Pierre Bonnard [Peinture]

3 octobre 1867 Fontenay-aux-Roses - 23 janvier 1947 Le Cannet
peintre, illustrateur et lithographe

Citation :

Biographie de Pierre Bonnard

Figure de proue du mouvement des Nabis, Pierre Bonnard, coloriste génial, est le peintre de la vie et du bonheur. Aux côtés d'Edouard Vuillard et avec ses amis de l'Académie Jullian, il fonde dès 1888 le groupe des Nabis - 'les prophètes' en hébreu - et renouvelle non seulement la manière de peindre, mais surtout replace la peinture au coeur de la vie. Elle doit être partout, pas seulement sur les tableaux de chevalet, au service du théâtre, de la décoration intérieure, en lithographie et illustration. Passionné par l'art japonais, ce qui lui doit d'être surnommé par ses amis le 'Nabi très japonard', il s'inspire des estampes et des ukiyo-é pour bouleverser les perspectives traditionnelles et tenter des cadrages audacieux. Les couleurs sont pures et posées en aplat, c'est le dessin qui donne la profondeur et le relief au sujet. La démarche de Pierre Bonnard est de traduire une sensation en image, la peinture doit servir la représentation d'une idée. L'aventure Nabis dure une douzaine d'année et l'emmène vers un parcours très personnel, échappant aux influences des mouvements de ses contemporains : le fauvisme et le cubisme. Il fait exploser les couleurs, elles sont légères et lumineuses et renoue d'une certaine façon avec les impressionnistes. Il peint des scènes de la vie quotidienne d'une saisissante spontanéité, des paysages et surtout des nus de sa femme bien aimée, Marthe, toujours avec une exaltante joie de peindre.
Source: Evene.fr

Pour la première fois que j’ai été consciente de voir une peinture de Pierre Bonnard, c'était sur cette couverture :


Guy Goffette, Elle, par bonheur, et toujours nue

Coline nous parle de ce livre ICI

Par après je voulais en savoir plus – et j’en ai trouvé mon bonheur dans ce livre
qui fati partie de cette merveilleuse Collection Découvertes Gallimard.


Antoine Terrasse Bonnard : La couleur agit

Ô saison ! À propos de Pierre Bonnard

Beaucoup de grand peintres du XXe siècle se sont découverts grâce à l’été, en quittant le Nord : c’est par le Sud que Van Gogh, Matisse, Renoir, Bonnard, Derain sont arrivés à ce qu’ils étaient. Pierre Bonnard, peintre par excellence de la doucheur, a séjourné plusieurs moi (en 1930-1931) à Arcachon avec sa femme, Marthe, malade des poumons. Ils avaient loué dans la Ville d’Hiver la villa Castellamare, une maison que j’ai souvent admirée dans mon enfance, sans faire aucun lien avec le peintre. De ce séjour arcachonnais je retiens un tableau qui me fait un effet magique. C’est un tableau de la plage à marée basse, ou plutôt d’un fragment de la plage. Celle-ci est vue de tout près, dans sa couleur, sa substance unique. Pour moi, dans ce tableau tout est di de cette plage atlantique, de son alliage et de sa troublante indifférenciation entre sable et eau, en complète opposition avec la netteté de la ligne de rivage de la Méditerranée.
Grâce au beige doré, légèrement ombré, de sa palette, il rend à merveille la couleur du sable (Bonnard a le génie du jaune. On se souvient de l’extraordinaire Nu jaune). Je contemple sa Plage et je retrouve aussitôt sous mes pieds la sensation d’instabilité du sable qui sans cesse croule et s’effondre. La dune du Pyla, ma première montagne, est une hauteur qui s’affaisse et se répand, sans cesser et pourtant d’être un sommet. Bonnard observe le rivage au plus près, avec le regard de l’enfant, à sa hauteur, attentif à la moindre flaque, à la plus petite dentelle d’écume, à tout ce qui se dessine sous non yeux et nous enchante pourvu que nous soyons capables de cette vision microscopique. Il n’est nullement étonnant que Bonnard ait été à ce point sensible à la fluidité de ce lieu, lui dont les tableaux de jardins d’été méditerranéens donnent à voir la beauté de l’emmêlé, de l’entrelacement et de l’indistinction. L’été est saison fusionnelle : les contours se fondent, les limites de notre personnalité s’estompent dans l’alanguissement des longues soirées et l’abandon à la chaleur. Ce qui nous définit se dissout vertigineusement.
Les couleurs de Bonnard exaltent cette déliquescence, cet estompement du contour des choses et des projets, qui me fait espérer et attendre l’été avec tant d’impatience. À la vue de ces couleurs, flamboie et tombe en cendres toute la prétention de la philosophie à établir des répartitions strictes entre les concepts.

Chantal Thomas, Chemins de sable

Nu jaune

La sieste 1899

La fenêtre

Grâce à Bix on a la version française de ce poème de Raymond Carver:


Les nus de Bonnard


Sa femme. Pendant quarante ans il l'a peinte.
Encore et encore. Le nu du dernier tableau,
Le meme que celui, si jeune, du premier. Sa femme.
Comme il se la rappelait. Comme elle était jeune.
Sa femme au bain. A sa table de toilette
devant la glace. Dévétue.
Sa femme, les mains sous les seins
regardant au dehors le jardin.
Où le soleil accorde chaleur et couleur.
Toute chose vivante y est en fleur.
Elle jeune et frémissante et très désirable.
Quand elle est morte, il a peint encore un temps.
Quelques paysages. Puis il est mort.
Et il a été déposé auprès d'elle.
Sa jeune femme.

Raymond Carver, La vitesse foudroyante du passé

Je vois avec bonheur que Chantal Thomas t'a ouvert plein de portes Kenavo

Pour ma part j'aime beaucoup ce peintre.
Nous avons eu le plaisir de voir pas mal de ses tableaux au Musée de l'Annonciade de Saint Tropez qui reste une des collections importantes réservées à ce mouvement des Nabis.

Nous avions une guide fantastique qui nous a expliqué par le menu détail et en image cette mouvance dont la plupart des artistes qui en faisaient partie, se sont rendus dans cette région afin de capter cette luminosité si particulière, invités par Paul Signac qui la découvrit.

Citation :

]e Musée rappelle que le village de St-Tropez a été l'un des foyers les plus actifs de l'avant-garde picturale au début du XXe siècle, grâce à Paul Signac qui découvrit en 1892, le petit port de pêcheurs à bord de l'Olympia. Séduit par le pays, Signac y acheta une maison dont il fit son atelier, La Hune, et y invita de nombreux peintres : Cross, Matisse, Derain, Marquet.
On ne peut tenter de définir l'identité des collections de l'Annonciade, sans citer une vingtaine de peintres de notoriété internationale :
Pierre Bonnard, Georges Braque, H.E.Cross, A.Derain, Raoul Dufy, A.Maillol, Albert Marquet, Henry Matisse, Georges Rouault, Georges Seurat, R. de la Fresnaye, Félix Valloton, Paul Signac, Maurice Utrillo, K.Von Dongen, M. de Vlaminck, Edouard Vuillard...

Mais sans doute y es-tu déjà allée? Superbe musée en tout cas...

aériale a écrit:

Je vois avec bonheur que Chantal Thomas t'a ouvert plein de portes Kenavo

elle m'a surtout donné envie de mettre son texte sur le fil Bonnard.. et quand j'ai constaté qu'il n'y en avait pas.. il me fallait le faire

aériale a écrit:

Mais sans doute y es-tu déjà allée? Superbe musée en tout cas...

malheureusement pas.. je vois qu'il est grand temps que je retourne dans les sud

kenavo a écrit:

malheureusement pas.. je vois qu'il est grand temps que je retourne dans les sud

Oui! et je me ferai un plaisir de te guider si tu y viens un jour...

Voici un des tableaux qui m'a accrochée lors de cette visite:



Bonnard a peint un nombre incalculable de fois sa femme (Marthe je crois)prenant son bain ou posant dans sa salle de bain.
Elle y passait son temps parait-il...Et lui le passait à la peindre...
Peut-être était-ce pour raviver ses ardeurs?

Connaître sa femme sur le bout des courbes, j'appellerais ça une relation passionnelle. Et il y a beaucoup à dire sur la relation entre artistes et modèles. Tout l'art du portrait: apprendre quelqu'un...