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| François Mauriac | |
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Auteur | Message |
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Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: François Mauriac Jeu 30 Aoû 2007 - 22:41 | |
| Biographie Wikipedia (11 octobre 1885 - 1er septembre 1970) sourceFrançois Mauriac, né à Bordeaux, passe son enfance dans plusieurs lieux girondins qui marqueront profondément son œuvre : les Landes de Gascogne autour de Langon, Verdelais et Saint-Symphorien, bourgs dominés par la bourgeoisie viticole ou l'exploitation forestière, lourde de secrets étouffés qu'il peindra dans la plupart de ses romans. Il étudie la littérature à l'université de Bordeaux d'où il sort en 1905. Il va ensuite à Paris pour préparer l'École des chartes, où il ne reste que quelques mois, décidant de se consacrer entièrement à l'écriture. Son premier volume de poèmes, Les Mains jointes, est publié en 1909. Bien que retenant l'attention des milieux littéraires, de Maurice Barrès notamment, il ne sera connu du grand public qu'une dizaine d'années plus tard. Sa carrière littéraire est interrompue par la Première Guerre mondiale, durant laquelle il sert dans un hôpital de la Croix-Rouge des Balkans. Après la Victoire de 1918, il reprend ses activités et publie, en 1922, Le Baiser au lépreux. Dans une vie marquée par des mondanités littéraires (jeune, il fréquente les salons, notamment celui de Natalie Clifford Barney) autant que par des engagements politiques, guidés notamment par un idéal chrétien socialisant (il suit un temps le Sillon de Marc Sangnier et s'oppose à l'Action française), Mauriac est avant tout occupé par la composition d'une œuvre romanesque où il se révèle un remarquable analyste des passions de l'âme (Genitrix, Le Désert de l'amour, Thérèse Desqueyroux, Le Nœud de vipères, Le Mystère Frontenac). La qualité de ses romans lui vaut d'être élu à l'Académie française en 1933. Parallèlement à sa production littéraire, il prend part à quelques combats politiques, notamment au moment de la Guerre d'Espagne, d'abord en faveur des nationalistes, puis contre (cf. ses articles dans Temps présent). Sous l'Occupation, après quelques hésitations, puis la parution de La Pharisienne, il entre en contact avec la Résistance et écrit dans des publications clandestines, où il fait paraître notamment, sous le pseudonyme de « Forez », Le Cahier noir. Il appartient au Comité national des écrivains et participe aux Lettres françaises, qu'il quittera après la Guerre à cause de leur orientation communiste. Il rejoindra alors les Cahiers de la Table ronde, devenus La Table ronde, une revue où de jeunes écrivains de droite qu'on appellera les Hussards feront leurs débuts. Outre une trentaine d'essais et de romans, il écrit plusieurs pièces, dont certaines sont jouées à la Comédie-Française. Il se fait aussi journaliste dans son fameux Bloc-notes (1952-1969), qu'il publie dans Le Figaro littéraire et, pendant une parenthèse de sept ans (1954-1961), dans L'Express. Polémiste vigoureux, il prend alors position pour l'indépendance du Maroc, puis de l'Algérie, et condamne l'utilisation de la torture par l'armée française (L'Imitation des bourreaux de Jésus-Christ). Il soutient un temps Pierre Mendès France sous la IVe République, mais apporte un soutien sans faille à Charles de Gaulle sous la Ve République. Il publie aussi ses mémoires et une biographie du général, dont il reste jusqu'à la fin un des admirateurs fidèles. Il est alors un écrivain de renommée internationale : il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1952, et reçu la Grand-croix de la Légion d'honneur en 1958. Son œuvre complète a été publiée en douze volumes entre 1950 et 1956. Il meurt à Paris le 1er septembre 1970 et est enterré au cimetière de Vémars (Val-d'Oise). Claude Mauriac et Jean Mauriac, ses fils, et Anne Wiazemsky, sa petite-fille, sont aussi écrivains. Le Noeud de VipèresTrès intéressante lecture que ce Noeud de Vipères de François Mauriac, un roman sous forme de journal d'un vieillard (confession qu'il destine d'abord à sa femme qui n'a jamais cherché à voir ce qui se cachait sous la carapace en des décennies de vie commune) en fin de vie confiant ses frustrations et sa haine à l'égard de sa famille qu'il accuse - légitimement - de chercher à s'emparer de sa fortune par tous les moyens. Le narrateur dresse un portrait peu flatteur de ses enfants et petits-enfants, dont l'immoralité sous couvert de protection des intérêts familiaux rend finalement à mes yeux le comportement aigri et haineux du patriarche très attachant. Un roman qui se lit très vite, et dépeint la nature humaine du début du 20eme siècle sous un angle tout aussi peu flatteur que ce qu'on peut constater de nos jours (immoralité, appat du gain, égoïsme exacerbé...), malgré la forte influence de la religion à cette époque (particulièrement dans le milieu bourgeois dépeint par l'auteur), piété de pacotille que dénonce sans cesse Mauriac dans ce livre. | |
| | | Fantaisie héroïque Sage de la littérature
Messages : 2182 Inscription le : 05/06/2007 Age : 37 Localisation : Paris
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 31 Aoû 2007 - 19:05 | |
| J'ai lu Thérèse Desquéroux ainsi que sa suite, La fin de la nuit. Je vais sûrement les relire très bientôt, je garde en mémoire l'écriture si particulière de Mauriac et la façon qu'il a de traiter la folie... Magnifique :) | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 31 Aoû 2007 - 19:31 | |
| - Fantaisie héroïque a écrit:
- J'ai lu Thérèse Desquéroux ainsi que sa suite, La fin de la nuit.
pas encore lu, mais ça viendra j'ai dernierement commandé Génitrix, j'en reparlerai quand je l'aurai lu | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 31 Aoû 2007 - 20:31 | |
| Le roman puis le téléfilm "Le noeud de vipères" m'avaient beaucoup marquée!!! J'en garde un souvenir fort: l'étouffement familial, les non dits, l'atmosphère empoisonnée....j'en frissonne encore. | |
| | | lekhan Main aguerrie
Messages : 324 Inscription le : 20/08/2007 Age : 35 Localisation : Poitiers-Biarritz
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 31 Aoû 2007 - 21:51 | |
| Ce qui m'a toujours frappé chez Mauriac, c'est l'absolue inutilité de son écriture, tout talent qu'il est.
C'est d'un classique pour moi navrant. | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 31 Aoû 2007 - 21:54 | |
| - lekhan a écrit:
- Ce qui m'a toujours frappé chez Mauriac, c'est l'absolue inutilité de son écriture, tout talent qu'il est.
développe un peu | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 31 Aoû 2007 - 22:08 | |
| Je n'osais pas le demander Je ne trouve pas Mauriac d'un classique navrant | |
| | | lekhan Main aguerrie
Messages : 324 Inscription le : 20/08/2007 Age : 35 Localisation : Poitiers-Biarritz
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 31 Aoû 2007 - 22:25 | |
| François Mauriac est un auteur absolument moral, contraint à l'écriture de ses valeurs chrétiennes, il offre une pâle image du style et la continuité.
Je pense là à des récits comme La Pharisienne qui sont d'un navrant étouffant. D’un classique piteux. L'idée même de la nouveauté ou du style nouveau y est absent. On pourrait croire à une mort du roman, ou les topiques sont ravivés dans un style transparent, ou l'on se contente de décrire un possible, une réalité, des sentiments visibles et explorés.
Ecrivain du réel, de l'existant du palpable. Mais aussi écrivain symptomatique d'une bourgeoisie changeante, qui lit Mauriac mais déjà l'express...
Pour moi Mauriac est l'affreux symbole d'une écriture guindé, sans intérêt autre que de réexploité avec la correction du style des topiques maintes fois usagés.
Peut être n'en ai-je pas assez lu, en tout cas c'est ce goût qui me reste en souvenir.
[edit] je cherchais l'expression, c'est une écriture de la bourgeoisie, une écriture de la famille, une écriture du visible qui ne vaut pas celle de Nimier. | |
| | | Isidore Ducasse Envolée postale
Messages : 166 Inscription le : 17/08/2007 Age : 34
| Sujet: Re: François Mauriac Sam 1 Sep 2007 - 16:54 | |
| J'ai lu Le baiser au lépreux, et j'avais aimé l'histoire, je trouvait l'écriture très touchante, pudique, je n'ai lu que ce livre-là, il est possible que l'ensemble de son oeuvre confirme ce qui a été dit plus haut, à savoir qu'il soit un écrivain calotin et trop moral. Les critiques de Thérèse Desqueroux me donnaient envie de le lire, mais en même temps c'étaient les critiques de la quatrième de couverture, elles ne sont jamais mauvaises.
En lisant cette histoire, je n'ai pas eu l'impression d'avoir affaire à un moraliste, ou à un homme guindé. Il est peut-être moral, et chrétien, mais quand on compare à certains autres auteurs, je trouve qu'il sait être touchant, sans être niais. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: François Mauriac Sam 1 Sep 2007 - 19:06 | |
| Merci lekahn d'avoir explicité tes ressentis de lecture vis à vis de Mauriac. Je cerne mieux tes réticences sans pour autant y adhérer Je reste convaincue que Mauriac a une écriture, certes classique, tout sauf plate et mortelle. Sans doute parce que même dans ma jeunesse étudiante je n'ai jamais pu lire avec émoi ou complicité les romanciers du Nouveau Roman (pour le coup ce chemin était celui de la mort du roman!). Je m'éloigne un peu du propos mais c'était pour éclairer ma pensée. Le roman explore avec une énergie sans cesse renouvelée les éternels sujets, topiques, de la nature humaine, qui semble ne jamais changé depuis des millénaires, grâce aux différents prismes des écrivains qui s'expriment avec derrière eux leur histoire personnelle imbriquée dans l'Histoire du moment. Mauriac est lesté de son histoire de famille issue de la grande bourgeoisie girondine et bordelaise, Gide idem avec la sienne, Baudelaire, Balzac et j'en passe. Mauriac peut sember plus statique que Balzac ou Stenhal ou d'autres, mais son écriture reste percutante: il fustige son monde, ses mondes et tente de s'en sortir comme il peut Je sais que mes goûts littéraires restent très classiques d'où ce post isidore ducasse: - Citation :
- En lisant cette histoire, je n'ai pas eu l'impression d'avoir affaire à un moraliste, ou à un homme guindé. Il est peut-être moral, et chrétien, mais quand on compare à certains autres auteurs, je trouve qu'il sait être touchant, sans être niais.
Je ne saurais mieux dire | |
| | | la-lune-et-le-miroir Envolée postale
Messages : 287 Inscription le : 24/07/2008 Age : 57 Localisation : Dordogne
| Sujet: Re: François Mauriac Jeu 11 Sep 2008 - 13:59 | |
| - lekhan a écrit:
- François Mauriac est un auteur absolument moral, contraint à l'écriture de ses valeurs chrétiennes, il offre une pâle image du style et la continuité.
Je pense là à des récits comme La Pharisienne qui sont d'un navrant étouffant. D’un classique piteux. L'idée même de la nouveauté ou du style nouveau y est absent. On pourrait croire à une mort du roman, ou les topiques sont ravivés dans un style transparent, ou l'on se contente de décrire un possible, une réalité, des sentiments visibles et explorés.
Ecrivain du réel, de l'existant du palpable. Mais aussi écrivain symptomatique d'une bourgeoisie changeante, qui lit Mauriac mais déjà l'express...
Pour moi Mauriac est l'affreux symbole d'une écriture guindé, sans intérêt autre que de réexploité avec la correction du style des topiques maintes fois usagés.
Peut être n'en ai-je pas assez lu, en tout cas c'est ce goût qui me reste en souvenir.
[edit] je cherchais l'expression, c'est une écriture de la bourgeoisie, une écriture de la famille, une écriture du visible qui ne vaut pas celle de Nimier. Je suis complètement d'accord avec toi. Ce n'est pas avec des écrivains comme çà qu'on fait avancer l'humanité. Il critiquait violemment Sartre et de Beauvoir pour leur mode de vie ainsi que leurs idées d'avant garde et de remise en cause des valeurs. Les seule bonnes valeurs pour Mauriac sont basées sur la religion chrétienne. C'est un peu réducteur à mon sens !! | |
| | | Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: François Mauriac Jeu 11 Sep 2008 - 21:14 | |
| Et qui "décide" qu'Untel fait avancer l'humanité et pas Tel Autre? | |
| | | Lafreizh Envolée postale
Messages : 110 Inscription le : 26/08/2008 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: François Mauriac Jeu 11 Sep 2008 - 22:24 | |
| Cela fait longtemps (!) que j'ai lu Thérèse Desqueyroux, et à l'époque, j'avais trouvé le livre réussi : pour pouvoir se mettre à la place d'une femme mal mariée qui s'ennuie, pour imaginer et analyser toutes ses pensées pendant un rapport conjugal qui s'éternise, il ne faut pas être trop guindé ni trop épris de bienséance, à mon avis. | |
| | | la-lune-et-le-miroir Envolée postale
Messages : 287 Inscription le : 24/07/2008 Age : 57 Localisation : Dordogne
| Sujet: Re: François Mauriac Ven 12 Sep 2008 - 8:40 | |
| - Bellonzo a écrit:
- Et qui "décide" qu'Untel fait avancer l'humanité et pas Tel Autre?
Oui après avoir envoyé mon message j'ai trouvé ma réflexion un peu bête. Cela dit, mon avis est que ses livres sont fades et toujours dans la même lignée de morale chrétienne. Et le fait que lui soit intolérant et fermé aux autres points de vues me gène. J'ai peut être tord mais je ne pense pas que ce soit en restant toujours sur la même route que l'ont fasse de grandes avancées, mais au contraire en sortant des chemins battus, en étant le plus curieux possible du monde et des autres. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: François Mauriac Lun 16 Fév 2009 - 22:06 | |
| Thérèse Desqueyroux. Le Livre de poche. 189 pages. Une femme, Thérèse, vient de bénéficier d'un non-lieu. Une grande part du roman tient dans les réminiscences de sa vie, pendant le trajet qui va la ramener chez elle. Thérèse a cherché à empoisonner son mari. Pourquoi ? Elle n'en sait trop rien, ou en tout cas, elle ne le sait pas consciemment. Sans doute n'y a-t-il pas une seule raison. Le mari craint le scandale, il faut sauver les apparences. L'important, c'est que la réputation de la famille n'en souffre pas. - Citation :
- "Bernard, Bernard, comment t'introduire dans ce monde confus, toi qui appartiens à la race aveugle, à la race implacable des simples ?" (page 45)
Elle, Thérèse, se refuse de se couler dans un moule imposé. Elle fume, cela ne plaît pas à son mari. Elle est ironique, se moque in peto de son lourdaud de mari. Ca ne plaît pas plus à son mari, d'ailleurs. "Il avait émis le vœu qu'elle devînt plus simple." (page 47). Oui, c'est ça, plus simple. Qu'elle soit un ventre, qu'elle soit là quand on a besoin d'elle, et qu'elle n'aille pas chercher des idées bizarres ailleurs. Thérèse, pas encore mariée, est amie avec Anne, une fille qui est au fond un peu comme son mari : un être simple ("D'ailleurs Anne, Dieu merci, n'a pas la manie de lire ; je n'ai jamais eu d'observation à lui faire sur ce point." dit sa famille, en la comparant à Thérèse, page 65). Or, autant Thérèse aime être en compagnie d'Anne, allongée à côté d'elle, à savoir qu'elle est là, autant elle a du mal à supporter physiquement son mari. A propos d'Anne, qui se réjouit le jour du mariage de Thérèse : - Citation :
- "Comme si elle eût ignoré qu'elles allaient être séparées le soir même, et non seulement dans l'espace ; à cause aussi de ce que Thérèse était au moment de souffrir - de ce que son corps innocent allait subit d'irrémédiable. Anne demeurait sur la rive où attendent les êtres intacts ; Thérèse allait se confondra avec le troupeau de celles qui ont servi." (p.49)
Ils rentrent en avance de leur voyage de noces, pressés qu'ils sont de "retrouver leur nid" "[…] mais au vrai parce qu'ils n'en pouvaient plus d'être ensemble ; lui périssait d'ennui loin de ses fusils, de ses chiens, de l'auberge où le Picon grenadine a un goût qu'il n'a pas ailleurs ; et puis cette femme si froide, si moqueuse, qui ne montre jamais son plaisir, qui n'aime pas causer de ce qui est intéressant !… Pour Thérèse, elle souhaitait de rentrer à Saint-Clair comme une déportée qui s'ennuie dans un cachot provisoire est curieuse de connaître l'île où doit se consumer ce qui lui reste de vie." (pages 52-53) Bien sûr, leurs centres d'intérêts ne convergent pas du tout. Et, pour dire les choses abruptement, au lit, ce n'est vraiment pas ça. On peut aussi lire en filigrane l'attrait (purement intellectuel ?) de Thérèse pour Anne. L'aspect animal de son mari la répugne, on le sent bien. Bernard est un lourdaud matérialiste. Il fait fréquemment des remarques sur les prix. Le voici justement, ce Bernard, 27 ans. - Citation :
- "Elle voyait, près des oreilles de Bernard remuer ce qu'elle savait être les muscles temporaux. Tout de suite après les premières lampées, il devint trop rouge : beau garçon campagnard auquel manquait seulement, depuis des semaines, l'espace où brûler sa ration quotidienne de nourriture et d'alcool. Elle ne le haïssait pas ; mais quel désir d'être seule pour penser à sa souffrance, pour chercher l'endroit où elle souffrait !" (pages 57-58 )
A un moment, Thérèse se sent détachée des choses… de presque tout, en fait. "Seul, dans ce néant, Bernard prenait une réalité affreuse : sa corpulence, sa voix du nez, et ce ton péremptoire, sa satisfaction… Sortir du monde… Mais comment ? et où aller ?" (page 96) Plus loin, on voit "sa forte main velue" (page 98 ). - Citation :
- "Anne, elle, n'attend que d'avoir des enfants pour s'anéantir en eux, comme a fait sa mère, comme font toutes les femmes de la famille. Moi, il faut toujours que je me retrouve ; je m'efforce de me rejoindre." (page 134)
Il y a une évolution. Du désir de se détacher du monde et de disparaître, Thérèse arrive au désir de se retrouver, mais pas dans le monde où les femmes se réalisent dans leurs enfants. Elle désire autre chose. Mais quoi ? Elle n'en sait rien. Ses motivations sont floues. Inavouables ? Un roman pas inintéressant, pas très long mais peut-être quand même un peu trop. Le mari est lourdaud, certes ; Thérèse étouffe, d'accord. C'est bien rendu. Elle ne comprend pas (ou ne veut pas comprendre) ses motivations, et ça, elle réfléchit vraiment longtemps au fait qu'elle ne sait pas pourquoi elle a commis cet acte. On la sent tentée par la liberté, notamment la liberté sexuelle, quitte à descendre encore plus la pente. Pour finir, une citation extraite de la préface. "Telle inclination, enfouie dans notre chair avant qu'elle fût née, a grandi comme nous, s'est combinée avec la pureté de notre adolescence et, lorsque nous avons atteint l'âge d'homme, a fleuri brusquement sa monstrueuse fleur." (extrait de Le Désert de l'amour). Pour vraiment finir, une citation extraite de "Approches de l'œuvre" (une postface, quoi). C'est une lettre de Mauriac. "Je crois que j'ai trop insisté sur l'ennui dont elle souffre et pas assez sur son vrai drame qui est la solitude sexuelle." (page 154) | |
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