un os. Et les enfants cognaient avec l’os contre la paroi de l’étable. Cela résonnait comme si quelqu’un frappait sur un tambour. Toc, faisait l’os, toc et toc et toc. Cela résonnait comme si quelqu’un frappait sur un tambour. Et ils étaient contents. Il était si joliment clair. C’était un os de chat. http://www.lerouergue.com/PDF_LIVRES/nuit_grisbleu.pdf | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Wolfgang Borchert [Allemagne] Ven 4 Jan 2008 - 22:40 | |
| - Citation :
- Wolfgang Borchert écrit Dehors devant la porte à 26 ans, en quelques jours, durant l'automne 1946. La pièce connaît un extraordinaire écho auprès du public lors de sa première diffusion, en 1947, à la radio allemande. Elle est jouée pour la première fois au théâtre quelques mois plus tard, un jour après la mort de l'auteur. La pièce fait très vite le tour du monde. Aujourd'hui, toutes les compagnies qui comptent en Allemagne ont inscrit à leur répertoire cette pièce qui a pourtant pour sous-titre " une pièce qu'aucun théâtre ne voudra jouer et que personne ne voudra voir. "
Wolfgang Borchert était au programme des cours d'allemand lors de mes études (je devrais demander si c'est toujours le cas aujourd'hui) et j'étais très impressionnée par son écriture. J'ai lu son livre qui comprend en fait l'intégralité de son oeuvre - mais je ne sais pas si je pourrais me remettre dans une littérature pareille aujourd'hui.. depuis le moment que j'ai vu que tu lui as ouvert ce fil je me le demande.. et je vais essayer de trouver une réponse en cherchant son livre dans mes boîtes (déjà faites pour le déménagement ) | |
| | | Alfred Teckel Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 16/11/2007 Localisation : Lorrain en exil à Paris
| Sujet: Re: Wolfgang Borchert [Allemagne] Sam 5 Jan 2008 - 2:28 | |
| J'avais lu "Devant la porte" il y a longtemps, j'en garde un souvenir ébloui. Sans doute le plus grand texte que j'ai lu sur l'Allemagne de l'immédiate après-guerre. | |
| | | monilet Sage de la littérature
Messages : 2658 Inscription le : 11/02/2007 Age : 75 Localisation : Essonne- France
| Sujet: Re: Wolfgang Borchert [Allemagne] Sam 5 Jan 2008 - 11:42 | |
| J'avais également été impressionné par ce livre : "Draussen vor der Tür" et lu aussi d'autres textes courts en allemand, dont une nouvelle très forte : Le pain. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Wolfgang Borchert [Allemagne] Ven 22 Aoû 2008 - 22:24 | |
| Je ne peux que faire remonter ce fil à la surface, car je pense que cet auteur mérite l'attention. C'est pour moi un parmi des auteurs allemands vraiment importants.
Quand j'ai lu pour la première fois "Draussen vor der Tür" j'étais tellement saisi. En tant qu'allemand on avait grandi comme ayant été les boureaux et les coupables de cette guerre, de tellement d'atrocités... Et bien sûr, c'est vrai. Mais Borchert nous parle dans beaucoup de ses écrits, de la souffrance du simple soldat qui était si souvent doublement trahi: au front, puis en rentrant, quelques fois mis devant l'évidence de la trahison (=l'oubli?!) de ses proches. Quel sentiment d'injustice, de solitude. Quand "Draussen vor der Tür" fut montée, c'était un immense succès (presque tous les allemands ayant vécu dans ces années s'en souviennent), car quequ'un parlait du vécu, de quelque chose de vrai. Et Borchert parlait, écrivait avec ses tripes.
Son "Gesamtwerk" (Oeuvre complet) remplit tout juste un livre de trois, quatre cents pages, mais quels pages! Après la pièce connu, je ne peux que recommander "tout".
Bien sür (Kenavo), on peut se demander à quel point il écrit tellement dans un contexte historique qu'il est en train de nous devenir lointain... Aussi, comme beaucoup de littérature de guerre ou des camps, cela devient presque indigèste: Borchert va aux limites... - on en veut, on en peut, presque plus!
Mais cela n'est pas pour moi le dernier mot: d'abord il me semble bien que un travail de mémoire peut inclure de re venir à cette époque, et puis, j'en suis sûr, ces textes ont quelque chose d'universel. Des gens de partout, après "leurs guerres", pourront se reconnaître dans ses écrits.
Quelle tristesse qu'il est mort si jeune, mais peut-être il s'est entièrement donné, "abîmé", déjà??? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Wolfgang Borchert [Allemagne] Ven 22 Aoû 2008 - 23:12 | |
| - tom léo a écrit:
- Bien sür (Kenavo), on peut se demander à quel point il écrit tellement dans un contexte historique qu'il est en train de nous devenir lointain... Aussi, comme beaucoup de littérature de guerre ou des camps, cela devient presque indigèste: Borchert va aux limites... - on en veut, on en peut, presque plus!
Je suis toute à fait d'accord avec toi de donner de l'importance à cet auteur. Et tout comme toi je le considère aussi comme un des auteurs allemands importants. En ce qui concerne mon message d'il y a quelques mois - c'était surtout en vue d'une relecture. Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur - je pense aussi qu'il est toujours important et qu'il a son droit d'être lu. Je ne pense pas qu'il a perdu d'actualité. Mais pour moi qui a fait l'expérience de cette lecture -à un moment où de telles lectures sont si importantes: l'adolescence pour se trouver une idée - je ne sais pas si une relecture s'impose. Mais tout comme je l'ai dit en janvier - il faut retrouver le livre et tenter l'expérience.. malheureusement le déménagement ne s'est pas fait, mais les caisses restent pour l'instant parce que un déménagement sera inévitable dans un futur ... malheureusement toujours incertain Le moment donnée je vais revenir sur ce fil | |
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