Les Combattants [Thomas Cailley]

Les combattants-




J'ai bien aimé, merci de vos avis et celui de Marko car au vu de la bande annonce, je pensais le laisser de côté. Je craignais le côté trop cliché, l'inversion des stéréotypes filles/garçons etc...En fait, non, rien de cela, ou si peu. Je n'ai pas trouvé d'aspects convenus à cette histoire, ni même à la description du milieu militaire. Je pense que Thomas Cailley décrit vraiment l'armée telle qu'elle est avec ses côtés rigides, bornés, sa rudesse exacerbée, etc..(ceux qui l'ont réellement vécue me la décrive ainsi en tout cas)

L'histoire improbable qui se crée doucement (si on peut dire!) entre Madeleine et Arnaud est finement amenée, la fascination qu'exerce Madeleine sur ce jeune, fragilisé par une remise en question (la perte de leur père et les choix de vie qui en découlent) aussi. Cailley prend son temps et fait preuve de beaucoup de justesse dans leur approche. Je me suis laissée embarquer dans cette drôle de relation avec bonheur, sans trop bien voir où elle allait mener, et sans regretter spécialement qu'elle n'ouvre pas sur quelque chose de plus poussé.

En bref, pour moi, un film plein de fraîcheur et de punch qui donne un ton nouveau, comme le dit Arabella, et une vision décalée d'une jeunesse qui se cherche. Entre rire et tendresse, je crois qu'on peut y trouver largement son compte, et ne serait-ce que pour le jeu des acteurs (extras tous les deux) il ne faut pas le rater. Une très bonne surprise!

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Je me bouge et j'y vais demain?

ben oui

Animal, tu pourras toujours te recycler dans le coaching : j'y suis allée!

Et bien, sympa oui, plein de moments sympas, voire drôles. Mais j'ai trouvé que ça partait vraiment très bien (la scène de la "mort du père" est excellente), et que ça descendait peu à peu un escalier gentil; je me suis ennuyée à l'armée, les deux Robinsons n'ont rien à dire, tout était déjà joué. On rit parfois et on sourit souvent, mais c'est quand même très très convenu: deux héros dissemblables qui arrivent à s'aimer, à deux c'est mieux, patience fait mieux que force, etc... etc...
Qu'on passe quand même un bon moment montre que réalisateur et acteurs ont du talent.

Ce qui n'est pas convenu c'est le style et le ton.

J'y connais rien au cinéma. je sais pas trop ce qu'est le style.
Le ton? une fille qui parle abrupte et un mec plutôt doux? ou autre chose?
Le fait que le monde à venir fait peur, mais qu'on peut quand même tirer son épingle du jeu? gräce aux gentils pompiers et aux bons docteurs?

C'est sûr que vu comme ça il n'est pas très excitant

Oui, c'est vrai, c'est un peu méchant! c'est quand même un moment agréable !

Je crois que vu l'enthousiasme affiché par certains, en face d'un film sympathique, intéressant par pas mal d'aspects, qui fait passer un moment agréable, mais que n'est pas non plus un chef d'oeuvre, on peut avoir tendance à une certaine sévérité, par réaction. Je pense que le film ne mérite ni des éloges exagérés, ni de critiques excessives.

Voila !

J´ai bien aimé le film. Très sympatique en effet. Ce que j´ai aimé est le fait que la fille qui s´entraine, qui a soi disant tout pour faire partie de l’armée, sous ses airs rogue et duraille n’a rien pour en faire partie. Elle ne supporte pas l’autorité, ne supporte pas d’obéir bêtement aux ordres, se rebelle quand elle trouve que quelque chose n’est pas logique, ne supporte pas d’être dans un groupe. Pête les plombs en fait dans cette structure. Et lui qui n’a pas du tout voulu en faire partie et part pour être avec elle, a tout ce qui faut pour en faire parti. Mais comme c’est pour elle qu’il s’est engagé pour ses deux semaines de stage, il préfère se barrer quand ça vire au vinaigre. Et elle, au lieu de rester le suit. J’aime aussi le fait qu’il lui apprenne à se calmer, à se détendre pour arriver à ce qu’elle veut, elle qui croit que pour atteindre son but, elle doit y rester accrocher de façon obsessionnelle.

A ne pas lire pour ceux qui n'ont pas vu le film:

Madeleine est à mon sens à la limite d'une pathologie, en particulier dans son rapport aux autres. Son obsession (la fin du monde et la nécessité de s'y préparer pour survivre) est une sorte de symptôme. Elle ne veut entrer dans l'armée que pour avoir une préparation dans ce sens, et évidemment se heurte au fonctionnement de l'institution et du groupe, auxquels elle est incapable de s'adapter, même pour atteindre son objectif. Alors qu'Arnaud s'adapte très bien, comme à n'importe quel groupe probablement, même s'il n'adhère pas aux valeurs de l'institution. Il n'est là que pour Madeleine. Sa situation, après la mort de son père, un monde, celui de l'enfance, de l'insouciance qui s'arrête, le besoin de prendre des décisions pour la suite de sa vie, qu'il ne se sent pas forcément prêt à prendre à ce moment là, le pousse vers cet attachement à cette fille perturbée, dont il prend soin à sa manière. Et la seule façon d'exister pour elle est de partager son obsession, sans qu'il y croit. C'est finement observé, il ne la juge pas, la prend telle qu'elle est, et c'est sans doute le seul, ce qui fait qu'au final elle s'attache à lui également.

Je crois que lorsqu'il part, c'est à cause de Madeleine, il en a assez, elle l'a provoqué une fois de trop, mais paradoxalement, lorsqu'il part, cela lui fait prendre conscience à elle, qu'elle y tient, et elle l'accompagne, et quelque chose peut commencer. Même si c'est difficile, parce que Madeleine reste ce qu'elle est. Mais une communication s'est établie.

un peu pathologique mais un condensé de fantasmes modernes : de non attachement, individualisme farouche et un rapport utilitaire à soi-même poussé à l'extrême. et cette forme d'identité qui bouffe la personne la rend très reconnaissable malgré sa relative marginalité (de comportement).

J'ai vu cette analyse pas mal de fois, mais je n'ai pas du tout été convaincue par cette approche. Parce qu'il n'y a que Madeleine à se comporter ainsi, tout le monde lui renvoie sa différence.
On a évoqué plusieurs fois les différences entre Madeleine et Arnaud, mais pour ma part, la différence que j'ai trouvé la plus frappante, est dans le rapport aux autres, et en particulier aux groupes d'appartenance. Arnaud est attaché à sa famille, à son groupe d'ami, s'insère presque immédiatement dans le groupe des jeunes de la préparation...Certes, il est à un moment charnière, le moment de quitter la famille, le groupe d'ami de toujours où chacun commence à suivre son chemin et à se séparer. Et donc d'une certaine façon le moment pour lui de se construire une autre cellule, un couple, une famille, un groupe d'appartenance professionnelle, de nouveaux amis.
Alors que Madeleine n'appartient à aucun groupe, la scène où elle est avec ses parents est assez géniale de ce point de vue, ils semblent parler sans s'entendre, aucune communication. Et c'est d'ailleurs ce qu'il lui dans ce bar sur l'autoroute, ce qui provoque la scène hilarante avec le chien.

ben je ne sais pas, le fait qu'elle ait pu tomber dans ce travers ou panneau lui confère en fait sa crédibilité de personnage. Elle aurait du passer à côté : famille, études, perspectives mais en fait non et c'est plus de la carapace en construction ou entretenue pour résister à la peur, une peur très vaste. ce n'est pas forcément qu'elle n'est pas attachée, c'est (c'est comme ça que je l'ai perçu en tout cas) qu'elle essaye d'aller à l'encontre de l'attachement. et ça va avec un quota de ratage, d'où la scène avec le chien qui souligne. lui aussi a ses ratages avec sa manière de plus laisser aller sans trop savoir quoi et à eux deux ils donnent cette image cohérente, reconnaissable, d'un doute existentiel commun (et non dramatisé).