Alexeï Guerman

Alexeï Guerman

Citation :

Alexeï Iourievitch Guerman, né le 20 juin 1938 à Leningrad et mort le 21 février 2013 à Saint-Pétersbourg, est un cinéaste soviétique et russe.

Fils de l'écrivain et scénariste Iouri Guerman, Alexeï Guerman a signé deux films inspirés des écrits de son père. Bien qu'il soit considéré comme l'un des plus grands réalisateurs russes de la seconde moitié du xxe siècle siècle, Alexeï Guerman n'a réalisé que six films en plus de quarante ans. Trois ont été censurés — La Vérification (1971) et les deux films cités plus bas — et n'ont pu sortir qu'au moment de la perestroïka. Tous ses films ont été tournés dans les studios Lenfilm à Saint-Pétersbourg, dont il fut un temps administrateur. Alexeï Guerman débute sa carrière au théâtre, puis coréalise, avec Grigori Aronov, Le Septième Compagnon (1967), adapté d'une nouvelle de son père.

Il est l'auteur de deux chef-d'œuvre, Vingt jours sans guerre (1976) et Mon ami Ivan Lapchine (1984). Après sa réhabilitation en 1986, et la sortie de ses films interdits, Alexeï Guerman, alors secrétaire de l'Union des cinéastes, devient l'un des cinéastes soviétiques les plus en vue.

Il est difficile d'être un Dieu, son sixième et dernier film, est l'adaptation du roman des frères Strougatski, Il est difficile d'être un dieu (L'Histoire du carnage d'Arkanar) (Paris, Denoël, 1973). Il s'agit d'une réflexion philosophique sur la marche de l'Histoire et les rapports de pouvoir. Les films d'Alexeï Guerman ont été filmés en noir et blanc car, « les souvenirs n'ont pas de couleur », disait-il.

Alexeï Guerman fut marié à la scénariste Svetlana Karmalita avec qui il a un fils, le réalisateur et scénariste Alexeï Guerman Jr.

Réalisateur:

1965 : Rabochiy posyolok de Vladimir Vengerov - assistant réalisateur
1967 : Le Septième Compagnon (Седьмой спутник, Sedmoï spoutnik)
1971 : La Vérification (Проверка на дорогах, Proverka na dorogakh)
1976 : Vingt jours sans guerre (Двадцать дней без войны, Dvadtsat dneï bez voïny)
1984 : Mon ami Ivan Lapchine (Мой друг Иван Лапшин, Moï droug Ivan Lapchine)
1998 : Khroustaliov, ma voiture ! (Хрусталёв, машину!, Khroustaliov, machinou !)
2013 : Il est difficile d'être un Dieu (Трудно быть богом, Trudno byt' bogom)

Scénariste:

1984 : Mon ami Ivan Lapchine (Moï droug Ivan Lapchine)
1991 : Gibel Otrara d'Ardak Amirkulov
1998 : Khroustaliov, ma voiture ! (Khroustaliov, machinou !)
2013 : Il est difficile d'être un Dieu (Трудно быть богом, Trudno byt' bogom)

Source: Wikipedia

Citation :

Des scientifiques sont envoyés sur la planète Arkanar pour aider la civilisation locale qui subit un régime tyrannique, dans une époque moyenâgeuse.

Accrochez-vous aux branches si vous allez voir ce film de dingue! C'est une claque formelle sidérante mais la vision peut en être très éprouvante et harassante car le sublime y côtoie la trivialité la plus scatologique dans un climat quasi satanique (infernal en tout cas) souvent dérangeant (l'humour en plus). Et il dure 2h45!



Si on voulait situer cet ovni on pourrait citer Tarkovski, Bela Tarr, Jerôme Bosch, le Fellini le plus baroque, les romans de Sorokine (La tourmente notamment)... Mais je n'avais jamais vu quelque chose d'équivalent au cinéma. Il faut dire que le cinéaste y travaillait depuis 14 ans en tournant fragment par fragment avec un soucis du détail obsessionnel. Il est mort avant la fin du tournage et le film a été achevé par ses proches.

Alors que voit-on dans ce film? La caméra est sensée être celle d'une équipe scientifique découvrant de façon quasi documentaire, et presque en temps réel, ce monde extra-terrestre qui ressemble à la Terre 800 ans en arrière dans un mélange de Renaissance architecturale et de Moyen-Âge le plus violent. On sent évidemment la dimension de parabole sur toutes les dictatures et la barbarie humaine. C'est un poème cauchemardesque et hallucinatoire comme un trip sous Vodka. On s'y vautre dans la boue, on y exécute les artistes en les noyant dans des latrines, on y torture, on y libère toutes les sécrétions du corps humain... Ces personnages sont plus fous les uns que les autres et on a le sentiment d'assister à une descente aux enfers de plus en plus démente.



L'image en noir et blanc est fabuleuse et la caméra est tenue à l'épaule en nous immergeant dans la mêlée jusqu'à saturer le plan par une multitude d'obstacles, d'intrusions humaines ou animales, de fumées, d'écoulements divers ou d'excréments... C'est asphyxiant et hypnotique par ses répétitions (hypnotique parfois tout court car j'ai piqué du nez 2 ou 3 fois!). On est en même temps ébloui par la virtuosité de mise en scène et la force visionnaire qui s'en dégage mais aussi épuisé par une surenchère qui vise à nous faire expérimenter un sentiment d'enlisement et de perte.



La fin est très belle par l'apaisement relatif qu'elle propose et un retour au calme qu'on n'attendait plus. Il y a quelque chose de cathartique dans cette violence et cette folie baroque. Tous les personnages sont terrifiants ou grotesques et c'est peut-être là que réside le côté SF du film.



Je n'ai pas très bien compris le rôle des scientifiques venus observer tout cela dans la mesure où on ne les voit jamais (?). Quel est leur but? Peuvent-il changer quelque chose à ce délire? Je compte sur vos éclaircissements éventuels.

Un film difficile à conseiller tellement il est hors norme mais les cinéphiles ne peuvent pas manquer une oeuvre pareille.

Marko a écrit:

j'imagine qu'il fallait bien manger?



Je comprends que tu aies besoin de te reposer ! ça peut être fatiguant d’être soumis à quelque chose de cathartique.

Je n’ai pas vu le film mais est-ce que les scientifiques ne sont pas le réalisateur derrière la caméra et plus largement nous, qui nous posons tant de questions sur le moyen-âge ! Epoque très intrigante. On peut se demander si c’était horrible d’y vivre ou s’il y avait d’autres aspects qui pouvaient être attrayants !

Oui. Si nous remontions le temps le choc de la rencontre avec les hommes du Moyen-Âge serait de la vraie science fiction pour le coup. La plupart des films en donnent une image édulcorée et artificielle. Ici ce pourrait être une proposition plus satisfaisante finalement dans sa brutalité mais aussi dans ses questionnements mystiques. En tout cas il est vraiment difficile d'être un dieu !

Oh, comme j'ai envie de le voir !

colimasson a écrit:

Oh, comme j'ai envie de le voir !

Le genre de film où on se demande si on va sortir de la salle. Et puis on reste en état second jusqu'au générique de fin en se disant qu'on est en train de voir une forme de chef d'œuvre monstrueux. Vraiment monstrueux!
Par contre il doit y avoir 10 copies en France...

Alexeï Guerman vient de faire l'objet d'une rétrospective à la cinémathèque de Paris jusqu'à aujourd'hui. On pouvait voir ses 6 films qui demeurent très difficiles à trouver en DVD ou VHS.

Citation :

Cinéaste russe disparu en 2013, Alexeï Guerman est l'auteur d'une œuvre quantitativement modeste (six titres) mais cinématographiquement époustouflante. La Vérification (récit de guerre en même temps que subtile critique de la notion d'héroïsme) et Mon ami Ivan Lapchine (histoire policière sur le thème de la mémoire) furent victimes de la censure et connurent longtemps une diffusion empêchée. Avec Kroustaliov, ma voiture !, en 1998, il dresse un tableau apocalyptique et dantesque de la fin du stalinisme. Il est difficile d'être un dieu s'annonce comme un grandiose opéra tellurique et baroque.

J'ai lu qu'il avait fait appel à des handicapés mentaux pour jouer dans "Il est difficile d'être un dieu". Je comprends mieux l'effet qui en résulte à l'écran.

Quelques pistes de lectures à partir des oeuvres qui l'ont inspiré. Dont les romans de son père Iouri Guerman, "La cause que tu sers, Docteur Oustimenko". Quelqu'un les connaît?



"Ving jours sans guerre" de Constantin Simonov



Et donc "Il est difficile d'être un dieu" des frères Strougatski à qui on devait déjà Stalker.

À défaut d'avoir lu le livre j'ai quand même trouvé un article qui me fait mieux comprendre ce qui se passe dans ce film...

Le personnage central que je prenais pour un tyran serait en fait l'un des scientifiques venus en observation. Don Rumata est donc investi par la population locale comme une divinité. Il tente au départ d'être neutre pour ne pas intervenir dans l'organisation archaïque de ce monde. Mais il ne parvient plus à rester neutre face à la barbarie et l'obscurantisme qu'il découvre. Le roman serait plus explicite sur les manœuvres de Rumata. Enfin c'est lui qui exprime la philosophie de cette parabole en expliquant que lorsqu'une société succombe à la paresse intellectuelle, elle attire inévitablement la tyrannie. Puis il conclut qu'il est difficile d'être un dieu pour mieux souligner qu'il est difficile de rester patient face à la bêtise. Et donc que Dieu est une création de l'homme.

Cela me fait mieux comprendre ce qui se passe dans ce film. De là à le revoir pour mieux l'apprécier... Pas tout de suite !

Marko a écrit:

Cela me fait mieux comprendre ce qui se passe dans ce film. De là à le revoir pour mieux l'apprécier... Pas tout de suite !  

Un titre bien trouvé donc.

Un peu de repos d'abord!

Ah, ne donne pas plus de détails, ça me fait languir ! effectivement, sont pas généreux pour les séances de diffusion... vais peut-être me rabattre sur le livre en attendant ? (mais l'image du film a l'air vraiment terrible).

colimasson a écrit:

Ah, ne donne pas plus de détails, ça me fait languir ! effectivement, sont pas généreux pour les séances de diffusion... vais peut-être me rabattre sur le livre en attendant ? (mais l'image du film a l'air vraiment terrible).

J'ai hâte d'avoir tes impressions. Vas y bien réveillée surtout !

Comment je fais pour forcer les cinés du coin à le diffuser ? Moi je veux bien être réveillée mais si eux ne valent pas... tu me feras signe pour la sortie dvd.