Emmanuelle Bercot

Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot

Citation :

Bettie, la soixantaine, se voit soudain abandonnée par son amant et en péril financier avec le restaurant familial. Que faire de sa vie ? Elle prend sa voiture, croyant faire le tour du pâté de maison. Ce sera une échappée. Au fil de la route : des rencontres de hasard, un gala d’ex-miss France, le lien renoué avec sa fille, la découverte de son petit-fils, et peut-être l’amour au bout du voyage… Un horizon s’ouvre à elle.

Elle a dit : "Je reviens" et puis elle est partie. Pour ne plus revenir ? Le schéma est classique, on va chercher des cigarettes et c'est plutôt de l'air frais dont on a besoin. Elle s'en va est donc l'histoire d'une restauratrice qui fait le coup de la crise de soixantaine et se retrouve sans l'avoir vraiment voulu sur les (petites) routes de France. Une fugueuse du troisième âge ! A l'opposé d'un cinéma hexagonal essentiellement urbain, le film d'Emmanuelle Bercot s'attarde dans les petits villages, les aires d'autoroute et les zones commerciales de périphérie. La France profonde ? Ce serait un peu réducteur de l'affirmer et il ne semble pas que ce soit heureusement pas le propos de la réalisatrice que de partir sur les traces d'un Jean Becker. Elle s'en va est le portrait d'une femme entre deux eaux qui a beaucoup raté de choses dans sa vie. Oh, il y a bien un côté angélique dans le film mais pas tant que cela, l'ironie aussi est présente et l'absence de complaisance vis à vis d'une existence aussi libre qu'égoïste et frustrante. Cela permet de garder l'émotion à distance raisonnable sauf dans les scènes finales cependant moins consensuelles qu'il n'y parait. Deneuve, visiblement, s'est abandonnée dans ce rôle, composant autant que livrant des bribes d'elle-même. Pratiquement de tous les plans, elle parvient encore à étonner et à subjuguer.

traversay a écrit:

Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot
garder l'émotion à distance raisonnable sauf dans les scènes finales cependant moins consensuelles qu'il n'y parait. Deneuve, visiblement, s'est abandonnée dans ce rôle, composant autant que livrant des bribes d'elle-même. Pratiquement de tous les plans, elle parvient encore à étonner et à subjuguer.

Je viens d'aller voir ce film, il m'a beaucoup touchée et je n'ai pas su, spectatrice, "garder l'émotion à distance".
Catherine Deneuve joue de mieux en mieux, et de plus en plus généreusement.
Les prestations de Gérard Garouste et de Camille ne sont pas exceptionnelles. Le gamin par contre (fils d'Emmanuelle Bercot) a un sacré tempérament et une justesse de jeu incroyable!

traversay a écrit:

Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot

Elle a dit : "Je reviens" et puis elle est partie. Pour ne plus revenir ? Le schéma est classique, on va chercher des cigarettes et c'est plutôt de l'air frais dont on a besoin. Elle s'en va est donc l'histoire d'une restauratrice qui fait le coup de la crise de soixantaine et se retrouve sans l'avoir vraiment voulu sur les (petites) routes de France. Une fugueuse du troisième âge ! A l'opposé d'un cinéma hexagonal essentiellement urbain, le film d'Emmanuelle Bercot s'attarde dans les petits villages, les aires d'autoroute et les zones commerciales de périphérie. La France profonde ? Ce serait un peu réducteur de l'affirmer et il ne semble pas que ce soit heureusement pas le propos de la réalisatrice que de partir sur les traces d'un Jean Becker. Elle s'en va est le portrait d'une femme entre deux eaux qui a beaucoup raté de choses dans sa vie. Oh, il y a bien un côté angélique dans le film mais pas tant que cela, l'ironie aussi est présente et l'absence de complaisance vis à vis d'une existence aussi libre qu'égoïste et frustrante. Cela permet de garder l'émotion à distance raisonnable sauf dans les scènes finales cependant moins consensuelles qu'il n'y parait. Deneuve, visiblement, s'est abandonnée dans ce rôle, composant autant que livrant des bribes d'elle-même. Pratiquement de tous les plans, elle parvient encore à étonner et à subjuguer.

coline a écrit:

Je viens d'aller voir ce film, il m'a beaucoup touchée et je n'ai pas su, spectatrice, "garder l'émotion à distance".
Catherine Deneuve joue de mieux en mieux, et de plus en plus généreusement.
Les prestations de Gérard Garouste et de Camille ne sont pas exceptionnelles. Le gamin par contre (fils d'Emmanuelle Bercot) a un sacré tempérament et une justesse de jeu incroyable!

Un feel good movie total bien que sous-tendu par des choses plus douloureuses sur le temps qui passe, les blessures d'amour, les carences affectives ou au contraire le trop plein d'amour qui étouffe... J'ai beaucoup aimé le ton du film qui est généreux, parfois légèrement décalé et loufoque, plein de drôlerie, de tendresse, d'émotion sans en faire des tartines. Côté acteurs j'ai été agréablement surpris par Garouste (sorte de Léaud bougon) dont la complicité avec Deneuve est évidente. Camille en fait trop dans la surexcitation butée. Le gamin est fantastique et véhicule toute l'émotion du film. En ce qui concerne Deneuve je suis moins emballé que vous. Je l'ai toujours trouvée en dehors de ses rôles. Elle me donne constamment l'impression de réciter son texte et d'être ailleurs, pas vraiment concernée. Sauf dans quelques scènes comme cette rencontre improbable avec le gardien de nuit d'un magasin de meubles (qui s'appelle Casimir!) qui devient psychanalyste improvisé (et largué!). Le jeune barbu aussi est hallucinant. J'aime par contre qu'elle assume son âge avec une maladresse parfois touchante mais aussi pas mal de classe. Un régal ce film qui devrait avoir un super bouche à oreille.

Marko a écrit:

En ce qui concerne Deneuve je suis moins emballé que vous. Je l'ai toujours trouvée en dehors de ses rôles. Elle me donne constamment l'impression de réciter son texte et d'être ailleurs, pas vraiment concernée.

C'est drôle que tu dises cela car ce sont presque les paroles qui sortent de la bouche de Valérie Lagrange lors de sa rencontre avec Deneuve à l'occasion de la réunion des anciennes miss. Style tu es là sans vraiment y être. Et c'était déjà le cas avant. Une drôle de rencontre d'ailleurs. Et un grand plaisir de revoir Valérie Lagrange que j'écoutais en boucle dans mes jeunes années avec sa chanson La folie. Petite remarque en passant, je la trouve toujours aussi belle. En fait non, elle est encore plus belle !

J'ai beaucoup aimé aussi.

sentinelle a écrit:

Marko a écrit:

En ce qui concerne Deneuve je suis moins emballé que vous. Je l'ai toujours trouvée en dehors de ses rôles. Elle me donne constamment l'impression de réciter son texte et d'être ailleurs, pas vraiment concernée.

C'est drôle que tu dises cela car ce sont presque les paroles qui sortent de la bouche de Valérie Lagrange lors de sa rencontre avec Deneuve à l'occasion de la réunion des anciennes miss. Style tu es là sans vraiment y être. Et c'était déjà le cas avant. Une drôle de rencontre d'ailleurs. Et un grand plaisir de revoir Valérie Lagrange que j'écoutais en boucle dans mes jeunes années avec sa chanson La folie.

Je pense la même chose d'Isabelle Huppert qui pourtant est régulièrement capable d'être géniale. Je ne crois pratiquement jamais à leurs personnages. Contrairement à Adjani qui investit ses rôles avec beaucoup d'intensité (mais qui se fait trop rare avec des choix de films douteux). Même quand Deneuve fume je ne la trouve pas naturelle.

Plus que leur qualité d'interprétation, tu as peut-être plus de difficultés avec la personnalité de ces deux actrices qui se révèle probablement aussi dans leur jeu ? Je crois comprendre en tout cas ce que tu veux dire, une sorte de posture, mais je les apprécie beaucoup et plus qu'Isabelle Adjani justement, avec laquelle j'ai plus de mal.

Je viens de voir La tête haute qui est très réussi. J'en dirai un peu plus demain.

Je n'arrive pas à en avoir envie...

Pareil, ça me fait trop penser à Mommy

darkanny a écrit:

Pareil, ça me fait trop penser à Mommy

Plus à "3fois Manon" qui était très bien.

darkanny a écrit:

Pareil, ça me fait trop penser à Mommy

c'est différent. C'est un film sur l'éducation. Comment un juge et un éducateur parviennent à donner à un gamin à la dérive les repères (affectifs, moraux...), l'estime de soi et le respect de l'autre qui lui ont manqué à cause de carences importantes. C'est très documenté et surtout formidablement interprété. Une sorte de résilience par la rencontre avec des figures paternelle et maternelle de substitution. Je trouve ça très émouvant et juste.

Moi, j'ai bien aimé.
Juste des petits bémols, une scène too much auquel je ne crois pas

Spoiler:

, et peut-être la fin...

L'ado est très très convainquant. Le genre qui fait 2 semaines dans un bahut avant de se faire virer. Pas si rare...

Et j'ai envie de revoir "3 fois Manon".

La tête haute

Le film comprend de nombreuses séquences poignantes et puissamment expressives. Emmanuelle Bercot suit au plus près cet adolescent sans repères, dans un état de révolte quasi permanente et s'attache à ouvrir sans cesse des perspectives, jusqu'à la promesse d'une esquisse de stabilité. Les coups durs, les rechutes sont décrites avec minutie et une grande empathie, laissant apparaitre la souffrance d'un épuisement dans l'entourage et notamment chez le personnel éducatif, qui subit une sensation d'impuissance devant être surmontée au quotidien.

Bercot souligne l'importance des figures parentales de substitution, mais cet aspect est surligné et parfois trop insistant (la juge et l'éducateur par rapport au jeune Malony, la juge par rapport à l'éducateur). L'interprétation dans son ensemble est très intense, mis à part Sara Forestier qui me semble hors-sujet dans un registre comique involontaire censé représenter le parent isolé et démissionnaire. La tête haute développe en tout cas avec un optimisme lucide et patient la trajectoire mouvementée d'un parcours individuel, même si le film aurait gagné à mon avis à être plus resserré.

J'y suis allée avec mes parents (ben oui, j'allais pas les emmener voir Mad Max.... ).
Et j'ai bien aimé aussi : j'ai trouvé le sujet et son traitement intéressant... l'enfance/l'adolescence délinquante, la résilience, l'abnégation des travailleurs sociaux (franchement, ces gens sont des saints...), le pourquoi du comment de l'enfance en difficulté... j'ai trouvé que ça abordait pas mal de question.
Et l'interprétation très juste (pour ma part, j'ai trouvé Sara Forestier très bien, d'ailleurs, je la trouve plus immature voire toxique que "juste" démissionnaire... avec une mère comme ça, pas besoin d'ennemis... ).
Le rôle de Deneuve lui va vraiment bien pour le coup, et le jeune Rod Paradot est assez hallucinant dans un tout premier rôle (j'ai entendu une interview de lui, il n'a strictement rien fait avant, il a été choisi lors d'un casting sauvage).