Les aventures du baron de Münchhausen( anonyme)

Les aventures du baron de Münchhausen

Petite histoire :

Lu dans la fort agréable édition José Corti (Collection Merveilleux ?) qui reprend la traduction de Théophile Gauthier fils de la version de Gottfried August Bürger et les illustrations de Gustave Doré ainsi que quelques notes et un dossier qui explique la drôle d'histoire de ce drôle de texte.

A l'origine il y a un très vrai baron de Münchhausen qui parait-il dans ses vieux jours aurait commencé à charger un peu ses histoires. Rudolf Erich Raspe, qui fréquentait le baron, a du suite à des irrégularités avec les comptes et collection dans le musée pour lequel il travaillait, se faire la malle en Angleterre. Malin il se retrouve entre autre choses à mettre par écrit les histoires du baron en les chargeant encore à son tour. Des rééditions, des illustrations. Le livre sera traduit et remanié en allemand par Gottfried August Bürger.

Dans le même temps le texte vit et se diffuse, se mêlant en France aux histoires de Gascons vantard et potentiellement surréalistes, la fusion s'accomplissant en baron de Crac. L'autre retour traduit et illustré (notamment par Gustave Doré) amenant une subtile dose d'exotisme germanique et la tonalité  un peu froide du récit qui fait une partie de son charme et de son imperturbable aplomb.


L'histoire :

Façon soirées chaleureusement arrosées le baron raconte ses voyages sur terre ou sur mer, les anecdotes et de chasse et de carrière militaire. Le plus naturellement du monde et avec force logique imparable le plus improbable devient simple formalité : cheval coupé en deux, tours de force divers, animaux merveilleux, succès avec les femmes, exotisme oriental et quelques contes du lot commun (comme un haricot magique qui pousse jusqu'au ciel) s'enchainent rapidement et facilement. Péripéties relevées d'une piquante ironie quant à la figure de l'homme accompli et des grandes réussites, en fait d'une actualité pertinente, applicable à l'envi à toutes belles fables d'exemples stupéfiants de maîtrise, de savoir dans la gagne, la décision, la gestion, le pouvoir, et bien sûr la modestie.

Les aventures sont courtes et les épisodes encore plus mais la brièveté, le laconique, rend encore plus imparable et indiscutable la véracité du propos. Qu'on connaisse ou non une partie de l'histoire, j'imagine qu'on peut (comme moi) y trouver facilement son compte. Ça n'a ni queue ni tête, ce n'est pas très sérieux mais ça a tellement de personnalité qu'il est difficile de résister à la puissance enragée de l'imaginaire et au juste bonheur de la petite histoire.

Les illustrations sont excellentes et collent à merveille à ce petit monument, et la lecture n'en est que meilleure...

Merci animal! Il faut bien dire que pour des générations ces récits faisaient partie des fables entendus dans la prime jeunesse, voir, en ce qui me concerne, même dans le très jeune enfance. Je me souviens presque de l'édition qu'on avait à la maison... Vraiment une grande récommandation pour ces affubulations qu'animal caractérise si justement. C'est tellement incroyable, et même comme enfant on devinait la exagération, l'aplomb. Grand bonheur, bon souvenir de lecture... Merci au baron!

on s'offrira un petit extrait prochainement.

ah oui, tout comme Tom Léo...
voilà un personnage dont j'ai fait connaissance pendant ma jeunesse, je l'ai trouvé tout de suite après les contes de Grimm
je ne saurais pas dire quel effet une lecture aurait aujourd'hui sur moi, mais dans le temps j'adorais ce Baron

de même, c'est loin loin

Les aventures du baron de Münchhausen, voici un recueil d'histoires qui fait partie depuis toujours du canon de la littérature allemande.

Un échantillon indirectement baronesque pour vous mettre l'eau à la bouche :

Citation :

Cependant, dès que la tempête se fut apaisée, chaque arbre retomba juste à sa place, et reprit aussitôt racine, de sorte qu'il ne resta pas la moindre trace des ravages causés par les éléments. Seul, le plus gros de ces arbres fit exception. Au moment où il avait été arraché de terre par la violence de la tempête, un homme était occupé avec sa femme à y cueillir des concombres ; car, dans cette partie du monde, cet excellent fruit croît sur les arbres. L'honnête couple accomplit aussi patiemment que le mouton de Blanchard le voyage aérien ; mais par son poids il modifia la direction de l'arbre, qui retomba horizontalement sur le sol. Or, le très gracieux cacique de l'île avait, ainsi que la plupart des habitants, abandonné sa demeure, par crainte d'être enseveli sous les ruines de son palais ; à la fin de l'ouragan il revenait chez lui en passant par son jardin, lorsque l'arbre tomba précisément en ce moment et, par bonheur, le tua net.
- Par bonheur, dites-vous ?
- Oui, oui, par bonheur ; car, messieurs, le cacique était, sauf votre respect, un abominable tyran, et les habitants de l'île, sans en excepter ses favoris et ses maîtresses, étaient les plus malheureuses créatures qu'on pût trouver sous la calotte des cieux. Des masses d'approvisionnements pourrissaient dans ses magasins et dans ses greniers, tandis que son peuple, à qui il les avait extorqués, mourait littéralement de faim.
Son île n'avait rien à craindre de l'étranger : malgré cela il mettait la main sur tous les jeunes gens pour en faire des héros suivant l'ordonnance, et de temps en temps vendait sa collection au voisin le plus offrant, pour ajouter de nouveaux millions de coquillages aux millions qu'il avait hérités de son père. On nous dit qu'il avait rapporté ce procédé inouï d'un voyage qu'il avait fait dans le Nord ; c'est là une assertion que, malgré tout notre patriotisme, nous n'essayâmes pas de réfuter, quoique, chez ces insulaires, un voyage dans le Nord puisse signifier aussi bien un voyage aux Canaries qu'une excursion au Groenland ; mais avions plusieurs raisons de ne pas insister sur ce point.