Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles a organisé durant l'année un festival du cinéma coréen proposant un éventail de films représentatifs des différents styles (du plus classique à la "nouvelle vague" coréenne) et réunissant les principaux réalisateurs primés dans de nombreux festivals dans le monde.
Je propose cette liste à compléter. La plupart des cinéastes sont bien connus des cinéphiles comme Kim ki-duk, Lee Chang-dong, Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Park Chan-wok ou Im Kwon Taek.
J'apprécie tout particulièrement ce cinéma d'une grande variété, d'un raffinement et d'une inventivité rares. Au confluent des cinémas chinois et russe, il a aussi assimilé l'apport de la nouvelle vague française et reste ouvert à toutes les expérimentations. Je conseille tout particulièrement les films de
Im et Hong Sang-soo, le très beau
Secret Sunshine de Lee Chang-dong, certains
Kim Ki Duk (Le Locataire en tête), le cinéma fantastique et certains polars.
Chronologie (cinémathèque française)
1903 : première projection d'un film en Corée
1910 : la Corée est annexée par le Japon
1923 : premier film muet
1935 : premier film sonorisé
1937 : le Japon envahit la Chine, le cinéma coréen devient un outil de propagande
1945 : le Japon se soumet aux forces Alliées, la Corée est divisée en deux
1949 : premier film en couleurs
1950 : la guerre de Corée débute
1953 : fin de la guerre, la Corée reste divisée en deux
1960 : La Servante de Kim Ki-young
1961 : Une balle perdue de Yoo Hyeon-mok
Renaissance d'un cinéma d'auteur
1974 : création du Korean Film Archives, archives nationales du film
1981 : Mandala de Im Kwon-Taek. Longtemps considéré comme un réalisateur de commande, le cinéaste accède au statut d'artiste et de plus grand cinéaste coréen.
1988 : les studios hollywoodiens peuvent distribuer leurs films en Corée du sud. Pour protéger les films Coréen, de sévères quotas sont établis.
La censure militaire est progressivement réduite.
1993 : premier président civil élu démocratiquement en Corée du sud
1996 : Crocodile de Kim Ki-duk et Le Jour où le cochon est tombé dans le puits de Hong Sang-soo
Films proposés au BOZAR de Bruxelles(J'ai parfois proposé une affiche différente de celle choisie en France pour le plaisir esthétique de certaines variantes) :
Sur la trace du serpent de Lee Myung-se
(Injeong sajeong bol geot eobtda ) République de Corée, 1999
Un couple de flics traquant un tueur dans un quartier populaire de Séoul. Une exubérante anthologie du genre, qui pulvérisa les records de recettes coréennes en 1999.
L' île de Kim Ki-duk
(Seom) République de Corée, 2000
Une aventure sensuelle entre une jeune muette et un homme au passé trouble - sur un îlot de pêche (et de prostitution).
La vierge mise à nu par ses prétendants de Hong Sang-soo
(Oh! soo-jung) République de Corée, 2000
Dans une chambre d'hôtel, des variations narratives tentant d' épuiser les étapes d' une stratégie de défloration : reprises à modifications, ajouts et retraits, multiplicité des perceptions.
Chien qui aboie ne mord jamais, de Bong Joon-ho
(Flandersui gae) République de Corée, 2000
Sur fond d'événements bizarres dans un district coréen - où des chiens sont volés ou tués, une enquête à la recherche de culpabilités aux motivations excentriques.
Ivre de femmes et de peintures de Im Kwon-taek
(Chihwaseon) République de Corée, 2002
A l'âge d'or de la culture coréenne, sous la dynastie Chosun, la vie tourmentée d'un illustre artiste graphique de Corée, sur fond de chaos politique et de créativité sensuelle.
La chanteuse de pansori de Im Kwon-taek
(Seopyeonje) République de Corée, 1993
En Corée, l'un des ultimes virtuoses-baladins du "pansori" (voix et tambour), transmettant ses techniques menacées à deux orphelins. Un tribut nostalgique à un art ancestral en péril.
(ici
Beyond the years qui en est la suite)
Camel(s) de Park Kiyong
(Nakta (deul)) République de Corée, 2001
Un couple quadragénaire, ébauchant une relation adultère dans une station balnéaire à la Antonioni. Les dérives de deux solitudes, suivies à la trace par un cinéaste des non dits.
The good lawyer's wife de Im Sang-soo
(Baramnan Gajok) République de Corée, 2003
Un drame familial en demi-teintes - s'ouvrant sur la relation sentimentale entre un adolescent et une danseuse (et épouse trompée) , en dépit de la différence d'âge.
Save the green planet! de Jang Joon-hwan
(Jigureul jikyeora!) République de Corée, 2003
Un excentrique givré et sa copine kidnappent un homme d'affaires, qu'ils soupçonnent d'être un Alien venu détruire la Terre. Le premier film d' un jeune scénariste-réalisateur.
Oldboy de Park Chan-wook
République de Corée, 2003
Un homme kidnappé et séquestré pendant quinze ans, avant que sa libération ne déclenche un terrifiant jeu de piste. Une rare violence fulgurante, qui révéla Park Chan-wook.
Memories of murder de Bong Joon-ho
(Sarineui Chueok) République de Corée, 2003
Deux policiers cherchant à débusquer un insaisisssable serial killer - dans un scénario basé sur le cas réel d'un illuminé, dont les viols meurtriers ont terrifié la Corée dès 1986.
Repatriation de Kim Dong-won
(Songhwan) République démocratique de Corée, 2003
Deux prisonniers politiques nord-coréens, internés dans un camp du Sud pour espionnage pendant trente ans. Un documentaire sur eux - et leurs efforts pour regagner le Nord.
Dasepo Naughty Girls de Lee Je-yong
(Dasepo sonyo) République de Corée, 2006
Basé sur un manga portant sur des événements bizarres dans une école secondaire, le cameraman de Old boy nous livre une nouvelle perle visuelle pleine d'éléments de fantasy et d'humour.
Untold scandal de Lee Je-yong
(Joseon namnyeo sangyeoljisa) République de Corée, 2003
En somptueux costumes d'époque, la transposition inattendue d'un classique français ("Les liaispns dangereuses", de Laclos) dans la Corée répressive du 18ème siècle.
Printemps, été, automne, hiver... et printemps de Kim Ki-duk
(Bom, yeoreum,gaeul, gyeowool, geurigo, bom) Allemagne, 2003
Une rêverie contemplative située autour d'un temple bouddhiste flottant. Malgré son aspect paisible, le film ne manque pas de cette violence psychologique si chère au réalisateur.
Bin-jip (Locataire) de Kim Ki-duk
République de Corée, Japon, 2004
Au cours de ses expéditions, un jeune désœuvré squattant les maisons inhabitées s'éprend d'une épouse malheureuse. Toute l'inventivité insolite du monde de Kim Ki-duk.
Le roi et le clown de Lee Jun-ik
(Wang-ui namja) République de Corée, 2005
Au 16ème siècle, un clown et son partenaire transexuel, engagés par un tyran puissant, qui tombe amoureux du bel androgyne. Le plus haut box office de tout le cinéma coréen.
The host de Bong Joon-ho
(Gwoemul) République de Corée, 2006
Une famille unie voit la petite-fille de son patriarche enlevée par un féroce monstre marin, surgi de la rivière, et se lance à sa recherche. Le film qui révéla Bong Joon-ho en Europe.
April snow de Hur Jin-ho
(Palwolui Christmas) République de Corée, 1998
Drame au quotidien, à Séoul: un photographe de quartier, atteint d'une maladie incurable, s'éprend d'une jeune cliente - qui va briser ses routines et ses peurs.
The show must go on de Han Jae-rim
( Uahan segye) République de Corée, 2007
Dans la Corée de la pègre, un gangster de bas étage, va se trouver à la fois en conflit avec des rivaux féroces - et en rupture latente avec épouse et fille.
Secret sunshine de Lee Chang-dong
(Milyang) République de Corée 2007
Une mère veuve et son fils cherchant un nouveau départ dans une bourgade coréenne, avant que la tragédie ne rejoigne la jeune femme (Meilleure actrice à Cannes en 2007).
Dirty carnival de Yu Ha
(Biyeolhan geori) République de Corée, 2006
Un petit truand collectant les dettes pour une mafia de Séoul et voyant ses proches menacés par la triade. Un conflit intérieur à rebondissements, sur fond de rivalités entre clans.
Rêve de désert de Zhang Lu
(Hyazgar) Mongolie, République de Corée, France, 2007
Dans la steppe mongole, une femme nord-coréenne et son jeune fils débarquent chez un homme. Un film épuré sur le désir, la détresse et la perte.
J'y ajoute:
Memento Mori de Kim Tae-yong et Min Kyu-dong (2002)
Paranormal et homosexualité féminine dans un collège sud-coréen. Pas complètement abouti mais une vision onirique intéressante du mal être adolescent.
2 Soeurs de Kim Jee-Woon (2003)
Un des meilleurs films d'épouvante de ces dernières années. Une sorte de drame psychanalytique, très beau visuellement et avec quelques séquences terrifiantes.
Wonderful Days de Kim Moon-saeng (2004)
Film d'animation graphiquement magnifique mais au scénario un peu décevant.
En DVD: La trilogie Hong Sang Soo:
Psychologie complexe, drames existentiels et amours contrariés décrits en demi-teinte avec subtilité. Un minimalisme parfois rebutant mais qui ménage des moments d'intensité très émouvants. Un grand cinéaste vraiment moderne.
La femme est l'avenir de l'homme est un des plus réussis.