- Marko a écrit:
- Souvenirs iconographiques de cette mise en scène exemplaire de Willy Decker:
Willy Decker
Expie a fait le reporter sur le vif je crois...
J’ai dit très maladroitement aux amis Parfumés avec lesquels j’ai partagé ce moment que cet opéra me laissait « anéantie »…Ils ont ri . L’adjectif paraissait incongru pourtant il y avait quelque chose de l’anéantissement en moi. Tant de beauté et d’émotions me laissaient sans voix, sans mots…carrément submergée par la sensation d’avoir vécu presque trois heures de pur bonheur et d'avoir à redescendre de mon nuage.
Impression bien plus forte encore que pour
Wozzek.
La ville morte me correspondait mieux.
En quoi ?...
La partition tout d’abord était pour moi plus rassurante et confortable, plus abordable aisément à la néophyte que je suis, mais somptueuse avec ses mélodies magnifiques et sa richesse harmonique.
L’histoire est de celles qui me plaisent : un drame romantique et envoûtant où se mêlent hallucination et réalité.
Histoire d’un homme, Paul, infiniment triste, et éperdu d’amour qui vit dans le culte de son épouse défunte, Marie. Il s’est réfugié à Brughes, la « ville morte » pour y vivre en accord avec ses sentiments.
Sa vie bascule lorsqu’il rencontre à Brughes une danseuse, Marietta . Elle ressemble à Marie et il croit en elle retrouver celle qu'il a aimée.
Son esprit en est profondément perturbé. Paul lutte entre son désir pour Marietta , la joyeuse et sensuelle séductrice, et sa fidélité au souvenir de son adorée Marie qui fait figure de sainte…
La mise en scène et le décor traduisent de façon extraordinaire le désordre dans l’esprit de Paul, ses fantasmes, ses cauchemars …
Les murs, le plateau et le plafond se transforment sous les yeux du spectateur. Et tandis qu’il cherche à comprendre comment s’opère la transformation, le nouveau décor s’est mis en place et il est ébloui par tant d’ingéniosité et de maîtrise technique, au service de la beauté, de la poésie, du symbole et du sens.
Les voix des deux principaux protagonistes sont puissantes et endurantes.
Et tous deux cumulent bien d’autres talents : remarquablement dirigés, ils sont aussi d’excellents comédiens, très expressifs, dont les rôles demandent un engagement physique et scénique particulièrement important.
Epoustouflée plutôt qu’anéantie…médusée…je retourne en train vers ma province …
L’ouverture de saison du théâtre de Moulins n’a même pas encore eu lieu…Il me faut attendre novembre pour connaître enfin les « surprises » d’une programmation forcément consensuelle et médiocre qui ne pourra de toutes façons que me laisser tiède…
Heureusement je positive et vois à Moulins un très gros avantage… je n’ai pas à y prendre le métro ...