Pelo Malo [Mariana Rondo]

Pelo Malo


Grand Prix (Concha d'oro), festival de San Sebastian 2013

Je pensais que Coline avait posté un avis mais je ne le trouve pas...

Ce film est d'autant plus troublant que je m'étais mépris sur le pitch de départ. Je croyais qu'il s'agissait de l'histoire d'une mère n'acceptant pas que son enfant soit une petite fille et qui faisait tout pour en faire un garçon. Alors que tout le monde y voit un film illustrant la question du genre avec un petit garçon dont la mère tente de masquer la part de féminité qui s'exprime. L'enfant étant d'ailleurs interprété (formidablement) par Samuel Lange Zambrano.




Reste que le film ne montre jamais le sexe de l'enfant et qu'on pourrait très bien envisager les deux versions.L'ambiguité demeure jusqu'au bout. Je l'ai de fait toujours perçu comme une petite fille obligée d'adopter des codes masculins et dissimulant mal son trouble devant le beau garçon du quartier.

Autant dire que cette confusion traduit pour moi la perfection avec laquelle ce thème est traité. Le cadre où se situe l'action est également bien restitué. On voit le métissage de cette population vénézuélienne où, comme dans bien des pays, la population noire est déconsidérée par rapport aux métisses issus de la rencontre entre les colons espagnols et les indigènes. Il y a en effet au delà de la question du genre un propos sur la différence raciale et la manière dont on tente de la masquer. Les "mauvais cheveux" sont à la fois les cheveux crépus de cet enfant métisse qui trahissent ses origines que les cheveux trop masculins qu'il faut lisser pour ressembler à sa vraie nature féminine et aussi à la mère.

L'enfant est tiraillé entre une mère qui n'accepte pas sa part féminine et la grand-mère noire qui veut au contraire l'aider à assumer sa sensibilité.

Un film très riche qui raconte mille petites choses qui apportent une certaine complexité et qui préserve une part d'ambiguité à tous les personnages (c'est aussi un film sur la maltraitance). Grand Prix au festival de San Sebastian bien mérité.

Marko a écrit:

Pelo Malo


Grand Prix (Concha d'oro), festival de San Sebastian 2013

Je pensais que Coline avait posté un avis mais je ne le trouve pas...

Ce film est d'autant plus troublant que je m'étais mépris sur le pitch de départ. Je croyais qu'il s'agissait de l'histoire d'une mère n'acceptant pas que son enfant soit une petite fille et qui faisait tout pour en faire un garçon. Alors que tout le monde y voit un film illustrant la question du genre avec un petit garçon dont la mère tente de masquer la part de féminité qui s'exprime. L'enfant étant d'ailleurs interprété (formidablement) par Samuel Lange Zambrano.




Reste que le film ne montre jamais le sexe de l'enfant et qu'on pourrait très bien envisager les deux versions.L'ambiguité demeure jusqu'au bout. Je l'ai de fait toujours perçu comme une petite fille obligée d'adopter des codes masculins et dissimulant mal son trouble devant le beau garçon du quartier.

Autant dire que cette confusion traduit pour moi la perfection avec laquelle ce thème est traité. Le cadre où se situe l'action est également bien restitué. On voit le métissage de cette population vénézuélienne où, comme dans bien des pays, la population noire est déconsidérée par rapport aux métisses issus de la rencontre entre les colons espagnols et les indigènes. Il y a en effet au delà de la question du genre un propos sur la différence raciale et la manière dont on tente de la masquer. Les "mauvais cheveux" sont à la fois les cheveux crépus de cet enfant métisse qui trahissent ses origines que les cheveux trop masculins qu'il faut lisser pour ressembler à sa vraie nature féminine et aussi à la mère.

L'enfant est tiraillé entre une mère qui n'accepte pas sa part féminine et la grand-mère noire qui veut au contraire l'aider à assumer sa sensibilité.

Un film très riche qui raconte mille petites choses qui apportent une certaine complexité et qui préserve une part d'ambiguité à tous les personnages (c'est aussi un film sur la maltraitance). Grand Prix au festival de San Sebastian bien mérité.

Je n'avais même pas entendu parlé de la sortie de ce film... Merci, je l'ai noté !

Il est sorti en avril dernier.

Marko a écrit:

Pelo Malo


Grand Prix (Concha d'oro), festival de San Sebastian 2013

Je pensais que Coline avait posté un avis mais je ne le trouve pas...

Pelo Malo


Eh oui, j’étais persuadée d’avoir posté un commentaire sur ce film attachant. Impossible de le retrouver !

Ce qu’il m’en reste aujourd’hui ?

L’image et l’histoire triste d’un petit garçon métis, Junior (extraordinaire Samuel Lange Zambrano), en plein désarroi.
Son  père a disparu. Il est élevé par sa mère et sa grand-mère.
Junior a les cheveux frisés alors qu’il les voudrait lisses et les faire pousser.
Tandis que sa grand-mère qui le prend en charge l’encourage à chanter dans des costumes kitsch (genre Claude François), sa mère ne voit dans son comportement qu’une féminisation contre laquelle elle lutte avec une grande cruauté.
Ces "mauvais cheveux"  (qui pourraient être « le mauvais genre ») cristallisent toutes les difficultés de la relation entre cette mère et son fils,  ils sont un enjeu dont le résultat est dramatique pour l’enfant en vaine quête d’affection.


Le traitement est subtil de ce  malheur d’enfance : la souffrance d’un petit garçon doux, sans repères, rejeté, maltraité par sa mère au sein même d’une société violente à laquelle son caractère ne l’aura pas préparé.
On est à Caracas, au Vénézuela, sur fond d’agonie de Chavez. Un pays de pauvreté, de chômage, de violence urbaine, de préjugés …et aussi de machisme et d’homophobie !…Peut-être cette mère lutte-t-elle (elle qui a déjà à lutter si âprement pour assurer le quotidien) en croyant pouvoir protéger l’avenir de Junior ?


Mariana Rondón  a réalisé  un film terriblement réaliste, politique, et d’une grande beauté graphique (cadres urbains notamment). Un film psychologique sensible aussi, avec  de très bons interprètes.
Je l’avais beaucoup aimé, pensant un peu à Tomboy bien sûr de Céline Sciamma, mais Pelo malo est beaucoup plus dur.

Séance rattrape conseillée dès que vous le pourrez !  

Marko a écrit:

Je l'ai de fait toujours perçu comme une petite fille obligée d'adopter des codes masculins et dissimulant mal son trouble devant le beau garçon du quartier.

Autant dire que cette confusion traduit pour moi la perfection avec laquelle ce thème est traité.

Quant à moi je ne l'ai jamais  perçu autrement que  comme  un petit garçon!

bande-annonce

coline a écrit:

Quant à moi je ne l'ai jamais  perçu autrement que  comme  un petit garçon!

D'autant plus que ça rend le comportement de la mère plus cohérent.

Marko a écrit:

coline a écrit:

Quant à moi je ne l'ai jamais  perçu autrement que  comme  un petit garçon!

D'autant plus que ça rend le comportement de la mère plus cohérent.

Oui...je n'ai eu aucun doute...Regarde la bande-annonce:

clic

Oui bien sur c'est très clair sous cet angle. Mais quand tu ne sais rien du film (ou comme moi une fausse interprétation d'un article lu en diagonale) tu peux penser au début que cette mère n'accepte pas d'avoir une fille pour toutes sortes de raison et qu'elle veut la façonner comme un garçon. Je la croyais paranoïaque et pensant vraiment que sa fille était un garçon (donc gay par ses comportements). D'autant qu'on ne voit jamais le sexe de l'enfant. Forcément vu sous cet angle ca me paraissait un peu trop dingue et sans raison bien claire. La version du petit garçon est évidemment plus limpide et de fait c'est un petit garçon. Reste que l'ambiguïté est probablement volontaire et que le résultat reste le même. Dans la version fille on l'oblige à devenir garcon en rasant son crâne. Et dans la version garcon on le prive de sa sensibilité féminine.

Ce film ne passe qu'à Paris..?

I.T.Nayrant a écrit:

Ce film ne passe qu'à Paris..?

non mais il est sorti en avril dernier. Maintenant il est disponible en DVD.

Merci Marko, je pensais qu'il était tout nouveau...

Le physique et le jeu de l'enfant prête à cette ambiguïté: garçon ou fille?...Il est vraiment excellent!



extrait

extrait

Ce film m'interesse beaucoup pour plusieurs raisons personnelles que je ne parvient pas à refreiner , pour moi cet enfant a visiblement deux problèmes (ce que je déduis de vos écrits),: sa couleur de peau qui induit ses cheveux frisés et la détermination de sa sexualité. Plus j'y réfléchis et plus je devine le mal être de cette jeune personne. Ayant vécu aux caraïbes j'ai connu quelques femmes qui ne supportaient pas d'avoir les cheveux frisés naturellement alors qu'elles étaient plus ou moins métissées, j'avais beau leur dire que je trouvais cela beau, tout en comprenant les difficultés qu'elles avaient pour entretenir ces cheveux (en espagnol on dit "rizados"), une notamment se revoltait contre sa chevelure abondante et frisée en cascade ainsi que contre la couleur de sa peau (elle me disait que lorsqu'elle était petite sa mère l'appelait "négrita", sa mère était blanche et mon amie avait hérité de gènes d'ancêtre esclave).. J'essayais de comprendre pourquoi ce rejet de ses origines alors qu'autour d'elle de toute évidence elle ne subissait pas d'attitudes racistes dans sa vie d'adulte, clairement elle le vivait tres mal et cela me peinait aussi car je l'estimais...

Alors j'espère que tu pourras le voir (plus probablement en DVD maintenant).

En réalité dans ce film c'est toute la difficulté de la relation mère-fils qui se cristallise autour des cheveux mais les problèmes évoqués vont largement au-delà du frisé ou lisse, du long ou court...

coline a écrit:

mais les problèmes évoqués vont largement au-delà du frisé ou lisse, du long ou court...

c'est ainsi que je le voyais, et egalement pour ce que j'en dis..S'il ne s'était agi que de coiffure le sujet du film aurait été bien léger, non..? Merci pour ce film

En même temps cette histoire de cheveux est le centre du récit et synthétise toutes les problématiques (raciale, sexuelle, maternelle...). Le point de départ étant le fait qu'il a besoin d'avoir les cheveux lisses pour sa photo de classe. La coiffure vise aussi à ressembler à celle de la mère dont il cherche désespérément l'attention, l'amour, la reconnaissance. Vraiment chouette ce film mais triste.