Mia Hansen Love

de Mia Hansen- Love.

S’il est un film encensé ces dernières semaines par la critique, c’est bien ce premier film de la jeune réalisatrice Mia Hansen-Love (26 ans).

-Les Inrockuptibles : « Un premier film bouleversant (...) à la clarté magique »

- Le Monde : « Les mots manquent pour définir l'admiration sans réserve que suscite ce film. Maturité ? Maîtrise ? Mesure ? Sans doute, encore que ces vocables font injure à la jeunesse et au tremblé de cette œuvre. Elégance, limpidité, profondeur seraient plus opportunes pour caractériser la stupéfiante justesse de la mise en scène, aussi précise, sensible et fulgurante qu’un rayon laser. »

- Libération : « Il y a ici, dans la façon de marcher, de parler, de dialoguer, de chuchoter, de zigzaguer, un hommage naturel et non forcé aux grands insaisissables : Bergman,Garrel, Eustache, Doillon, Bresson, Blain. Comme chez eux, la maturité consiste ici à dire la fugue et ne lui faire aucun reproche. Comme film il est à son tour irréprochable. »

Moi je dis que ces louanges sont un rien excessives. Le film est certes réussi, et c’est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un premier long-métrage.
Je ne l’ai pas apprécié tant que ça pour autant…
La direction des acteurs m’a déplu franchement et n’a entraîné chez moi aucune émotion. Je dirais même que certains jouent franchement faux (le grand’père, le beau-père notamment…). Gérard Blain est très beau (comme son père) mais son jeu n’a rien d’exceptionnel.
Les dialogues? La réalisatrice nous a dit les avoir voulu concis…Je les ai trouvé concis jusqu’à l’indigence.

Alors…les critiques ?...On le sait… elles divergent parfois totalement du ressenti que l’on peut avoir soi-même. Le public était très partagé à la sortie de la projection.
Mia Hansen Love est la compagne d’Olivier Assayas (qui l’a fait jouer dans deux de ses films : Fin août-début septembre et Les Destinées sentimentales ) et elle fut critique aux Cahiers du Cinéma.
Ceci explique peut-être un peu cela…
Mia Hansen Love, talentueuse, est sans doute promise à un bel avenir de réalisatrice…Mais ce premier film n’est pas le chef-d’œuvre annoncé…

Que raconte ce film ?
Une histoire familiale en deux temps éloignés de onze ans.
Dans les années 90, Annette (Marie-Christine Friedrich) et Victor (Paul Blain) vivent à Vienne avec leur petite Pamela. Annette est autrichienne, son environnement familial assez bourgeois. Elle travaille et tente difficilement de vivre avec la dérive de Victor, bon père mais écrivain français en mal d’inspiration qui se perd dans la boisson et la drogue.
Pour se protéger et protéger sa fille, Annette se sépare de lui. Victor se réfugie dans les bras d’une junkie qui meurt d’une overdose.
Annette refait sa vie.
Une dizaine d'années plus tard, Pamela a dix-sept ans et décide de revoir son père..

J’ai beaucoup aimé ce poème qui vient à la fin du film :
"Ce qui décline aujourd'hui, fatigué,
Se lèvera demain dans une renaissance.
Bien des choses restent perdues dans la nuit
Prends garde, reste alerte et plein d'entrain !"
de Joseph Von Eichendorff.
"Je suis tombée sur ce poème quand je terminais le scénario et j'ai eu l'impression qu'il me dévoilait le sens de mes propres efforts, raconte la réalisatrice. Ces quatre vers disent quelque chose d'essentiel pour moi. Leur présence à la fin du film n'est pas anecdotique. C'est le testament de Victor. C'est peu et ça ne tient pas lieu de consolation ni de conclusion, ou bien une conclusion fragile, éphémère. Mais ce n'est pas rien. Car à ce moment du film, ces mots donnent à Pamela "plus qu'une consolation, et plus qu'une philosophie : c'est-à-dire une raison de vivre"."

Je serais très intéressée d'avoir vos avis sur ce film...

La bande annonce:
ICI

Je ne le découvre que maintenant en DVD. Je ne peux le juger qu'à l'aune du second film de Mia Hansen-Love, Le père de mes enfants, que j'ai vu à La Rochelle et qui sort en décembre. Un vrai bijou, lumineux et bouleversant, dont il ne faut pas (trop) déflorer l'intrigue. On en reparlera.
Tout est pardonné est moins maîtrisé mais montre un talent de pure cinéaste capable de saisir l'intimité des êtres sans avoir l'air d'y toucher, de jouer avec les ellipses temporelles...Et elle est une directrice d'acteurs absolument remarquable, chose encore plus évidente dans Le père de mes enfants.

Citation :

Grégoire Canvel a tout pour lui. Une femme qu'il aime, 3 enfants délicieuses, un métier qui le passionne. Il est producteur de films. Révéler des cinéastes, accompagner les films qui correspondent à son idée du cinéma, libre et proche de la vie, voilà justement sa raison de vivre. Sa vocation. Grégoire y trouve sa plénitude, il y consacre presque tout son temps et son énergie. Hyperactif, il ne s'arrête jamais, sauf les week-end, qu'il passe à la campagne en famille : douces parenthèses, aussi précieuses que fragiles. Avec sa prestance et son charisme exceptionnel, Grégoire force l'admiration. Il semble invincible. Pourtant sa prestigieuse société de production, Moon Films, est chancelante. Trop de films produits, trop de risques pris, trop de dettes. Les menaces se précisent. Mais Grégoire veut continuer d'avancer, coûte que coûte. Jusqu'où cette fuite en avant le conduira-t-il ? Un jour, il est obligé de se confronter à la réalité. Un mot surgit : l'échec. Et une grande lassitude. Qui va bientôt, secrètement, prendre la forme du désespoir.

traversay a écrit:

...Et elle est une directrice d'acteurs absolument remarquable, chose encore plus évidente dans Le père de mes enfants.

Là- dessus, nos points de vue divergent...Tu as dû voir ce que j'écrivais lorsde sa sortie...
Mais j'espère bien voir Le père de mes enfants...

Tu verras, c'est largement au-dessus et j'ai rarement vu Paris filmé de cette manière.

Pas encore vu (et pour cause..)ce Père de mes enfants.Mais ce qu'en dit Traversay m'incite à penser que je devrais adorer.J'avais déjà trouvé Tout est pardonné lumineux,évitant le pathos et le sordide que le sujet (un homme qui ne se sort pas de ses problèmes avec la drogue)pouvait faire craindre.Et les interprètes étaient remarquable.J'avais vraiment aimé,au point d'acheter le DVD..

Le père de mes enfants

Date de sortie cinéma : 16 décembre 2009

Avec Chiara Caselli, Louis-Do de Lencquesaing, Alice de Lencquesaing,…



Un bel hommage au producteur Humbert Balsan, l’homme qui produisait prioritairement ce qu’il aimait et non ce qui allait lui rapporter de l’argent.
Jusqu’à la faillite…Jusqu’au désespoir…Jusqu’à la mort…

Mia Hansen Love l’avait rencontré pour lui demander de produire son premier long-métrage « Tout est pardonné »…ce qu’il avait accepté, peu de temps avant de se suicider.
Rencontre marquante pour la jeune réalisatrice avec un homme passionné par le cinéma et charismatique.

Le personnage principal de son deuxième film, Le père de mes enfants, Grégoire Canvel , est très inspiré d’Humbert Balsan (il n’est pas le père des enfants de Mia Hansen Love !).
On voit le père tendre et l’époux aimant, toujours débordé d’activités, d’appels téléphoniques, toujours sous les tracas des tournages, les exigences des artistes, la pression des banques.
Le personnage est remarquablement interprété par Louis-Do de Lencquesaing (pourquoi ne le voit-on pas plus souvent au cinéma ?).
Autour de lui, tous les autres interprètes sont excellents, et notamment Alice de Lencquesaing, (fille de…), très douée. (On l’avait déjà bien repérée dans L'Heure d'été, d'Olivier Assayas ).

Dire que le film est inspiré d’ Humbert Balsan révèle évidemment le destin tragique, connu, du personnage…
Mais il reste à le regarder avec plaisir et constater la confirmation du talent prometteur de la jeune réalisatrice (28 ans).
J’ai été davantage touchée par ce deuxième film que par son premier. (J’aurais cependant bien supprimé un épisode qui n’apporte pas grand-chose au film, l’alourdit et l’allonge inutilement. On en reparlera quand vous l’aurez vu ).


A gauche, la réalisatrice...et toute la famille du film...

Extrait vidéo

Le père de mes enfants

Elle a moins de trente ans, a déjà tourné un premier essai prometteur (Tout est pardonné) et va marquer les esprits avec son deuxième film, d'une finesse, d'une profondeur et d'une sensibilité peu communes. Dans Le père de mes enfants Mia Hansen-Love réussit une gageure, évoquer l'ensemble des facettes d'un homme à travers toutes ses vies : professionnelle, familiale, intime. Le film n'aurait pu être qu'un blues déchirant (il est cassé en deux par la tragédie), il se révèle être une chanson mélancolique et gaie, presque italienne, gorgée de sève et d'amour. Il y a une grâce à filmer chez Hansen-Love et une capacité sidérante à changer soudainement de focale, en mettant l'accent sur des personnages qui semblaient secondaires. Elle est aussi à l'aise pour traiter des destins individuels que pour décrire des communautés (la famille, l'entreprise), avec une précision et une délicatesse étonnantes. En outre, elle tire de ses interprètes la quintessence et comme un supplément d'âme. Le père de mes enfants est un film lumineux jusque dans ses zones d'ombre.

Depuis que Traversay en avait parlé, j'attendais avec impatience de pouvoir voir ce deuxième film de Mia Hansen Love , Le père de mes enfants.
Pas déçue, c'est effectivement un film lumineux ( il faut dire qu'il y fait toujours beau..) et plein de grâce. Ce qui n'était pas évident quand le milieu du film est aussi tragique. Les personnages de père, oisif ou hyperactif, mais en tout cas beaucoup absents, semblent fasciner cette réalisatrice! A suivre!

Un amour de jeunesse



Déçu par ce nouveau film de Mia Hansen-Love, malgré de beaux moments. L'évocation d'un amour exclusif, absolu, mais auto-destructeur est trop écrite, trop abstraite et trop maladroite pour convaincre. Lorsque le récit se recentre sur la solitude de la jeune Camille et sa tentative de reconstruction (notamment par l'architecture), Hansen-Love libère davantage une sensibilité et apporte des respirations, mais ces instants sont trop rares. Si Un amour de jeunesse est une proposition ambitieuse dans sa perception d'une intimité, d'une souffrance, d'un idéal inaccessible, Hansen-Love ne parvient pas à incarner ses idées par la mise en scène. Et je n'ai pas été convaincu par l'interprétation maniérée de Lola Créton.

J'ai bien du mal à me faire une opinion du coup ! J'étais tentée pour aller le voir aujourd'hui, mais déjà le thème du film ne me tentais pas trop ... alors je ne sais plus bien. On verra, je vais aller devant les salles et choisir au dernier moment. Merci pour vos critiques en tous les cas.

Un amour de jeunesse-

Avadoro a bien résumé, je partage son opinion et reste sur une petite déception suite à la critique dithyrambique du dernier télérama. L'absence de dialogues, la linéarité du jeu des jeunes acteurs, et surtout leur tendance au maniérisme m'ont trop souvent laissée à l'écart de leur histoire "passionnelle" L'apparition du professeur d'architecture ( joué par le danois Magne Havard Brekke) m'a sortie de ma torpeur et redonne au récit un semblant de vie, les paroles reprenant sens. Mais dans l'ensemble je n'ai pas eté convaincue, encore moins émue par le rôle très apathique de Camille qui se complet dans cet état larvaire, guère plus par son compagnon Sullivan, un peu trop insaisissable à mon goût.



Ceci dit ce film se laisse voir pour la douceur qui s'en dégage, et l'authenticité (pour autant qu'on soit dans le bon mood) que la cinéaste parvient à transmettre, prenant le temps de nous immerger pas à pas dans leurs balades et leur communion avec la nature. Un film non dénué de charme mais qui agace par une tendance à la complaisance, sans doute.

(Dom, je ne suis pas sûre qu'il soit pour toi non plus!)

J'ai aussi ressenti une complaisance dans la relation Camille/Sullivan, qui provoque une sensation d'étouffement et fige les protagonistes dans une léthargie.

A noter tout de même, l'utilisation de la très belle chanson The Water, écrite par Johnny Flynn en duo avec Laura Marling (extrait de son remarquable deuxième album Been listening)

Avadoro a écrit:

J'ai aussi ressenti une complaisance dans la relation Camille/Sullivan, qui provoque une sensation d'étouffement et fige les protagonistes dans une léthargie.

Bien d'accord. Ce qui m'épate ce sont les adjectifs, tous excessifs je trouve, dont la presse qualifie ce film.

"Magnifique" -Le Monde
"Un tourbillon de passion"- Libération
"Vibrant"- Les Inrokuptibles
"Déchirant" -CineObs
"Une oeuvre magnifique" -La Croix
"Un éblouissement" -Figaro Madame
4 étoiles pour les Cahiers du cinéma et j'en passe...

Le cinéma de Hansen Love ne serait-il pas un peu surévalué?

Avadoro a écrit:

A noter tout de même, l'utilisation de la très belle chanson The Water, écrite par Johnny Flynn en duo avec Laura Marling (extrait de son remarquable deuxième album Been listening)

Grand merci pour cet extrait Avadoro. C'est vrai que j'ai été très touchée par la bande son en général, elle s'accordait bien avec l'ambiance générale. Si tu en as d'autres je suis preneuse...

Pour la surévaluation, il faut sans doute revenir aux arguments du premier message de Coline. C'est dommage, car cela lui cause finalement du tort alors que son cinéma est loin d'être dénué de qualités.