Le Pont / Die Brücke (1959)
Réalisé par Bernhard Wicki "d'après le roman éponyme et autobiographique de Manfred Gregor"
pour un peu plus d'info, voir la page wiki-truc :
clicAllemagne, derniers jours de la guerre en 1945. Dans un petit village quelques jeunes vont à l'école et rêvent de gloire et de victoire pendant que leurs mères (surtout) angoissent. Des milieux différents et des rivalités d'adolescents et dans ces temps fébriles une attirance frémissante pour le sexe opposé. Plutôt gentils tout de même avec leur côté boyscouts et leur sincère camaraderie. Idéalistes.
Et l'absence des hommes comme tout donne sembler raison à leurs forces en devenir, la promesse de leur supériorité assurée. Arrivent les ordres de mobilisation, puis le front qui vient à eux avant même la fin de leur formation.
Pour tenter de les mettre à l'abri, influencé par leur professeur, un officier décide de leur faire garder le pont du titre, le pont qu'ils connaissent bien sur lequel ils se sont promenés et ont joué. D'ailleurs parti le type qui les encadre leur jeunesse reprend le dessus...
Pourtant quand les américains arrivent ils iront bon gré mal gré jusqu'au bout, dans ce qui tient autant de la folie que du courage sans issu et pour un résultat dérisoire.
Ça fait forcément un drôle d'effet. Et puis c'est un film de l'autre côté, de ceux qui ont perdu et qui sont les "méchants" de l'Histoire. Mais ce cadre décentralisé, en marge des grands événements déterminants permet peut-être de ne pas rejouer les impératifs qui habitent les films des vainqueurs. Pas de nazi forcené-tortionnaire-dans-l'âme, des petites gens ou des gens moyens. Pas le drame des grandes villes incendiées ou d'une avancée sanguinaire de l'armée rouge. Un entre deux plus simple, plus accessible qui met en lumière le gâchis concret des morts et de la jeunesse dans la guerre, et ce qui s'entrevoit dans la volonté blessée de ces jeunes endoctrinés certes mais aussi dans un air du temps. Ce qui s'entrevoit aussi derrière d'un quotidien bien simple baigné d'aspirations bien simples.
Et puis c'est rare le film de guerre unilatéralement du côté de la défaite... bien que le film se situe de l'autre rive, celle où idéologiquement son point de vue est "valide", formulable et acceptable. Il suit un fil humaniste étonnamment mince pour suivre son but sans risquer, par excès, de blesser d'un côté ou de l'autre.
En 1959 ça devait faire un effet pas commun ?
Et le fait que ces gamins se retrouvent littéralement abandonnés, d'un abandon qui dépasse leur situation militaire du moment, quand ils voient passer blessés et héros en fuite sur ce pont.