Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Louis Ferdinand Céline

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titine
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titine


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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyVen 25 Nov 2016 - 12:58

bonjour,

je viens de finirVoyage au bout de la nuit

j'aime beaucoup le style de Céline : sa grande liberté de ton, l'absence de ponctuation à l'intérieur des phrases, les mots qui ne sont pas à leur place habituelle et qui obligent à relire la phrase pour la comprendre, en passant à une lecture plus "orale" et la phrase prend alors son sens.
je me suis demandé si une personne qui écrirait comme ça aujourd'hui pourrait être publiée. ce style oral libre serait à mon avis un frein énorme à sa publication.
ce qui pourrait davantage emporter l'adhésion en vue d'une publication aujourd'hui, ça pourrait être son sens de la formule, brève ou plus large, ce qui fait toujours vibrer pas mal de lecteurs, d'après ce que je lis ou entends. moi je n'aime pas trop ça, même chez Céline, malgré son recul et son ironie, je trouve ses coulées existentielles un peu pénibles, surtout à la longue. et puis ces formules sont des vecteurs d'une philosophie de la vie bien sombre. mais je reconnais qu'il réussit à taper fort à l'une ou l'autre reprise, des moments assez géniaux (Colimasson a cité plusieurs passages page 12 de ce fil).

à propos de ce que raconte ce livre, je trouve que le titre est une bonne annonce de comment va être structuré le livre. de ce point de vue, rien d'original, une feuille de route : d'abord un "voyage" géographique, d'Europe vers l'Afrique puis l'Amérique puis retour en Europe, autour de Paris, une échappée sur Toulouse, c'est tout, les voyages s'arrêtent mais le voyage continue, même si les déplacements et l'exotisme ont pris fin, la vie de Bardamu continue, il continue à enregistrer la merde ambiante, à en être témoin, mais témoin impliqué, mais qui tire toujours son épingle du jeu, discrètement, en s'esquivant souvent. la guerre de 14-18, sur le terrain et à l'arrière, les colonies, la vie standardisée aux USA, la vie misérable en banlieue parisienne où il exerce comme médecin. que de la violence, sous des formes très variées. tout est juste mais ce concentré de saloperies donne quelque chose d'extrêmement sombre au final, comme la "nuit". la métaphore de la nuit apparait à 4 ou 5 reprises au cours du livre. au passage, ce titre est génial qui relie le voyage (l'espace) et la nuit (le temps, l'espace aussi, et au-delà par la métaphore).

l'évocation de la nuit et les variations dessus est un fil dans le livre. il y a un autre fil aussi dans le livre : l'énigmatique compagnon de Bardamu, Robinson, qui apparait à plusieurs reprises puis s'impose de plus en plus jusqu'à la fin du livre. je me suis interrogée sur ce personnage. le fait que Bardamu le rencontre précisément là où il va, à des distances très éloignées, m'a semblé improbable et j'ai douté de l'existence physique de ce personnage. je me suis dit qu'il n'existait que dans l'imagination de Bardamu, peut-être une hallucination, séquelle psy de la guerre, bref. mais ensuite, ce personnage prend plus de consistance, il lui arrive des choses, de l'ordre des faits divers et sa réalité devient légèrement plus plausible. finalement, peu importe qu'il soit réel ou pas, l'intéressant c'est plutôt le rapport de Bardamu à Robinson, cette drôle d'amitié, moins douce, souriante et positive que ce qu'on range dans cette catégorie habituellement. mais il s'agit bien d'amitié, d'un ami pourtant, dans le sens d'une personne présente dans sa vie, de loin ou de près, d'une personne dont on voit tous les défauts, dont on se plaint par moments mais qui au-delà fascine au final par sa personnalité.

à part Robinson, il y a quelques autres personnages marquants pour Bardamu dans le récit, des rencontres (Alcide, Parapine etc), qui souvent reviennent dans le cours de l'histoire , physiquement ou en souvenir. ça donne une impression de boucle, que la vie de Bardamu, après s'être étirée sur plusieurs continents, se ratatine sur elle-même, prend racine et se tisse de quelques rencontres, comme une vieille personne, alors qu'il n'est encore que trentenaire. sur la fin pourtant, Bardamu semble enfin se trouver un mode d'existence le plus adéquat pour lui, sur le plan professionnel, sur le plan sentimental, sur le plan existentiel même.

enfin, je trouve très fort le fait pour Céline de relever dans ce livre les uns après les autres les travers de la société de son époque. tout y passe : le dessous des cartes à la guerre (j'ai pensé à "14" d'Echenoz pour l'ironie et le détachement mais ici ça va beaucoup plus loin, c'est plus développé que dans le roman d'E), les salades patriotiques à l'arrière, le commerce de l'érotisme, l'organisation du commerce dans les colonies, l'envers du décor américain, l'enfer des familles, la médecine, la recherche, la psychiatrie, l'amour etc. (j'en oublie malheureusement).
et très fort de dérouler les événements sans jugement moral, de frapper le lecteur par la narration simplement, de donner à Bardamu un profil de "dégonflé" (ce que renvoie Robinson à Bardamu), un homem lucide, sensible, désengagé.

j'ai aimé aussi l'évocation de Paris et de la région parisienne de l'époque (années 20, Paris sous les fumées en-dessous du Sacré-Coeur, les fermes désertées par les paysans, les octrois etc)

(ma mère m'a demandé si on remarque dans le livre que Céline était antisémite. je lui ai répondu que non. pour moi, c'est hors sujet, le sujet, c'est le style et ce que ça raconte. ça, je ne lui ai pas dit.)
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shanidar
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyVen 25 Nov 2016 - 13:26

Du coup j'ai regardé l'année de publication du Voyage au bout de la nuit : 1932 par Denoël (maison créée en 1930 par un Belge et un Américain). Je me demandais ce qui te faisait penser titine, que ce genre de littérature (de style) ne trouverait plus sa place chez un éditeur aujourd'hui. L'édition serait-elle devenue plus 'sage' ?

En tout cas, voilà un commentaire fourni qui donne envie.
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyVen 25 Nov 2016 - 13:30

Comme je compte faire cette lecture, je reviendrais plus tard te lire Titine
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titine
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyVen 25 Nov 2016 - 17:06

oui shanidar, je me disais qu'aujourd'hui très peu de gens ont le culot/le courage/l'audace/l'inconscience/la trempe/le tempérament/... (à compléter) d'écrire comme lui l'a fait en son temps.
il n'hésite pas à écrire en argot. qui aujourd'hui écrit un roman en y mettant du verlan ou des expressions orales comme celles qu'on retrouve dans les émissions de téléréalité ? en gardant en même temps un bon niveau de langue.
je pense, et c'est peut-être stéréotypé, tu me diras - qu'il y a une auto-censure quasi-générale sur le style littéraire, alimentée selon moi par l'ensemble du milieu littéraire... ça moutonne un peu...
...milieu que je regarde d'assez loin quand même, alors si tu n'es pas d'accord, n'hésite pas à me contredire Wink
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shanidar
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyVen 25 Nov 2016 - 18:48

alors si je comprends bien tu soulèves deux questions : existe-t-il encore des écrivains capables de manier deux registres de langue (argot et langue littéraire) et est-ce qu'il existe encore des éditeurs capables de les publier ?

Très sincèrement je ne suis pas suffisamment les nouveautés pour me faire une idée bien réelle de la question. De ce que je lis beaucoup de romanciers américains qui sont un peu dans cette optique d'une réinvention de la langue sont édités ou réédités en France (comme Henry Darger, Vonnegut ou chez les germanophones Arno Schmidt) mais se sont de 'vieux' auteurs (morts). Quant aux éditeurs quand on quitte un peu les autoroutes ovines, on peut trouver de bonnes surprises (Le Tripode, Tristram, Notabilia...) mais de là à proposer des auteurs 'comme' Céline (du moins avec autant de puissance dans l'irrévérence), je ne vois que Pavel Hak... (mais je n'ai pas lu Guyotat, ni Dennis Cooper, ni Kathy Acker).

Mais pour revenir à Céline, à son originalité, on peut aussi se demander s'il a eu des émules, s'il a été copié, dépassé même peut-être. Je ne connais pas suffisamment son œuvre pour pouvoir en juger.

Mais ça donne envie de creuser.

(et puis je suis contente de te lire, titine)
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ArenSor
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyVen 25 Nov 2016 - 18:59

titine a écrit:
oui shanidar, je me disais qu'aujourd'hui très peu de gens ont le culot/le courage/l'audace/l'inconscience/la trempe/le tempérament/... (à compléter) d'écrire comme lui l'a fait en son temps.
il n'hésite pas à écrire en argot. qui aujourd'hui écrit un roman en y mettant du verlan ou des expressions orales comme celles qu'on retrouve dans les émissions de téléréalité ? en gardant en même temps un bon niveau de langue.
je pense, et c'est peut-être stéréotypé, tu me diras - qu'il y a une auto-censure quasi-générale sur le style littéraire, alimentée selon moi par l'ensemble du milieu littéraire... ça moutonne un peu...
...milieu que je regarde d'assez loin quand même, alors si tu n'es pas d'accord, n'hésite pas à me contredire Wink
De toute façon, un écrivain capable de jouer avec la langue comme Céline ne se rencontre pas tous les jours au coin de la rue sourire . Le Voyage ne donne pas encore dans l'antisémitisme ; d'ailleurs lors de sa parution, la plupart des intellectuels ont considéré Céline comme un homme de gauche. Je ne peux que te conseiller de poursuivre par "Mort à crédit" qui a mon avis est meilleur que Le Voyage, disons moins artificiel, plus autobiographique également, fondé sur la jeunesse de l'écrivain, livre dans lequel on comprend mieux pourquoi Céline a pu basculer vers la face noire de la période sourire
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptySam 26 Nov 2016 - 13:54

belle synthèse du style de Céline shanidar : de la puissance dans l'irrévérence... c'est ça
c'est fameux la constance avec laquelle toi et certains restez sur ce site...respect encore
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptySam 26 Nov 2016 - 13:57

merci Arensor de m'aiguiller sur "mort à crédit". je prends une option de lecture sur ce livre que tu me recommandes.
plus de racisme dans ce livre, ou le germe de. ça peut être intéressant d'approcher ça.
bonne journée
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shanidar
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptySam 26 Nov 2016 - 19:42

titine a écrit:
belle synthèse du style de Céline shanidar : de la puissance dans l'irrévérence... c'est ça
c'est fameux la constance avec laquelle toi et certains restez sur ce site...respect encore

bah c'est qu'on y côtoie des gens de qualité...
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ArturoBandini
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyLun 28 Nov 2016 - 18:02

Content de te lire à nouveau titine.
Céline a beaucoup influencé d'auteurs par la suite. Bukowski par exemple le cite assez souvent.
Quant à savoir si on peut écrire comme lui, je crois qu'il y a un début de réponse chez Arensor. C'est un météore littéraire, un génie. Et ça, personne ne peut lui enlever. On peut s'en inspirer, et trouver son style. Est-ce qu'il serait édité aujourd'hui ? Aucune idée.

J'ai lu quasiment toute son oeuvre désormais. En fait, Le Voyage, n'est pas considéré comme à proprement parlé Célinien. Sa langue y reste assez calme finalement, par rapport à ce qu'il va développer par la suite. Ce qui en fait sûrement le plus accessible de ses grands textes. Pour ma part c'est celui qui me parle le plus.
Si tu veux te frotter à l'évolution de son phrasé, tu peux essayer des cours textes vraiment délirants (Entretiens avec le professeur Y, ou Casse-pipe). Continuer avec Mort à Crédit est aussi une excellente idée.

En fait, le Céline qui me plaît moins, c'est le Céline geignard, qui finit par me lasser (dans la trilogie Allemande par exemple).
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 EmptyMar 29 Nov 2016 - 12:59

merci pour le partage Arensor :)
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   c�line - Louis Ferdinand Céline - Page 21 Empty

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