Alice Ferney

l'histoire se déroule dans un terrain vague, où s'est installée une famille de gitans, la grand-mère, ses cinq fils, les belles-filles et leus enfants. Indifférents à la société, à ses règles et à son confort leur existence est marquée par les naissance, les petites et grandes fètes. Esther, une gadgé déterminée et courageuse, se met en tête de faire découvrir la magie des mots et des livres aux enfants.
Les personnages sont extrèmement attachants, l'écriture d'Alice Ferney y est pour beaucoup , elle nous invite à la rencontre de l'autre, elle nous fait entrer dans l'intimité de leur misère absolue, de leur vie hors du temps. Tout est digne dans cette histoire.
Une phrase du livre à laquelle j'adhère totalement : "Celui qui donne le respect, reçoit le respect".

C'est Grâce et dénuement qu'évoque Grain de sel juste au-dessus
Je n'ajouterai rien de plus aux impressions de Coline sauf que, ce que j'ai trouvé sympathique dans ce roman, c'est le profil de cette bibliothécaire qui va... hors les murs... Avec le recul le reste me semble un peu caricaturé.

La conversation amoureuse

J'ai bien aimé dans l'ensemble ce roman (roman-essai presque d'ailleurs) sur le thème du désir, de l'amour, thème intemporel et maintes fois traité mais ici l'auteure l'analyse au plus près, minutieusement, dans ses mécanismes les plus cachés. Au travers de ce qui est dit ou pas, des aveux plus ou moins dissimulés, des hésitations et revirements... Comment un couple évolue-t'il, comment nait et se transforme le désir ?
Alice Ferney saisit tout celà sur le vif, avec beaucoup de justesse et de subtilité: la magie du début, les silences faits d'émois et de troubles, autant de signes si difficilement transmissibles qui se captent plus qu'ils ne se décrivent.

Pauline est jeune, jolie et mariée. Gilles entre deux. ni beau, ni trop vieux, et pas encore divorcé. Leur regard se croisent. Il est fasciné, elle est intriguée, puis flattée, puis captée...obsédée à son tour.
Vient la rencontre, le premier diner, le jeu de la séduction qui s'installe...Qu'il y a t'il après tout ça? Ce jeu, vers quoi évolue-t'il ? Un désir peut-il durer et se transformer en amour lorsque la vie sépare les deux amants ? quelle est la place pour tout celà ? Autant de questions qu' Alice Ferney tente d'éclaircir en y apportant un semblant de réponse, sans juger, ni moraliser. Juste en explorant l'envers du décor.

Dans ce récit, le personnage féminin n'a pas de remords. L'homme brûlant de désir au début, se montre plus réticent lorsqu'il s'agit de futur et de promesses. Chacun reste fidèle à son existence, tout en vivant sa propre aventure. Ainsi seulement peut subsister leur amour-connivence selon l'auteure.
Oui, en théorie, mais dans la vraie vie?

J'ai eu un peu peiné à comprendre comment un couple pouvait rester entre deux. Je suis d'accord avec l'auteure lorsqu'elle suggère que le respect de l'autre est la seule garantie d'un amour épanoui, mais j'avoue que j'ai eu plus de mal à admettre la crédibilité d'une relation longue et clandestine basée sur l'attente...D'une manière générale, j'ai du mal à imaginer l'amour (ici adultère) s'il n'est pas vécu dans ses extrêmes. Et je n'ai pas senti (jusqu'à la fin) celà.
Mais ce n'est qu'un ressenti...:)

J'ai terminé il y a 15 jours ce livre étonnant, grinçant à souhait, dérangeant, acide et qui porte à réfléchir sur les rapports humains qu'ils soient familiaux ou autres.
Les autres est assurément un roman qu'on aime ou qu'on déteste....j'ai adoré!

Et je me réjouis de découvrir d'autres romans d'Alice Ferney

lys a écrit:

Les autres est assurément un roman qu'on aime ou qu'on déteste....j'ai adoré!

Je n'ai pas eu l'impression que la lecture de ce roman pouvait amener à des sentiments aussi extrêmes...
Je trouve toujours les livres d'Alice Ferney un peu trop longs...Je ne fais pas allusion au nombre de pages mais à l'ennui qu'ils peuvent susciter au bout de quelques heures parce qu'elle "délaye" et "étire" beaucoup...

Je vient de le dire déjà sur un autre fil mais c'est toujours aussi vrai - toutes les raisons sont bonnes pour remonter un fil..
Les autres est paru en poche

La couverture est très belle...Comme souvent chez Babel...

L'élégance des veuves :
"C'est avec beaucoup de pudeur et de poésie qu'Alice évoque ici la vie des femmes, leur bonheur dans le mariage et l'enfantement,mais également leur douleur quand les êtres qui leur sont chers disparaissent"

Je viens de terminer ce court roman et j'en ai été très émue, l'écriture est jolie, les sentiments, les émotions, les odeurs traversent les mots et nous pénètrent...

je suis entrain de lire Grâce et dénuement

J'ai lu "l'élégance des veuves" il y a quelques années et bien qu'il soit plutôt bien écrit, la lecture m'avait un peu déçue.
"La conversation amoureuse" est dans ma PAL.

Je viens de finir Grâce et dénuement J'ai trouvé ce roman un peu pesant et "irritant" , on y trouve deux mondes que tout oppose, celui d'Esther et celui des gens du voyage. Ce qui me dérange c'est cette résignation et ce mutisme des Gitans. Je suis mal à l'aise pour Esther qui donne beaucoup et qui finalement n'entrera jamais dans leur monde, elle gagnera à peine leur respect ("Gadjé"). Je me perds un peu aussi face à tous ces personnages mais Angéline est celle qui me marque le plus mais toutes ces descriptions de misère me paraissent un peu trop "cliché". Je suis totalement d'accord avec coline ,peu d'actions c'est un peu toujours la même chose.

Grâce et dénuement

Romane a écrit:

me perds un peu face à tous ces personnages mais Angéline est celle qui me marque le plus mais toutes ces descriptions de misère me paraissent un peu trop "cliché".

coline a écrit:

De semaine en semaine, il s'en passe dans le campement...mais presque uniquement des drames...Alice Ferney fait de façon exhaustive le tour de tout ce qui peut leur arriver de dramatique...
Cela donne un roman misérabiliste (quoique très touchant) où j'attendais toujours qu'un événement joyeux arrive...
J'ai dans mon imaginaire la joie et la fête qui caractérisent aussi les Gitans.

Oui...en effet Romane nos avis se rejoignent...

La conversation amoureuse est le seul que j'ai lu d'Alice Ferney. Et je n'ai pas regretté, en définitive. Cet auteur est à lire, même malgré une espèce de longueur qui point... mais l'intensité de ce qu'elle évoque comme sujets la pardonne un peu...

Je vous dis, après avoir lu ce livre, j'ai été davantage confirmé dans ma vision de la vie. Non pas que j'approuve l'infidélité, mais d'un certain sens, elle coule de source en amour et génère certaines situations. Elle est porteuse d'une dynamique particulière dans les rapports amoureux et passé au-delà d'un stade, c'est difficile d'avoir du jugement, et c'est ce qu'elle a bien réussi à transmettre.

jack-hubert bukowski a écrit:

Cet auteur est à lire, même malgré une espèce de longueur qui point... mais l'intensité de ce qu'elle évoque comme sujets la pardonne un peu...

Je te rejoins sur ce point de vue jack-hubert (ça fait très classe ce pseudo! )...

J'ai lu, il y a quelques années "Grâce et dénuement"
Je vous livre mes impressions d'alors:

Encore un très beau roman d'Alice Ferney qui n'en finit pas de m'éblouir par son écriture si sensible !!!
Comment la lecture et les livres entrent dans un camp de Gitans... un bel argument pour cette enseignante qu'est A. Ferney !!!
Esther vient un jour faire découvrir les livres, les histoires à ces enfants livrés à eux-mêmes. C'est une histoire d'apprivoisement de l'autre, du différent. C'est la naissance d'un respect mutuel qui fait grandir tout le monde : la "gadjé" comme les gitans eux-mêmes.
L'auteur fait vivre cette petite communauté dans les rires, les joies, les peines et les douleurs (ah, ces scènes à l'hôpital lors de l'accouchement d'une des gitanes, ou au moment du décès d'un des enfants écrasé par une voiture qui ne s'est pas arrêtée - ce n'est qu'un enfant de gitan alors !! -).
La richesse de ces gens ? Leur envie d'écouter des histoires, leur ouverture peu à peu à leurs droits grâce à Esther.
Ce roman n'est que grâce, beauté sauvage qui pare le dénuement de ces gitans des rires de la vie et de l'amour.
On sort charmé, ému de ce récit... on reste silencieux plusieurs minutes avant de renouer avec la réalité. Un très beau voyage au coeur des cultures... à faire absolument !!!