Emmanuelle Bercot

La tête haute

Marko a écrit:

Je dis souvent qu'il est facile d'émouvoir avec une mère qui perd son enfant, de révolter devant la condamnation d'un innocent ou un scandale politique, d'horrifier avec un récit sur la Shoah... cela donne des fictions qu'on n'ose pas critiquer de peur de donner l'impression d'être sans coeur ou d'être réactionnaire...  

Et bien, je vais assumer.
J'ai été très intéressée par cette entrée dans un monde qui vit à côté de moi et que je ne connais pas, sur lequel j'ai des présomptions et c'est tout.

Mais alors,qu'est ce que j'ai été exaspérée par le pathos qui ressort régulièrement, cette petite note émotionnelle fausse (à mon oeil) qui , puisque tu en parlais Darkanny, était si bien dosée, avec joyeuseté et humour dans Mommy et là, en fait des tonnes.

Avadoro a écrit:

mis à part Sara Forestier qui me semble hors-sujet dans un registre comique involontaire censé représenter le parent isolé et démissionnaire. .

Et là, je ne suis pas d'accord, elle est épatante, Sara Forestier, je  la trouve vraiment juste.

Alors entre Topocl et les autres, je suis moitié-moitié.

Je n'ai rien à redire sur le jeu des acteurs, la réalisation mais j'ai quand même plus réfléchi aux raisons des plans qu'à regarder le film durant sa projection. Il faut donc croire que ce type de film n'est plus pour moi - ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans le même cas. Ce n'est pas le thème qui ne m'a pas plu, mais plus la manière dont le sujet est abordé.

Et le rôle de Sara Forestier est peut-être "entier", brut de décoffrage, mais elle y instille une belle profondeur.

topocl a écrit:

Et bien, je vais assumer.
J'ai été très intéressée par cette entrée dans un monde qui vit à côté de moi et que je ne connais pas, sur lequel j'ai des présomptions et c'est tout.

Mais alors,qu'est ce que j'ai été exaspérée par le pathos qui ressort régulièrement, cette petite note émotionnelle fausse (à mon oeil) qui , puisque tu en parlais Darkanny, était si bien dosée, avec joyeuseté et humour dans Mommy et là, en fait des tonnes.

Tu penses à quelles scènes par exemple ?  Parce que côté pathos Dolan y allait à fond les manettes. Mais ça me plaisait parce qu'il ne faisait pas du documentaire justement. Mommy est un mélodrame flamboyant assumé. Bercot fait aussi de la fiction sur une base documentaire. C'est un mélodrame mais dont l'incarnation par les comédiens est magnifique. A part Sara Forestier que je trouve inégale (elle craque et pleure très mal dans le film).  Le gamin est fabuleux.  Deneuve et Magimel sont très bons. Par contre chez Brizé on est dans un dispositif qui se veut hyperrealiste (amateurs qui jouent leur propre rôle, frontalité, dilatation des scènes en "temps réel"...). Et je lui en veux donc d'avoir chargé la barque côté scénario car ça fausse le réel. Pour dire autrement je trouve que les mélodrames de Bercot et Dolan font surgir plus de vérité que la pseudo-réalité de Brizé. Mais c'est très subjectif et finalement les 3 films ont leur qualité.

Je me suis demandé si la mère de Malony "savait" pleurer . Mais quand, dans un accès de colère froide, elle reprend son fils (après qu'il a donné un coup de pied dans le bureau de la directrice enceinte du CEF) jusqu'à le cogner ou qu'elle parle avec lui avec délicatesse de la future naissance de son petit-fils - avec toujours ce côté colle-aux-basques -, par exemple, c'est m'a quand même ramené au film.

Oui elle reste une bonne actrice. Et peut être qu'effectivement ce sont des larmes forcées volontairement. Un sur jeu maladroit et artificiel. C'est possible.

Ce que j'aime aussi dans le film c'est qu'il est finalement plutôt politiquement incorrect. C'est plus gonflé de faire le pari de l'institution et de faire un exercice d'admiration de ce que font ces gens là que de dénoncer sans nuance "le système" forcément tout pourri.

Pour moi, elle pleure mal parce qu'elle se donne un rôle devant la juge.

Marko a écrit:

Tu penses à quelles scènes par exemple ?

Le fait que l'éducateur soit justement un ancien délinquant et justement il a été aidé par la même juge. Le fait que justement la petite amie soit la fille de l'institutrice. Le procureur qui est si méchant. La scène évoquée par Maryvonne à l'hopital. La fin. La scène où l'éducateur parle de son divorce les armes dans les yeux et il lui dit je t'aime (et l'autre lui fait répéter des fois qu'on n'aurait pas compris). Le fait que la directrice qu'il agresse soit enceinte.

Évidemment le fait d'écrire tout ça en rajoute. Mais il y a une accumulation quand même.

Marko a écrit:

Ce que j'aime aussi dans le film c'est qu'il est finalement plutôt politiquement incorrect. C'est plus gonflé de faire le pari de l'institution et de faire un exercice d'admiration de ce que font ces gens là que de dénoncer sans nuance "le système" forcément tout pourri.

Tout à fait. C'est l'aspect narratif qui m'a déplu.

Maryvonne a écrit:

Pour moi, elle pleure mal parce qu'elle se donne un rôle devant la juge.

Ça me va.

topocl a écrit:

Marko a écrit:

Tu penses à quelles scènes par exemple ?

Le fait que l'éducateur soit justement un ancien délinquant et justement il a été aidé par la même juge. Le fait que justement la petite amie soit la fille de l'institutrice. Le procureur qui est si méchant. La scène évoquée par Maryvonne à l'hopital. La fin. La scène où l'éducateur parle de son divorce les armes dans les yeux et il lui dit je t'aime (et l'autre lui fait répéter des fois qu'on n'aurait pas compris). Le fait que la directrice qu'il agresse soit enceinte.

Évidemment le fait d'écrire tout ça en rajoute. Mais  il y a une accumulation quand même.

C'est vrai. Le lien entre la juge et Magimel m'avait un peu agacé aussi même si certains éducateurs ont été eux mêmes des ados en difficulté. Mais cette idée que tout revient à un lien paternel et maternel me plait. C'est théorique mais c'est juste.

Marko a écrit:

Ce que j'aime aussi dans le film c'est qu'il est finalement plutôt politiquement incorrect. C'est plus gonflé de faire le pari de l'institution et de faire un exercice d'admiration de ce que font ces gens là que de dénoncer sans nuance "le système" forcément tout pourri.

Là-dessus, je suis d'accord, et pour moi, c'est certainement LE point fort du film. Enfin un film qui traite correctement son sujet et ne tombe pas dans la norme du pouvoir judiciaire dépassé ou forcément corrompu.

Maryvonne a écrit:

Pour moi, elle pleure mal parce qu'elle se donne un rôle devant la juge.

C'est ce que je pense aussi.

Bonjour !
Je suis une brésilienne qui aime le cinéma français.
Est-ce que quelqu'un pouvait m'expliquer la signification de l’expression "Tête Haute” ?
En portugais quelqu'un avec "tête haute" serait une personne orgueilleuse. Il est pareil en français?
Excusez-moi si je fais des erreurs. Je n'écris pas trop bien, le français.

bonjour !

tête haute ça serait un mélange de fierté et d'esprit tranquille, sans avoir rien à se reprocher. (ce qui peut donc aussi se rapprocher de l'orgueil dans certains cas).

et bienvenue, tu peux passer te présenter par ici et rester parmi nous. les fautes ce n'est pas un problème