Joon-ho Bong

Dernier film vu, Memories of murder, coréen , de Bong Joon-Ho ( je trouve que ces coréens ont des noms difficiles à retenir, pas bien français en fait, va falloir que j'en parle à la parisienne exilée, peut être peut elle agir rapidement?)
Serial Killer et police locale ,qui fait appel à la capitale ( ah, ça nous change du FBI, c'est certain ) en Corée profonde.
Très bonne surprise!
Article sur Filmdeculte.com

VOD hier soir avec Memories of murder. Vous l'avez vu, c'est sûr! 3 jeunes flics se consacrent à la recherche d'un tueur psychopathe, se fixant sur un innocent, puis sur un autre, tandis que des femmes continuent de se faire assassiner les soirs de pluie... Restée sur ma "faim" avec une chute, 10 ou 15 ans après, qui laisse perplexe : "-ordinaire! c'était quelqu'un qui avait l'air ordinaire..." Quel beau thriller! Vais voir s'il est tiré d'un roman lui même tiré d'un fait divers.
-Joon-ho Bong, Coréen, a ensuite fait Host, qui était assez déjanté si je me souviens bien.

Et oui, il me semblait bien >la Corée c'est ici

Mother de Joon-ho Bong

Citation :

Une veuve élève son fils unique Do-joon qui est sa seule raison d'être.
A 28 ans, il est loin d'être indépendant et sa naïveté le conduit à se comporter parfois bêtement et dangereusement ce qui rend sa mère anxieuse. Un jour, une fille est retrouvée morte et Do-joon est accusé de ce meurtre. Afin de sauver son fils, sa mère remue ciel et terre mais l'avocat incompétent qu'elle a choisi ne lui apporte guère d'aide. La police classe très vite l'affaire. Comptant sur son seul instinct maternel , ne se fiant à personne, la mère part elle-même à la recherche du meurtrier, prête à tout pour prouver l'innocence de son fils...

Dans The Host, Joon-ho Bong faisait subir un traitement de choc au film de monstres, dépassant les clichés du genre avec une santé épatante. Avec Mother, le cinéaste coréen récidive en revisitant le thriller, si tant est que ce film riche en ruptures de ton puisse se rattacher à un genre unique. Au départ, tout parait simple : une mère ne peut concevoir que son fils, un tantinet simplet, soit coupable du meurtre dont on l'accuse et va tout faire (vraiment tout) pour l'innocenter. Très vite, Bong tord son intrigue dans tous les sens, le fil du récit devient imprévisible, le mélange des genres règne en maître : humour, terreur, suspense..., c'est le grand 8, les montagnes russes en 2 heurs chrono. Ce qui frappe (comme dans The Chaser, l'année dernière), c'est la liberté de ton du film, son absence de tabous, son amoralité assumée, sa mise en scène ultra brillante : un cocktail de saveurs rares dans le cinéma américain ou européen, comparable à la cuisine coréenne qui choque le palais avant de l'apprivoiser et le séduire. On est bien loin des polars hexagonaux ou hollywoodiens, rarement surprenants et le plus souvent bourrés de poncifs. Oh oui, Mother réjouira à coup sûr les amateurs de nourriture extrême (orientale) ! C'est tellement bon quand c'est inattendu.


Je te sortirai de là, mon fils !

Pas le temps de développer maintenant je voulais juste dire que Mother est un film absolument formidable à voir d'urgence. J'y reviens plus tard.

traversay a écrit:

Dans The Host, Joon-ho Bong faisait subir un traitement de choc au film de monstres, dépassant les clichés du genre avec une santé épatante. Avec Mother, le cinéaste coréen récidive en revisitant le thriller, si tant est que ce film riche en ruptures de ton puisse se rattacher à un genre unique. Au départ, tout parait simple : une mère ne peut concevoir que son fils, un tantinet simplet, soit coupable du meurtre dont on l'accuse et va tout faire (vraiment tout) pour l'innocenter. Très vite, Bong tord son intrigue dans tous les sens, le fil du récit devient imprévisible, le mélange des genres règne en maître : humour, terreur, suspense..., c'est le grand 8, les montagnes russes en 2 heurs chrono. Ce qui frappe (comme dans The Chaser, l'année dernière), c'est la liberté de ton du film, son absence de tabous, son amoralité assumée, sa mise en scène ultra brillante : un cocktail de saveurs rares dans le cinéma américain ou européen, comparable à la cuisine coréenne qui choque le palais avant de l'apprivoiser et le séduire. On est bien loin des polars hexagonaux ou hollywoodiens, rarement surprenants et le plus souvent bourrés de poncifs. Oh oui, Mother réjouira à coup sûr les amateurs de nourriture extrême (orientale) ! C'est tellement bon quand c'est inattendu.

Je suis en grande partie d'accord avec toi et je vais même en rajouter dans les éloges. Juste un détail... le fils n'est pas "simplet" c'est un jeune psychotique qui a un comportement autistique dont le décryptage est donc forcément toujours déroutant et déstabilisant. Cela en fait une victime toute désignée.

J'ai trouvé ce film impressionnant par la force de sa mise en scène très singulière, la beauté de l'image et des cadrages, l'étrangeté et la tension constantes des situations, la complexité psychologique et scénaristique qui fait envisager toutes les hyptohèses et passer par toutes les émotions. La description de cette société coréenne, effrayante de violence et de folie latentes entre tous les personnages. Il y a du suspens Hitchcockien, une intrigue à la Dario Argento (ce souvenir du détail qui a échappé et qui révèlera une partie de la vérité lorsqu'il reviendra en mémoire...), un personnage fabuleux de mère profondément énigmatique, dérangeante, bouleversante... Et en disant tout cela on n'aura encore rien révélé de ce que l'intrigue nous réserve.



Il renouvelle complétement le film de genre par le grain de folie (maîtrisé)qui anime son regard. Grand réalisateur dont on va attendre chaque nouveau film avec impatience! Memories of murder c'était déjà lui avant The host.

Vu Mother, de Joon-ho Bong.
Je ne suis pas aussi enthousiaste que d'autres ici.
La scène d'ouverture est sympa, la mère (excellente actrice) qui danse en playback dans un champ. Pourquoi pas, ça fait bizarre.
Mais ce champ, on le retrouvera, quasiment à la fin du film, on se dit que ça va être la fin, la boucle est bouclée, et bien non.
Et ce coup-ci, elle ne danse pas.
Je n'ai pas compris. Elle danse ? Elle ne danse pas ? Ca veut dire quoi ?

Mais le plus grave, c'est la manipulation du réalisateur, je devrais dire la tricherie. Car on nous montre une scène, celle qui précède le meurtre. On est avec le fils un peu débile. On voit tout, ou on le pense. Or, "on" (c'est-à-dire le réalisateur) nous cache volontairement des choses, mais sans nous le dire. Il n'y a donc pas de point de vue.
L'honnêteté aurait été :
- soit de tout nous montrer, quand cela se déroulait, chronologiquement,
- soit de ne rien nous montrer, auquel cas le spectateur aurait vu les fragments de scènes au fur et à mesure que le fils s'en ressouvenait.
Or, là, il fait croire au spectateur qu'il a tout vu, alors qu'il n'en est rien.
C'est un procédé très répréhensible, car il induit le spectateur sur des fausses pistes. Le réalisateur montre juste ce qu'il veut, mais surtout ne le dit pas. Or, on a un point de vue "objectif", ce ne sont pas les souvenirs du fils que l'on voit. Quand une scène est racontée, on se doute bien qu'il y a du subjectif, surtout dans une enquête. Là, ce n'est pas le cas.

Il y a beaucoup de films qui jouent sur ce que l'on montre ou pas au spectateur, mais le spectateur sait qu'il lui manque certains éléments. Là, non, il ne s'en doute pas, car ce n'est vraiment pas logique, c'est malhonnête.
Sinon, le film en lui-même n'est pas mauvais : très bons acteurs, bonne réalisation.

Pour répondre à Expie:

La scène d'ouverture n'est évidemment pas "réaliste" et donne le ton de tout le film qui joue constamment de ces décalages et ruptures de ton. C'est du jamais vu dans ce cinéma de genre, je trouve. Le personnage de cette mère sera d'ailleurs tout le long du film d'une dérangeante complexité. Magnifique personnage.

Pour ce qui est de la manipulation je ne suis pas d'accord. On ne montre qu'une partie de cette séquence car justement ce qui se passe après se perd dans les limbes du souvenir et doit laisser une part de mystère. Il ne nous montre pas une fausse réalité, il s'arrête avant que des éléments importants soient révélés. C'est une construction à la Dario Argento où le spectateur est privé d'une partie des informations (comme l'acteur lui-même d'ailleurs de part sa pathologie).

Pour le reste ce réalisateur est quand même incroyablement inspiré et surprend constamment. C'est bien plus qu'un petit polar de base.

Marko a écrit:

Pour ce qui est de la manipulation je ne suis pas d'accord. On ne montre qu'une partie de cette séquence car justement ce qui se passe après se perd dans les limbes du souvenir et doit laisser une part de mystère. Il ne nous montre pas une fausse réalité, il s'arrête avant que des éléments importants soient révélés. C'est une construction à la Dario Argento où le spectateur est privé d'une partie des informations (comme l'acteur lui-même d'ailleurs de part sa pathologie).

Il nous montre avant, il nous montre après, mais à aucun moment on ne perçoit qu'il y a eu toute une séquence que le réalisateur a coupée.
Je veux bien que cela se perde dans les limbes du souvenir... à condition que ce soit un souvenir ! Et justement, ça n'en était pas, puisque la scène se déroule dans le "présent". Si la scène avait été racontée plus tard, en prison, par exemple, là d'accord. Mais dans la fameuse scène, c'est au présent qu'elle se déroule, et n'est pas subjective.
Le réalisateur aurait pu jouer du fait que le fils est un peu simplet. Ca s'est déjà vu, au cinéma. Le montage aurait dû être autre, et ça serait passé.
Là, pour moi, ça ne passe pas.

Mais je suis d'accord avec toi, le film est bien plus qu'un petit polar de base. C'est un vrai réalisateur.

J'essaie de me repasser la séquence dans la tête. je vois ce que tu veux dire mais ce qui m'a plu c'est que justement ce qui n'est pas montré (comme dans l'escalade du rocher par les adolescentes dans "Picnic at Hanging rock" par exemple) laisse une part énorme de mystère qui m'a mis moi-même sur une fausse piste et j'aime ça. Allez un petit spoiler à ne surtout pas lire pour ceux qui vont découvrir le film:

Spoiler:

Marko a écrit:

J'essaie de me repasser la séquence dans la tête. je vois ce que tu veux dire mais ce qui m'a plu c'est que justement ce qui n'est pas montré (comme dans l'escalade du rocher par les adolescentes dans "Picnic at Hanging rock" par exemple) laisse une part énorme de mystère qui m'a mis moi-même sur une fausse piste et j'aime ça.

Moi aussi, j'adore ça, être manipulé. A condition que ce soit fait avec talent. Les films d'Hitchcock ne sont que manipulation.

J'ai bien aimé. Mais j'ai pas été bouleversifiée...

Un peu comme eXPie, j'ai eu l'impression d'être bernée. Il aurait du narrer cette scène clé par l'outil du souvenir dès le départ plutôt que de nous faire croire qu'on savait tout. A aucun moment, on pense qu'il manque quelque chose... et quand la mère harcèle le fils "souviens toi souviens toi", on se demande bien ce qu'il pourrait se souvenir... D'autant plus que la réalisation à ce moment là qui nous place dans la tête du fils, ne suppose pas un flou, des images cachées. Il aurait soit fallu traiter le présent avec beaucoup plus de flou, soit le traiter uniquement via la mémoire.

Sinon.

Les acteurs sont excellents, la réalisation est parfaite.
L'histoire est rudement bien menée. Et les petites histoires dans la grande sont extra (limite, parfois je les ai préférées d'ailleurs : l'histoire de la vengeance avec les golfeurs, la mère qui fait de l'acupuncture au noir, le Jin Tae qui couche avec l'adolescente, l'histoire de la victime).

A revoir, peut-être.

Je l'ai revu ce week-end et je le trouve génial.

Ayant aimé Memories of murder, un thriller au suspens haletant (je suis encore fixée sur la chute : les paroles de l'enfant au bord de la route fichent les chocottes) et trouvé un humour singulier à The Host en 2006, je viens de regarder Mother -qui me déçoit un peu. Des longueurs. Moins épais que les précédents.

Memories of murder



Dans une petite ville de Corée, des femmes sont retrouvées violées et assassinées. Leurs corps sont retrouvés au milieu des champs, de forêts. Aucun indice ne permet de remonter la piste du tueur. Les policiers, brutaux, nerveux, qui veulent un coupable, chopent le premier suspect et le font avouer à force de tortures. Mais lorsqu'un "super flic" de Séoul débarque, il brise les faux aveux, et la vraie enquête va pouvoir commencer...


Il est incroyable ce Joon-ho Bong !
Avec un scénario ultra basique il arrive à faire une histoire traitée de façon originale ! Ce n'est ni une enquête avec plein d'emmêlements de réflexions, et de joujous technologiques, ni un truc planplan qui traîne en longueur. D'abord, il s'intéresse au système judiciaire dans les campagnes, le côté rustre, vulgaire, bâclé. Ensuite, il montre le conflit avec des méthodes d'investigation plus réfléchies.

Il s'intéresse aussi énormément à la psychologie de ses personnages, notamment les flics, confrontés à leurs échecs, se retrouvant paumés, et sentant peu à peu une forte culpabilité à ne pouvoir arrêter le tueur et à voir les femmes mourir. La manière dont la violence surgit du stress, de l'étouffement, de l'impuissance. Incroyable.

Juste un détail qui fait avancer l'enquête qui m'a semblé un peu tiré par les cheveux :

Spoiler:

Finalement, on reste jusqu'au bout, autant pour savoir qui a tué, pourquoi, comment, que pour savoir comment vont s'en sortir ses flics qui se détruisent peu à peu, évoluent.


Et puis, Joon-ho Bong arrive toujours à glisser des notes d'humour, légères, et ça fait du bien (même si là, on grince souvent des dents tout en riant).


Il commence à grimper haut dans mon palmarès des réalisateurs : il touche à plein d'univers, y parvient à chaque fois, et avec une pointe d'originalité.