Paul Schrader

Citation :

Formation
Elevé dans une famille calviniste très stricte qui lui interdit de voir des films, Paul Schrader découvre le cinéma à l'âge de dix-huit ans à Los Angeles. Inscrit à l'université de Californie de Los Angeles, il présente une thèse sur "Le style transcendantal au cinéma : Ozu, Bresson, Dreyer" qui fait date. Devenu critique de cinéma, il commence à écrire des scénarios.

Carrière au cinéma
Marqué par sa jeunesse calviniste, Paul Schrader produit une oeuvre pessimiste largement inspirée par la thématique chrétienne du péché et de la rédemption. Il cosigne tout d'abord le scénario de Yakuza (Sydney Pollack, 1975) avant de remporter un grand succès avec Taxi driver (Martin Scorsese, 1976). Cette histoire d'un homme solitaire en proie à des fantasmes suicidaires préfigure le reste de son oeuvre. Alors qu'il est un scénariste déjà très demandé, il tourne son premier film en 1978, Blue collar, qui décrit avec une précision inhabituelle la vie ouvrière en Amérique. Ce cinéaste prometteur déçoit quelque peu avec Hardcore (1979) et American Gigolo (1980), deux films dénonçant avec vigueur l'immoralisme des moeurs sexuelles, sans toutefois éviter quelques complaisances. L'ambiguïté de ses intentions se vérifie avec La féline (1982), remake d'une fable tournée par Jacques Tourneur en 1942 boursouflé par les allusions freudiennes et l'obsession du sexe. Hantise du sexe et de la mort : tel est encore le sujet de son film le plus ambitieux, Mishima (1985), biographie complexe de l'écrivain japonais. Paul Schrader semble trouver un apaisement avec The comfort of strangers (1990), qui, sur un scénario d'Harold Pinter, donne une vision très épurée de Venise et de la dérive morale. La critique s'accorde à trouver en Affliction (1997) le film de la maturité du cinéaste. Inspirée d'un roman de Russell Banks, cette histoire d'hommes brisés par la violence familiale, la haine de soi et la paranoïa, dans le contexte d'une petite ville enneigée de la Nouvelle-Angleterre, convainc par la retenue et la précision de sa mise en scène. Peut-être faut-il y voir aussi l'identification d'un cinéaste avec son sujet. Parallèlement, la collaboration du protestant Paul Schrader avec le catholique Martin Scorsese donne d'autres films importants sur les thèmes de la descente aux enfers et de la grâce (Raging Bull, 1980 ; La dernière tentation du Christ, 1988 ; A tombeau ouvert, 1999).

Prix
Prix pour l'ensemble de l'oeuvre, 1999 au Writers Guild of America Awards

source : cinémathèque française

Filmographie (<- clic pour la complète) :

Réalisateur :
- 1978 Blue collar
- 1978 Hardcore
- 1980 American gigolo
- 1981 Cat people/La Féline
- 1985 Mishima
- 1987 Light of day
- 1988 Patty Hearst, her own stay/Patty Hearst
- 1990 Comfort of strangers (The)/Etrange séduction
- 1992 Light sleeper
- 1996 Touch
- 1997 Affliction
- 1999 Forever mine
- 2002 Auto focus
- 2002 Dominion : Prequel to the exorcist
- 2006 Walker (The)
- 2008 Adam resurrected
- 2012 Canyons (The)


Finalement c'est surtout comme scénariste qu'on le connait ?

On le connaît aussi pour un événement rarissime : un réalisateur qui appelle les gens à ne pas aller voir son film, ça n'est pas banal !
Il s'agit de Dying of the light ( voir http://www.lemonde.fr/cinema/article/2014/10/21/paul-schrader-et-nicolas-cage-ne-veulent-pas-que-vous-alliez-voir-leur-film_4509997_3476.html )

Sinon, j'avais lu quelque part qu'il était une sorte de "Scorsese protestant".

Son Mishima était pas mal du tout. American Gigolo (1980) avait marqué. La Féline, bof bof, l'original est tellement meilleur...

Comme réalisateur, il semble s'être égaré depuis pas mal d'années... C'était en quelque sorte son grand retour avec Dying of the Light, et patatras...

Affliction (1997)

Dans un bled neigeux du New Hampshire, Wade (Nolte) employé de la ville comme policier et cantonnier se débat dans le relatif confort du petit bled pour essayer de rescotcher une vie qui roule : revoir sa fille qui s'éloigne de plus en plus (c'est maman qui a la garde) et se mettre en ménage avec la serveuse du petit resto local (Sissy Spacek).

Mais c'est le frère Rolfe (Willem Dafoe) qui nous raconte cette histoire. Il y a un accident de chasse ou un peu plus qui a pour victime une figure locale, enfin plus fortunée et citadine. C'est le pote de Wade qui a fait le coup ou pas, pour quelques billets.

Quoiqu'il en soit on verra la mutation de ce petit coin de vie tranquille, on verra aussi ce grand dadet perdre toujours un peu plus les pédales, ou pas, malgré Margie la serveuse. Il faut dire que derrière le mince espoir de vivre peinard, pas comme le dernier des abrutis, dans ce petit bled est sous l'ombre épaisse du père (Coburn très en forme avec son imputrescible sourire) alcoolique et violent.

Et si on comprend bien, il faut surtout bien infuser le film pour sentir tout le poids que ça représente, problèmes de confiances, de mauvais réflexes, de rage, d'incapacité.

En plus de la façon (mieux que Twin Peaks) de filmer le petit coin tranquille, a l'abris de l'hystérie et bercé dans son rythme de vie encore campagnard, on a donc un portrait assez tendu et complexe de civilisation qui a du moins bon mais qui n'a pas que ça.

Ça donnerait (surtout après un passage rapide sur le fil de l'auteur) envie de tenter une lecture de Russel Banks (dont c'est une adaptation). Il y a bien quelques effets de scénario mais ça ne plombe pas (évapore plutôt) l'épaisseur des personnages ou l'ambiance du film.

eXPie a écrit:

On le connaît aussi pour un événement rarissime : un réalisateur qui appelle les gens à ne pas aller voir son film, ça n'est pas banal !
Il s'agit de Dying of the light ( voir http://www.lemonde.fr/cinema/article/2014/10/21/paul-schrader-et-nicolas-cage-ne-veulent-pas-que-vous-alliez-voir-leur-film_4509997_3476.html )

ouaip, moins banal que le pourrissage d'un film par ses vendeurs...

Il faudrait que je revoie Affliction. Les critiques étaient globalement bonnes, mais le film ne m'avait pas vraiment emballé à l'époque...

Commentaire de "Mishima" sur le fil de l'auteur:

Mishima de Paul Schrader

J'ai vu le film le mois passé. Merci pour ton commentaire. Je suis comme toi un peu sur la réserve. C'est une rétrospective de sa vie, avec les grands faits marquants, et c'est parfois un peu plat. A dire vrai, je ne m'en souviens déjà plus.

ArturoBandini a écrit:

J'ai vu le film le mois passé. Merci pour ton commentaire. Je suis comme toi un peu sur la réserve. C'est une rétrospective de sa vie, avec les grands faits marquants, et c'est parfois un peu plat. A dire vrai, je ne m'en souviens déjà plus.

Et on attend toujours la traduction de La Maison de Kyoko. J'ai vu que Schrader avait voulu intégrer des passages des amours interdites mais que la famille s'y est opposée.