Nikolaj Frobenius [Norvège]

Né en 1965 à Oslo, Nikolaj Frobenius a étudié au  "London Institute of Screenwriting ", il a écrit des romans, des pièces de théâtre et des scripts de films, comme par exemple celui du thriller "Insomnia" (l'original norvégien aussi bien que le récent remake américain avec Al Pacino).

Cet auteur n'a que quelques œuvres traduites en français mais celles-ci sont si singulières que même des années après leur lecture, on ne peut les oublier !

Je vais essayé de vous les présenter, même si je les ai lus il a y bien longtemps mais le but avant tout est de vous faire découvrir cet auteur dans parfum de livres.


Œuvres traduites en français :

Le valet de Sade, première parution chez Actes Sud en 1998
Le pornographe timide,  première parution chez Actes Sud le 26 juin 2000
Je est ailleurs, première parution chez Actes Sud le 2 janvier 2004

LE VALET DE SADE.

Résumé
Au XVIIIe siècle, un enfant au regard terrifiant naît à Honfleur. Il se nomme Latour et révèle, en grandissant, une totale insensibilité à la douleur.
Obsédé par cette énigme qu'il ressent comme une infirmité et animé d'un zèle véritablement scientifique, Latour, devenu un virtuose de la taxidermie, se livre à toutes sortes d'expériences qui vont faire de lui un maniaque de l'autopsie et surtout un tueur en série.
Un jour, pourtant, sa vie bascule : il entre au service du marquis de Sade et devient son valet, son complice, jusqu’à la mort.

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Ce premier roman d'un jeune auteur norvégien n'est pas pour autant la simple transposition d'une intrigue policière au XVIIIe siècle : c'est plutôt une analyse de la face cachée de cette passionnante époque par le biais d'une étonnante rencontre, celle de Latour et d'un personnage bien réel, le marquis de Sade, deux personnages qui resteront liés par une mystérieuse complicité jusque dans leurs vieux jours, à l'hospice de Charenton. --Gérard Meudal

Mon avis
Cette œuvre dissèque l'âme humaine comme un scalpel celui d'un homme froid et rigide dans une salle d'autopsie. Ce roman rappelle d'ailleurs fortement Le parfum de Patrick Suskind : atmosphère froide, glaçante dans laquelle l'empathie n'a aucune place.
Si vous n'avez pas apprécié "Le parfum" de Suskind, passez votre chemin, ce livre vous mettra mal à l'aise car accompagner Latour dans ses méandres nauséabonds ne s'apparente guère à une balade de printemps !

Début du roman :

Citation :

Il y a bien des années de cela, dans le petit port de Honfleur, sur la côte normande, vivait une femme d'une grande laideur. Une laideur telle que les gens s'arrêtaient dans la rue pour la dévisager. Ils détaillaient le front, le visage violacé, les verrues, la tignasse, un cou semblable à un tronc d'arbre. Et, comme elle était de proportions colossales, ils disaient qu'elle avait deux fois la taille normale, une taille telle qu'à la voir ils n'en croyaient pas leurs yeux. Il n'y a rien d'humain dans cette silhouette, pensaient-ils, mais quelque chose qui défie la nature, quelque chose de chimérique. Les voyageurs étaient d'avis qu'elle était la femme la plus laide de France et les commères de la place du marché murmuraient qu'elle était une créature de l'enfer, une femme avec le visage du diable.

Extrait [p.79] :

Citation :

Le livre de Vésale était rempli de planches extraordinaires. On pouvait y voir les corps en coupe transversale. Je vis ainsi tous les muscles, toutes les veines du corps humain. Un tissage monstrueusement complexe. Ces planches minutieuses me fascinèrent. Humains sans peau. Sous la jolie peau, tous les êtres étaient donc ces constructions enchevêtrées, ces fabuleuses machines qui devenaient presque terrifiantes quand on les regardait dans le détail. Pourrais-je désormais voir un être humain sans penser à ces dessins, à ces constructions dissimulées ?

LE PORNOGRAPHE TIMIDE

Quatrième de couverture
Sara et Simon sont à l'aube de l'adolescence. Inséparables, ils partagent leurs émotions dans un monde empreint d'innocence. Mais pour Simon, tout semble basculer dès lors qu'il perçoit l'univers affectif des adultes et la société de consommation comme un tissu de perversités. Tout devient pour lui aliénation, pornographie et corruption. Témoins d'un viol, les deux gamins se séparent dans une fuite éperdue pour échapper aux malfrats. Persuadé que Sara est tombée entre leurs mains, Simon s'embarque dans un monde improbable à la mesure de son imaginaire tourmenté. Un pays où il tentera d'exorciser ses démons, de repousser le désir, la violence de sa sexualité naissante et obsédante. Et la spirale s'emballe à la vitesse de l'enfance qui s'enfuit. Métaphore de l'adolescence, ce roman inclassable et dérangeant, aux confins de l'obsession, de la schizophrénie et de la science-fiction, est porté par une écriture haletante et par l'angoisse d'un enfant face à la surprenante accoutumance de notre société à la déviance.

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Simon et Sara, deux enfants à l'aube de l'adolescence, se défendent mutuellement contre le monde pervers des adultes. Leur amitié forme une bulle qui les protège, la plupart du temps, d'une civilisation gangrenée par la violence et le sexe, à l'image de l'oncle de Sara, Sébastian, trafiquant de revues pornographiques. Un soir, Simon et Sara décident d'espionner Sébastian et un curieux personnage, Peter Fehm, policier étranger venant de P. Au comble de l'horreur, ils assistent à la torture d'une jeune femme par les deux hommes. En tentant d'échapper au meurtrier, Simon et Sara, dans leur fuite, se perdent de vue. Au matin, Simon apprend que Sara a disparu. Persuadé que l'horrible policier est responsable de la disparition de son amie, il s'embarque clandestinement sur un cargo en direction de P. pour retrouver le criminel...
Voyage initiatique d'un enfant aux portes de l'âge adulte, Le Pornographe timide est un roman qui se lit comme une lente obsession, celle d'une société normalisant la perversion. Avec une écriture tendue, l'auteur nous entraîne dans un ailleurs possible, vision hallucinée de notre monde futur. --Hector Chavez

Mon avis
Roman initiatique, on accompagne Simon dans sa découverte de la sexualité et de son rapport au monde dans une société où sexualité se confond souvent à l'agressivité et l'étalage pornographique.
J'ai préféré ce deuxième roman au premier, l'univers et l'ambiance du livre sont toujours aussi particuliers mais on se prend d'affection pour le petit Simon et nous le suivons donc plus volontiers dans son périple. Mais le monde qu'il décrit met aussi mal à l'aise, d'autant plus qu'il rappelle à bien des côtés le nôtre…

Extrait :

Citation :

Un matin, au petit déjeuner, j'ai demandé à un garçon de la classe quand la neige allait disparaître. Il m'a regardé d'un drôle d'air. Disparaître ? il a dit. Elle ne disparaît pas. Mais le printemps arrive bien ? j'ai dit. Non, il a dit, le printemps n'arrive jamais, mais ce n'est pas grave, c'est bien aussi, la neige. L'hiver, c'est le top, il a dit. Je ne comprends pas, Sara, est-ce que vraiment il existe des pays où la neige ne fond jamais ?

A Oder, il n'y avait presque jamais de neige. Ne va pas imaginer que j'ai oublié ça.

Pour commencer, je vais apprendre parfaitement la nouvelle langue, et puis je vais retrouver le policier et l'aveugler.

Et puis je vais revenir auprès de toi.

JE EST AILLEURS.

Présentation de l'éditeur
De vagues projets cinématographiques en tête, Christopher accepte quelques jours de retrouvailles avec ses parents. A Copenhague, dans la gare centrale, c'est soudain l'incident: le père, parti acheter des journaux, ne revient pas. Disparu. Christopher, déboussolé, erre quelques mois à l'étranger avant de revenir en Norvège. Il se découvre alors un demi-frère, issu d'une vie parallèle soigneusement tenue secrète qu'aurait menée son père. En compagnie de cet homme aussi fourbe que chaleureux, Christopher va remonter la piste du père, visionner des cassettes de documentaires tournés par ce dernier, et progressivement se rendre compte que l'homme était un falsificateur de la vérité, un terroriste de l'information, qui livrait de faux reportages, des constructions artificielles destinées à discréditer le média visuel. Jouant des "intérieur cave" qu'il affectionne, Nikolaj Frobenius nous plonge une fois encore dans un jeu troublant dont incertitude et vide sont les données. Ici, le mal est la tentation constante de l'individu et l'enfermement peut devenir agréable à l'homme seul sans repères


Le Monde, le 23 janvier 2004 :

Citation :

Le Norvégien Nicolaj Frobenius, auteur d’un remarquable Valet de Sade, et du Pornographe timide, confirme une science de la construction rare, mêlant une observation très contemporaine des généalogies éclatées à une réflexion subtile sur l’information, les pouvoirs de l’image et leurs trahisons.

Mon avis :
Pas encore lu, mais il promet !

Merci sentinelle pour ces informations autour de Nikolaj Frobenius. Je n'ai lu "que" Le Valet de Sade (oui, "rien que ça"...) et j'ignorais qu'il s'agissait d'un premier roman.
Une lecture magnifique, surtout la première partie. Les descriptions de la mère et l'enfant, de l'adolescence de ce dernier chez le taxidermiste... oui, j'ai senti immédiatement que la force de cette écriture valait celle de Suskind dans Le Parfum.
Ce roman devrait plaire à beaucoup sur le forum!

Je note, je note...Il vaut mieux commencer par Le valet de Sade?

Merci pour ce commentaire Babelle

Marie, tu peux commencer par celui que tu veux selon l'envie et/ou l'inspiration du moment, ces trois livres sont totalement indépendants les uns des autres. Je crois me souvenir que j'ai commencé par Le pornographe timide. Comme j'ai été impressionnée et étonnée par sa plume, j'ai poursuivi par Le valet de Sade.
C'est en rédigeant ce fil que je me suis aperçue qu'un petit troisième était publié, je vais donc le dénicher un jour au l'autre sans faute !

aaah comme ça je n'ai plus à vous poser la question de savoir si Insomnia pouvait être tiré d'un polar du froid ! j'aime beaucoup l'original (avec un Stelan Skarsgard qui assure terriblement), je le place loin, très loin au dessus du remake américain (que j'ai trouvé limite faiblard (vu en vf, ça compte)).

curieux !

J'avais déjà aimé le remake, tu me donnes envie de voir l'original Animal

J'ai donc lu Le valet de Sade.
Bien sûr, un livre qui commence comme cela...

Il y a bien des années de cela, dans le petit port de Honfleur, sur la côte normande, vivait une femme d'une grande laideur.

ne pouvait que me séduire. Et effectivement, j'ai beaucoup aimé la première moitié du livre, l'histoire de Boubou , de la conception et de l'enfance de ce pauvre Latour. Beaucoup moins après, dès qu'il rencontre Sade, je ne vois d'ailleurs pas pourquoi il a cru bon de rajouter le marquis à une histoire déjà assez complexe, qui parle de la recherche anatomique des localisations cérébrales des émotions...
Cela rappelle beaucoup- trop- Le parfum, c'est vrai, mais aussi Per-Olov Enquist ( Blanche et Marie et Le médecin personnel du roi), mais aussi un livre lu l'an dernier qui parlait des prostituées à l'époque victorienne??? ( au secours, Sentinelle !!)

Marie a écrit:

mais aussi un livre lu l'an dernier qui parlait des prostituées à l'époque victorienne??? ( au secours, Sentinelle !!)

Mon nom n'est pas Sentinelle mais ton appel au secours m'émeut , s'agirait-il de La Rose pourpre et le Lys de Michel Faber ?

Merci, Nezumi, c'est bien ça!

Nezumi a écrit:

Marie a écrit:

mais aussi un livre lu l'an dernier qui parlait des prostituées à l'époque victorienne??? ( au secours, Sentinelle !!)

Mon nom n'est pas Sentinelle mais ton appel au secours m'émeut , s'agirait-il de La Rose pourpre et le Lys de Michel Faber ?

Merci Nezumi d'avoir pris le relais en mon absence, d'autant plus que je ne connais absolument pas Michel Faber ?

Marie a écrit:

j'ai beaucoup aimé la première moitié du livre, l'histoire de Boubou , de la conception et de l'enfance de ce pauvre Latour. Beaucoup moins après, dès qu'il rencontre Sade

J'ai eu le même sentiment que toi, la première partie est très réussie, la deuxième nettement moins.
J'ai préféré Le pornographe timide. Ce livre a vraiment une atmosphère particulière et singulière. Je ne pense pas qu'il te rappellera tel ou tel bouquin

A la lecture du roman Le valet de Sade, j'ai eu la confirmation que j'étais bien en présence d'un auteur intéressant mais que ce premier roman était également moins abouti que le second.

sentinelle a écrit:

d'autant plus que je ne connais absolument pas Michel Faber ?

Michel Faber est l'auteur d'une fresque romanesque, La Rose pourpre et le Lys (the crimson petal and the white) se déroulant dans le Londres victorien. Son héroïne est Sugar, une jeune prostituée. Je l'ai lu il y a quelques années maintenant et j'en ai gardé un très bon souvenir, j'étais complètement prise dans l'histoire . Je te le conseille, vraiment !

Moi qui adore les romans se situant à l'époque victorienne , je prends bonne note de cette proposition Nezumi