Ayana Mathis

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Les douze tribus d’Hattie

En 1923 Hattie a quitté le sud raciste avec sa mère et ses sœurs pour chercher refuge à Philadelphie. Elle a quinze ans et découvre une ville dans laquelle les noirs n’ont pas à avoir peur d’être frappés dans la rue, « ne descendaient pas dans le caniveau pour laisser passer les blancs ». Il ne s’agit pourtant pas d’un pays de lait et de miel car les hivers sont rudes et la famille est pauvre. Hattie se marie à 17 ans et va mettre au monde 11 enfants et c’est leur histoire qui va permettre de faire le portrait par petites touches de la société américaine jusqu’aux années 80. Les destins personnels vont croiser le destin d’une nation.
Le roman est donc composé d’une mosaïque dont l’unité est donnée par Hattie qui fédère l’ensemble des chapitres.
C’est indéniablement un beau roman (et un beau portrait de femme) mais son aspect morcelé est un peu frustrant car on s’attache à certains personnages qu’on ne reverra pas ou bien dont on entendra parler d’une manière évasive. Cette frustration est finalement aussi la preuve de la réussite de cette auteure qui est parvenue à créer un univers vivant, une œuvre très prometteuse.

merci pour ton commentaire

Madame B. a écrit:

une œuvre très prometteuse.

oui, je suis très curieuse de la suite de cette auteure

Les douze tribus d'Hattie

Une belle lecture, même si j'ai parfois regretté comme Madame B. le découpage en courts chapitres. L'attention portée aux trajectoires individuelles devient ainsi inégale alors que la chronologie est particulièrement ample. Ayana Mathis maintient cependant une cohérence dans l'écriture en saisissant des instants d'obstination, d'affirmation, de révolte face aux brûlures de la vie.

La séquence d'ouverture, poignante et traumatisante, a contraint Hattie à se forger un rempart émotionnel pour accepter l'absence. C'est la dureté de son caractère qui lui permet d'avancer malgré l'angoisse d'une perte, et de s'attacher à ses enfants à travers des relations fébriles, tendues et intenses, même si les liens sont marqués par une confrontation à la souffrance, souvent brutale et source d'incompréhension.

Avadoro a écrit:

Les douze tribus d'Hattie

Une belle lecture, même si j'ai parfois regretté comme Madame B. le découpage en courts chapitres. L'attention portée aux trajectoires individuelles devient ainsi inégale alors que la chronologie est particulièrement ample.

Oui , j'ai déploré cette structure qui m'a gâché ma lecture .
Mais effectivement ça reste un bon roman que j'ai fait découvrir à mon entourage et qui a été apprécié !

Les douze tribus d’Hattie

Je partage l’enthousiasme de la plupart des lecteurs, et comme il y avait déjà pas mal de commentaires longues, de ma part juste quelques ajouts.

Le découpage en plusieurs chapitres, raconatnt dans des perspectifs différents, des divers enfants d’Hattie, donne seulement des vues sur certains moments de leurs vies. Et même si des fois des infos seront données encore ailleurs, et seulement « en passant », on n’apprend pas tout de leurs vies à eux. C’est éventuellement comme si certains moments de nos vies sont plus cruciaux que d’autres, plus centraux. Ils nous disent quelque chose de ce qui nous anime. Donc, pas de prétention de raconter « tout », mais se contenter de de raconter an allusions ?!

Et le personnage central, même si là aussi on saura jamais tout et qu’on saute des périodes entières, restera Hattie.

Le titre -cela fût mentionné brièvement – et aussi certains éléments du livres, spécialement au début et à la fin, jouent avec des images venant de la Bible. Les « douze tribus » signifient aussi bien « unité de provenance » qu’aussi diversité de destins. Il y a aussi un éléments que je trouvais caché, mais néanmoins très intéressant :

-  une forme de sortie de l’esclavage au début, quittant le Georgia de basses conditions et, à l’époque de leur arrivée dans le Nord libre, encore franchement raciste (voir certains élements plus en avance dans le livre). Cela n’empêche pas que d’un coté il y a des retours sur cette terre d’ »esclavage » dans la personne de la sœur (?) et d’Ella ! Car bizarrement les conditions y sont plus propices que dans le Nord libérateur. Non, Hattie va pas regretter le Sud, et ne connaîtra pas la tentation d’y retourner, mais quel enseignement (et aussi quelle lucidité de la part d’Ayana Mathis) de ne pas connaître un Nord finalement paradisiaque ! Mais où elle et sa famille connaîtront d’autres formes de desastres, de destins lourds à porter...

Donc, pas une peinture en Noir et Blanc !

Hattie est une femme pas docile, dure et tendre à la fois. Il faut une certaine dureté pour survvire ?! Mais derrière se cache des soucis, images d’une autre forme d’amour concret, et aussi un mécanisme de défense face aux tribulations ?

Un bon livre !