Mia Hansen Love

J'y ai pensé en relisant le fil, et je note que la direction des acteurs n'avait pas convaincu Coline non plus sur son premier essai...

coline a écrit:

…La direction des acteurs m’a déplu franchement et n’a entraîné chez moi aucune émotion. Je dirais même que certains jouent franchement faux (le grand’père, le beau-père notamment…). Gérard Blain est très beau (comme son père) mais son jeu n’a rien d’exceptionnel.
Les dialogues? La réalisatrice nous a dit les avoir voulu concis…Je les ai trouvé concis jusqu’à l’indigence.

Ce sont les mêmes travers que je retrouve sur celui-ci. Mais tu as raison,et d'ailleurs je ne l'enfonce pas non plus, en disant qu'il a des qualités!

PS: Je ne savais pas ceci par contre

coline a écrit:

Mia Hansen Love est la compagne d’Olivier Assayas (qui l’a fait jouer dans deux de ses films : Fin août-début septembre et Les Destinées sentimentales ) et elle fut critique aux Cahiers du Cinéma. Ceci explique peut-être un peu cela

En effet, son statut lui a offert un certain crédit d'entrée, et son premier film était déjà particulièrement attendu.

De mon cote j'ai bien aime "Un amour de jeunesse" sans aller jusqu'au délire critique qui l'encense. Je complèterai demain.

Je l'aime beaucoup cet Amour de jeunesse. Un peu moins que Le père de mes enfants. Mais je ne suis pas objectif, le cinéma de Mia Hansen-Love me touche, pour des raisons que je ne saurais expliquer.

Bien évidemment qu'il existe un lien de parenté entre les trois premiers films de Mia Hansen-Love : comment survivre après un deuil ou une rupture, le temps qui passe, entre autres. Mais plus encore que Tout est pardonné ou Le père de mes enfants (le meilleur film de la "trilogie"), Un amour de jeunesse se caractérise par ce qu'on pourrait appeler sa beauté intérieure, pas forcément immédiate à la vue de ce film qui ne cherche pas à être aimable à tout prix. Un amour de jeunesse est géométrique alors que la majorité des films préfère la rotondité. Hansen-Love s'attache à des précisions géographiques et topographiques, dignes d'un Modiano, ainsi que temporelles. Exactitude des lieux et des temps qui cachent pudiquement la force des sentiments. Les dialogues sont souvent accessoires, parfois recouverts par la musique ou partiellement inaudibles, la cinéaste s'exprime avant tout par l'image. Sa science du découpage et du montage fait merveille : elle installe une atmosphère en quelques plans très courts, capte des états d'âme à la volée, sans paroles, et suggère l'évolution de son héroïne, sans avoir l'air d'y toucher. Cette grammaire cinématographique, elle est l'une des rares à la maîtriser, en France (avec Honoré, parfois). Elle use d'ellipses narratives avec un talent rare et saisit le rythme de la ville (scènes furtives de bus, métro, gares, cafés) et celui, paisible, de la nature. Point besoin de mots, pour faire avancer son film, cela tient du prodige, comme si elle revenait aux sources du cinéma muet. Un amour de jeunesse passe comme un songe, mélancolie de souvenirs qui forgent une vie d'adulte à venir. C'est beau.

L'avenir

Isabelle Huppert incarne une professeur de philosophie confrontée à plusieurs bouleversements dans sa vie, et qui cherche à prendre un nouveau départ. L'actrice est omniprésente dans le film et si son jeu, bien qu'efficace, est pour moi trop prévisible : sèche et refermée sur elle-même, elle surjoue des états d'âme sans parvenir à faire vivre un personnage bousculé dans des certitudes.

J'ai aussi été très gêné par le contexte dans lequel évoluent les personnages : des grèves lycéenne à l'utopie libertaire, Mia Hansen-Løve multiplie les références socio-politiques mais va rarement au-delà de clichés et de symboles. L'avenir a pourtant l'ambition de suivre une femme en phase de crise, dans une recherche personnelle et affective, mais le récit n'est que rarement sincère dans ses développements. Les dialogues sonnent alors souvent creux et renforcent une distance artificielle par rapport à une intimité affective.

Je comptais aller le voir, mais tu me refroidis un peu...

Je ne le déconseille pas car il y a eu des avis positifs, mais je trouve que le cinéma d'Hansen-Løve manque de plus en plus d'ouverture et d'identité.

Je trouve au contraire qu'elle se bonifie et signe là son meilleur film.
Et si Isabelle Huppert te semble sèche et refermée, elle m'a paru au contraire, et ce n'est pas coutume, sensible et délicate (il n'y a qu'à voir la patience et la grande attention à sa mère), tout en gardant une force peu commune par rapport aux événements.

Et puis il y a des moments drôles, l'humour est bien présent, quand on s'y attend le moins.

En ce qui concerne la grève lycéenne(qui occupe 5 minutes à peine du film), ou l'utopie libertaire (les mots sont un peu forts pour décrire juste une ferme de montagne où quelques jeunes échangent des idées et vivent ensemble), je crois que c'est le dernier des soucis de Mia Hansen-Love de prendre une quelconque position.
Elle plonge son héroïne dans ce milieu uniquement pour qu'elle trouve son chemin, et c'est seule qu'elle y parviendra, non pas avec je ne sais quel idéal de vie communautaire.

Quant aux dialogues, je les ai trouvés juste parfaits.

Avadoro, on n'a pas du tout le même ressenti, à chacun de se faire son idée après tout.

Qu'est-ce que c'est que cette bizarrerie ? mon message date de 6h36 alors que pas folle hein, je l'ai postée à 8h 15 environs

darkanny a écrit:

Qu'est-ce que c'est que cette bizarrerie ? mon message date de 6h36 alors que pas folle hein, je l'ai postée à 8h 15 environs

8h26.

mais c'est vrai que ça fait un drôle d'effet ces fuseaux horaires qui changent une fois de temps en temps sans qu'on sache pourquoi

C'est vrai que le film peut diviser. J'ai surtout été agacé par l'omniprésence du milieu social : les professeurs de philosophie qui ne parlent entre eux que de livres pour surligner une distance, la maison de retraite 4 étoiles, la villa familiale en bord de mer...à aucun moment, les personnages ne sont détachés de leur environnement, d'une aisance matérielle et cela fragilise pour moi la description d'états affectifs. L'opposition entre la réussite intellectuelle et la société de consommation m'apparait aussi très caricaturale (à l'image des querelles d'édition).

L'évocation de la ferme rurale est plutôt une réaction à un idéal utopique, mais je n'ai pas apprécié une absence de remise en question. Il y a beaucoup de jugements hâtifs énoncés, notamment de la part de l'élève "protégé" d'Isabelle Huppert, et cette accumulation de certitudes m'a tenu à distance.

Avadoro a écrit:

L'avenir

Isabelle Huppert incarne une professeur de philosophie confrontée à plusieurs bouleversements dans sa vie, et qui cherche à prendre un nouveau départ. L'actrice est omniprésente dans le film et si son jeu, bien qu'efficace, est pour moi trop prévisible : sèche et refermée sur elle-même, elle surjoue des états d'âme sans parvenir à faire vivre un personnage bousculé dans des certitudes.

J'ai aussi été très gêné par le contexte dans lequel évoluent les personnages : des grèves lycéenne à l'utopie libertaire, Mia Hansen-Løve multiplie les références socio-politiques mais va rarement au-delà de clichés et de symboles. L'avenir a pourtant l'ambition de suivre une femme en phase de crise, dans une recherche personnelle et affective, mais le récit n'est que rarement sincère dans ses développements. Les dialogues sonnent alors souvent creux et renforcent une distance artificielle par rapport à une intimité affective.

Pour celui ci, je n'ai pas grand chose à en dire, je suis juste totalement en accord avec Avadoro. Donc à contre courant car il a été encensé par la majorité, mais rien à faire, Huppert ne varie pas d'un iota dans ses rôles. Elle y apparait refermée sur elle et en surjeu sans que j'aie pu y dénicher une fragilité intérieure. Question de sensiblité, c'est certain. Mais les références politico sociales et les certitudes avec lesquelles les personnages évoluent m'ont aussi tenu à distance de la moindre émotion. Chou blanc pour moi!

L'Avenir / Mia Hansen-Love

Quelques temps dans la vie de Nathalie, professeur de philosophie, à un moment charnière : séparation d'avec son mari, mort de sa mère...

J'ai beaucoup aimé ce film, que j'ai trouvé très fin et très juste. Rien d'impressionnant, ni de spectaculaire. Elle est souvent agaçante, Nathalie, entre ses certitudes, son confort qu'elle ne veut surtout pas remettre en cause. Mais elle est aussi touchante et émouvante à d'autres moments, comme des vrais gens dans la vie. Le film peut décevoir ceux qui aiment des scénarios bien structurés, avec un début, une intrigue, une fin bien nette. Là rien de tel ici, même si le film est très construit.

Les acteurs, Isabelle Huppert en tête, sont parfaits, et donnent chair et sens au film. Un, excellent moment.

Oui j'ai bien aimé ce film aussi .
Juste , mélancolique , lucide .
Aucune psychologie ou analyse de quoi que ce soit , c'est juste lavie qui passe .Trop vite . Même qu'on devient vieux avant  d'avoir pu profiter de son petit confort bien mérité ,  parce que c'est comme ça la vie . On se laisse happer par le mouvement et on oublie la fuite inexorable du temps .
Isabelle Huppert   devenue plus que fluette , le dos vouté et une petite tête d'oiseau a vraiment la justesse du rôle jusque dans cet aspect physique Elle est excellente dans son rôle de prof bobo qui commence juste à lire sur le visage de la jeunesse implacable qu'elle est désormais une "has been " , la roue tourne ....
C'est triste , froid , et c'est une façon de porter un regard sur la vie . La réalisatrice aurait pu y mettre plus de pathos mais ça n'aurait pas eu cette force souterraine .