Le Chemin sauvage. - Seuil
Il y a une cinquantaine d'années, dans un village, un enfant de douze ans s'attache à Myriam,
une petite fille de son âge. Orpheline, elle a été "misée" comme servante dans une ferme.
Il faut savoir que la "mise" des enfants n'est pas une fiction comme l'explique l' auteur..
Dans ce village vivent des travailleurs italiens, marginalisés et victimes d' un racisme actif.
L'enfant, élevé dans un milieu familial ouvert à la sympathie et la générosité, les fréquente et
joue souvent avec leurs enfants.
Un jour Myriam révèle à son ami qu'elle est harcelée par le grand-père de la famiile d' accueil où
on l'a forcée à vivre.
Peu après elle disparait.
Et soudain, un crime monstrueux est commis. Et une chappe de silence se referme sur ce crime. Tandis que la violence se déchaîne parmi les membres de la communauté.
Jean-François Haas écrit dans sa posface :
"La mise des enfants a existé jusqu' en 1930 et s' est encore pratiquée hors la loi dans les
années suivantes plus ou moins ouvertement...
Des enfant s ont été par milliers légalment enlevés à leurs parents par les autorités pour etre
placés dans des orphelinats ou das des familles, en particulier dans des fermes où ils étaient
obligés de travailler, battus, parfois abusés...
Les autorités suisses n' ont ps jugé nécessaire de créer une une commisssion d' enquete à
ce sujet.
En aout 2011, le conseil fédéral a fini par admettre qu' il pouurait présenter des excuses à ces enfants. Ce qui, à ce jour n'a pas encore été fait."
L' enfant de cette histoire est le narrateur. Et c' est dans ce contexte qu' il nous raconte les pires
malheurs de l' enfance. Pires, parce qu' un enfant voit les choses à travers le prisme de son innocence et de son amour.
A travers la sensibilité émotionnelle d'un être juste, bon, généreux et qui ne comprend pas la violence des hommes ni les abus de pouvoir et qui ne les accepte pas.
Parcequ'ils s' exercent sur les plus faibles, les pauvres, les étrangers.
Dans son esprit déboussolé jusqu'au délire, il en arrive à penser que le monde est peuplé de monstres ordinaires à visage humain.
Haas parvient à merveille à nous faire lire les pensées de son jeune héros, démuni et abandonné
à lui-même, confronté à des faits et des sentiments bien trop grands pour lui.
Le meutre atroce le laissera vide, "déshabité", comme absent de son existence propre.
"Il n' y avait plus qu' une méchanceté invisible, immense, infinie d'être invisible."
Pourtant l' auteur se refuse à penser ou à faire penser que la bonté est vaine, mais que nous pouvons
demeurer enfants en nous mêmes et regagner en nous l'innocence des commencements...
"Je me disais (c' est l' enfant qui parle) notre soeur la nuit, et je me sentis fraternel, moi qui n' étais rien, follement fraternel, moi qui n'étais rien, follement fraternel de je ne sais quoi, de je ne sais qui, seul sur notre Terre où ne coulent ni le lait ni le miel, où il me semble parfois
entendre dans ma rêverie des rires et des hurlements de fou."
Le lyrisme est dangereux en ceci qu'il crée une tension qui, faute d' être tenue, sombre dans le verbiage, l'essoufflement ou le ridicule.
Pari tenu. Courir à perdre haleine sans s' arrêter, presque sans respirer et nous entrainer avec lui,
c'est ce que fait Haas.
Je n' ai aucune honte à reconnaitre que j'ai été ému et que je me suis senti proche de l'enfant
que je fus et que je sens être encore.