LC Oreiller d'herbes de Sôseki

Un petit fil aidera quand même à ne pas perdre au milieu de nulle part les impressions au fil de la lecture et aidera à s'y retrouver plus tard.

Après de petits repères biographiques sur l'auteur : littérature anglaise, séjour de trois ans en Angleterre, idée d'un roman "moderne", on aborde le texte.

Un homme, la trentaine, grimpe un chemin de montagne et nous poursuivons avec lui au fil du chemin ses réflexions sur l'art et la nature, l'art oriental et l'art occidental. Un regard dynamique et libérateur par la beauté.

Le rapport à la nature est très séduisant, bien que ce soit amené autrement ça me rappelle Stifter. Le cheminement de pensées profondes se métamorphosant aux limites de l'invalidation au fur et à mesure me plait beaucoup aussi. Et on sent le problématique thème des passions. Beaucoup d'esprit et de recul, et le temps du déroulement semble bon.

Je suis pour le moment rassuré. (et j'irai récupérer deux trois phrases extraites des premières pages).

Tiens j'avais envie de lire un livre de lui. Je m'étais dit que je lirai "je suis un chat". Mais...ce sera peut-être celui-là.

Deuxième chapitre, il s'arrête dans une maison de thé, chez une vieille femme. Sous des dehors légers de roman d'apprentissage (pour ce presque jeune érudit) ? il y a vite de quoi faire.

La vue surchargée par ou à travers le prisme de l'art (peinture et poésie) est comme brouillée et aux côtés de références qui se voudraient contradictoire (repenser à chercher Rosetsu et l'Ophélie de Millais) se met en oeuvre un rapport au temps historico-culturel...

Le tout dans une lecture fort reposante qui ne manque pas de faire appel au goût irrépressible de la petite histoires (celles des mariages plus ou moins heureux du village vers lequel il se dirige).

animal a écrit:

Le tout dans une lecture fort reposante qui ne manque pas de faire appel au goût irrépressible de la petite histoires (celles des mariages plus ou moins heureux du village vers lequel il se dirige).

C'est ça ! Il m'avait trop reposé quand je l'avais lu, je crois...
Enfin, tant que c'est le livre qui repose le lecteur et pas le contraire, ça va encore.

héhéhé. à retenter à l'occasion ? je conserve encore l'impression stifteresque. ça bouillonne plus ? mais il y a ce repos...

Je retenterai, oui. Après quatre livres lus (et demi : jamais pu finir Je suis un chat), Sôseki reste encore un mystère pour moi...

eXPie a écrit:

Je retenterai, oui. Après quatre livres lus (et demi : jamais pu finir Je suis un chat), Sôseki reste encore un mystère pour moi...

Je suis un chat j'en lis une vingtaine de pages de temps en temps, quand j'ai envie de sourire un peu, il m'amuse, mais comme c'est un peu toujours la même histoire, à lire d'un traite on peut abandonner.
Il me semble d'ailleurs que ce roman est paru initialement sous forme de feuilleton. Je dois maintenant en avoir lu les trois quarts, en plusieurs années... mais je l'aime bien ce chat.

oublié quelque chose encore ce matin, le but du voyage vers une "recherche d’impassibilité". ça donne le fond comique discret à certaines observations.

J'aime bien les humours de Soséki.
Mais je ne sais pas si la lecture en japonais est plus facile qu'en français pour moi concernant ce livre car l'auteur cite beaucoup de classiques chinoises que je ne connais quasiment rien. Il utilisent beaucoup d'expressions et des mots qu'on ne rencontre presque jamais ailleurs. Parfois je ne comprends pas clairement ce qu'il veut dire. Je consulte donc la version française de temps en temps. Merci m. Ceccatty, merci m. Nakamura !
Mais c'est drôle et reposant, c'est vrai. En plus assez profond.
Pour l'instant, je me concentre à l'homme-boîte. Je te rejoins après cela, Animal ! Je m'excuse.

Pour Pia,
Alors tu nous rejoins ? (mais tu n'as pas de livre ?) Je suis sûre que "l'oreiller" sera beaucoup plus intéressant que "Seints et oeufs" (il ne faut pas dire ça car je n'ai jamais lu aucun Kawakami ).

Pas tout de suite, tout de suite. Il faut que je me le procure.  Comme il se lit tranquillement, à petites doses, j'ai peut-être le temps?

Seins et oeufs...Tu n'aime pas trop lire les contemporains si j'ai bien compris? Mais je l'ai acheté alors j'espère que ça te dit toujours de le lire?

il n'y a pas de souci !

il faudrait poser des marques pages toutes les deux pages. sa manière de s'amuser de la gentille vanité de son personnage est bien agréable.

deux petits extraits qui ne doivent pas laisser penser que ça s'arrêterait à ça :

Citation :

Si au XXe siècle, nous avons besoin de sommeil, cette poésie qui transcende notre bas-monde est précieuse. Hélas, aussi bien les lecteurs que les auteurs de poèmes sont tellement entichés d'Occident qu'ils n'ont pas l'air de prendre la peine de lancer une barque sur laquelle ils remonteraient vers le Paradis Terrestre. Je ne suis pas poète de métier : je n'ai pas l'intention d'étendre e territoire de Wang Wei ou de Tao Yuanming en ce monde-ci. Simplement, il me semble que ce type d'émotion est un remède plus efficace que le théâtre ou le bal. Et je pense que leur suis plus redevable qu'à Faust ou à Hamlet. C'est pour cela que, seul, j'avance lentement sur un sentier de montagne, au printemps. Je souhaite, en respirant dans la nature directement le monde poétique de Wang Wei et de Tao Yuanming, me promener et errer, ne fût-ce qu'un instant, dans l'univers impassible. C'est une ivresse.

Citation :

Ce soir-là, les bambous bruissaient à mon chevet, m'empêchant de dormir. J'ouvris la porte coulissante, devant le jardin entièrement envahi par les herbes et, au clair de la lune d'été, mon regard le parcourut, découvrant qu'il n'était entouré ni de haie ni de ronces et qu'il s'étendait comme une vaste prairie. Au-delà, c'était tout de suite l'océan dont les vagues déferlaient avec fracas, menaçant le monde des humains. Je ne fermai pas l’œil jusqu'à l'aube et, prenant mon mal en patience, sous une moustiquaire douteuse, je me suis consolé en me persuadant qu'on se serait dit dans un vieux conte.

Pia a écrit:

Seins et oeufs...Tu n'aime pas trop lire les contemporains si j'ai bien compris?

Si ! j'ai envie de lire Kawakami. C'est quand même un prix Akutagawa. Ce ne sera pas n'importe quoi.
En effet certains parfumés m'ont donné envie de lire mes contemporains japonais.
Mais si tu lis "l'oreiller d'herbes" ou "je suis un chat", ça me fera beaucoup de plaisir aussi.
Mais je ne veux pas te forcer deux car je suis sûre que tu veux lire aussi d'autres livres d'autres pays.

Pour Animal,
Je lis tes commentaires. C'est intéressant.

Ariane SHOYUSKI a écrit:

Si ! j'ai envie de lire Kawakami. C'est quand même un prix Akutagawa. Ce ne sera pas n'importe quoi.

Mais si tu lis "l'oreiller d'herbes" ou "je suis un chat", ça me fera beaucoup de plaisir aussi.
Mais je ne veux pas te forcer deux car je suis sûre que tu veux lire aussi d'autres livres d'autres pays.

Je viens de recevoir Seins et Oeufs aujourd'hui. C'est très petit, 109 pages. Donc ça devrait se lire vite. On peut commencer quand tu veux.

Pour L'oreiller d'herbes, Je dois me le procurer. Je vais à Paris bientôt.

j'ai bien aimé le passage chez le barbier. et je savoure le développement, la présence constante à l'esprit de la jeune femme, et le mélange des pensées qui vient recouvrir de précédents énoncés, sur le romantisme à l'occidentale notamment, mais en allant plus loin que la contradiction. je ne suis d'ailleurs pas sûr d'avoir assez de clés pour bien saisir tout ce qui se trame dans l'édification du récit et le jeu de correspondances, différences et associations recherchées autour d'une "vision traditionnelle" qui me semble remise en cause ou mise à mal sur plusieurs terrains avec subtilité. pas un dénigrement des œuvres mais un retour sur les obligations de goût et de convenances, de norme.

je m'en vais d'ailleurs retourner dans cette lecture...

Pour Animal.
Wouah, tu m'as donc déjà attrapée ! Mince ! Je suis au début du chapitre 6...
J'ai enfin fini l'homme-boîte. Mais j'ai aussi "Seins et oeufs" avec Pia.
Je lirai les deux parallèlement.
Je vais lentement.
J'ai aussi lu et bien aimé ton commentaire sur l'homme-boîte. Merci.