Eugène Green

Eugène Green

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Eugène Green est un cinéaste, écrivain et dramaturge français né le 28 juin 1947 à New York.

Originaire des États-Unis, il émigre en France à la fin des années 1960 et fonde à la fin des années 1970 une compagnie de théâtre baroque, le Théâtre de la Sapience, avec laquelle il essaie de restituer sur scène la diction de l'époque baroque.

À la fin des années 1990, il se lance dans le cinéma avec un premier film, Toutes les nuits, réalisé en 1999 et sorti en 2001, inspiré de L'Éducation sentimentale. Il continue au cinéma avec Le Monde vivant (2003) et surtout Le Pont des Arts (2004), qui avec 42 000 entrées constitue aujourd'hui son plus grand succès.

Il publie son premier roman, La Reconstruction, en 2008. Suivent ensuite La Bataille de Roncevaux (2009), Un conte du Graal (2010), La Communauté universelle (2011) et Les Atticistes (2012).

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Filmographie:

2001 : Toutes les nuits avec Alexis Loret, Christelle Prot et Adrien Michaux
2002 : Le nom du feu (court-métrage) avec Christelle Prot et Alexis Loret
2003 : Le Monde vivant avec Christelle Prot, Adrien Michaux, Alexis Loret, Laurène Cheilan, Achille Trocellier et Marin Charvet.
2004 : Le Pont des Arts avec Natacha Régnier, Denis Podalydès, Adrien Michaux et Olivier Gourmet
2006 : Les signes (court-métrage) avec Christelle Prot, Mathieu Amalric, Achille Trocellier, Marin Charvet
2007 : Correspondances (court-métrage) avec Delphine Hecquet, François Rivière, Christelle Prot
2009 : La Religieuse portugaise avec Leonor Baldaque, Adrien Michaux
2014 : La Sapienza

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Alexandre, architecte cinquantenaire au sommet de sa carrière, éprouve une sorte de malaise mélancolique, notamment dans sa relation avec sa femme Aliénor et du fait qu'ils ont perdu un enfant. Il ressent le besoin de partir sur les traces de l'architecte baroque Francesco Borromini, afin d'écrire une étude sur sa vie et son œuvre. L'épouse d'Alexandre, qui est psychologue sociale, l'accompagne à Stresa, au bord du lac Majeur et dans le canton du Tessin sur le lieu de naissance de Borromini. Ils y rencontrent Lavinia, une jeune fille malade, et son frère, Goffredo, qui aspire à devenir architecte. Tandis qu'Aliénor reste auprès de Livinia, Alexandre et Goffredo partent sur les traces de Borromini à Turin et à Rome pour un voyage d'études. Cette rencontre de ce couple fraternel va transformer la vie d'Alexandre et Aliénor.

Eugène Green a été par la passé étudiant aux Beaux-Arts et il s'est passionné pour l'époque Baroque au point de tenter à travers son travail de metteur en scène de faire revivre le théâtre de cette époque. Son cinéma en est le prolongement direct et on y retrouve à la fois son intérêt pour l'art (la peinture, la musique et l'architecture baroques), le profond humanisme de son propos et le jeu d'acteurs très particulier qui peut rebuter par son artifice (les personnages parlent un français parfait en faisant toutes les liaisons) mais qui finit par générer un sentiment de grande pureté. On retrouve cette façon de créer du vrai à travers l'artifice chez des cinéastes comme Rohmer ou Doillon mais Eugène Green fait davantage penser à Bresson ou au cinéma minimaliste japonais par exemple.

La Sapienza est un film d'une très grande beauté par sa pureté, son humanisme, son humour subtil, la magie des visages et des regards, la façon de montrer les espaces et la lumière, la part de mystère qui s'en dégage. C'est un récit d'apprentissage à double sens. Deux adultes qui transmettent un savoir aux plus jeunes qui à leur tour les irradient de leur intuition et de leur fraîcheur. Eugène Green dit que le principe de base de l'art Baroque est l'oxymore et c'est bien de cette union des contraires que naît une forme de lumière. Dans les courbes concaves et convexes de l'architecture de Borromini comme dans la rencontre entre la mélancolie désabusée et rationnelle des uns et l'appétit de vie des autres (dans les 2 générations d'ailleurs). Ce qui circule entre ces quatre personnages est très subtil et émouvant.



L'humour surgit par petites touches notamment dans le décalage entre des dialogues très précieux et l'intrusion inattendue de mots plus familiers. Tout le film pétille de contrastes et d'une intelligence qui donnent le sentiment de sortir de la salle meilleur qu'avant d'y entrer. C'est rare et je le recommande vivement à tous. En particulier à Arabella et Avadoro qui devraient y trouver leur compte. Peut-être pourra-t-on trouver la démarche un peu trop théorique et littéraire mais ce qu'il obtient de ces visages est magnifique. Et le tout accompagné par la musique de Monteverdi.  

Je suis très attaché à l'oeuvre d'Eugène Green (découvert avec Le Pont des Arts) et j'ai beaucoup aimé La Sapienza. On retrouve en effet toutes les caractéristiques de son cinéma, avec une sensation de simplicité et d'épure. L'art devient l'instrument d'une ouverture au monde, d'une réconciliation avec soi et avec l'autre dans la quête d'un apaisement. L'évocation de la lumière est une rencontre entre l'intérieur et l'extérieur, l'architecture devenant alors le miroir d'une curiosité insatiable et d'une unité retrouvée. J'ai aussi été très touché par la transmission entre les générations, qui s'épanouit grâce à l'affirmation et la spontanéité d'une jeunesse.

Les dialogues chez Eugène Green peuvent en effet surprendre avec leurs liaisons et l'absence apparente de nuances. Ce dispositif lui permet de chercher sans cesse des émotions presque imperceptibles, des nuances dans l'expression des regards afin de créer une intensité dans chaque échange. La mise en scène révèle la quête d'une liberté, d'un souffle à travers les non-dits et les silences, à l'image d'une partition musicale.

Alienor en particulier a un regard merveilleux qui s'altère en un éclair. Cette actrice est formidable.

J'avoue ne pas avoir lu les commentaires avant d'aller voir le film, mais après l'avoir vu, j'y souscris complètement. Pour une fois, nous sommes d'accord Marko.

C'est vraiment un très beau film, dans lequel le naturel et l'émotion viennent de quelque chose qui peut sembler artificiel et construit. Mais l'art est artifice et construction par définition. Et c'est bien d'art qu'il s'agit. Eugène Green a un vrai projet et ambition, et arrive parfaitement à leur donner corps. Et un langage cinématographique maîtrisé et inspiré. L'association des images et de la musique, même si cela ne concerne qu'une petite partie du film, est éblouissante. Et qui se dégage de tout cet ensemble une sensualité assez extraordinaire.

Voilà qui pourrait me donner envie de retourner au cinéma...

C'est un univers que je sentais te convenir. Ce film est rare et enchanteur.

Tu ne t'es pas trompé. Tu vas finir pas lire en moi comme dans un livre ouvert....

Arabella a écrit:

Voilà qui pourrait me donner envie de retourner au cinéma...

Franchement, entre Fast and Furious 7 et Avengers 2, qu'est-ce qu'il te faut ?

Je te les laisse, je sens bien que tu t'en fais un plaisir.
Pour moi le prochain sera sans doute Histoire de Judas.

Le nouveau film d'Eugène Green est en post-production et devrait sortir en 2016 : Le fils de Joseph, avec notamment Maria de Medeiros, Jacques Bonnaffé, Mathieu Amalric, Natacha Régnier, Fabrizio Rongione (qui jouait l'architecte dans La Sapienza).

Très bonne nouvelle de le voir aussi productif !

Oui, j'avais vu qu'il tournait un nouveau film, et je l'attends déjà.

Le Fils de Joseph sort en France le 20 avril 2016.

Bande-annonce :

Un régal une fois de plus. Un film humaniste, généreux, drôle, intelligent et émouvant. Moins abstrait et mystérieux que les précédents, plus accessible et un peu caricatural dans sa description du milieu bobo, trop littéral dans ses métaphores aussi, mais c'est superbe, lumineux ( frais comme dit le jeune Vincent). Du Eugène Green !



Vincent, l'enfant sans père, entend ce poème de deuil dans une église baroque parisienne. Moment magique:



ÉPITAPHE
Sur la mort de Honorat de Bueil,
Fils de l’auteur, qui mourut page de la Reine
l’année 1652, âgé de seize ans ou environ.

Ce fils dont les attraits d’une aimable jeunesse
Rendoient de mes vieux jours tous les desirs contens,
Ce fils qui fut l’appuy de ma foible vieillesse,
A veû tomber sans fruit la fleur de son printemps.

Trois mois d’une langueur qui n’eut jamais de cesse
L’ont fait dans ce tombeau descendre avant le temps,
Lors que, sous les couleurs d’une grande princesse,
Son âge avoit à peine atteint deux fois huit ans.

Tout le siecle jugeoit qu’en sa vertu naissante
La tige de Bueil, jadis si florissante,
Vouloit sur son declin faire un dernier effort.

Son esprit fut brillant, son ame genereuse,
Et jamais sa maison illustre et malheureuse
N’en a receu d’ennuy que celuy de sa mort.

Il est à mon programme cette semaine !

Avadoro a écrit:

Il est à mon programme cette semaine !

Tu devrais passer un bon moment même s'il n'a pas la pureté de La Sapienza.