Richard Powers

Sekotyn a écrit:

coline a écrit:

Je n'en ai lu qu'un que j'ai beaucoup aimé, Le temps où nous chantions. J'ai bien fait, il me semble, de commencer par celui-là... 

Ce sera bientôt le seul que je n'ai pas lu de Powers

Dommage! Il est vraiment très bon celui-là!

coline a écrit:

Sekotyn a écrit:

coline a écrit:

Je n'en ai lu qu'un que j'ai beaucoup aimé, Le temps où nous chantions. J'ai bien fait, il me semble, de commencer par celui-là... 

Ce sera bientôt le seul que je n'ai pas lu de Powers

Dommage! Il est vraiment très bon celui-là! 

Dans ma PAL depuis longtemps mais je n'ai aucune véritable culture musicale et je crains de n'avoir pas les références suffisantes pour appréhender cette lecture !

églantine a écrit:

Dans ma PAL depuis longtemps mais je n'ai aucune véritable culture musicale et je crains de n'avoir pas les références suffisantes pour appréhender cette lecture !

Ne crains pas cela...Tu n'en as pas besoin! L'histoire de cette famille se construit à partir de la musique, et avec elle, mais ce n'est pas un livre d'érudition musicale, c'est surtout une histoire très humaine, noire et blanche, comme les notes...Elle commence aux Etats Unis en 1939 avec le concert de concert de Marian Anderson devant le Lincoln Memorial. C'est là que le père et la mère se rencontrent.


clic

Sekotyn a écrit:

Et puis le diable m'a tenté et voilà c'est reparti avec Le Dilemme du prisonnier.

Le  diable a bon dos.. et du coup, tu envoies le livre au purgatoire..
Comme le disait Avadoro plus haut, c'est un livre qui n'est pas récent, le deuxième je crois de Powers. Il y parle de son père.
Je l'ai noté aussi, mais je n'accuse pas le diable. A la limite, je t'accuserai toi?

Marie a écrit:

Je l'ai noté aussi, mais je n'accuse pas le diable. A la limite, je t'accuserai toi?

Aie ! Aie ! Aie !
Tu m'as repéré. Le diable des livres.
Mais il y a de nombreux diablotins et diablesses sur ce forum dès qu'il s'agit de livres.

Marie a écrit:

Sekotyn a écrit:

Et puis le diable m'a tenté et voilà c'est reparti avec Le Dilemme du prisonnier.

Le  diable a bon dos.. et du coup, tu envoies le livre au purgatoire..

Sekotyn a écrit:

Aie ! Aie ! Aie !
Tu m'as repéré. Le diable des livres.
Mais il y a de nombreux diablotins et diablesses sur ce forum dès qu'il s'agit de livres.

  

églantine a écrit:

Ah merci Coline de me rassurer     : je l'avais même prêté à un vrai mélomane qui ne l'a pas encore ouvert mais je peux le récupérer très rapidement (c'est mon voisin avec qui je gambade en montagne )

Ah mais ce livre sera très bien pour la période où vous aurez fini de gambader justement!

La Chambre aux échos

Je est un Autre, affirmait Rimbaud en une phrase lapidaire et glaciale. Reprenant à son compte cette assertion, Richard Powers dissèque le Moi avec l'idée que tout Je est une fiction, une histoire que l'on se raconte à soi-même aussi bien qu'aux autres. Nous ne sommes que dispersion cherchant à se rassembler à travers une narration du Moi, le Moi étant constitué d'une infinité de Moi qui interagissent les uns sur les autres, avec des effets réels mais aussi des instants-miroirs, des fictions de fictions, des narrations enchâssées ad libitum les unes dans les autres.
Arrivé à ce stade, on ne peut que s'interroger sur notre capacité autofictionnelle, sur notre réalité, sur la manière dont notre cerveau classe, range, déforme, reformule notre quotidien. Exit la comparaison entre le cerveau et l'ordinateur puisque nos connexions neuronales sont capables de tordre la réalité pour l'intégrer à nos croyances… Oui, notre cerveau nous ment !

A travers les récits d'une quête d'identité, celle de Mark (à la mémoire fracturée depuis un très grave accident de camion), celle de Karin (la sœur de Mark qu'il prend pour un sosie et qui ne sait plus très bien qui elle est, cherchant dans le regard des autres la Karin qui pourra plaire à chacun), celle de Gerald Weber, célèbre neurologue dont la vie va imploser, et celle de tous les autres personnages plus ou moins secondaires (Barbara qui n'est pas ce qu'elle est, Daniel et sa quête d'identité sexuelle, Karsh et sa capacité de caméléon à trouver bon ce qui est détestable, Bonnie et les potos de Mark), tous sont à la fois ce qu'ils montrent et ce qu'ils sont : menteurs, affabulateurs, arrangeurs de petites histoires, exactement comme la plupart d'entre nous avec nos sornettes, nos secrets, nos silences.

Ce roman se lit avec délectation, avec le plaisir du galet prisonnier, comme d'autres milliers de galets, d'une plage de galets, que les vagues ratissent, écrasent, massent et caressent, agitent dans le bruit perpétuel d'une marée insatiable. Il y a dans ce roman la houle de l'océan et son lent balancement, le temps qui file très doucement, le plaisir d'être à flot et d'entendre une longue et lente et lénifiante histoire qui nous vient de cette région de l'Amérique, ce trou paumé, ce no man's land (seulement connu des ornithologues) qu'est la Platte River, le Nebraska et Kearney… Rien de bien alléchant et pourtant… et pourtant quel bonheur éprouvé à cette lecture que je rêvais éternelle, tournant mollement les pages dans l'attente d'un vol époustouflant de grues, de cette danse sauvage et de ce cri préhistorique, qui soudain me transportaient ailleurs, dans l'éblouissement d'un temps suspendu, dans la reconnaissance de l'inconnu, dans les méandres chaloupés d'une écriture tenace, visant à l'exhaustivité.


Alors oui, il y a dans ce roman des longueurs et des répétitions, des embranchements bizarres et des interrogations fulgurantes, des questionnements à n'en plus finir, des dissections de la pensée en gestation et des amours changeantes mais c'est justement cette vie-là, tellement banale et si peu à la fois qui m'a totalement envoûtée.

Merveilleuse lecture de ce roman de l'introspection, avec la machine-cerveau disséquée et les petites pirouettes d'un humour qui laisse au coin des yeux les pattes d'oie sauvage d'un rire diffus…

Magique…

(et bonne idée de lire en parallèle la Dialectique du Moi et de l'inconscient de C.G. Jung)

photo : Vincent Munier

faut il donc que je revienne sur cet auteur dont je n'ai lu que "3 fermiers s'en vont au bal" (que j'ai apprécié) ?

ton commentaire m'y invite, merci Shanidar

C'est le genre de livre que l'on ne peut recommander à personne tant le plaisir trouvé y est personnel (et puis il ne semble pas remporter du tout l'unanimité chez les parfumés...).

Orfeo

Richard Powers cherche dans Orfeo à trouver un équilibre entre ses passions pour la musique et la science en suivant les pas de Peter Els. Compositeur retraité se livrant à des manipulations scientifiques, il est inquiété par la sécurité intérieure américaine qui le soupçonne d'avoir contribué à une infection bactériologique. Déboussolé et poussé vers une fuite en avant, il s'enfuit de son domicile et remonte peu à peu le fil de sa vie, en quête de sens.

Powers relie cette échappée du présent à l'évocation au passé d'une biographie fragmentée. L'obsession de la musique à travers une recherche créative et personnelle est un fil conducteur, et l'écriture adopte un phrasé, une expression en forme de mouvement musical....avec des crescendos, des cassures rythmiques, et une unité de ton pour saisir l'ampleur et la fragilité d'un parcours dédié à un idéal. Peter Els a par ailleurs été marqué par de nombreux compositeurs et la genèse d'oeuvres dont il se sent proche est décrite avec une intensité poignante. Les Kindertotenlieder de Mahler et le quatuor pour la fin des temps de Messiaen constituent ainsi deux morceaux de bravoure et des révélations, qui reflètent l'état de grâce d'un moment avec beaucoup de sensibilité.

La multiplicité des références est parfois intimidante et frustrante, mais Orfeo émeut dans sa tentative de confondre l'art et la vie, et de combler une solitude inévitable par un partage de chaque instant. L'intrigue policière, qui reste toujours secondaire, est alors le moyen et le prétexte d'une réconciliation avec lui-même et ses proches, en ramenant à la surface la portée d'une mémoire.

Voilà qui devrait me convenir. Je l'ai déjà acheté et il ne manquait plus que la motivation.

Je pense aussi que c'est un roman que tu peux apprécier. Il y a des pages très émouvantes sur la solitude de l'artiste face au monde, comme une perpétuelle reconstruction de soi.