Jeanne Benameur

Menyne a écrit:

Oui, c'est cela, la sensibilité.
J'apprécie donc beaucoup ce genre de livres.

Ainsi sommes-nous ma Ményne!

Hé oui, tu as encore raison. C'est donc aussi pour cela que j'aime Laurent Gaudé,Laurent Mauvignier,Henry Bauchau, Sylvie Germain ... et certainement d'autres que je ne connais pas encore.

coline a écrit:

Maryvonne a écrit:

(J'ai commencé les démeurées - et je suis, au bout de 20 pages, déjà TRES émue).
(Je n'ose pas lire vos comm', mais sachez que c'est à force de voir ce fil remonter que mon achat s'est enfin produit).
(Je sens que je vais pleurer ma race)

Alors Maryvonne, finalement, Les demeurées??? tu as mené ta lecture à terme?...

J'ai beaucoup aimé. Je l'avais offert à ma mémé qui était instit, et c'est le dernier livre que je lui aurais offert (snif).
Je l'avais fini en surveillant un examen, et j'ai du me tourner pour essuyer ma petite larme.
Ma mère l'a récupéré et a surkiffé, et elle est en train de les acheter un à un... et me les file ensuite.

J'ai lu entre temps "les mains libres" (mais j'ai préféré les demeurés), et elle m'a passé "profanes" et "ça t'apprendra à vivre".

Merci de ta réponse Maryvonne...Je pense bien, pour ma part, que le roman Les demeurées est mon préféré.

Otages Intimes (2015)

Étienne, Photographe Reporter a été pris en otage lors d’une de ses expéditions. L’histoire commence le jour de sa libération. Dans un avion, les yeux d’abord bandés, en compagnie d’un homme armé, Étienne est fébrile. Sa peur, sa colère, ce qui lui a permis de tenir, ses souvenirs, ses questionnements, ce qui l’a rongé, tout tourne dans sa tête.
Préférant se réfugier dans la vieille maison familiale, à la campagne, auprès de sa mère, il va essayer de trouver dans la force et la stabilité de son enfance, de ses bons souvenirs, de la nature, de ses vieux amis de toujours, un appui grâce auquel reprendre pied dans l’existence.
Seulement, il a changé. En lui, il y a des émotions, des pensées et des envies qu’il n’y avait pas avant.
Et sa mère et ses amis ne sont plus, non plus, vraiment les mêmes qu’avant. Ou alors ils sont devenus tous trop différents ?
Tous ont en eux des émotions et des envies enfouies dont ils sont les Otages Intimes. Ce moi qu’ils font taire pour préserver l’autre, se préserver soi, pour continuer à avancer. Mais la limite est fine. A se taire soi ne finit-on pas par s’étouffer ?

Le lecteur se retrouve immergé. Il découvre l’horreur du confinement, et la difficulté d’être avec les autres. Il se prend d’affection pour chacun. Et espère pour qu’à la fin que tout ira pour le mieux.

L’écriture de Jeanne Bénameur est d’une beauté éclatante. La psychologie des personnages est complètement mise à nue. Des mots de chair, qui palpitent d’une vie qu’ils protègent.
Des mots à la fois très bruts, cisaillés, Bénameur ne fait pas dans la longueur. Une écriture qui donne l’impression d’un souffle saccadé, qui attend l’ouverture, le grand air. Un style qui travaille dans la profondeur, tout en restant simples.
D’une puissante force littéraire et humaine.

Ah oui quand même!

cela fait un bon bout de temps que j'ai envie de replonger dans un livre de Jeanne Benameur...

Queenie a écrit:

Étienne, Photographe Reporter a été pris en otage lors d’une de ses expéditions.

mais en lisant le résumé de ce livre, cela m'a rappelé trop La maison du retour de Jean-Paul Kauffmann, qui a réellement vécu, dont elle parle... et j'ai adoré ce livre... bien que je veux croire que l'écriture de Jeanne Benameur fait la différence

kenavo a écrit:

cela fait un bon bout de temps que j'ai envie de replonger dans un livre de Jeanne Benameur...

Queenie a écrit:

Étienne, Photographe Reporter a été pris en otage lors d’une de ses expéditions.

mais en lisant le résumé de ce livre, cela m'a rappelé trop La maison du retour de Jean-Paul Kauffmann, qui a réellement vécu, dont elle parle... et j'ai adoré ce livre... bien que je veux croire que l'écriture de Jeanne Benameur fait la différence

En effet, les thèmes sont similaires.
Sauf que j'ai l'impression (n'ayant pas lu Kauffman) que Benameur parle de la reconstruction de soi par les liens du passé. Et parlent aussi, beaucoup, des émotions et bouts de soi que l'on garde prisonniers, enfermés. Personne ne nous connaît vraiment, comment communiquer ? Comment s'aimer ? comment être soi ?
Finalement, elle aurait même pu écrire un livre quasiment similaire, sans que son personnage principal ne sorte d'une condition d'otage.

Queenie a écrit:

Sauf que j'ai l'impression (n'ayant pas lu Kauffman) que Benameur parle de la reconstruction de soi par les liens du passé. Et parlent aussi, beaucoup, des émotions et bouts de soi que l'on garde prisonniers, enfermés. Personne ne nous connaît vraiment, comment communiquer ? Comment s'aimer ? comment être soi ?

chez Kauffmann la reconstruction se fait beaucoup à travers cette maison qu'il (re)construit...
mais tout ce que tu en dis m’intéresse... je vais garder le livre de Benameur bien noté dans mon calepin

Mon libraire m'a donné cette version: l'intérêt de Benameur, c'est qu'elle ne l'a pas vécu, que son récit est intemporel, non situé dans le temps et l'espace , donc, universel.

Moi, je trouve que l'intérêt, c'est ce côté Otage Intime : on est tous otages, soi-même. Une partie de nous bloquée, enfermée, retenue, silencieuse, condamnée parfois.
Benameur, le côté concret de l'otage, c'est presque un prétexte à quelque chose de beaucoup plus intime et commun - même sans avoir vécu une telle expérience on a tous un otage en nous (je crois que c'est ce qui se dit)
Ça doit être ça qu'il veut dire quand il parle d'universalité.

Mes amies, vous avez juste écrit ce qu'il faut pour me faire lire ce livre. Merci.

Otages intimes

Après des mois passés dans le noir , otage à la merci de ses ravisseurs, Etienne est enfin libre : « Je rentre ». C'est dans le village de son enfance, réfugié auprès de sa mère, rejouant le temps de l'enfance, qu'il va reconstruire une espérance.
C'est beau, en effet, superbement écrit, et le parcours douloureux d’Étienne ne manque pas de remuer le lecteur.

Celui-ci n'en note pas moins une certaine tendance au poncif (ah ! Ces généralités sur les mères !), une symbolique un peu poussive ( ceux qui restent et ceux qui partent, l'enfermement d'Etienne qui se libère lors de l'envol d'Enzo), une résolution simpliste de la situation. Ca en est pathétique à force de sobriété bien-pensante : les personnages qui aident Etienne dans sa reconquête sont tellement raisonnables, ont toujours tellement le mot juste, tout s'emboîte tellement bien....En filigrane, cette idée qu'on est tous l'otage de quelqu'un a quelque chose d'à la fois démonstratif et creux (qu'est ce que cela peut bien vouloir dire, en fait?) .

Si ces défauts n'arrivent pas à complètement gâcher cette histoire de vie et de mort, de guerre et de paix, c'est grâce à la prose emportée, exigente et lyrique à la fois de Jeanne Benameur.

Tout est symbolique.

A croire que le symbolique ne me convient pas.