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| Maurizio Maggiani [Italie] | |
| | Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Maurizio Maggiani [Italie] Jeu 18 Juin 2009 - 22:29 | |
| Né à Castelnuovo Magra en 1951 Journaliste pour La Stampa, Maurizio Maggiani est également l'auteur de plusieurs nouvelles et romans, notamment 'Le Voyageur nocturne' qui a obtenu le prestigieux prix Strega en 2005. On lui doit également des titres remarqués dans son pays et à l'étranger comme 'Treize variations sur l'amour' ou 'Le Courage du rouge-gorge'. Propices au dépaysement, les oeuvres de Maurizio Magiani explorent les époques et les contrées lointaines pour mieux évoquer les notions de racine et de civilisation source: Evene.frBibliographieLe Courage du rouge-gorge (1995) Premio Viareggio und Premio Campiello 1995 Treize variations sur l'amour (2003) Le Voyageur nocturne (2005); Premio Strega, Premio Ernest Hemingway und Premio Letterario Parco Maiella 2005 | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Maurizio Maggiani [Italie] Jeu 18 Juin 2009 - 22:31 | |
| J’ai fais la connaissance de cet auteur avec son livre La regina disadorna (traduit en allemand, pas encore en français) – très joli roman sur la vie vers 1900 à Naples.. éloquent, bien écrit, beaucoup de couleurs.. un roman pour lire sur la plage
Par après j’ai voulu suivre – et j’ai essayé les Treize variations sur l’amour.. des histoires.. gentilles.. mais pour moi sans le petit plus qui m’a donné envie de poursuivre l’aventure avec cet auteur.
Par ‘accident’ son livre Le voyageur nocturne est arrivé dans ma PAL – j’avais oublié son nom et la 4e de couverture m’a tenté à tel point que j’ai acheté sans faire tout de suite la relation avec lui, étant l’auteur de deux livres que j’avais lu. Et c’est bien que je n’avais pas fait attention.. c’était un vrai coup de cœur pour moi.
Je viens maintenant de voir qu’on a traduit chez Actes Sud un de ses premiers romans, Le courage du rouge-gorge. Il ne va pas tarder d’arriver dans ma PAL | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Maurizio Maggiani [Italie] Jeu 18 Juin 2009 - 22:33 | |
| Le voyageur nocturne - Citation :
- Présentation de l'éditeur
C'est dans le désert du Hoggar que commence ce récit dont le narrateur est un éthologue spécialisé dans les migrations des hirondelles. Non loin de là se trouve la tombe du père de Foucauld, un autre grand voyageur qui avait choisi de partager la vie des Touareg et dont les citations - inventées - émaillent le livre. Notre hirundologue partage lui aussi la vie des Touareg et écoute les histoires racontées par le vieux poète itinérant Tighrizt. Mais dans ce lieu propice à la rencontre avec soi-même, il se souvient d'autres voyages, d'autres errants, qu'il s'agisse d'hommes ou d'animaux. Véritable rhapsode, Maggiani tresse avec un art consommé les fils de toutes ces histoires qui disent l'exigence de la beauté malgré l'atrocité de l'Histoire, l'importance de la mémoire dans une civilisation de l'éphémère et des images, et la nostalgie de l'infini... Maurizio Maggiani est doué de conduire son lecteur en erreur. Le livre s’ouvre comme un livre sur le désert.. les touaregs.. et ce sont en effets de bels passages sur cette vie, sur son séjour au désert qu’on y trouve. Mais ce qui lui est plus important – il nous emmène en Europe.. en guerre.. celle qu’on a eu il y a seulement quelques années… en Yougoslavie. Il est très difficile de trancher les ‘bons’ et les ‘mauvais’ côtés de cette guerre – mais là n’est pas le but de Maggiani. Il nous fait voir un ‘fait divers’, il voyage avec nous dans le passé de pays aux alentours de cette région et il nous laisse avec des images, ceux qu’on n’a pas vu, mais dont on sait qu’il y a d’autres gens qui les ont vécu ! Ecriture dense et poétique, seul b-mol dans ce livre – les citations qu’il met dans la bouche de ce père de Foucauld. Pour mon goût un peu trop spirituelles.. mais à part cela un très bon moment de lecture. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Maurizio Maggiani [Italie] Jeu 18 Juin 2009 - 22:37 | |
| Extrait (désert):
Depuis que je suis ici, je n’ai touché qu’une femme, Yasmina ; pour le reste, je ne touche que le désert. Même quand je touche mes vêtements, quand je touche é la nourriture, quand je touche mon propre corps. Simplifier. Mon toucher essaie de distinguer entre de grands principes : le désert, le reste. Il sait reconnaître le désert et sans le désert il essaie de trouver le reste. Sous le désert, à côté du désert. Il sait très bien reconnaître le désert sous toutes ses dépouilles, il attend de reconnaître d’autres choses. Les hirondelles, peut-être. Pendant qu’elles attendent, mes mains vieillissent. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Maurizio Maggiani [Italie] Jeu 18 Juin 2009 - 22:40 | |
| Extrait (Bosnie) :
Au cœur de la nuit, le menuisier Brecko racontait l’hiver écoulé et ce qui l’avait précédé. Il ne parlait pas de la guerre, il parlait de l’hiver et du froid à l’intérieur de l’hiver. Il racontait comment il avait chauffé sa famille, durant les deux hivers du siège, avec les meubles en noyer massif hérités de son père. Les meubles légués à son père pas ses ancêtres. Le menuisier avait préféré faire ça plutôt que de se disputer avec les voisins les arbres du quartier. | |
| | | Cliniou Sage de la littérature
Messages : 1116 Inscription le : 15/06/2009 Age : 54 Localisation : entre ici et ailleurs
| Sujet: Re: Maurizio Maggiani [Italie] Mer 7 Avr 2010 - 10:30 | |
| Le courage du rouge-gorge .
C’est tout d’abord la couverture du livre qui m’a attirée :Acte sud a choisi un Paysage fantastique d’Iran du XIVè siècle. Ensuite, j’ai vu qu’il s’agissait d’un auteur italien et enfin le format oblong du livre me plaisait. Bref, il fut acheté comme ça, sur un coup de tête ? marketing ? presse ?
Saverio Pascale est le fils d’émigrés italiens anarchistes, installés à Alexandrie d’Egypte pour fuir le fascisme. Sa mère morte alors qu’il était très jeune, il vit avec son mystérieux père, boulanger de son état, entouré d’autres italiens émigrés comme eux. Saverio se laisse bercer par l’ambiance des quartiers de Ras-El Tin, la mer, les effluves des marmites sans songer au passé. Ce qui déclenche toute l’histoire est, suite à la noyade du père, la découverte d’un petit recueil de poèmes bien caché dans un tiroir : Le Port enseveli de Giuseppe Ungaretti, texte qui suscite chez Saverio émerveillement et malaise. Commence alors une période de questionnements et de doutes pour le jeune homme : quel était ce passé dont il ignorait tout ? Quel lien liait le poète et le boulanger ?
Saverio part en quête de ses origines, chemin inverse de celui de son père, route menant d’Alexandrie à Carlomagno ; volonté intime mais aussi collective. Le jeune homme n’atteindra pas Carlomagno ; il croisera Ungaretti à Rome et cette rencontre furtive et bousculée aura pour conséquence de mettre fin au voyage. Néanmoins le poète va faire remettre à Saverio un cadeau…
« Mon cher jeune homme, Croyez-moi, je regrette beaucoup que nous ne puissions approfondir notre connaissance réciproque. Je vous joins une petite surprise, que, je l’espère, vous pourrez utiliser plus utilement que moi-même.
Giuseppe Ungaretti »
…un ancien document, note de frais de la condamnation pour hérésie d’un certain Pascal brûlé vif. Une énigme.
De retour en Egypte, débute pour Saverio une période de recherches, d’une part un nouveau voyage entre les livres et d’autre part la recherche intérieure, celle de son « port enseveli » qu’il croit approcher en pratiquant la plongée sous-marine. L’euphorie grisante des profondeurs le pousseront à l’irraisonnable : Saverio sera victime d’une embolie pulmonaire et sera hospitalisé.
« Je m’appelle Saverio et je raconte cette histoire parce que c’est ce que veut le Dr Modrian. » (Première phrase du livre) Le médecin veut le guérir par l’écriture et Saverio va raconter l’histoire de Pascal et Carlomagno ; c’est la réalité qui donne naissance au rêve, les histoires dans l’Histoire, c’est soi à travers les autres. Et de ce flou paraît une évidence : la vie, être vivant et là.
Saverio sort de l’hôpital malgré le Dr Modrian, abandonne l’histoire de Pascal pour vivre. Ce sera poussé par ces amis et amis de feu son père qu’il racontera la fin de Pascal le brûlé vif, moment où les deux histoires se fondent : celle du passé (Pascal) et celle du présent (Saverio).
Dernière édition par Cliniou le Mer 7 Avr 2010 - 10:47, édité 1 fois | |
| | | Cliniou Sage de la littérature
Messages : 1116 Inscription le : 15/06/2009 Age : 54 Localisation : entre ici et ailleurs
| Sujet: Re: Maurizio Maggiani [Italie] Mer 7 Avr 2010 - 10:41 | |
| Le roman "Le courage du rouge-gorge" a eu beaucoup de succès en Italie et a obtenu en 1995 le prix Viareggio et le prix Campiello, tous deux prestigieux.
J'avoue que les 150 premières pages ne m'ont pas enthousiasmée comme la couverture. Je m'ennuyais et même tombais endormie en lisant. Seulement voilà, par respect pour tout le travail de l'auteur, de l'éditeur,etc., je n'abandonne jamais un livre. Je veux l'avoir lu en entier pour pouvoir dire "je n'aime pas". J'ai donc poursuivi ma lecture courageusement, comme un rouge-gorge. Et c'est alors que m'est apparu le beau message de Maggiani, cette recherche du moi dans le moi, les origines, la mémoire. Il est clair que je suis plus sensible à d'autres textes mais ici, c'est le message qui transporte.
N'oublions pas Ungaretti:
Le Port enseveli
Y pénètre le poète et retourne à la lumière avec ses chants
et les disperse
De cette poésie el ne me reste qu'un rien d'inépuisable secret
Mariano, 29 juin 1916. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Maurizio Maggiani [Italie] Mar 7 Mai 2013 - 21:03 | |
| Le voyageur nocturne. - Actes Sud
Nuit après nuit, le narrateur de ce roman dévide des souvenirs qui le hantent à Djibril,son chauffeur et cuisinier. On est dans un coin du Hoggar, près de la tombe du père de Foucauld. Et Foucauld est l' un des personnages de ces histoires, présent/absent, mort/vivant.
Ce coin qu' il qualifie de "tou du cul du monde" est aussi le "centre de l' univers". Pour un moment, en tout cas. Avec lui, il y a Tighrist, un vieux poète itinérant dont il a loué les services et qui le soir, devant un feu, et quelques hommes rassemblés, il chante ce qui s' est passé dans sa journée.
Le désert, la nuit se prètent aux songes, aus souvenirs, aux contes, et aussi aux mirages, aux visions. Ainsi ce mystérieux marcheur qui traverse le désert à pied d' Ouest en Est. Nu et pieds nus Une bouteille vide à la main.
"Un microscopique grain de riz... Il n' y a pas un seul détail, dans ce qu' il est en train de faire, qui ait une explication. Compte tenu de la situation, d' un point de vue rationnel, quelle que soit son identité, ne devrait pas etre ici, et s' il était ici, il ne devrait pas etre en vie depuis un bout de temps...
Mais il est là. Je le vois encore, meme si bientot l' ombre de la montagne l' engloutira et jusqu' à demain, il ne sera nulle part."
Le narrateur est éthologue de métier et spécialisé dans les migrations des hirondelles. Il se demande souvent comment il se fait que les hirondelles reviennent régulièrement dans ce désert. Il pense que dans leur mémoire collective, elles se souviennent d' un moment, il y a dix mille ans où le Hoggar était merveilleusement vert.
De son père Dinetto, le narrateur a hérité de grande mains fortes et délicates à la fois.Suffisamment sensibles pour soigner des oiseaux malades ou les baguer. Le narrateur aime son métier et il aime les hirondelles. Il se souvient comment, quand il était enfant, certaines pénétraient parfois dans leur maison et qu' il devait les attraper et les remettre en liberté.
C' est avec ces mains-là qu' il se livrera à des taches qu' il n' aurait jamais imaginées. C' est ce qu' il raconte dans les histoires qui l' amènent en Bosnie, caché dans le camion de Zinguirian, un étrange marchand ambulant, et plus précisément à Tuzla, le jour où les Serbes massacrent délbérément les jeunes de la ville lors d' une fete.
Il suivra aussi la route d' atres errants nocturnes, hommes et bètes.L' ourse Bosniaque Amapola et aussi une étrange femme qui, comme l' errant du désert, suit les chemins de la guerre sans jamais etre inquiétée. Sauf une fois. Cette étrange femme est belle, grande, droite. Elle tient à la main un sac plastique, son seul bien. Zinguirian qui cionnait tout et tout lemonde, lui dit que cette femme est une "Parfaite" bogomile. Originaire d' un de ces peuples insoumis du Caucase. Une très étrange survivance d' une religion jadis éradiquée et dont les cousins européens se nommaient Cathares.
Toutes les histoires que raconte le narrateur sont reliés entre elles par le fil de la mémoire. C' est lui qui les a "rencontrées". et qui les a tissées soigneusement, savamment, avec amour et parfois avec chagrin et douleur. Elles sont faites de l' étoffe des souvenirs et des reves. Et il suffirait peut etre de tirer un fil pour ruiner l' ouvrage.
Ce livre est lent, méditatif et il faudrait le lire la nuit je crois, pour mieux entre en accord avec le propos du livre. Le livre lu, j' ai eu moi aussi la vision de tous ces etres surgis de la nuit et de la mémoire du narrateur. Dinetto, le père de Foucauld, et Djibril, Tighrist, l' ourse Amapola et la Parfaite Bogomile. Je les ai imaginés une dernière fois danser une étrange farandole nocturne au rythme de la musique de Nino Rotta dans Huit et demi de Fellini.
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